E. VENIZELOS : A l'issue des rencontres bilatérales que j'ai eues avec mon collègue, le ministre des Affaires étrangères de la Bulgarie, M. Kristian Vigenin et tout de suite après mon collègue, le ministre des Affaires étrangères de la Roumanie, M. Titus Corlăţean, nous avons tenu une réunion tripartite des ministres des Affaires étrangères de la Grèce, de la Bulgarie et de la Roumanie ici, en Thessalonique. C'était la première réunion tenue depuis novembre 2012.
Cette forme tripartite a été instituée et fonctionne avec succès à ce jour. Aujourd’hui ne se tient pas seulement une réunion entre les trois pays, mais aussi une réunion entre les trois présidences. Car la Grèce exerce la Présidence du Conseil de l'Union européenne, la Bulgarie exerce la Présidence de l'OCEMN, à savoir de l'Organisation de Coopération économique de la Mer Noire et la Roumanie exerce la Présidence du SEECP, à savoir du Processus de Coopération en Europe du Sud-est.
Je me réjouis également pour une raison supplémentaire : j'accueille ici mes deux collègues avec lesquels nous appartenons à la même famille idéologique et politique au sein de l'Europe et cela revêt une importance majeure vu les élections qui se tiendront d'ici à quelques semaines pour l'élection du nouveau Parlement européen.
Cette réunion tripartite a été clôturée par une Déclaration conjointe des trois ministres qui devrait être publiée et dans laquelle sont présentées de manière détaillée nos positions sur toutes les questions en suspens, régionales et trilatérales.
Permettez-moi d’en citer quelques points. Nous partageons les mêmes points de vue concernant la perspective euro-atlantique de tous les pays des Balkans occidentaux. Nous, la Grèce, et bien évidemment, les deux autres pays, souhaitons la participation de la Bulgarie et de la Roumanie à l'espace Schengen. Cela est très important pour notre région.
Nous sommes particulièrement préoccupés par la question des flux migratoires, la question de l'immigration irrégulière et illégale et nous pensons que cela doit devenir une principale priorité de la politique européenne et qu'il doit y avoir une répartition équitable des charges parmi les pays européens.
Dans le domaine de l'énergie, nous avons répété au niveau trilatéral ce que nous avons déclaré lors de nos rencontres bilatérales. L'interconnectivité constitue la base de notre coopération l'objectif étant la mise en place d'un marché d'énergie régional intégré, car c'est qui est important pour nous est la sécurité et la diversification des sources et des routes d'énergie et parce que nous devons tous valoriser nos ressources énergétiques.
Tous les trois pays soutiennent la nécessité d'une politique maritime intégrée, ce qui constitue la priorité de la Présidence hellénique et dans ce cadre nous soutenons l'initiative adriatique et ionienne. Nous avons eu l'occasion d'organiser il y a quelques mois à Athènes la réunion y relative.
Nous espérons que d'ici à la fin de la Présidence hellénique du Conseil de l'Union européenne, nous aurons l'occasion de signer l'Accord d'Association avec la Moldavie et la Géorgie et d’ octroyer à notre pays voisin, l'Albanie le statut de pays candidat à l'adhésion à l'Union européenne.
Les trois pays saluent les progrès réalisés par le Monténégro concernant sa perspective d'adhésion à l'Alliance nord-atlantique. Nous sommes très heureux car nous aurons l'occasion de nous rencontrer non seulement dans le cadre des instances et des processus de l'Union européenne, mais aussi le 19 juin lors de la réunion ministérielle de l'Organisation de Coopération de la Mer noire lors de laquelle aura lieu la passation du relais de la Présidence par la Bulgarie à la Grèce et le 20 juin lors de la réunion ministérielle à Bucarest dans le cadre du SEECP.
Je voudrais remercier encore une fois mes collègues pour la rencontre aussi amicale, chaleureuse et constructive que nous avons eue. Je vous prie de prendre la parole.
K. VIGENIN: Je vous remercie beaucoup monsieur le ministre. Tout d'abord j'aimerais remercier vous personnellement ainsi que la partie grecque pour l'excellente organisation et préparation de cette réunion.
Nous pensons que cette forme de coopération tripartite fonctionne très bien, elle est utile et a une valeur ajoutée accrue en raison de ce que je qualifierai de "coïncidence" des trois présidences et cela était et continue d'être une excellente occasion de mettre un accent encore plus significatif, au niveau européen, sur les questions importantes de la région et de nos pays, des questions sur lesquelles nous pencherons.
