Déclarations conjointes du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, E. Vénizélos et du ministre des Affaires étrangères de l’Albanie, Ditmir Bushati

venizelos_alvanos_ypexE. VENIZELOS : Je suis très heureux d’accueillir au ministère des Affaires étrangères, au niveau bilatéral cette fois, mon cher collègue, le ministre des Affaires étrangères de l’Albanie, M. Bushati.
Avec M. Bushati, nous avons participé ce matin à la réunion intergouvernementale de l’Initiative Adriatique – Ionienne sous présidence albanaise et par la suite nous avons participé à la conférence sur la stratégie de l’UE pour la région Adriatique – Ionienne que nous voulons transformer en méga-région.
Notre rencontre a été consacrée à nos relations bilatérales. La Grèce et l’Albanie sont des partenaires stratégiques. Nous sommes deux pays amis et alliés. Nous sommes heureux que l’Albanie participe à l’OTAN et soutenons la perspective européenne du pays voisin. Nous voulons que l’Albanie puisse se voir attribuer dès maintenant le statut de pays candidat à l’adhésion à l’UE.
Cela n’a pas été possible lors du Conseil européen de décembre dernier, mais nous y reviendrons pendant la durée de la présidence grecque du Conseil de l’UE et nous espérons que ce statut sera accordé d’ici la fin du mois de juin.
Nous croyons en la perspective européenne des Balkans occidentaux de tous les Etats membres et voulons aider de manière décisive dans ce sens.
Il y a toute une série de questions que nous avons abordées, que nous élaborons et pour lesquelles nous sommes prêts à faire les derniers pas décisifs afin qu’il y ait vraiment un cadre de référence stable qui nous aidera à développer notre coopération, car les deux pays sont unis par des liens étroits économiques et sociaux.
Nous avons discuté avec honnêteté et franchise de ces questions. Cette rencontre s’inscrit dans la lignée des nombreuses autres rencontres qui ont eu lieu au niveau des ministres des Affaires étrangères, mais les entretiens que nous avons eus avec le Premier ministre, M. Rama et le vice-Premier ministre, M. Peleshi sont également importants.

J’aurais d’ailleurs l’occasion, très prochainement, de me déplacer de nouveau à Tirana dans le cadre de ma tournée dans les Balkans occidentaux en qualité de Président du Conseil de l’UE. Je pense donc que nous aurons l’occasion d’officialiser bon nombre de questions abordées aujourd’hui avec M. Bushati.
J’aimerais le remercier pour sa visite, pour la coopération excellente que nous avons eue concernant la région Adriatique – Ionienne au niveau multilatéral et pour la discussion franche que nous avons eue au niveau bilatéral.
Je le prierais de transmettre au Président Rama, au gouvernement albanais, aux institutions albanaises et au peuple albanais, les sentiments d’amitié du peuple grec.
D. BUSHATI : Bonsoir à tous. Je suis heureux de me trouver aujourd’hui à Athènes. J’ai pu faire l’expérience de l’accueil chaleureux et franc du Président de la République, M. Papoulias, du Premier ministre M. Samaras et bien entendu du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la Grèce, M. Vénizélos, avec lequel, à partir du moment où j’ai pris le portefeuille des Affaires étrangères, nous avons bâti un pont de coopération en abordant de nombreuses questions relevant des relations bilatérales.
Avant d’en venir aux questions abordées avec franchise et honnêteté dans un esprit amical, j’aimerais exprimer l’esprit de solidarité du gouvernement albanais pour les habitants de Céphalonie et d’Ithaque, qui vivent  aujourd’hui des moments difficiles en raison du séisme.
J’aimerais également remercier le gouvernement grec pour la coopération dans le cadre de l’Initiative sur la stratégie Adriatique et Ionienne et la création des macro-régions dans le cadre de laquelle aujourd’hui huit pays, dont quatre membres de l’Union européenne et quatre autres en attente d’adhésion à l’UE, nous avons fait un accord sur ce que nous nommerons désormais la « Déclaration d’Athènes » – que nous avons également approuvée, en tant que pays présidant l’initiative – qui définira la coopération des huit pays participant à cette initiative afin que nous puissions promouvoir cette coopération sur l’application de la politique de la macro-région.
Que nous puissions encourager la coopération régionale, le processus d’élargissement ultérieur de l’UE à de nouveaux pays de la région et sans aucun doute valoriser les mécanismes de l’Union européenne, notamment les dispositifs économiques liés à l’initiative Adriatique – Ionienne, mais aussi d’autres initiatives de la Méditerranée.
Nous sommes convaincus que la mer constitue un espace commun que nous devrons valoriser et utiliser dans l’intérêt de la croissance économique et sociale, non seulement de nos pays, mais aussi de la région tout entière
J’ai eu l’occasion de féliciter le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, M. Vénizélos pour les priorités de la Présidence hellénique de l’UE, pour la clarté avec laquelle la Grèce envisage l’élargissement de l’UE et pour le fait que cette année est l’année de la Méditerranée. En raison de la présidence grecque, nos actions seront coordonnées et bien organisées, afin que chaque pays puisse se retrouver dans ce programme dans le cadre de l’Initiative Adriatique – Ionienne.
J’ai exprimé à mon homologue M. Vénizélos, mais aussi au Président de la République, M. Papoulias et au Premier ministre du pays, M. Samaras, la volonté claire du gouvernement albanais d’aborder des questions qui jusqu’à présent n’ont pas été réglées de façon appropriée, des questions qui ont un impact direct sur la vie des citoyens et influencent mais aussi contribuent au renforcement et à la consolidation des relations entre la Grèce et l’Albanie.
C’une occasion en or pour nous d’aborder ces questions et les deux pays qualifient leurs relations bilatérales de stratégiques et existentielles. Nous sommes voisins, nous avons partagé des moments à la fois heureux et difficiles. Nous participons conjointement à l’OTAN, coopérons et accepterons favorablement l’expertise de la Grèce dans les processus engagés pour notre parcours d’adhésion à l’Union européenne.
Nous sommes deux pays appartenant à la civilisation occidentale et nous basons la résolution de nos questions sur les principes du droit international et des relations de bon voisinage.
Enfin, permettez-moi de  me référer à la tournée dans les Balkans du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères,  M. Vénizélos, dans le cadre de la présidence grecque de l’Union européenne, dont nous avons abordé certains aspects lors de notre rencontre. Nous apprécions particulièrement cette tournée et pensons qu’elle atteste clairement des efforts d’élargissement de l’UE qui est la seule voie sure pour les Balkans.
Je vous remercie encore une fois pour votre accueil et nos entretiens ouverts et directs.
JOURNALISTE : Ma question concerne les deux ministres. Je voulais vous demander si vous avez abordé la question de la ZEE et des questions de coopération énergétique.
E. VENIZELOS : Notre coopération énergétique est très étroite. La Grèce et l’Albanie sont deux pays jouant un rôle déterminant pour le nouveau gazoduc TAP. Le TAP, comme j’ai eu l’occasion de le dire au Directeur général du consortium chargé de sa construction, représente un investissement très important pour la Grèce et l’Albanie.
Par ailleurs, la géologie nous unit en quelque sort à bien des égards, dans le sens où les structures géologiques attestent de l’existence d’hydrocarbures en Grèce et en Albanie, qui peuvent être exploités.
Pour ce qui est de la ZEE, vous savez qu’en 2009 un accord bilatéral sur la délimitation des zones maritimes a été signé, non seulement de la Zone économique exclusive, mais aussi des eaux territoriales et du plateau continental. Notre objectif est de parachever le processus de ratification et de validation. Nous avons la volonté d’avancer, toujours en référence au droit international de la mer, conventionnel et coutumier.
Je suis optimiste. Je pense que très bientôt ces procédures seront terminées et nous prouverons le haut niveau de notre coopération et de notre foi commune en ce que M. Bushati a qualifié de civilisation occidentale, qui englobe naturellement une conception bien précise du droit international et des relations de bon voisinage.

