Déclarations de M. S. Dimas et de son homologue allemand, M. G. Westerwelle, à l’issue de leur rencontre (15.01.2012)

S. DIMAS : C’est avec un grand plaisir que je souhaite la bienvenue à Athènes au ministre des Affaires étrangères de l’Allemagne, M. Guido Westerwelle et à ses collaborateurs. Malheureusement, en raison de la courte durée de sa visite, on ne pourra rendre l’accueil chaleureux qu’ils nous ont réservé à Berlin il y a un mois environ, à moi et à ma délégation. Mais j’espère qu’il pourra bientôt revenir et rester plus longtemps.

Votre visite s’effectue à une période très cruciale, l’une des plus critiques, dirais-je, dans l’histoire de la Grèce moderne. Votre présence ici revêt un caractère symbolique prouvant que notre pays, la Grèce, ne livrera pas cette bataille toute seule pour pouvoir sortir de la crise. Elle souligne également que notre coopération étroite est très étroite pour lutter contre la crise, pour pouvoir surmonter et relever les défis non seulement pour la Grèce mais pour l’Union européenne aussi. Je pense fermement que nous sortirons plus forts de cette crise, plus unis au profit de l’Europe et de la prospérité des citoyens européens.

Cette période, comme je l’ai tout à l’heure affirmé, est difficile. Guido, comme tu es d’ores et déjà au courant, car nous en avons discuté et nous l’avons répété aujourd’hui aussi, les Grecs ont consenti d’importants efforts et sacrifices. Les Grecs sont actuellement très préoccupés par leur avenir, ils sont déçus car ils pensent qu’un grand nombre de leurs sacrifices ont été vains. L’engagement pris par l’Allemagne d’être aux côtés de la Grèce et de coopérer avec celle-ci jusqu’à ce que le pays sorte de la crise et que sa lutte soit couronnée de succès, est très important.

Il est, à mon sens, important pour toute l’Europe de lutter contre la crise grecque afin que nous puissions donner de nouveau de l’espoir aux Grecs. La Grèce a besoin de plus de temps, de plus de moyens, elle a besoin de respirer afin qu’elle puisse jeter les bases du redressement de son économie, et c’est dans ce domaine que nous comptons sur la coopération de l’Europe et de l’Allemagne en général. Nous avons également discuté très brièvement du fameux PSI, à savoir la participation du secteur privé à la restructuration de la dette grecque et, bien entendu, nous pensons que les négociations qui seront de nouveau menées seront couronnées de succès car la raison et l’intérêt font loi. Car l’économie est à la fois régie par la raison et l’intérêt et l’intérêt de tous dans ce cas est la réussite de cette négociation.
En outre, nous avons discuté et nous continuerons cette discussion par la suite, des questions relatives à notre voisinage, au monde arabe, à la question de la Syrie et aux problèmes auxquels sont confrontés les citoyens dans ce pays et de la nécessité de mettre fin aux assassinats des civils. Ils doivent écouter le Secrétaire général des Nations Unies lequel a aujourd’hui lancé un nouvel appel. Nous avons discuté de la question de l’Iran et des actions et décisions que l’Union européenne doit prendre afin de transmettre un message clair et dans le même temps nous avons évoqué des besoins et des problèmes des divers pays de l’Europe concernant la question de l’Iran.  Nous avons également abordé des questions ayant trait à l’Europe du Sud-est, à nos relations avec la Turquie, à la question chypriote, à l’élargissement aux Balkans occidentaux et à notre coopération en faveur de la promotion continue de la perspective européenne des pays des Balkans occidentaux.
Guido, je te remercie de nouveau pour ta visite, quoique de courte durée, et de ton soutien constant à mon pays en cette période critique. Je te remercie beaucoup.

G. WESTERWELLE : Mesdames et messieurs, cher Stavros, je voudrais remercier non seulement le gouvernement grec mais notamment toi, de tout mon cœur pour l’accueil et l’invitation. Je  suis très content car j’ai de nouveau l’occasion de me trouver en Grèce et je voudrais transmettre un message aux citoyens grecs. Nous voulons lutter ensemble contre les problèmes. Pour nous, la Grèce et l’Europe sont unies et entretiennent une relation de partenariat, de coopération et d’amitié et à travers cette relation nous allons lutter ensemble contre les difficultés. Donc, par ma visite je voudrais transmettre un message d’encouragement mais aussi d’espoir que les réformes se poursuivront.