En outre, je voudrais me référer à une question que nous avons abordée et dont nous sommes convenus. Il s'agit de l'idée d'une extension ultérieure de la coopération tripartite non seulement au niveau des ministres des Affaires étrangères, mais aussi dans des domaines supplémentaires relevant de la responsabilité des ministères, en vue d'approfondir et de parvenir à une discussion plus substantielle sur une série de questions sectorielles. Je pense tout comme mes collègues, que cela dotera d'une valeur ajoutée supplémentaire à notre coopération tripartite.
Au-delà de cela, je suis tout à fait d'accord avec ce qu'a affirmé le ministre et je suis certain que cette réunion tripartie, avec la Réunion ministérielle de demain entre l'Union européenne et les Balkans occidentaux, mettra plus en valeur l'importance de la coopération entre les Etats membres de l'UE dans la région, en vue d'atteindre les objectifs qui sont importants pour toute la région, notamment pour les Balkans occidentaux.
T. CORLATEAN: Tout d’abord, j’aimerais remercier encore une fois le ministre pour son accueil chaleureux, pour l’excellente organisation ainsi que mes deux collègues pour cette réunion excellente et la coopération tripartite d’importance particulière.
Il s’agit d’une coopération tripartite, régionale et européenne, sur la base des intérêts communs, des positions communes et des initiatives communes. Bien évidemment, je suis tout à fait d’accord avec les observations faites par les ministres des Affaires étrangères, bulgare et grec. Nous avons adopté un Communiqué conjoint, nous avons soutenu une série de domaines thématiques, le point de départ étant la nécessité d’étendre les diverses formes de notre coopération dans les domaines de l’économie, de la justice, du tourisme ainsi qu’au niveau des chambres de commerce. Tout cela est bien au profit de nos économies et de nos citoyens.
J’aimerais remercier le gouvernement hellénique, le ministre, M. Vénizélos et la Présidence hellénique de l’Union européenne pour leur soutien continu au processus d’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen. Pour nous, le soutien de la Présidence hellénique revêt une importance majeure pour procéder, si cela est possible, à la première décision positive.
En outre, la Roumanie, toutes ces années, a été un défenseur fervent de l’élargissement de l’UE et de l’OTAN aux pays des Balkans. Pour ce qui est de l’OTAN, nous sommes particulièrement positifs à l’égard de l’adhésion du Monténégro à l’Organisation lors de la prochaine réunion au sommet en septembre au Royaume-Uni. Pour ce qui est de l’Union européenne, nous sommes en faveur de l’adhésion de tous les pays de l’Europe du Sud-est, et ce, parce que la Commission européenne publiera son rapport de progrès pour l’Albanie en juin.
Nous sommes particulièrement positifs à la perspective d’octroi du statut de pays candidat à l’Albanie, sur la base du Rapport de progrès de la Commission, ce qui imposera la prise d’une décision politique par les Etats membres.
J’aimerais tout brièvement exprimer notre satisfaction à l’égard de la discussion substantielle que nous avons eue, ce qui atteste de la solidarité qui existe entre les trois Présidences. C’est la première fois que trois pays exerçant trois présidences dans des organisations différentes se réunissent sous une formation tripartite. Cela atteste de la solidarité régionale et européenne ainsi que de la solidarité politique et idéologique en un moment important pour l’Europe.
Merci beaucoup.
JOURNALISTE : Toni Dimitrova, Télévision nationale bulgare. Tous les trois pays, la Roumanie, la Bulgarie et la Grèce ont des minorités ethniques en Ukraine. Avez-vous abordé cette question et, êtes-vous parvenus probablement à un Communiqué conjoint?
Κ. VIGENIN : Comme vous le savez, nous assisterons bientôt à un dîner de travail. Le temps limité dont nous disposons ne nous permet pas d’entrer dans tous les détails. Comme vous le constaterez, il y a un point de vue commun qui est le Communiqué conjoint sur l’Ukraine, mais pour ce qui est des minorités, nous n’avons fait qu’une seule référence et nous poursuivrons notre discussion lors du dîner.
Bien évidemment, nous ne pouvons qu’exprimer de nouveau notre inquiétude à l’égard de la détérioration de la situation en Ukraine et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir, au Conseil des ministres, au Conseil des Affaires étrangères, lundi, en vue d’examiner les actions supplémentaires que devrait prendre l’UE pour la stabilisation du pays, son renforcement et, bien entendu, pour la protection ultérieure des droits des minorités de l’Ukraine.
