E. Venizélos : C’est avec une grande joie que je reçois au ministère des Affaires étrangères de la Grèce, mon cher ami, Guido Westerwelle, que nous unit non seulement notre fonction commune de ministre des Affaires étrangères de notre pays, mais aussi un professeur que nous avions tous les deux eu en cours de droit constitutionnel, puisque M. Westerwelle et moi-même avions comme professeur Dimitris Tsatsos.
Débuter mes rencontres par celle du ministre allemand des Affaires étrangères qui est venu en ami quelques jours après que j’ai pris mes nouvelles fonctions pour échanger des vues ici à Athènes est pour moi un signe précurseur particulièrement positif.
Nous avons eu une rencontre en tête à tête tout aussi intéressante que fertile lors de laquelle l’occasion nous a été donnée de confirmer le haut niveau du partenariat Grèce - Allemagne. M. Westerwelle s’est exprimé en des termes très chaleureux et productifs, se référant aux sacrifices et aux efforts consentis par le peuple grec, car la communauté internationale comprend bien que ce qui se passe ici depuis ces trois dernières années est particulièrement difficile. Nous reconstruisons l’économie grecque, nous reconstruisons l’Etat, nous regagnons notre égalité institutionnelle au sein de l’Europe et de la zone euro.
Le peuple grec a fait ses sacrifices car en réalité il veut sauvegarder notre souveraineté nationale et notre indépendance nationale. Il ne veut pas que la Grèce dépende des marchés anonymes, ou de l'aide de nos partenaires européens. Il est très important pour nous d'entendre des mots de soutien, d'amitié et de reconnaissance de la bouche du ministre allemand des Affaires étrangères.
Nous avons également eu l’occasion d'aborder toutes les questions en suspens qui occupent la région élargie, je dirais la communauté internationale et je me réserve de vous apporter des informations plus complètes après les déclarations de M. Westerwelle et vos questions.
J’aimerais encore une fois le remercier pour son initiative de venir me rendre visite pour discuter et cette discussion sera poursuivie au cours du dîner qui suivra notre conférence de presse. Je vous remercie.
G. Westerwelle : Merci beaucoup M. le ministre. Cher Evangelos, j’aimerais te remercier chaleureusement pour cette rencontre exceptionnelle et la coopération constructive que nous avons eue lors de nos discussions. Il est vrai que nous avons un point commun sur le plan académique puisque nous étions tous deux étudiants du professeur Dimitris Tsatsos que j’admire jusqu’à aujourd'hui encore et auquel je suis très redevable.
J’aimerais vous assurer que nous, Allemands, sommes aux côtés de la Grèce et ma visite ici, tout de suite après la formation du nouveau gouvernement, est une preuve de solidarité et d'encouragement. Nous voulons vous encourager afin que vous poursuiviez sur cette voie, la voie d'un nouveau départ. Et nous voulons exprimer notre solidarité car nous connaissons les sacrifices du peuple grec.
L’objectif est commun et il est devant nous. Et cet objectif consiste à surmonter la crise économique et la dette, à donner une nouvelle croissance et à trouver les conditions de prospérité pour tous. Les résultats de la réunion au sommet des chefs de gouvernement aujourd'hui à Berlin, sont également une preuve d’encouragement, notamment pour les jeunes de toute l’Europe, mais aussi les jeunes en Grèce.
Notre objectif commun, en Europe, est de lutter contre le chômage, de veiller à la création de nouveaux emplois, notamment pour les jeunes, de sorte à garantir une perspective positive et un avenir sûr. Et cela peut être réalisé par le biais de réformes, de la hausse de la productivité, car c'est seulement ainsi qu'il pourra y avoir de nouveaux investissements en Grèce.
J’aimerais de nouveau souligner que nous, les Allemands, respectons pleinement et reconnaissons les efforts consentis par le peuple grec et nous avons le sentiment que les premiers pas ont déjà été faits. Nous sommes confiants car nous constatons qu’un nouveau départ a été fait pour la création de conditions de prospérité.