Je constate avec satisfaction que non seulement le ministre des Affaires étrangères mais aussi le Premier ministre,  tout comme M. Samaras, partagent la même opinion. Il est donc évident, dans le cadre des discussions que nous avons eues, que tous reconnaissent et sont conscients du caractère critique de cette période.

Je voudrais toutefois dire également que la Grèce et l’Allemagne entretiennent une amitié profonde et historique dont la preuve est l’attitude de solidarité de l’Allemagne envers la Grèce et cette relation sera préservée à l’avenir également car nous avons aussi des points en commun au sein de l’Europe. Pour nous il est important, nomment en ces moments difficiles, d’honorer et de ne pas remettre en cause nos relations d’amitié et nos contacts. Je tiens donc à exprimer mon respect au peuple grec qui met en œuvre ces réformes à une période aussi difficile. Je suis bien conscient des difficultés auxquelles vous êtes confrontés et du travail que vous accomplissez. Je sais que ce chemin est difficile, tout le monde le sait et le reconnait.

Avec mon homologue grec, nous œuvrerons ensemble pour un meilleur avenir, pour sortir de la crise et triompher de cette épreuve au profit de l’Europe. Nous voulons tous voir une Grèce puissante et prospère. C’est pourquoi nous œuvrerons en faveur de l’amélioration de la compétitivité, à travers, par exemple la mise en œuvre de changements structurels. Bien évidemment, il existe aussi la question du soutien économique, mais ce qui importe est la prospérité en Grèce et que des opportunités soient offertes aux jeunes. Ma visite est donc porteuse d’un message de solidarité et d’estime pour les Grecs qui portent actuellement tous ces fardeaux.

J’aimerais aussi exprimer ma reconnaissance car je sais très bien combien ces réformes dans le domaine des retraites et de la justice sont difficiles. Ces réformes auraient été difficiles pour n’importe quel pays. L’Allemagne et la Grèce ont un objectif commun, à savoir accroitre la compétitivité, la croissance et la prospérité pour les hommes. Et la condition à cela est une monnaie stable et la confiance mutuelle. On doit faire face à la crise de confiance qui a été déclenchée par la crise de la dette et c’est pourquoi l’assainissement des finances et la mise en place des réformes sont des mesures importantes. Par les discussions que j’ai eues à ce jour, je suis convaincu que toutes les forces en Grèce sont en faveur des réformes. Nous voulons un avenir de prospérité qui offrira de meilleures opportunités et de meilleures conditions de vie pour les hommes qui actuellement subissent de dures épreuves.


L'Allemagne est donc solidaire de la Grèce. En effet, les 22 milliards d'euros qui ont été octroyés à la Grèce ne sont pas que des paroles en l’air, mais bien la preuve de notre soutien concret à nos amis les Grecs. Bien entendu, la question d’une efficacité accrue de l’Europe est non seulement une question de politique nationale, mais aussi de politique européenne élargie. Cela signifie aussi qu'il faut qu'il y ait des sanctions, une discipline et surtout il faut comprendre que ce n'est que par le biais d'une plus grande intégration européenne que nous pourrons faire face à la crise en Europe à plus long terme. Telle est la réponse à la crise, et cela n'est pas dans l'intérêt d'un ou de deux pays, mais de l'Europe tout entière. L'intérêt est donc commun.

L’Allemagne, qui est un pays européen relativement grand en Europe, serait, au niveau mondial, un petit pays pour pouvoir faire face à la mondialisation et à la libéralisation. C’est la raison pour laquelle nous parlons de partenariat, d’un partenariat équitable, d’une relation de coopération. En d'autres termes Mesdames et Messieurs, il faut que l'Europe soit capable de faire face à cette nouvelle ère et d’avancer. Cela signifie bien entendu que nous devons changer les structures. Il est grand temps - et je le dis après les récents articles publiés - que l’Europe prouve sa capacité à faire face, entre autres choses, aux questions relatives aux agences de notation. Il est donc important d'avoir, en Europe également, des agences de notation indépendantes européennes, car nous avons été témoins de ce que cette situation pouvait engendrer. Les marchés ont à peine eu le temps de se ressaisir que de nouvelles évaluations de ces agences viennent de nouveau bouleverser les marchés. Je veux donc que nous soutenons cette question au niveau européen.

