Ι. KASOULIDES : Je suis particulièrement heureux de recevoir à Chypre le vice-président du gouvernement grec et ministre des Affaires étrangères, mon ami Evangelos Vénizélos.
Après l’annonce de la nomination de M. Vénizélos à la tête du ministère des Affaires étrangères, je l’ai appelé et la première chose dont il s'est rappelé était les relations qui avaient été créées dans le passé entre les deux représentants gouvernementaux grec et chypriote de l'époque qui ont établi une coopération étroite qui est devenu un modèle et s’est étendue par la suite à tous les domaines entre les gouvernements de la Grèce et de Chypre.
Je pense que nous pouvons être certains que ce genre de coopération se poursuivra aujourd’hui également. Comme vous le savez, le résultat de cette coopération étroite et le soutien sans faille de la Grèce ont abouti à l'adhésion de Chypre à l’Union européenne. Cela prouve combien de choses peuvent être réalisées, lorsqu’il existe cette forme de coopération.
Aujourd’hui, nous avons commencé par examiner un agenda complet et nous continuerons lors de ma prochaine visite à Athènes, le 15 juillet. Nous avons passé en revue le dossier chypriote, les propositions concernant la question de Famagouste, la zone économique exclusive. Nous avons abordé les questions liées à la Turquie, à la région et les discussions se poursuivront lors de la prochaine rencontre.
A l’heure qu’il est, nous devons tous être confiants, que nous gèrerons toutes les questions en bénéficiant du soutien et de l'aide de la Grèce, car nous voulons aussi apporter notre soutien pour tous les problèmes qui concernent de manière générale l’Hellénisme. Je vous remercie.
E. VENIZELOS : Je suis aujourd'hui à Chypre, Nicosie, pour trois raisons :
Premièrement, parce que tout ministre des Affaires étrangères de la République hellénique a l'obligation nationale, du point de vue non seulement formel mais aussi concret, de commencer ses visites officielles et ses contacts internationaux par la République de Chypre.
Deuxièmement, nous devions discuter entre nous, les ministres des Affaires étrangères, mais aussi avec le Président de la République de Chypre et les chefs des partis politiques chypriotes de notre grande cause nationale, le dossier chypriote, et voir où en est cette question qui est toujours en suspens, une question internationale de violation de l’ordre légal international, d’invasion et d’occupation.
Parce que nous devons toujours rechercher une solution équitable, viable et fonctionnelle dans le cadre des décisions de l’Organisation des Nations Unies et nous devons donner à chaque fois l'élan et l'impulsion nécessaires afin de nous rapprocher et enfin atteindre cette solution.
Aujourd'hui Chypre traverse une période cruciale du point de vue économique, les Chypriotes grecs font des sacrifices et subissent des pressions, en raison de cela nous sommes absolument solidaires et nous identifions parfaitement car il ne fait aucun doute que la Grèce, au niveau européen, est malheureusement le laboratoire où sont appliquées des méthodes visant à lutter contre la crise budgétaire, financière, sociale et de développement que connaît toute la zone euro, toute l’Union européenne.
Par ailleurs, certains développements internationaux sont très importants pour notre région élargie. Nous avons la question de la Syrie, les nouvelles évolutions en Egypte, nous avons constamment une modification du rapport de forces régional. Nous devions aborder toutes ces question en même temps que le grand chapitre de la politique étrangère qui est appelé diplomatie énergétique, après la décision prise concernant le gazoduc TAP et, de ce fait, la revalorisation de la Grèce sur la carte énergétique.
La troisième raison est ma relation personnelle étroite avec M. Kasoulides. Une amitié profonde, indéfectible, une relation de confiance qui dure depuis 22 – 23 ans, à l’époque où nous étions tous deux, comme l’a dit le ministre, représentants du gouvernement et avons établi automatiquement une coopération très étroite et sincère, que nous avons maintenant confirmé au niveau des ministres des Affaires étrangères des deux pays. Une coopération tant sur les questions ayant trait à l'Union européenne et à la zone euro, qu'à toutes les grandes questions relevant de la politique étrangère, au-delà du champ de l’intégration européenne.
Aujourd’hui, nous avons abordé toutes les questions et j'en suis bien heureux car je transmets ici les salutations du Président de la République et du Premier ministre, mais aussi du gouvernement grec tout entier et de la majorité parlementaire, des salutations d’honneur, d’amitié et de soutien actif.
Telle est notre stratégie. Telle est la stratégie nationale. Le soutien, l’harmonisation, l’entente qui va de soi, afin d’avoir un cadre stratégique qui nous permet d’agir et que nous voulons mettre en opération, pour avoir les meilleurs résultats possibles, non seulement pour la cause nationale, mais aussi pour la paix, la stabilité et la prospérité dans nos pays et la région élargie. Je vous remercie.
