M. LAJCAK: Bonjour. Je me réjouis de l'opportunité qui m'est offerte ces trois derniers mois de m'entretenir pour la troisième fois avec mon homologue grec, mon cher ami, le ministre, M. Kotzias. Comme vous le savez, ma première visite a eu lieu à Athènes et je suis particulièrement heureux que le ministre ait accepté mon invitation de visiter la Slovaquie. Ce simple fait constitue la preuve de la confiance qui existe entre nos deux pays ainsi que le haut niveau de la compréhension mutuelle. La Grèce est pour la Slovaquie un partenaire important. Elle est notre allié au sein de l'Union européenne et de l'Alliance nord-atlantique. Nous partageons des points de vues communs sur un grand nombre de questions. Nous sommes unis par le soutien ferme que nous accordons au projet européen. L'existence étatique de nos deux pays est axée sur une puissante tradition antifasciste. Nos relations se développent depuis longtemps dans un climat amical, transparent et constructif. La Grèce est une destination touristique très importante pour les citoyens slovaques. En outre, la Slovaquie est une importante destination pour les étudiants grecs qui viennent faire leurs études dans les établissements universitaires de la Slovaquie. Sans aucun doute, il existe entre nous des différends sur certaines questions mais nous sommes convenus avec mon homologue d'intensifier nos contacts et d'établir d'autre formes de communication afin de développer davantage nos relations.
S'agissant de la présidence slovaque du Conseil européen, il est évident que bon nombre de nos priorités sont également des priorités d'intérêt grec. La crise migratoire constitue une crise qui affecte toute l'Union européenne et pas seulement la Grèce ou l'Italie. Nous devons soutenir la Grèce dans la gestion de ces flux migratoires. L'évolution actuelle de la situation relative à la question migratoire alimente quelques espoirs ce qui nous permet de regarder l'avenir avec un certain optimisme.
S'agissant du processus lié à la revue du programme de réformes grec, nous sommes prêts à soutenir son achèvement dans les plus brefs délais afin de désengager les autres tranches d'aide financière à la Grèce. Nous voulons exprimer notre solidarité aux citoyens grecs lesquels doivent mettre en œuvre des réformes difficiles, similaires à celles que nous avons aussi dû mettre en œuvre dans le passé.
Nous avons parlé des questions générales, des Balkans occidentaux. Dans la région des Balkans occidentaux, tant la Slovaquie que la Grèce ont leurs intérêts et manifestent leur intérêt à l'égard de cette région. La question des Balkans occidentaux sera parmi les questions qui figureront à l'agenda de notre présidence. Nous sommes convenus de développer davantage nos contacts bilatéraux à tous les niveaux et même au niveau les plus élevés. A l'occasion de la présidence slovaque il est normal que de nombreuses délégations et des hauts fonctionnaires grecs viennent ici en Slovaquie aussi et il existe l'opportunité de développer davantage nos relations.
Monsieur Kotzias, je vous remercie de la discussion et de la rencontre constructives que nous avons eues.
Je vous en prie M. Kotzias, vous avez la parole.
N. KOTZIAS : Je vous remercie beaucoup de l'invitation de la République slovaque et tout particulièrement mon ami, Miroslav. C'était un grand plaisir pour moi de m'entretenir de nouveau avec vous car vous êtes un ministre très respecté et apprécié en Europe. Je me réjouis du fait que j'aurai l'opportunité de me retrouver de nouveau dans trois mois à Bratislava à l'occasion du conseil informel des ministres des Affaires étrangères les 2 et 3 septembre. Et j'ai invité le ministre des Affaires étrangères de la Slovaquie à la Conférence internationale sur la Sécurité en Méditerranée que nous organiserons à Rhodes les 8 et 9 septembre.
J'ai eu le plaisir de m'entretenir avec le Président de la République, avec la Commission des Affaires européennes du parlement ainsi qu'avec le vice-président, M. Pellegrini. Toutefois, l'accent a été mis sur les discussions avec le ministre des Affaires étrangères.
Nous sommes convenus de nous entretenir au moins une fois par an, de développer notre coopération dans tous les domaines, du tourisme et des investissements jusqu'à la coopération des entreprises dans les domaines des technologies nouvelles. Nous sommes tous les deux des ministres qui s'intéressent beaucoup à la culture.
Nos deux pays sont unis par une histoire commune datant depuis des siècles et ainsi que par la naissance du christianisme dans la région ou encore de l'alphabet lors de la première phase de l'histoire slovaque. Dans l'histoire contemporaine, nous sommes unis par cette préoccupation commune, une préoccupation qui s'est matérialisée par l'adhésion de la Slovaquie à l'Union européenne au cours de notre présidence, une mission que nous avons apparemment menée à bien.
Je voudrais également depuis cette tribune remercier la direction et le peuple slovaques du soutien et de la solidarité dont ils ont fait preuve à notre égard en cette période marquée par la crise économique et par la crise des réfugiés, et en dépit de nos différends qui se sont exprimés à l'égard de l'une ou de l'autre question, les convergences de nos intérêts et perceptions sont beaucoup plus importantes. Nous sommes convenus sur la nécessité d'instaurer la sécurité et la stabilité en Méditerranée orientale, nous soutenons le règlement de la question chypriote et lors de nos nombreuses rencontres, nous avons développé de manière constructive des réflexions sur l'intégration des Etats des Balkans occidentaux à l'Union européenne.
