Ε. VENIZELOS : Je suis très heureux d’accueillir à Thessalonique mon cher ami, Titus Corlatean, ministre des Affaires étrangères de la Roumanie.
Les relations bilatérales entre la Grèce et la Roumanie sont particulièrement bonnes. Nous coopérons, de manière productive, dans de nombreux domaines présentant un intérêt commun et aujourd’hui nous avons eu l’occasion de réaffirmer l’excellent niveau de nos relations.
Pendant ce semestre, la Grèce exerce la Présidence du Conseil de l’Union européenne et mon collègue roumain connaît très bien les priorités et les réussites de notre présidence. Mais la Roumanie exerce, elle aussi, avec succès la présidence du SEECP qui est une entité régionale de coopération en matière de politique et de défense extérieure.
J’ai accepté avec joie l’invitation de mon collègue à participer à la réunion ministérielle de ce Processus pour la coopération en Europe du sud-est, qui se tiendra en juin à Bucarest. Les deux parties accordent une importance particulière à notre coopération tripartite avec la participation de la Bulgarie également. Dans quelques instants, nous aurons la rencontre ministérielle tripartite.
En vue de la conférence ministérielle de demain entre les pays membres de l’UE et des pays des Balkans occidentaux, nous avons confirmé notre position commune pour la politique euro-atlantique de tous les pays des Balkans occidentaux.
Bien entendu, nous avons discuté des évolutions en Ukraine, en vue de la session du Conseil Affaires étrangères de l’UE qui se tiendra lundi et nous avons notamment mis l’accent sur le domaine énergétique, puisque l’idée prévalant dans toute la région des Balkans, dans toute l’Europe du sud-est est l’idée de l’interconnectivité. Notre objectif est de faire fonctionner un marché régional énergétique global.
Sur ces pensées, je suis très heureux d’accueillir mon cher collègue et le prie de prendre la parole.
Τ. CORLATEAN : Je vous remercie beaucoup. J’aimerais dire que j’ai accepté avec joie l’invitation de mon cher collègue et ami, le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, M. Vénizélos. C’est avant tout une rencontre bilatérale entre deux ministres des Affaires étrangères, de la Grèce et de la Roumanie, qui sont non seulement deux pays amis, mais aussi des facteurs importants en Europe du sud-est, des pays qui occupent des positions importantes et alignées au sein de l’Union européenne.
Et bien entendu, avec la Présidence hellénique du Conseil de l’UE d’un côté et la Présidence de la Roumanie du Processus de coopération en Europe du sud-est de l’autre.
Je parle d’une relation qui est très étroite, avec des rencontres fréquentes. Lors de ma dernière visite à Athènes, il y a quelques mois, nous avons décidé la réunion de ce sommet entre la Présidence hellénique et la Présidence du Processus de coopération en Europe du sud-est, à Thessalonique. Cette rencontre revêt un symbolisme européen, mais reflète également la très bonne coopération dans l’espace de l’Europe du sud-est et des Balkans.
Et avant d’évoquer, très brièvement, d’autres points, j’aimerais transmettre les félicitations du gouvernement roumain pour les résultats exceptionnels de la Présidence hellénique du Conseil de l’Union européenne, pour ses progrès et ses réussites sur des sujets importants.
Avant tout, les questions économiques de l’UE, l’union économique et monétaire et le mécanisme unique de résolution, mais aussi d’autres domaines liés, par exemple, à la perspective européenne de la République de Moldavie, à laquelle la Roumanie accorde une très grande importance.
C’est tout d’abord pendant la Présidence hellénique que l’entrée libre des ressortissants moldaves en Union européenne est devenue réalité, le 28 avril, et bientôt sera signé l’accord de stabilisation et d’association entre la République de la Moldavie et l’Union européenne. Et cela grâce à la direction de la Grèce du Conseil européen.
Nous avons par ailleurs abordé des questions d’intérêt local. L’un des points les plus importants est la coopération politique dans le soutien du processus d’élargissement avec les pays de la région.
Aussi bien la Roumanie que la Grèce soutiennent la perspective européenne de l’Europe du sud-est.
