Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Bonjour et merci de votre patience. Nous avons eu une discussion extrêmement intéressante avec mon collègue le ministre des Affaires étrangères de la Croatie. J’aimerais remercier mon ami Davor qui a accepté mon invitation de venir à Athènes.
La Croatie est un facteur important tant dans la région, qu’au sein de l’Union européenne. Nous avons coopéré à plusieurs reprises pour le bien de la région et de l’Union européenne et aujourd’hui nous avons examiné les moyens d’intensifier cette coopération.
Nous nous sommes penchés sur des questions de coopération bilatérale dans le domaine de la culture et de l’éducation et nous venons de signer un programme de coopération y afférent. Nous avons examiné les questions de coopération dans le domaine de l’économie, notamment le tourisme, comme les croisières communes dans notre région, les questions énergétiques, comme la liaison avec le TAP et la ligne Ionienne – Adriatique, à savoir l’IAP et comment nous allons inclure d’autres pays dans ce plan.
De manière générale, nous avons examiné notre coopération avec l’Europe du sud-est. Cela signifie que nous avons échangé des vues et des idées sur la situation dans les Balkans occidentaux et avons vu comment nous pourrions mieux contribuer à la paix, à la stabilité et à la sécurité de cette région importante aussi bien pour les deux pays que pour l’Europe.
Nous avons également discuté de la Bosnie-Herzégovine, où il sera nécessaire d’avoir des initiatives conjointes sur la base bien entendu de l’expérience de la Croatie dans ce domaine, afin de garantir davantage la stabilité de ce pays, mais aussi son cheminement vers l’Union européenne.
Nous sommes convenus d’une coopération spéciale entre nos deux ministères et aussi entre les deux gouvernements, pour ce qui est des zones maritimes. Et l’une des questions qui nous intéresse vivement et pour laquelle nous possédons une grande expérience et expertise est la coopération entre nos ports.
Et bien entendu, nous avons eu une discussion particulièrement intéressante sur la coopération des quatre Etats membres balkaniques de l’Union européenne, à savoir la Croatie, la Roumanie, la Bulgarie et la Grèce qui ont des intérêts communs pour le cheminement des Balkans occidentaux vers l’Union européenne.
Par ailleurs, nous avons discuté de la préparation de la rencontre des « 8 ». Nous aurons très prochainement une rencontre des quatre pays balkaniques qui ont une coopération spéciale et des quatre pays de Višegrad pour discuter de l’avenir de l’Union européenne, du Brexit mais aussi de l’union douanière avec la Turquie.
Je pense qu’aujourd’hui nous avons fait un grand pas en avant vers l’amitié qui nous unit, la volonté que nous avons de coopérer, afin que nous puissions nous connaître mutuellement. Que nous puissions transmettre notre expérience et contribuer à la stabilisation du projet européen et à l’instauration d’une bonne situation dans notre région.
Davor, j’aimerais te remercier encore une fois d’être venu avec cette bonne disposition qui t’anime, comme toujours, et un esprit ouvert, avec des pensées, des propositions afin que nous développions davantage notre amitié et celle qui unit nos pays. Je te remercie beaucoup.
D.I. STIER : Niko je te remercie beaucoup pour l’accueil. Je voulais dire combien je suis enthousiaste de me trouver ici. Je suis très heureux de l’initiative que tu as prise d’intensifier les relations bilatérales. La dernière fois, c’était le ministre croate des Affaires étrangères qui avait effectué une visite à Athènes en 2008. Merci beaucoup pour l’invitation. Je pense qu’elle arrive à point nommé. Nous avons de nombreux points communs et nous coopérerons davantage pour la coopération et la stabilité dans la partie sud-est de notre continent.
Par ailleurs, nous fêtons les 25 ans de l’établissement des relations diplomatiques entre la Croatie et la Grèce et, comme nous l’avons dit, il y a de nombreux projets communs, notamment dans le domaine de l’économie que nous voulons promouvoir et où nous sommes prêts à coopérer. Le point positif est que nos deux chambres de commerce se rencontreront au début de l’automne à Zagreb pour examiner les idées portant sur la réactivation de la commission intergouvernementale qui nous permettra de promouvoir des projets d’intérêt commun dans le domaine du tourisme, des infrastructures et de l’énergie, domaines qui peuvent être mutuellement profitables.