Les exportations en Grèce augmentent, le déficit budgétaire se réduit et d'importants investissements sont réalisés. Le gaz de la Mer Caspienne peut arriver en Grèce et il existent d'autres projets d'infrastructure très importants. Ce qui veut dire que les choses bougent en Grèce et c’est ce qui fait le succès du peuple grec, mais aussi du gouvernement grec, pour être plus précis. Nous souhaitons continuer sur cette voie et ne pas freiner cet élan qui est donné aux réformes.
Bien entendu, nous avons discuté d’autres questions. Ces discussions se poursuivront, notamment pendant le dîner. Il y a des questions d’intérêt mondial à débattre. A l’heure actuelle, nous suivons les évolutions, les développements en Egypte, mais aussi dans d'autres pays de la région, au sud de la Méditerranée. Et bien entendu, nous avons un objectif commun, que nous aborderons dans les moindres détails pendant le dîner, ce soir.
J’aimerais vous dire du fond du cœur combien je vous remercie pour votre accueil. Je suis reconnaissant d’être ici à Athènes, dans cette capitale formidable, dans ce pays tout aussi exceptionnel que grand et j'aimerais redire que nous savons et partageons les sacrifices que fait la Grèce à l'heure actuelle et vous transmettons notre sentiment de solidarité.
Réponses aux questions des journalistes
Α. Peloni (Τa Nea) : Monsieur le ministre, je me souviens de votre visite de l’année dernière ici. C’était un peu avant le « haircut », avant le PSI. Le président de l’Eurogroupe, M. Dijsselbloem était à Athènes il y a quelques semaines. Il a déclaré que s'il y a un excédent primaire pour la Grèce en 2014, des décisions seront prises pour la dette grecque en avril 2015.
Je voulais vous demander quelles pourraient être ces décisions? Que pourrait attendre la partie grecque? Et par ailleurs, compte tenu des discussions très animées en coulisse au sujet de la volonté du FMI de se retirer des programmes de soutien de la Troïka, j’aimerais savoir quelle est la position de l’Allemagne vis-à-vis de cette discussion. Merci.
G. Westerwelle : Tout d’abord j’aimerais attirer votre attention sur le fait que la Troïka est un organe institutionnel indépendant et non le volet d’un gouvernement européen. La Troïka fait son travail et cela est juste, car nous souhaitons par le biais des efforts de réformes ouvrir de nouvelles opportunités et de nouvelles perspectives. C'est pourquoi, il est important que les mesures qui ont été convenues soient mises en œuvre progressivement. Et avant que ce travail ne se termine, j’estime que l’on ne doit pas se perdre en conjectures. Je ne l’ai fait ni dans le passé, ni ne le ferai à l'avenir. La question d'un haircut imminent n'est pas incluse dans l'ordre du jour, mais la question est de mettre en oeuvre l'ensemble des réformes, telles qu'elles ont été convenues.
E. Venizélos : J'aimerais aussi répondre à la question. Comme vous le savez, la Grèce est en mesure de présenter, grâce aux durs sacrifices des Grecs, des résultats budgétaires impressionnants. A l’heure actuelle, le déficit budgétaire de la Grèce est le plus petit de la zone euro, si on l’envisage de façon nominale et non structurelle, c’est-à-dire si l'on tient compte de l'influence de la grande récession qui dure 6 ans.
La Grèce à l’heure actuelle peut présenter le plus petit déficit budgétaire structurel dans la zone euro. En réalité, il s’agit d’un excédent budgétaire structurel, et même si l’on parle en termes nominaux, nous sommes parvenus à une baisse de plus de 10 points du PIB. Une telle réduction n'a quasiment jamais été atteinte dans l'histoire et nous sommes au point d'enregistrer un excédent primaire.
On sait par ailleurs, et M. Westerwelle l’a mentionné, qu'il y a un engagement politique de la part de l'Eurogroupe et du Conseil européen vis-à-vis de la viabilité à long terme de la dette publique grecque et naturellement vis-à-vis du parcours égal et garanti de la Grèce au sein de la zone euro. C’est un acquis politique très important. On ne doit pas se précipiter et soulever des questions sur une base hypothétique lorsque nous pouvons présenter aujourd'hui des résultats qui soient aussi convaincants et tangibles.