Mon confrère, mon homologue, Stavros Dimas, a mentionné que nous avions abordé d’autres questions. En effet, pour ce qui est des Balkans et de la Syrie, nos positions convergent et concernant l'Iran il est malheureusement nécessaire d'imposer plus de sanctions. Mesdames et Messieurs, nous coopérons au niveau international, nous reconnaissons ce que nous avons en Europe, c’est pourquoi notre volonté commune est de lutter contre les préjugés susceptibles d’exister au détriment de nos pays. Nous reconnaissons que c'est ensemble seulement que nous pourrons être plus forts et ne pas nous éloigner les uns des autres. En d'autres termes, il faut combattre les clichés. Cela est dans l’intérêt de l’avenir de la Grèce, de l’Allemagne et de l’Europe. Je vous remercie pour votre attention.

JOURNALISTE : Monsieur le ministre, il y a quelques jours nous avons eu une interruption des pourparlers, des négociations pour le programme PSI. Compte tenu du fait que vous ne pouvez pas tenir le gouvernement grec pour responsable de cet échec et c'est un point sur lequel le gouvernement allemand a insisté dès le départ, à savoir la participation du secteur privé. Comment pensez-vous aider à la reprise des négociations et est-ce que dans l'éventualité d'un plan B vous examinez la possibilité d'une « faillite contrôlée » de la Grèce sans qu’elle ne doive quitter la zone euro? Merci.

G. WESTERWELLE : Merci beaucoup. Je ne voudrais pas en être réduit aux conjectures. Les négociations sont en cours, elles sont difficiles mais nécessaires, et nous parviendrons à un bon résultat en faisant preuve de bonne foi. En Europe, de nombreuses hypothèses sont émises. On n'envisage pas une crise de confiance de cette façon, en commentant sans cesse les négociations en cours ou en répondant à des questions hypothétiques. En tant que journalistes, c’est bien entendu votre travail de poser ce genre de questions, mais répondre à ce genre de questions lorsqu’elles sont terminées est une attitude responsable. Nous n’allons donc pas entraver les négociations en acceptant des hypothèses en tout genre ou en les renforçant et j’aimerais le redire en anglais.

I think it is very important that we give the agreements and the packages we decided in Europe a realistic chance, and, therefore, it does not make any sense to speculate about everything. I think it is better to solve the problems, to negotiate and to work on positive answers for all of us, and I think this is the only way, how we can bring back trust and confidence into the markets and from my point of view this is the best and the serious way how we can solve the present situation. It is difficult enough, and political leaders should not make it more difficult than it is.

JOURNALISTE : Une question au ministre grec. M. Westerwelle a entendu dire que les réformes se poursuivront. Pour votre part, quel est votre engagement et, M. Westerwelle, quels points ont été soulevés pour ce qui est des réformes ?

S. DIMAS : Je pense que l’engagement du gouvernement grec et des partis qui soutiennent ce gouvernement est clair. Nous sommes en faveur de la mise en application rapide des changements structurels. Par ailleurs, j’aimerais ajouter concernant l’Europe, la gouvernance économique et les changements dans le Traité ou l’accord intergouvernemental que la question de la gouvernance économique que nous soutenons, est fondée sur les principes d'efficacité, comme l'a dit M. le ministre, de cohésion, de solidarité et d'égalité institutionnelle des Etats et c'est pourquoi nous œuvrons au succès de la discussion et de l’accord ou de l’accord initial sur les changements au Conseil européen.

G. WESTERWELLE : J’aimerais de nouveau vous assurer que mon impression est la suivante : tout le monde sait que cette période est difficile. Nous y ferons face seulement que si nous respectons mutuellement ce pour quoi nous nous sommes engagés. J’estime que les discussions que j’ai eues jusqu’à présent dans ce contexte étaient très constructives. Merci beaucoup.

January 15, 2012