Par ailleurs, il y a la stratégie de l’Adriatique – Ionienne de l’Union européenne où la Grèce joue un rôle crucial, auquel la Croatie accorde une grande importance.
En ce qui concerne l’initiative sur la réunion multilatérale et les deux rencontres des quatre + quatre avec le groupe Višegrad pour discuter de l’avenir de l’Europe, nous sommes d’accord. Nous voulons la promouvoir.
Les intérêts communs de la Grèce et de la Croatie pour le soutien de la stabilité et de la perspective européenne de tous les pays qui maintenant se trouvent dans la région et qui sont des pays candidats ou candidats potentiels, nécessite une bonne coordination de notre part et j’estime qu’aujourd’hui un grand pas positif a été fait dans ce sens.
J’aimerais par ailleurs dire que nous accordons également une grande importance aux contacts entre les peuples et dans ce sens l’accord que nous venons juste de signer sur la coopération culturelle, scientifique et éducative entre nos pays est un grand pas en avant qui permettra de développer ce genre de contacts. J’aimerais exprimer ma satisfaction pour cet accord.
Globalement, j’aimerais exprimer – puisque comme on l’a dit nous fêtons le 25e anniversaire de l’établissement de nos relations diplomatiques – ma gratitude et notre estime à la Grèce qui nous a toujours soutenus. Elle a soutenu le droit international, ainsi que le cheminement de la Croatie vers l’Union européenne et les institutions euro-atlantiques.
Et j’aimerais – comme vous l’avez si bien dit – que la Bosnie-Herzégovine et tous les autres pays de la région adhèrent à l’Union européenne. Encore une fois merci pour l’accueil Niko.
JOURNALISTE : La première question est adressée au ministre croate des Affaires étrangères. J’aimerais lui demander s’ils ont abordé la situation en ARYM ?
Et ma deuxième question est adressée aux deux ministres. J’aimerais un commentaire sur la recrudescence du nationalisme ces derniers temps dans les Balkans.
D.I. STIER : Merci beaucoup pour la question. Nous avons en effet discuté de la situation et tel que nous voyons les choses une solution institutionnelle est en cours de préparation, solution qui est bien entendu la bienvenue.
Il est par ailleurs important de constater que nous soutenons conjointement la perspective européenne du pays et nous espérons qu’un nouveau gouvernement sera mis en place après les débats au Parlement.
Le nouveau gouvernement sera – nous l’espérons – dédié à la promotion des réformes européennes et nous soutiendrons cela. C’est ce que nous attendons de tous les pays – qu’ils soient candidats aujourd’hui ou à l’avenir – s’agissant de leurs réformes internes.
La Grèce et la Croatie peuvent offrir un soutien car elles ont l’expérience nécessaire. Pour répondre à votre deuxième question, nous connaissons bien naturellement les difficultés auxquelles est confrontée la région tout entière et c’est pourquoi nous estimons qu’il est nécessaire que les portes de l’Union européenne demeurent ouvertes pour tous ceux qui sont disposés à adhérer à l’Union européenne et à remplir les critères.
Nous sommes d’accord sur la notion d’une Europe unifiée libre et pacifique, sans divisions artificielles. C’est ce que nous soutenons. Nous voulons la paix, la stabilité et la prospérité pour tout le continent.
Nous pensons qu’il y en a d’autres qui veulent créer ou recréer des sphères d’influence et nous ne sommes pas d’accord. Nous voulons soutenir l’esprit européen et la perspective européenne. L’esprit du Sommet de Thessalonique doit demeurer vivant et en ce qui concerne la Croatie nous coopèrerons étroitement avec la Grèce à ce sujet.
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Je pense que toute société qui se trouve dans une période de transition socioéconomique ou politique recherche une nouvelle identité ou s’efforce de remodeler ses identités.
Dans les Balkans nous avons eu de nombreux changements après 1989 et nous avons eu une lutte pour la nouvelle identité, l’autodétermination des hommes. Il s’agit d’une lutte entre les réponses nationalistes simplistes et les réponses européennes démocratiques.