Journaliste (ARD2) : Ma question s’adresse à vous, M. Venizélos, suite à tout ce que vous avez dit tout à l’heure. Il y a des rapports, émanant non seulement de journalistes, mais aussi de spécialistes économiques, faisant état de l’insuffisance des progrès des réformes et du service de la dette. La Troïka est mécontente et nombreux sont ceux qui estiment qu'un haircut est inévitable, éventualité que M. Westerwelle a écartée et qui ont même mentionné une autre possibilité - vous vous êtes référés à l'excédent primaire - à savoir la réorganisation du programme d'aide et des crédits. Pour vous, quelles sont les possibilités existantes ?
E. Venizélos : Merci beaucoup pour votre question, car elle me permet de compléter ma réponse précédente. Comme vous le savez, la dette publique grecque est servie pleinement et clairement, car de toutes façons le coût du service de la dette est désormais très bas. D’ailleurs, à un moment donné, et probablement bien avant ce que tout le monde attend, la Grèce peut organiser un retour sécurisé sur le marché par rapport à la dette et à la couverture de ses besoins financiers.
J’ai présenté tout à l’heure nos efforts, par rapport au déficit budgétaire. Le succès est indéniable. Vous avez parlé de la grande question des réformes, qui est pour notre gouvernement aussi, et pour moi personnellement, le grand pari à relever. Nous sommes déterminés à faire tout le nécessaire pour avoir un autre Etat en Grèce et une autre relation Etat - économie. Néanmoins, et selon les données disponibles jusqu'à présent et les tableaux et rapports de l'OCDE, la Grèce est le pays à avoir accompli les réformes les plus courageuses, radicales et nombreuses ces dernières années.
Nous avons donc une autre situation dans le domaine desdits «changements structurels». Les discussions avec la Troïka sont actuellement en cours, elles ne sont pas terminées. J’ai une très grande expérience de telles discussions en raison de mon mandat précédent au ministère des Finances.
J’estime que nous aboutirons à une formulation mutuellement acceptable et à un accord qui permettra non seulement le décaissement sans heurts des tranches, mais aussi à l'économie grecque de respirer, car l’économie ne peut supporter d’autres mesures qui alimentent la récession et augmentent le chômage.
Nous devons travailler sur ce que nous appelons le dénominateur, c'est-à-dire la hausse du PIB, car c'est seulement ainsi que nous pourrons avoir une réduction de la dette et du déficit.
Journaliste (Radio allemande) : Monsieur Venizélos, j’aimerais rebondir sur la question de mon confrère. La prochaine visite sera effectuée par le ministre des Finances d’Allemagne et je ne sais pas comment sont positionnées les réussites du gouvernement grec et dans quelle mesure vous voulez discuter de 2014 et après.
Une question pour M. Westerwelle. Le programme suivi jusqu'à présent par le Fonds monétaire international a fait l'objet de nombreuses critiques. Ils ont dit qu'un haircut aurait dû être fait bien avant. Le pays n'a pas de nombreuses possibilités structurelles. Est-ce qu’auprès du gouvernement allemand on peut entendre de telles critiques ? Que pourrait-on améliorer ?
G. Westerwelle : J’aimerais vous dire la chose suivante : mon impression à moi est que pour la première fois nous voyons un rayon de soleil à l’horizon et en politique, l’impulsion psychologique est très importante, tout aussi importante que la conjoncture. Si dans une telle situation, où le ciel est illuminé, si dans une telle conjoncture, on commence à émettre des scénarios pessimistes et à parler d'effondrement, je pense que l'on n’arrivera à rien et que l'on ne tirera pas profit d’un moment qui est justement favorable.
C’est pourquoi, je veux que nous nous tournions vers l’avenir. Je pense que la Grèce peut réussir. J’en suis convaincu. Et les décisions au sujet des investissements (sont importantes) et les données objectives sont encourageantes et dans d’autres domaines nous devrions commencer à apprendre en Europe à écouter les nouvelles positives et pas seulement demeurés attachés aux informations négatives, et en fait regarder derrière.
