Déclarations conjointes du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, E. Vénizélos et de son homologue moldave, Natalia Gherman, à l’issue de leur rencontre (Chisinau, 8 avril 2014)

Déclarations conjointes du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, E. Vénizélos et de son homologue moldave, Natalia Gherman, à l’issue de leur rencontre (Chisinau, 8 avril 2014)N. GHERMAN : Il s’agit de la première visite du ministre des Affaires étrangères de la République hellénique, M. Vénizélos en République de Moldavie. Et deuxièmement, M. Vénizélos effectue cette visite en qualité également de président du Conseil de l’Union européenne.

En d’autres termes, il représente également aujourd’hui en République de Moldavie la présidence hellénique du Conseil de l’Union européenne. Pour nous, cela en dit long, car nous avons eu l’occasion de travailler, avec mon homologue le ministre des Affaires étrangères de la République hellénique, sur l’agenda européen de la République de Moldavie, afin de définir un calendrier commun des manifestations que la Présidence hellénique et la République de Moldavie ont décidé d’organiser.

Je me réfère avant tout à l’entrée en vigueur de la décision concernant la libéralisation du régime des visas pour les ressortissants de la République de Moldavie. Nous savons qu’aujourd’hui a été publiée ladite décision au Journal Officiel de l’Union européenne. Et la décision entrera en vigueur le 28 avril.

De ce fait, j’aimerais exprimer en toute sincérité ma gratitude à mes collègues du ministère des Affaires étrangères et aux autres organes institutionnels de la République hellénique pour leur contribution précieuse, grâce à laquelle le processus de prise de décisions a été couronné de succès.

Nous avons également discuté de la perspective de signature, dans un avenir proche, voire pendant la Présidence hellénique du Conseil de l’UE de l’accord d’association et de toutes ses dispositions, entre la République de Moldavie et l’Union européenne.

Par conséquent, nous organiserons ladite manifestation conjointement avec la République hellénique pendant la durée de la Présidence hellénique du Conseil de l’Union européenne. Nous espérons que cette présidence marquera une étape tout aussi importante que positive pour la mise en œuvre de notre plan national pour la perspective européenne de notre pays.

Le mémorandum que nous avons signé avec mon collègue grec présuppose que nous synchronisions nos actions, entre la Moldavie et la Grèce, afin de garantir le succès du parcours européen de notre pays. Et bien naturellement, ledit mémorandum présuppose également le transfert d’expériences dans le domaine de l’intégration européenne de la part des organes institutionnels respectifs de la Grèce.

J’aimerais remercier mon homologue, le ministre des Affaires étrangères de la Grèce pour sa volonté d’offrir cette importante expérience et coopération à la République de Moldavie.

Lors de nos entretiens, nous avons également loué les échanges fréquents de visites bilatérales et les contacts à tous les niveaux. Nous avons analysé la situation actuelle des relations économiques. Nous nous sommes particulièrement axés sur les nouveaux moyens et mécanismes que nous devons trouver afin de diversifier les sources énergétiques pour les deux pays.

Par ailleurs, nous avons abordé les aspects de la coopération bilatérale dans le domaine humanitaire. Nous entretenons de très bonnes relations dans le domaine de l’éducation et de la culture. Nous avons aussi des traditions et un héritage communs pour lesquels nous sommes très fiers.

A cette occasion, j’aimerais souligner que j’ai remercié le gouvernement grec pour les bourses offertes aux citoyens de la République de Moldavie dans différents établissements grec notamment dans le domaine de la formation militaire.

Au niveau multilatéral, nous avons discuté de notre agenda commun dans le cadre des différentes organisations et structures internationales et régionales, où nous avons une très bonne coopération basée sur la compréhension commune.

La diaspora grecque constitue un facteur positif pour le développement des relations bilatérales entre la République de Moldavie et la Grèce. Et de ce point de vue, nous avons discuté avec M. Vénizélos des possibilités d’amélioration des mécanismes de soutien des ressortissants des deux pays installés en République de Moldavie et en Grèce.

Je pense que toutes ces idées, toutes ces initiatives se traduiront en plans bilatéraux bien précis dans le cadre de la future commission intergouvernementale Moldavie – Grèce que nous entendons organiser prochainement.

J’aimerais dire que cette visite est très importante pour nous, celle-ci ayant été très productive. J’espère que la délégation grecque et monsieur le ministre, ont pu profiter de l’hospitalité de notre peuple. J’espère également que vous avez ressenti une sorte de fraternité entre les citoyens de la République de Moldavie et le peuple grec.

J’aimerais également attirer votre attention, chers collègues, sur le texte de la déclaration conjointe signé aujourd’hui avec mon homologue de la Grèce, qui couvre un large éventail de domaines que j’ai mentionnés tout à l’heure et qui confirme notre objectif commun pour l’avenir.

