Déclarations conjointes du vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Evangelos Vénizélos et du Secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen

Déclarations conjointes du vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Evangelos Vénizélos et du Secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh RasmussenE. Vénizélos : Je suis particulièrement heureux de recevoir au ministère des Affaires étrangères, un très cher et vieil ami, le Secrétaire général de l’OTAN, M. Anders Fogh Rasmussen. J’ai eu l’occasion de le recevoir il y a quelques années au ministère de la Défense nationale car nous avons une coopération étroite. La Grèce, comme vous le savez, est un ancien membre, fiable et actif, de l’Alliance et pendant nos entretiens, l'occasion m'a été donnée de réitérer que la Grèce jouera toujours ce rôle.

Nous avons eu l’occasion d'aborder la situation dans la région élargie, situation qui nous préoccupe. Je me réfère en particulier à la région tourmentée du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Par ailleurs, nous avons eu l’occasion de discuter de la nouvelle philosophie qui anime désormais l’Alliance, puisque l’OTAN n’est plus une simple organisation traditionnelle de défense, mais une organisation de sécurité qui joue un rôle particulièrement important dans la création et le fonctionnement de l'espace euro-atlantique.

Nous avons par ailleurs discuté de la présidence grecque imminente de l’Union européenne car la coopération entre l’OTAN et l’Union européenne est toujours une question importante. Nos deux organisations doivent être coordonnées, nous devons valoriser nos potentiels, dans la mesure du possible, car cela permet d'accroître notre efficacité.

Enfin, j’ai informé M. le Secrétaire général de la situation politique, économique et sociale en Grèce, des conséquences de la crise qui perdure, de la récession, de la nécessité de soutenir nos institutions démocratiques et notre cohésion sociale. Je l’ai informé également de la situation engendrée par le fait que l'organisation criminelle nazie se trouve à l'heure actuelle dans le collimateur de la justice grecque.

Il incombe à tous les Européens, à tous les pays membres de l’OTAN et à leurs sociétés de défendre la démocratie et l'Etat de droit.

Par ailleurs nous avons abordé les grands dossiers en cours de la politique étrangère grecque, dont M. le Secrétaire général est pleinement informé, car fort de son expérience précédente en tant que Premier ministre et de sa longue expérience en tant que Secrétaire général de l’OTAN, il a abordé de temps à autres des aspects de toutes ces questions.

Je suis très heureux de vous recevoir et je suis certain que les contacts que vous aurez ici, M. le Secrétaire, seront particulièrement bénéfiques à l’Alliance et à notre pays, en tant que membre de l’Alliance.

A. F. RASMUSSEN : Je vous remercie M. le ministre, cher Evangelos, je vous remercie de m’avoir reçu ici au ministère des Affaires étrangères. Je vous remercie pour la discussion tout aussi constructive qu’intéressante qui se poursuivra après cette conférence de presse.

J’aimerais également vous remercier pour le soutien sans faille de la Grèce à l’OTAN, en dépit des choix économiques difficiles que vous devez faire.

Et cette question s'impose à nous tous : comment faire face aux menaces croissantes pour notre sécurité, notamment lorsque nous subissons des pressions budgétaires. Et la coopération est la meilleure réponse à cette question. La coopération entre partenaires au sein de l’OTAN, la coopération avec des pays qui ne font pas partie de notre Alliance et la coopération avec toutes les organisations internationales, notamment l’Union européenne.

La Grèce joue un rôle précieux dans tous ces domaines. Elle participe à différents programmes avec d’autres alliés, dans le but d'offrir davantage de possibilités, à des coûts que nous pouvons nous permettre. C’est ce que l’on appelle la « défense intelligente ». Vous jouez un rôle constructif dans l’établissement d’une coopération avec des pays partenaires, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

L’année prochaine, vous assumez la présidence de l’Union européenne à un moment particulièrement crucial pour l’évolution des capacités de défense de l’Europe. La réunion du Conseil européen sur des questions de défense, en décembre prochain, constitue une occasion réelle de construire une Europe plus forte.

Et la Grèce, en tant que pays qui exercera la présidence de l’Union européenne, jouera un rôle crucial lorsqu’elle s’efforcera de traduire ces engagements en réelles possibilités. Et cela est bon pour l’Europe, pour la crédibilité mondiale de l’Europe, pour l’OTAN. Car l’OTAN est aussi forte que chacun de ses membres. Et plus ses membres sont forts, plus nous le serons aussi.

Et c’est pourquoi j’espère que des décisions réelles, tangibles et durables seront prises lors du Conseil européen. Et je compte sur une direction politique forte de la Grèce pendant sa présidence.

JOURNALISTE : Monsieur le Secrétaire général, que pensez-vous de l’élargissement de l’OTAN et plus spécifiquement de la question de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine, compte tenu de la position adoptée par M. Gruevski, position que nous connaissons tous ?

A. F. RASMUSSEN : L’OTAN a pris une position claire lors du Sommet de l’OTAN à Bucarest en 2008. Nous avons déclaré que nous sommes prêts à adresser une invitation pour des négociations d'adhésion lorsqu’une solution mutuellement satisfaisante à la question du nom sera trouvée. Malheureusement, nous n'avons pas constaté de progrès depuis, mais la décision que nous avons prise à Bucarest est toujours valable. Lorsqu’un règlement sera atteint, une invitation pourra être adressée.

JOURNALISTE : Une question à M. le Secrétaire général. Verriez-vous une implication de l'OTAN en Syrie?

A. F. RASMUSSEN : Je ne vois pas de rôle supplémentaire de l’OTAN. Et j’utilise le terme « supplémentaire » car l’OTAN a déjà joué son rôle. Comme vous le savez, nous nous sommes focalisé sur la défense de notre allié, la Turquie. Nous avons déployé des missiles Patriot en Turquie pour assurer en toute efficacité la défense de la population turque et du territoire turc. Mais je ne pense pas que l'OTAN jouera un rôle supplémentaire dans la région.

J’aimerais souligner, néanmoins, qu’il n’y a pas de solutions militaires à la résolution de la question syrienne. Pour parvenir à une solution durable et à long terme, nous avons besoin d'un processus politique, d'une solution politique. Et à ce stade, j'aimerais saluer l'initiative des Etats-unis et de la Russie de convoquer une conférence internationale sur la question. J’invite tant le gouvernement que l’opposition syrienne à participer à cette conférence, en préparant le terrain pour une solution politique durable.

JOURNALISTE : M. le Secrétaire général, aujourd’hui, le Premier ministre libyen qui avait été kidnappé à été remis en liberté. Que pensez-vous de la situation en Libye et des actions que l’OTAN aurait dû ou pu faire pour aider éventuellement à la normalisation de la situation ?

A. F. RASMUSSEN : Tout d’abord, permettez-moi de dire que je salue la libération du Premier ministre libyen. La situation de sécurité dans le pays suscite des préoccupations. Cette année, en mai, les autorités libyennes ont fait une demande d’assistance à l’OTAN en vue de la création d’infrastructures de sécurité modernes. Depuis mai, nous examinons cette demande et réfléchissons à la meilleure façon dont nous pourrions assister la Libye. Je pense que nous reconnaissons tous le fait que la Libye a besoin de cette aide, mais une coordination entre tous les acteurs, les organisations internationales, entre les nations qui fournissent une aide à la Libye est manifestement tout aussi importante.

Mais je pense que la communauté internationale a la responsabilité d’aider les autorités libyennes sur la base de leur demande.

October 11, 2013