C’est pourquoi ma visite ici prend tout le sens d’un encouragement. Par exemple, en ce qui concerne le gazoduc et la décision d’investir, je pense qu'il s'agit d'une décision importante, qui permet de créer un énorme potentiel de développement et de garantir des emplois en Grèce.
Si l’on choisi d’ignorer cette note d’optimisme, de pleurer sur du lait déjà renversé, ce n’est pas faire preuve d’intelligence du point de vue politique. C'est pourquoi je partage pleinement les descriptions de mon homologue grec concernant la presse internationale qui souligne les points marquant une évolution positive. Et vous savez, pour m’exprimer à titre personnel, nous savons tous combien les choses peuvent tourner mal, mais la direction politique devra fonctionner de manière constructive et dire que les choses peuvent évoluer positivement. C’est le rôle constructif de la direction politique. Et comme je suis en Grèce, si l’on dirige notre regard vers la Grèce antique, je pense que l’on ne doit pas jouer les Cassandre, mais au contraire tourner notre regard vers l’avenir.
E. Venizélos : Permettez-moi de poursuivre dans le même esprit que M. Westerwelle. Aujourd'hui c'est avec une grande joie et un sentiment d'amitié que j'ai reçu mon homologue allemand. De la même façon, j'attends d'accueillir le 18 juillet un vieil ami et collègue au sein de l'Eurogroupe, M. Schäuble. Nous parlerons de l’économie réelle grecque et avec M. Westerwelle, nous avons consacré une grande partie de nos discussions privées aux difficultés et perspectives de l’économie réelle grecque, à la question de la croissance et de l’emploi, car le grand problème est le chômage et notamment le chômage des jeunes et donc le soutien des entreprises.
Les questions abordées avec M. Westerwelle et que nous aborderons par la suite avec M. Schäuble sont au nombre de deux. Ce sont les deux grands problèmes de l’économie réelle grecque.
Premièrement, les taux d'intérêt très élevés, par rapport aux taux d’autres pays, non seulement en Allemagne qui a les taux d’intérêt les moins élevés de la zone euro, mais aussi dans d'autres pays européens. Cela créé de nombreux problèmes de financement des entreprises grecques et par conséquent cela entrave la relance de l'économie grecque. Nous devons mettre en place des interventions intelligentes et pratiques pour réduire les taux d’intérêt. C’est tout le sens d'un fonds de développement, d'une institution pour le développement que nous voulons promouvoir en coopération avec le gouvernement allemand et la Banque allemande de développement, afin que nous puissions intervenir et soutenir les fonctions du système bancaire pour avoir de l'argent moins cher sur le marché. C’est un point essentiel.
La deuxième question est liée aux perspectives créées par le gazoduc TAP, le nouveau gazoduc qui passera par la Grèce et il s’agit du coût de l’énergie. Le coût de l’énergie en Grèce est au-dessus de la moyenne européenne, non seulement en terme de facturation de la matière première, qu’en termes de raisons de précaution émanant du programme d’adaptation.
Donc, si nous voulons aider l'industrie grecque, la manufacture grecque, la petite et moyenne entreprise grecque, nous devons intervenir également au niveau du coût énergétique, ce que M. Westerwelle a compris dans son cœur. Et donc nous nous réjouissons de cette discussion qui commence aujourd’hui et que nous poursuivrons dans quelques jours avec M. Schäuble également, car l'intervention de l'Allemagne peut être rapide, pratique et produire des résultats dans ces deux domaines cruciaux.
Journaliste (ARD1) : J’ai une question pour le ministre allemand des Affaires étrangères et par la suite pour M. Venizélos. Il s'agit de l'Egypte. Ici, l'armée est en passe de prendre le pouvoir et j'aimerais entendre votre opinion. Que pensez-vous du fait que finalement l’armée est chargée de maintenir la paix dans un pays et que de cette façon on court-circuite un gouvernement élu démocratiquement ? Quelle est votre position ? Soutenez-vous cela?
