W. SCHÄUBLE: M. Vénizélos et moi-même avons été pendant des années ministres des Finances. Nous avons, ensemble, livré plusieurs batailles pendant les périodes difficiles de la crise de l’euro et nous avons une relation amicale même si parfois nous avons dû résoudre des questions difficiles.
La Grèce a laissé dernière elle des années difficiles. Des années de réussite toutefois puisque les réformes ont bien progressé. La Grèce est aujourd’hui, du point de vue économique et en termes d’indices budgétaires, mieux placée par rapport à ce que d’aucuns croyaient possible, il y a de cela trois ou quatre ans. Cela montre que le parcours de la solidarité et des réformes a été juste. C’était certes une voie difficile pour le peuple grec, mais qui en valait la peine.
Hier, la Grèce a demandé à ce que le programme qui, sous sa forme actuelle, aurait expiré le 31 décembre, puisse être prolongé de deux mois. En tant que gouvernement fédéral, nous la soumettrons au Parlement fédéral la semaine prochaine. Le Bundestag en débattra et s’accordera sur une prolongation de deux mois afin que puissent s’achever les négociations avec la troïka et que le programme en cours et toutes les mesures associées puissent être couronnés de succès.
Nous avons également dit à l’Eurogroupe que nous étions prêts – pour que le programme ait une issue positive – à fournir une ligne de crédit de précaution, mais ceci interviendra après l’accomplissement réussi du plan actuel.
La Grèce doit continuer sur cette voie et je pense que les objectifs réalisés sont encourageants pour tous et la Grèce peut toujours compter sur la solidarité de l’Europe et de l’Allemagne.
E. VENIZELOS: Avec M. Schäuble, nous sommes unis par des liens d’amitié anciens et solides car nous avons vécu des moments très difficiles pendant la crise grecque.
M. Schäuble peut mieux que quiconque comprendre les réussites et les sacrifices du peuple grec ces cinq dernières années car il est une personnalité déterminante de l’Eurogroupe, qui est l’outil par excellence chargé de ces questions.
Grâce à la solidarité européenne et notamment grâce aux efforts de la société grecque elle-même, l’économie grecque se trouve maintenant dans une position totalement différente. Elle enregistre un excédent primaire, un rythme de croissance positif et son système bancaire est solide.
En ce qui concerne la stabilité politique. Il y a la grande question de l’horizon politique clair. Et comme le sait M. Schäuble, nous avons décidé, avec le Premier ministre, d’accélérer le processus d’élection du Président de la République hellénique par le Parlement hellénique, afin que nous puissions disposer de 18 mois – jusqu’à la fin du mandat parlementaire – pour veiller à ce que l’économie grecque décolle.
Et maintenant, nos partenaires européens savent que le peuple grec est prêt à relever ce grand défi, à savoir le défi du lendemain du mémorandum.
Le gouvernement a vu avec grande satisfaction les conclusions de l’Eurogroupe d’avant-hier et M. Schäuble a joué un rôle déterminant dans l’élaboration de ces conclusions. L’Eurogroupe encourage le gouvernement grec à demander la prorogation du programme de deux mois afin de réussir l’évaluation et la transition vers un statut complètement différend, celui de la ligne de crédit, qui est une «armure de protection» de l’économie grecque, mais avec des conditions totalement différentes.
Et je suis d’autant plus ravi car j’aurais l’occasion, pendant ce moment crucial, de discuter de ces questions avec l’interlocuteur le plus compétent qui soit, à savoir M. Schäuble.
December 10, 2014