Je vous remercie beaucoup de votre attention. J’aimerais maintenant passer la parole à M. Vénizélos.

E. VENIZELOS : J’aimerais remercier ma chère collègue, Mme Gherman, pour son accueil chaleureux. C’est un grand plaisir pour moi de me trouver ici dans le cadre de cette première visite officielle au niveau du ministre des Affaires étrangères en République de Moldavie, dans votre capitale, Chisinau. Comme vous le savez, je suis ici avec une double casquette. Premièrement, en ma qualité de vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la République hellénique. Nos deux pays sont unis par des liens étroits historiques, culturels, géographiques et éthiques. Comme vous le savez, pour nous la Moldavie et notamment la ville de Chisinau font partie intégrante de notre histoire nationale, car cette ville a été le point de départ de notre révolution nationale proclamée par Alexandros Ypsilantis ici en Moldavie.

Nos relations bilatérales sont excellentes et notre volonté commune est de renforcer notre coopération dans différents domaines. Premièrement, notre coopération économique et commerciale par le biais de notre secteur privé, par le biais du soutien de notre communauté d’affaires afin que celle-ci puisse développer des activités ici en Moldavie en tant qu’investisseur étranger direct dans différents domaines.

Un autre domaine d’importance majeure, non seulement pour des raisons économiques, mais aussi politiques et géopolitiques, est celui de l’énergie. Nous avons beaucoup à faire ensemble, afin d’installer de nouveaux gazoducs, de valoriser de nouveaux moyens, toujours dans le cadre du principe de la diversification nécessaire des sources et voies énergétiques, afin de garantir la sécurité de l’approvisionnement et offrir de meilleurs prix à nos citoyens.

La signature du protocole d’accord (MoU) est très importante, non seulement au niveau bilatéral, mais aussi européen, puisque le principal objectif de ce protocole d’accord est le transfert de savoir-faire et d’expérience pour la préparation européenne de la Moldavie. Pour nous, pour la Grèce mais aussi pour le Conseil de l’UE, le soutien des ambitions et choix européens de la Moldavie est très important.

Je suis ici, deuxièmement, en ma qualité de président du Conseil de l’UE, une qualité européenne, provisoire, dans le but de déclarer notre engagement à soutenir cette aspiration européenne.

Pour nous, au niveau bilatéral mais aussi européen, le respect de la souveraineté nationale de la République de Moldavie, le respect de l’intégrité territoriale et, par ailleurs, du principe de l’inviolabilité des frontières existantes est une question de principe, c’est la base de notre politique.

Nous comprenons très bien les sensibilités, les mémoires historiques du peuple de la Moldavie et nous sommes prêts à coopérer avec le gouvernement moldave afin de protéger la stabilité régionale ainsi que la paix dans la région.

Nous considérons la République de Moldavie comme faisant non seulement partie du voisinage oriental de l’UE, mais aussi de notre péninsule balkanique, car nous partageons le même parcours historique ainsi que le même contexte géographique et culturel. Et la Grèce, en tant que pays balkanique, orthodoxe peut très bien comprendre la situation en République de Moldavie ainsi que les messages de l’opinion commune pour ce qui est des besoins de la société civile.

Je suis ici afin que nous fêtions ensemble, avec mes homologues et le gouvernement moldave un événement très important. Un grand changement relatif au statut de la Moldavie pour ce qui est de la libéralisation du régime des visas. Et nous sommes prêts à accueillir le 28 avril à Athènes une délégation de la Moldavie dirigée par le Premier ministre lui-même, qui nous présentera les données et informations nécessaires et relatives à la situation et à la libre circulation des ressortissants moldaves après la libéralisation du régime des visas.

Après cette manifestation, après ce grand changement, notre prochain objectif est de préparer et de signer l’accord d’association entre l’UE et la République de Moldavie, pendant le semestre de la Présidence hellénique du Conseil de l’UE, à savoir d’ici fin juin.

L’Accord d’association constitue un cadre institutionnel solide qui régit la coopération entre l’Union européenne et la République de Moldavie. Du point de vue européen, la stabilité des institutions intérieures, la mise en place des pouvoirs judiciaires de haut niveau, la lutte continue contre la corruption, ainsi qu’un environnement favorable aux affaires, sont des éléments très importants pour la perspective des relations bilatérales au niveau européen, entre l’UE et la République de Moldavie.

Ma visite et, telle est mon appréciation finale, constitue pour moi et pour la délégation grecque une excellente opportunité pour connaître mieux et comprendre la situation du pays, ainsi qu’une excellente opportunité de signaler notre volonté commune d’avancer ensemble en tant que partenaires.

Je vous remercie beaucoup.

JOURNALISTE: L'agenda de la Présidence hellénique a été élaboré l'année dernière. J'aimerais vous demander s'il a été modifié dans une certaine mesure en raison de l'escalade de la situation en Ukraine et si cet agenda influera d'une certaine façon sur les conditions d'adhésion de la République de Moldavie.