G. Westerwelle : Nous suivons de près les évolutions en Egypte et en sommes fortement préoccupés. Et nous lançons un appel à toutes les parties concernées, à savoir continuer sur la voie de la démocratie. Qu’elles cessent de faire usage de la violence et qu’elles poursuivent le dialogue démocratique. Qu’elles investissent dans le dialogue démocratique. Telles sont les cinq premières minutes d'une heure historique pour l'Egypte et je souhaite du fond du coeur que l'Egypte continue sur la voie de la démocratie.
Je souhaite que les forces politiques impliquées, et qui, à l'heure actuelle, s'opposent, puissent s’asseoir à la table du dialogue et parvenir à un accord de sorte que cette toute jeune démocratie qu’est l’Egypte n’échoue pas d’emblée, mais puisse se donner la chance qu’elle mérite.
Ε. Venizélos : Je dois dire que j’approuve totalement les déclarations de mon collègue, M. Westerwelle sur la situation cruciale en Egypte. La Grèce est unie à l'Egypte par des liens historiques très solides et l'Egypte est un pays clé pour les évolutions dans la région élargie, en Méditerranée.
Nous souhaitons que la stabilité soit garantie ainsi que la perspective démocratique de l’Egypte, comme tous les autres pays de la région et notre pensée est dirigée vers le peuple égyptien, les citoyens égyptiens qui s’inquiètent vivement du sort de leur pays, de leur patrie et souhaitent, j'en suis certain, comme tous les peuples du monde, avoir un Etat démocratique qui garantisse la prospérité à tous ses citoyens.
La situation est difficile. Nous ne pouvons voir les choses de notre strict point de vue, de celui de la culture politique et juridique européenne. Il est de par la force des choses, nécessaire de prendre en compte d’autres paramètres et outre notre intérêt et notre inquiétude, j’aimerais former ce vœu cher, à savoir que les choses évoluent au mieux, et le plus rapidement possible pour le peuple égyptien et l’Egypte.
D. Konstantakopoulos (Εpikaira) : Monsieur le ministre, bienvenue en Grèce. J'aimerais vous rappeler, si vous vous en souvenez, que dans l’Iliade, Cassandre avait raison. Dans ce pays, depuis le début du programme d'aide, le PIB a été réduit de 23%, un pourcentage plus élevé que lors du krach de 1929 – 1933 aux Etats-Unis et que ce que le chancelier Brüning a réussi en Allemagne avant la montée d’Hitler, en appliquant la même politique. Ce pays compte 1 500 000 chômeurs et il faudra 20 à 30 ans de croissance rapide pour qu'il puisse revenir au point où il était. Le pays connaît une véritable catastrophe économique et sociale. Que faudrait-il faire d'autre pour détruire le pays au lieu de l'aider?
G. Westerwelle : Tout d’abord, je vous remercie de votre question qui est en même temps un appel que je peux très bien concevoir. La Grèce traverse sa sixième année de récession. Elle a perdu 25% environ de sa puissance économique et nous le voyons très clairement. C’est pourquoi il est très important de nous employer à améliorer la situation en Grèce. Cela n’est possible qu’à travers des investissements. Et les investissements résultent des réformes et de la hausse de la compétitivité. Les infrastructures sont un chapitre déterminant selon nous. Le gazoduc créera une importante occasion de croissance de l’économie grecque. Par exemple, les programmes convenus aujourd’hui à Berlin avec un budget de 8 milliards d’euros. Par ailleurs, j'estime qu’il est nécessaire pour les petites et moyennes entreprises d’avoir un meilleur accès aux crédits. Et ce stade, nous avons eu de très bonnes discussions. Comment pouvons-nous créer des entreprises et améliorer l’accès aux subventions pour les PME.
Nous avons notre propre Banque d’investissement, avec laquelle nous avons eu de nombreuses expériences positives et nous voulons échanger des vues sur ce qui pourrait être appliqué ici en Grèce par nos amis grecs.
Bien entendu, nous voulons également soutenir la politique grecque en ce qui concerne les réformes dans le secteur public. Nous avons abordé un large éventail de mesures et nous poursuivrons ces discussions à l'avenir.