Nous avons bien entendu discuté de notre intérêt pour la sécurité énergétique et à ce stade, j’aimerais, souligner l’importance que nous accordons à un marché énergétique régional global avec la contribution de mon pays, la Roumanie, à la diversification des sources énergétiques. Et je pense que nous partageons le même intérêt de développer ces couloirs et les interconnexions.
Nous avons par ailleurs abordé les dernières évolutions en Europe orientale, notamment en Ukraine, et lundi se tiendra le Conseil affaires étrangères à Bruxelles, où nous évaluerons la situation.
Après une première lecture des derniers développement concernant l’Ukraine, nous pouvons saluer, et personnellement je salue la récente déclaration du Président russe, qui va dans le bons sens, concernant la nécessité d’accorder un peu de temps au processus du dialogue politique au sein de l’Ukraine et concernant sa demande de reporter le référendum qui avait été programmé pour le 11 mai dans certaines régions à l’est de l’Ukraine. Je pense que le processus politique doit prévaloir et non l’action militaire.
Et bien entendu, à la pensée de la rencontre tripartite qui suit tout de suite après et de notre rencontre avec notre collègue bulgare mais aussi de la rencontre de demain entre l’UE et les pays des Balkans – qui est, bien entendu, un des importants points de la Présidence hellénique – nous réitérons notre soutien au dialogue et à la perspective européenne de l’Europe du sud-est. Je vous remercie beaucoup.
JOURNALISTE: (Dionysis Botonis, de la télévision publique). Monsieur le vice-Premier ministre, monsieur le ministre, vous vous êtes référés très amplement au domaine de l’énergie. L’énergie est un facteur qui influence au niveau international l’économie et les pays, les Etats, les peuples. Nous le constatons avec le gazoduc TAP. Pouvez-vous nous dire quelle est le rôle de la Roumanie dans la nouvelle carte énergétique et quel sera-t-elle la prochaine période ?
Ε. VENIZELOS : Cette question, en fait, s’adresse à vous. Et une bonne occasion je crois vous est donnée de présenter, brièvement, la politique énergétique de la Roumanie dans la région.
Τ. CORLATEAN : Je vais m’efforcer d’être bref et je dirais avant tout que le principe fondamental est celui de la diversification de l’origine et des sources énergétiques, par le biais de l’élargissement et la garantie de l’indépendance de la sécurité énergétique des pays européens et, notamment, des pays de l’Europe du sud-est.
C’est la raison pour laquelle la Roumanie soutient le droit de chaque Etat membre de l’UE d’utiliser ses propres sources énergétiques et de développer son propre mix énergétique. Cela peut inclure, selon le cas, le gaz, le gaz de schiste, comme c’est le cas de la Roumanie. Cela peut inclure aussi l’exploitation de nouvelles sources d’énergie dans le plateau de la mer noire, comme c’est le cas de la Roumanie et c’est la raison pour laquelle nous soutenons fermement le processus de développement d’un marché régional global.
Cela entraîne bien entendu le développement d’interconnecteurs pour le gaz mais aussi pour l’électricité qui offriront l’occasion dans différents pays disposant de différentes sources d’énergie d’acheminer l’énergie dans les pays qui en ont besoin et ce, au prix le moins cher. Et c’est le plus important.
Certes, chacun peut avoir accès à d’autres sources d’énergie. Dans le cas de la Grèce, c’est le gazoduc TAP, dans le cas de la Roumanie, cela peut être d’autres sources d’énergie. Mais au bout du compte, nous pouvons avancer – et cette idée a été soulevée par M. Vénizélos il y a de nombreuses années – vers un marché régional global. Cela permettra à de nombreux pays de se développer.
E. VENIZELOS : J’aimerais moi aussi faire une déclaration, au sujet de ce qu’a déclaré aujourd’hui le Président Poutine. Nous estimons que cette déclaration constitue un pas en avant vers la désescalade.
Toute contribution vers la désescalade, tout effort visant à atteindre et à appliquer une solution qui englobe toutes les forces politiques et sociales, toutes les régions, toutes les ethnies, tous les groupes linguistiques, est la bienvenue car nous devons éviter qu’une guerre civile éclate, nous devons stabiliser la situation en Ukraine.
May 7, 2014