D. BUSHATI : En ce qui concerne la première question, je ne voudrais rien ajouter à ce qu’a dit M. Vénizélos si ce n’est de dire que nous percevons le gazoduc non seulement comme un point de liaison entre la mer Adriatique et la mer Caspienne, comme une bonne occasion d’assurer une plus grande sécurité énergétique dans la région, mais comme une grande occasion et possibilité de développer d’autres domaines de l’économie, pour lesquels le secteur énergétique est d’importance vitale.
L’Albanie a une position géographique unique. Le gazoduc TAP n’est pas une fin en soi, au contraire nous soutenons également l’autre gazoduc, l’IAP. Nous voulons avoir un axe, dans le cadre de la coopération  Adriatique – Ionienne, une coopération multilatérale dans toutes les directions. Et dans ce contexte, la coopération avec la Grèce et l’Italie est d’importance décisive.
En ce qui concerne l’autre question, vous savez comment les questions ont évolué, tant en ce qui concerne la Grèce, qu’en ce qui concerne l’Albanie, les procédures internes de mon pays, c’est clair pour l’opinion commune. Masi ce qui est important de dire est que nous avons la volonté de nous tourner vers l’avenir et d’aborder la question sur la base des principes fondamentaux du droit international et de l’intérêt mutuel.
J’ai dit tout à l’heure que je ne dis pas tout cela pour des raisons de rhétorique, mais si nous nous référons à notre histoire, à l’histoire du passé, la mer historiquement a été un espace commun et un point de référence pour la civilisation occidentale. Souvent, notre lien avec l’occident se faisait par voie maritime. L’Albanie et la Grèce ne sont indéniablement pas une exception à la règle.
JOURNALISTE : Est-ce que la question du fonctionnement des commissions bilatérales a été abordée tout comme la question des toponymes ?

E. VENIZELOS : Dans le cadre de l’accord d’amitié, de bon voisinage et de coopération, il y a des commissions bilatérales qui seront activées. J’imagine que des questions comme les ressources en eau, les transports sont à la fois des questions idéales et nécessaires à aborder dans le cadre de ces commissions bilatérales.
Pour ce qui est de la question des toponymes, il est vrai que nous voulons apporter une solution définitive à la question, une solution dans le cadre du droit international et des relations de bon voisinage, une solution qui ne créé pas de problèmes aux citoyens, qui leur facilite la vie, sans qu’il y ait de mauvaise interprétation ou de malentendu quant au haut niveau de nos relations bilatérales et de l’application du droit international et des relations de bon voisinage entre les deux pays.

February 7, 2014