ALEXIA TASSOULI (MEGA) : Qu’attendez-vous de l’ouverture des négociations en octobre ? Estimez-vous que la découverte des gisements de gaz naturel combinée à la crise économique constitue une opportunité pour accélérer l’atteinte d’un règlement à la question chypriote, afin qu’il y ait un environnement stable sur l’île, ce qui signifie aussi attirer des investissements ?
I. KASOULIDES : Si vous me permettez, je vais répondre en premier. Bien entendu tous les efforts sont consentis dans le but de trouver une solution à la question chypriote, c'est ce que nous devons tous attendre, si l'on entend par là que c'est là notre objectif, alors c'est ce que nous entendons aussi. Il sera prouvé si l'autre partie l'entend aussi. Mais je veux qu’une chose soit claire : les problèmes liés à l’économie, le processus de règlement de la question chypriote et le processus du gaz naturel sont trois voies indépendantes et parallèles, qui se renforcent mutuellement.
E. VENIZELOS : Il ne fait aucun doute que le règlement politique de la question chypriote renforcera, dans une large mesure, les possibilités de croissance économique et de prospérité pour le peuple chypriote dans son ensemble et pour les deux communautés et fonctionnera de manière déterminante, c’est-à-dire positive pour la région tout entière.
Et donc nous, en tant que République hellénique, nous avons un intérêt marqué et direct à ce que tout cela évolue sans heurts, comme le prévoit le droit international et l’impose la conception moderne pour le fonctionnement des relations économiques dans le domaine énergétique. Car ces relations sont de par leur nature des relations internationales, des relations interétatiques.
JOURNALISTE : Monsieur le ministre, vous avez parlé d’un cadre stratégique dans lequel il faudra que nous avancions. Dans ce cadre stratégique, quel rôle pourrait jouer le secteur énergétique et en relation avec le gazoduc dont vous avez parlé et les propositions de Chypre et les évolutions que nous observons au Moyen-Orient ?
Ε. VENIZELOS : Comme j'ai eu l'occasion de le dire il y a quelques minutes, en réalité les évolutions dans le secteur énergétique, les explorations et l'exploitation des ressources naturelles, les terminaux, les gazoducs changent la donne géographique. Lorsque nous changeons la donne géographique, en réalité nous changeons la base matérielle des interdépendances géostratégiques. De ce point de vue, nous devons souligner le rôle revalorisé de la République de Chypre et de la Grèce.
GIORGIOS VLAVIANOS (ΑΝΤ1) : Le ministre a parlé de diplomatie énergétique. Où en est la coopération tripartite Israël - Chypre - Grèce?
Ι. KASOULIDES : Tout d’abord j’aimerais dire que nous voulons mettre en avant l'identité de la politique étrangère de Chypre en Méditerranée orientale comme cette politique qui confèrera une valeur ajoutée à la politique extérieure commune de l'UE. L'énergie, le gaz naturel est le moteur de cette politique qui est la nôtre.
La coopération tripartite Israël - Chypre – Grèce est une coopération entre Etats qui ont des objectifs communs et une volonté commune de travailler ensemble. Cette coopération n’est ni un front contre la Turquie, ni une alliance spécifique, au-delà de la signification que revêtent de tels accords.
Ε. VENIZELOS : Je poursuivrais dans le même esprit que M. Kasoulides et je dirais que la Méditerranée, notamment la Méditerranée orientale, est notre espace unique. Il est donc logique que dans l'espace unique de la Méditerranée orientale, tous les Etats, et notamment les Etats de l’UE, mais aussi tous les Etats de la région et ceux qui n’appartiennent pas au continent européen aient un intérêt et une obligation de coopération. Et c’est ce que nous promouvons. Nous le promouvons à l’égard de tous et en faveur des objectifs communes. Et l’objectif commun est que le bassin méditerranéen soit un bassin de coexistence, de paix, de civilisation et de croissance. Et maintenant nous avons les opportunités d’ajouter de nouvelles dimensions sur le plan du développement en raison de la donne énergétique.
J’aimerais dire à la suite de cette observation, que maintenant nous nous préparons pour la présidence hellénique de l’UE au premier semestre 2014. Et nous continuerons des initiatives qui ont été prises par la présidence chypriote de l’UE relativement aux politiques maritimes globales, car la politique maritime sera un axe horizontal des priorités de la présidence grecque.
Je vous remercie beaucoup.
July 5, 2013