Comme j'avais dit à monsieur le ministre, lors de sa visite à Athènes, la République hellénique soutient pleinement le programme de la présidence slovaque imminente tout en souhaitant son succès. Le succès de la présidence slovaque sera le succès d'un Etat ami ainsi que la preuve tangible que les meilleures présidences au sein de l'UE sont celles exercées par les petits et moyens Etats. Et je dis cela tout en connaissant le programme de la présidence et les personnes en charge.
Miroslav, je voudrais encore une fois te remercier pour cette invitation, ton accueil et les discussions que nous avons eues.
ANIMATEUR : Merci Monsieur le ministre. Vous pouvez maintenant poser vos questions.
JOURNALISTE : D'après ce que je sais, vous avez parlé de la question du tourisme en Grèce. La Slovaquie a une base touristique très solide en Croatie et offre son assistance à ses touristes dans ce pays. Envisagez-vous en votre qualité de ministre de faire de même en Grèce, à savoir fournir des services aux touristes slovaques en Grèce ?
M. LAJCAK : Cette question n' a pas figuré parmi les principaux dossiers abordés lors de nos entretiens d'aujourd'hui. En Grèce, nous disposons d'un vaste réseau de consulats honoraires qui peuvent aider les citoyens slovaques si besoin est. S'il est besoin, toutefois, d'apporter une aide sous une autre forme, par exemple, - comme cela se passe en Croatie -, à travers une mission policière en Grèce, nous examinerons probablement cette éventualité à l'avenir.
JOURNALISTE : Une question pour le ministre grec. Le nombre de migrants arrivant depuis la Turquie sur les îles grecques a été réduit ces dernier temps. Dans quelle mesure la partie grecque craint que, dans le cas où l'accord entre l'UE et la Turquie n'est pas mis en œuvre ou n'est pas respecté, un grand nombre de migrants soient bloqués sur son territoire, vu que les frontières au nord de la Grèce avec l'ARYM sont fermées ?
N. KOTZIAS : Je vous remercie de votre question. Il s'agit d'une question majeure. On doit dire que jusqu'à ce jour l'application de l'accord a été couronnée de succès. Le nombre de personnes qui viennent depuis la Turquie sur les îles grecques a été réduit de 3 000 - 4 000 à 100. Il y a même des jours où personne n'arrive sur les îles grecques et d'autres où leur nombre s'élève à 150 - 160. Par conséquent, toutes les parties doivent veiller à ce que cet accord soit mis en œuvre à l'avenir également.
J'espère qu'il n'y aura pas de dérogation à l'accord et que la Turquie respectera toutes les conditions et modalités. C'est dans cette direction qu'œuvrent tous les Etats membres de l'Union, la présidence néerlandaise, la future présidence slovaque et la Commission européenne. Dans le cas où il y aura - je ne le pense pas et je ne l'espère pas - des évolutions différentes, les flux migratoires ne seront pas seulement dirigés vers la Grèce. J'ai coutume de dire qu'un exemple illustrant à cet égard sont les Etats-Unis qui sont l'Etat le plus développé dans le monde du point de vue technologique, lesquels ont érigé un mur afin d'entraver le passage des migrants économiques en provenance d'Amérique centrale et latine. Et en dépit de cela, 43 000 000 ont réussi à franchir les frontières , dont 14 000 000 sont des migrants illégaux. Je dis cela pour souligner que la question migratoire n'est pas grecque et que, en cas de dérogation à l'accord, les répercussions ne concerneront pas seulement la Grèce.
Permettez-moi de faire deux petites observations. La première est que la question des réfugiés a une cause, et cette cause est la guerre au Moyen-Orient ainsi que le fait qu'il n'y a pas eu de financement suffisant pour les réfugiés qui vivaient dans les pays autour de la Syrie. La deuxième observation est que ce qui nous unit avec la Slovaquie est le fait que ni ce pays, ni nous ne sommes la cause de ces guerres. Mais c'est nous qui payons les conséquences. Je vous remercie.
JOURNALISTE : Je voudrais demander au ministre, M. Lajčák s'il soutient un modèle d'accord similaire à celui signé avec la Turquie, entre l'UE et les pays de l'Afrique du nord.
M. LAJCAK: Vous savez que récemment à Valette s'est tenue une conférence des pays de l'UE et des Etats africains et nous nous attendons maintenant à la mise en œuvre des résultats de cette conférence. L'immigration et la crise migratoire sont des questions complexes. L'accord qui a été signé avec la Turquie avait comme objectif d'entraver les flux des réfugiés et des migrants par la route balkanique, depuis la Turquie à travers la Grèce vers les Balkans mais, il paraît qu'il existe aussi d'autres voies alternatives.
JOURNALISTE : Je voudrais poser une question au ministre grec des Affaires étrangères. D'après ce que vous avez affirmé lors de votre discours, vous souhaitez que l'accord avec la Turquie soit appliqué. Toutefois, pensez-vous qu'il soit probable que cet accord ne soit pas appliqué ? Et quelles seront les conséquences du non respect de la part de la Turquie des obligations découlant de cet accord ? Pensez-vous que la crise politique en Turquie et la démission du Premier ministre sont un facteur qui pourrait donner lieu à la non application de l'accord ?
N. KOTZIAS : Tout accord est comme le tango. Il faut être deux pour le danser. Moi je dois penser comment bien danser le tango avec ma partenaire. Je ne dois pas constamment penser ce qui se passera si ma partenaire me marche sur les pieds. Et il ne faut pas que je le dise publiquement, si je le pense. Je vous remercie.
May 13, 2016