Τ. CORLATEAN: Je voudrais tout brièvement faire un commentaire sur la rencontre bilatérale que nous avons eue tout à l’heure. Nous avons eu l’occasion de discuter avec mon collègue grec et cher ami des dernières évolutions en Ukraine.
Et, en tout état de cause, nous ferons nos estimations définitives lors du Conseil des Affaires étrangères, lundi, à Bruxelles. Et afin de parvenir aux conclusions, bien évidemment, nous devrons prendre en considération également les évolutions liées à la position exprimée par le Président russe.
Si les choses évoluent dans le sens d’un processus politique, d’un processus qui n’exclue personne au sein de l’Ukraine et dans le même temps l’intégrité territoriale et la souveraineté du pays sont respectées, cela sera une évolution positive que nous pourrons soutenir. Mais on devra voir tous les détails tangibles. La question des minorités est très importante en Roumanie puisque en Ukraine vivent environ 400 000 Roumains et, bien entendu, nous suivons de près la situation, pour ce qui est de la protection de leur identité. Ils sont des citoyens ukrainiens respectueux de la loi, mais tous les droits sur la base des règles européennes leur doivent être attribués. Nous ne cessons de demander à la direction ukrainienne et de l’encourager à adopter la législation y relative, conformément aux normes européennes, et de l’appliquer à l’ensemble des minorités ethniques qui vivent en Ukraine, y compris la minorité roumaine.
Cela pourtant ne signifie pas que le droit international confère le droit à un Etat quel qu’il soit de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un autre Etat, en ayant notamment recours à des moyens militaires, en vue de soutenir une minorité constituée de ses nationaux. Ce droit n’est pas prévu par le droit international, il est interdit. Cela est fondamentalement différent et nous condamnons toute ingérence.
Merci.
E. VENIZELOS : Un seul commentaire supplémentaire. La politique européenne est notre politique européenne à l’égard de l’Ukraine est toujours axée sur des principes. Le premier principe est le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays. Le deuxième principe est celui de l’inclusion. La participation de toutes les forces politiques et sociales, la participation de toutes les tendances ukrainiennes, de tous les groupes linguistiques revêt une importance vitale pour l’avenir du pays et la stabilisation de la situation ainsi que pour éviter une guerre civile.
Chaque pas vers la désescalade de la situation est quelque chose positif, productif et nous sommes prêts à saluer par voie officielle tous ces pas.
La protection de la minorité grecque en Ukraine, comme vous le comprenez, revêt une importance vitale pour nous, toujours dans le cadre du droit international et des résolutions des Nations Unies.
JOURNALISTE : Dionysis Botonis, NERIT. Monsieur le vice-premier ministre, d’après des articles parus dans la presse, il y a des citoyens d’origine grecque, des membres de leurs familles qui veulent retourner en Grèce. Est-ce que le ministère des Affaires étrangères dispose des données y relatives ? Est-ce qu’il existe un plan si les choses se dégradent davantage, ce que nous ne souhaitons pas bien évidemment.
E. VENIZELOS : Le gouvernement grec et notamment le ministère des Affaires étrangères, en coopération avec les ministères compétents en la matière, suivent de près la situation en Ukraine.
Notre ambassade à Kiev et les deux Consulats généraux de Grèce à Marioupol et à Odessa, en coopération étroite avec les associations grecques et la Fédération des associations grecques, ont un aperçu complet de la situation dont ils sont le plein contrôle. Et nous sommes prêts, à tout moment, à fournir toute l’aide nécessaire.
A ce jour, toutefois, les Consulats généraux grecs n’ont pas reçu des demandes de déplacement et de retour par des citoyens d’origine grecque.
Nous sommes près à fournir toute l’aide nécessaire, mais la question n’est pas de déplacer les populations. La question est de stabiliser la situation, d’établir la sécurité. Tous les citoyens de l’Ukraine, indépendamment de leur groupe ethnique et de leur langue, doivent se sentir en sécurité. Le sentiment de sécurité pour tous est la seule base sur laquelle pourrait être axée une solution définitive et viable en Ukraine.
MODERATEUR : Est-ce qu’il y a d’autres questions. Je vous remercie.
May 8, 2014