J’aimerais à ce stade faire une observation générale. Je sais en partie ce qui est écrit dans la presse grecque et ce que pensent les citoyens grecs. Je peux vous assurer de la chose suivante : Nous, les Allemands, savons pertinemment les sacrifices que vous faites, et combien le peuple grec se donne de la peine. Mais je peux vous assurer que si vous tenez le coup sur ce chemin des réformes, cela marquera le moment de la naissance d’une nouvelle reprise pour l’économie grecque. Et c’est ce qu’on peut donner de mieux à la jeunesse grecque et à son avenir.
Nous, en Allemagne, savons également, qu'à la longue les choses n'iront pas bien pour l'économie allemande, si nos partenaires européens ne sont pas dans une bonne situation économique, car nous estimons qu’il y a une culture commune et un avenir commun des peuples et c’est l’esprit qui anime le peuple allemand.
Ε. Venizélos : J’aimerais moi aussi faire une remarque en guise de réponse à la question. J’ai occupé d’autres fonctions et aujourd’hui j’émets de vives critiques à l'UE, à nos partenaires européens qui ont tardé à réagir à la crise. Ils ont agi d’une manière que je qualifierais de particulièrement conservatrice et notamment parce que de nombreuses décisions provenant des instances européennes sont prises, mais tout de suite après elles sont contestées et non appliquées.
Le programme d’adaptation budgétaire a été, dans une large mesure, imposé à la Grèce, car la Grèce avait besoin de l'aide, des prêts octroyés par ses partenaires. Si nous n'avions pas fait ce choix – un choix tout aussi difficile que douloureux – nous allions tout droit vers la catastrophe totale. L'autre choix n'était pas une récession de 25% en six ans, mais une détérioration rapide de l’économie grecque en quelques semaines, une bien plus grande récession en quelques jours. L’autre choix aurait signifié la destruction du système bancaire grec, la décimation des dépôts de toutes les familles grecques, un chômage encore plus élevé que celui d’aujourd'hui, notamment parmi les jeunes. Cela aurait signifié l'annulation des biens patrimoniaux des Grecs, la fermeture massive des entreprises grecque, notamment les petites et moyennes entreprises.
Nous avons évité cela. Le peuple grec n’a pas vécu cela. Nous aurions pu, s’il y avait un autre environnement international et européen, faire une adaptation plus douce et plus lente, mais cela aurait signifié que nos partenaires nous octroient un plus gros prêt.
Nous sommes au point où nous en sommes aujourd’hui et les Grecs ont fait d’énormes sacrifices. Les retombées sont négatives. Mais maintenant nous avons jeté des bases particulièrement solides pour l'économie réelle grecque. Nous avons un système bancaire sain, nous avons un environnement plus compétitif. Nous avons un marché qui fonctionne avec des conditions claires et compétitives. Donc la nouvelle génération en Grèce trouve un nouvel environnement qui lui permet de créer en utilisant ses capacités.
Bien entendu, nous ne pourrons résoudre le problème du chômage par le biais des rythmes de croissance positifs. Il faut une intervention de taille, une intervention de la part de l’Europe et de l’Etat. Avec M. Westerwelle, nous avons discuté de l’importance des nouveaux programmes européens et les ressources provenant des fonds structurels européens – des ressources qui existent pour la Grèce – doivent être transférées au Fond social européen car nous devons financer des programmes de création d’emplois pour les jeunes chômeurs et des programmes d’aide aux entreprises afin qu’elles puissent garder leurs employés. C’est pour nous l’une des priorités premières en vue de sauvegarder la cohésion sociale.
Si nous voulons donc faire un bilan historique, il ne faut pas comparer la situation actuelle à une situation idéale, car malheureusement nous n'avons jamais pu nous payer le luxe de faire un choix idéal. Le dilemme consistait à choisir entre une mauvaise solution et une solution encore pire et je pense que nous avons choisi ce qui était le moins pire, moins douloureux et ce qui permet de donner une nouvelle chance plus rapidement, une nouvelle chance historique aux citoyens grecs, notamment les jeunes Grecs. Je vous remercie.
G. Westerwelle: Je vous remercie.
July 4, 2013