Aussi bien la Croatie que la Grèce croient profondément aux valeurs et principes de la démocratie, à la vision européenne. Pour cette raison, nous nous rencontrerons de nouveau, avec d’autres pays, pour voir quels sont les principes, les valeurs, les visions, la planification pour l’Europe du 21e siècle. Une Europe qui doit avoir une identité sociale, afin d’éviter que les nationalismes ne gagnent du terrain et s’expriment de façon « balkanique », comme l’histoire ici nous l’a enseigné depuis plus d’un siècle.
En ce qui concerne notre pays ami voisin au nord – comme je l’appelle pour plaisanter – ce qui est important aujourd’hui est son unité, son intégrité, sa stabilité et le fait que tous ses voisins et Etats qui s’intéresse à lui ou ont un lien avec lui doivent apporter leur contribution afin de garantir un meilleur avenir pour le pays lui-même.
Telle sera notre première priorité. A notre avis - tout le monde n’est pas d’accord sur ce point – le règlement de la question du nom d’une manière constructive et démocratique contribuera au parcours futur de ce pays.
Je me suis entretenu plusieurs fois avec le nouveau Premier ministre, M. Zaev et, comme je lui ai dit aujourd’hui, aussitôt que le nouveau gouvernement obtient le vote de confiance du parlement, j’inviterai à Athènes mon nouveau collègue, le ministre des Affaires étrangères, M. Divitrov, en vue d’explorer ensemble les moyens permettant d’intensifier notre coopération ainsi que de surmonter dans un esprit constructif et à l’aide de la culture du consensus démocratique, les problèmes hérités du passé.
Comme vous vous en souvenez probablement – je le dis toujours et je le disais aussi à mes étudiantes et étudiants et je le dis aussi en ma qualité de ministre des Affaires étrangères – l’histoire doit être une école et pas une prison. Et nous voulons libérer notre pays voisin de la prison dans laquelle il s’est enfermé et lui faire comprendre que la politique du consensus et du compromis tant dans la vie politique intérieure que dans notre voisinage est un élément de la culture européenne.
J’ai un certain espoir que nous pourrons résoudre les problèmes qui existent, développer les mesures de confiance qui se multiplient - grâce à l’excellent travail accompli par nos diplomates, sous la direction, du côté grec, de notre directeur politique, l’ambassadeur M. Mavroidis – et trouver et développer d’autres champs de coopération.
Nous sommes en faveur de la stabilité dans ce pays et comme je le dis pour plaisanter en anglais, ce pays est un cadeau de dieux, mais ils n’ont pas choisi le bon parrain…
JOUNRALISTE : Une question adressée à M. Kotzias : Que pensez-vous de la déclaration faite par M. Eide, à savoir que le meilleur moyen permettant d’éviter un incident chaud dans la ZEE chypriote est la poursuite des négociations sur la question chypriote ?
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Je pense en général, en ma qualité de ministre des Affaires étrangères, que les négociateurs et notamment les négociateurs internationaux, ne doivent pas trop parler. Vous savez également que c’est mon troisième mandat en tant que ministre des Affaires étrangères et je n’ai accordé à ce jour que quatre interviews aux médias.
Lorsque les problèmes sont délicats et complexes, il ne faut pas parler tout le temps car on dira des choses qu’il n’est pas probablement nécessaire de dire. A mon sens, le médiateur de l’ONU pour la question chypriote ne doit pas invoquer des positions alarmistes qui laissent présager la violation du droit international, en tant qu’argument en faveur de la poursuite des négociations.
Les négociations doivent avoir lieu car cela est dans l’intérêt du peuple chypriote. Car une bonne issue, une issue constructive sera au profit des Chypriotes grecs et turcs à la fois ainsi qu’au profit des trois petites minorités sur l’île, car nous comptons sur le règlement de la question chypriote et nous le soutenons.
Cependant, nous comptons sur un règlement de la question chypriote non pas parce que certains brandissent des menaces contre nous, mais parce que justement le règlement de la question chypriote signifie que certains n’auront plus la possibilité de proférer des menaces contre nous. Par conséquent, aucune partie ne doit pas invoquer des menaces de ce genre en tant qu’argument.
La question chypriote doit être réglée et cela signifie mettre fin aux menaces et ne pas les invoquer en tant qu’argument.
PORTE-PAROLE DU MAE : Merci.
May 31, 2017