E. VENIZELOS : Comme vous le savez, conformément à la législation européenne, la Présidence est chargée de présider aux réunions du Conseil siégeant dans toutes ses formations, à l'exception du Conseil des Affaires étrangères. Pour ce qui est particulièrement de la politique étrangère, la présidence permanente qui est exercée par la Haute Représentant, est responsable de l'agenda du Conseil. Mais, sans aucun doute, tout comme l'UE et notamment le Conseil des Affaires étrangères, nous considérons que la crise toujours en cours en Ukraine est la question dominante au cours de la période actuelle. Et notre décision et volonté est d'organiser une réévaluation intégrée et cohérente de notre politique étrangère à l'égard de cette crise persistante.

JOURNALISTE: La question est adressée aux deux ministres. Qu'est-ce qu'il va se passer après la signature de ce Protocole d’accord? Que pourra nous apporter l'expérience grecque?

E. VENIZELOS : Un objectif très sincère et tangible est de parachever le processus visant à la signature de l'Accord d'association. Nous avons la volonté politique mais nous avons besoin de la préparation y relative sur le plan technique. Nous devons traduire le texte dans toutes les langues officielles de l'Union européenne et préparer tous les processus nécessaires. Notre premier objectif dans le cadre de l'application du Mémorandum sera l'accélération du processus, car, je le répète, notre volonté et notre décision est de parachever le processus d'ici à la fin de notre présidence.

N. GHERMAN: J'aimerais ajouter une remarque à ce qu'a affirmé le ministre. Pour la République de Moldavie cela est synonyme d'un véritable partenariat pour ce qui est du transfert d'expertise dans le domaine de l'intégration européenne, pour ce qui est du transfert de connaissances par la République hellénique à la République de Moldavie.

Sur la base de ce texte, les institutions grecques et moldaves entameront une coopération d'une façon plus ouverte et directe en vue de continuer le processus d'harmonisation de la législation de la République de Moldavie, de l'aligner sur la législation en vigueur à l'Union européenne, en vue de renforcer les institutions, en suivant le modèle appliqué par la République hellénique mais aussi en vue de préparer la mise en application de l'Accord d'association entre la Moldavie et l'Union européenne. La meilleure pratique est d'apprendre de ceux qui ont franchi cette étape, qui ont appliqué les processus et qui ont l'intention de partager leur expérience avec ceux qui se trouvent encore au début du chemin menant à l'adhésion à l'Union européenne.

Nous partageons en fait avec la Grèce une histoire datant depuis des siècles: coopération, contacts, compréhension, patrimoine commun, perception commune de la vie. En outre, nous sommes unis par des liens culturels et historiques lesquels constituent une très bonne base de coopération sur laquelle sera axé le développement de notre partenariat européen commun moderne. Nous coopérons au sein des structures régionales, telles que la région élargie de la Mer noire. Nous partageons des valeurs communes, des objectifs communs et nous mettons cette synergie d'instruments et de mécanismes que nous développons dans le cadre de notre relation bilatérale, au service du processus de l'intégration européenne de la Moldavie.

Tout dépend maintenant de la volonté, de l'intérêt, des priorités des institutions des deux pays. Les ministères des Affaires étrangères, bien évidemment, surveilleront et coordonneront ce processus. M. Vénizélos est également vice-Premier ministre de la Grèce et il aura ainsi l'occasion de coordonner ces efforts au niveau national, tout comme je le ferais également dans notre pays. Nous nous rencontrerons bien évidemment de nouveau en vue d'évaluer le processus entamé aujourd'hui. Nous axerons notre attention sur une série d'objectifs très spécifiques et clairement définis. Je suis convaincue que ce Protocole d’accord donnera à cette coopération déjà excellente avec la Grèce une forme plus pratique.

E. VENIZELOS : La Grèce est un ancien membre de l'Union européenne depuis 1980 et la présidence actuelle est la 5ème présidence hellénique du Conseil de l'Union européenne depuis l'adhésion de la Grèce à la famille européenne. Nous avons une longue expérience et nous sommes prêts à la transférer au gouvernement moldave en vue d'accélérer les travaux de préparation de votre pays.

J'aimerais souligner que nous disposons d'une longue expérience en matière de statut de pays associé puisque la Grèce a été, après la fondation des Communautés européennes dans les années ‘50 le premier membre associé aux Communautés européennes. Nous avons signé l'accord d'association avec les Communautés européennes en 1960. Grâce à cette longue expérience historique et pratique, nous sommes prêts à coopérer avec vous, car il est de notre devoir historique et c'est notre plaisir aussi de coopérer avec le gouvernement et les autorités ainsi qu'avec l'administration publique de la République de Moldavie en vue de moderniser l'Etat et de mettre en place les structures publiques et privées indispensables à la réalisation des vos ambitions européennes.

April 9, 2014