Déclarations de Dimitris Avramopoulos et de Mohammed Kamel Amr, ministres des Affaires étrangères de la Grèce et de l'Egypte, à l'issue de leur rencontre

avramo_k_amrD. AVRAMOPOULOS : Bonjour. J’ai été aujourd'hui particulièrement heureux de recevoir M. Mohammed Kamel Amr, mon ami le ministre des Affaires étrangères de l'Egypte, que j'ai rencontré plusieurs fois dans le passé et avec lequel j’étais convenu d'ouvrir le plus rapidement possible un nouveau chapitre dans nos relations bilatérales.

Nous avons eu une discussion approfondie sur des questions régionales et bilatérales. Pendant nos entretiens, nous avons réitéré le caractère – je dirais – stratégique de nos relations bilatérales depuis tant d’années, caractère qui s’est vu renforcé davantage par les importants accords bilatéraux que nous venons de signer.

Nous avons examiné le renforcement de notre coopération dans le domaine économique, en mettant particulièrement l'accent sur le tourisme, les exportations, le commerce et les investissements. J’aimerais vous rappeler que la Grèce est le cinquième plus grand investisseur en Egypte et cela est la preuve tangible de notre confiance en vos dirigeants, votre peuple et votre économie.

La signature aujourd’hui de l’Accord de refondation du Conseil d’affaires gréco-égyptien ainsi que la signature du mémorandum entre nos deux grands ports, Alexandrie et le Pirée, donneront une nouvelle impulsion à nos relations commerciales et entrepreneuriales. Nos hommes d’affaires sont des hommes inspirés et dynamiques. La refondation du Conseil permet d’établir à nouveau le cadre de notre coopération, qui peut s’étendre au-delà des frontières de nos relations économiques bilatérales, comme j’ai eu l’occasion de le dire il y a peu à monsieur le ministre.

Par ailleurs, la contribution des deux ports les plus historiques de la Méditerranée, comme Alexandrie et le Pirée, à la lumière de la nouvelle situation engendrée au niveau du commerce international et avec la présence et la participation de la flotte commerciale de notre pays, tout aussi puissante que prestigieuse, ouvrira de nouveaux canaux de communication dans nos relations commerciales, en servant dans le même temps l’activité commerciale mondiale.

Par ailleurs, nous avons signé il y a peu un accord sur l’abolition mutuelle des visas pour les passeports diplomatiques, de service et spéciaux, facilitant ainsi davantage nos relations politiques et diplomatiques.

J’ai eu l’occasion de parler à mon collègue, le ministère des Affaires étrangères de l’Egypte, d’une autre question, d'intérêt particulier, et je me réfère aux problèmes juridiques que rencontre le Monastère du Sinaï. J’aimerais sincèrement remercier M. le ministre pour l'intérêt qu'il manifeste et j'espère réellement que la solution sera bientôt apportée, toujours bien entendu avec l'aide et l'assistance du gouvernement égyptien.

Nous avons partagé la préoccupation commune suite aux attaques irrationnelles d’une violence raciste, dont les victimes ont parfois été des Egyptiens tranquilles et travailleurs qui ont immigrés dans notre pays. Même si ces incidents sont à petite échelle, nous les condamnons fermement et seront aux côtés de tous ceux qui sont victimes de ce comportement barbare et cruel, qui n'a aucun rapport avec les us et coutumes de notre pays, des phénomènes que l'Etat grec ne saurait tolérer.

Nous avons tout naturellement discuté de questions ayant trait à notre voisinage élargi, car le Moyen-Orient fait aussi partie de notre voisinage, de questions ayant trait à la paix, la sécurité et la stabilité et qui impliquent la résolution équitable de la question palestinienne. Une solution sur la base de deux Etats, un Etat palestinien qui co-existera pacifiquement aux côtés d'Israël. Force est de noter que le soutien du Président Abbas par la communauté internationale s’impose, qui plus est en cette période particulièrement difficile.

Nous sommes par ailleurs inquiets du bain de sang qui se poursuit en Syrie, où manifestement il n'y a pas de solution militaire. La seule issue possible est le règlement politique de la crise et dans ce contexte l'initiative y relative des Etats-Unis et de la Russie devra être soutenue par tous les pays avec sincérité.

Mon cher ami, Mohammed, nos peuples se connaissent – comme je l’ai dit tout à l’heure – depuis près de 4 000 ans. Nous pouvons nous prévaloir avec fierté d’être les peuples les plus historiques de la Méditerranée. Nous gardons toujours en mémoire la contribution notable de la civilisation égyptienne dans le monde contemporain occidental. Les siècles passés – voire les dernières décennies – nous ont rapprochés davantage et la Grèce a été un canal d’accès de l’Egypte vers l’Europe et l’Egypte un canal d’accès de la Grèce vers le Moyen-Orient et l’Afrique. C’est dans ce canal à deux sens que se rencontrent depuis des siècles nos hommes, les citoyens de nos deux nations, dans les lettres, les arts, les sciences, le commerce, les transports et c’est ainsi que nous continuerons à l’avenir et aujourd’hui, votre visite ici, qui revêt un caractère historique, nous a permis de faire un pas supplémentaire en avant.

La signature d’un protocole d’accord (MoU) sur des questions relatives à l'UE est le couronnement de cette volonté commune. Comme vous le savez, la Grèce assumera la présidence de l’UE à partir du 1er janvier 2014 et sachez que pour les questions vous préoccupant, nous serons là, en première ligne, pour les promouvoir. Nous savons que vous aspirez à des relations plus approfondies avec l’Europe et c’est pourquoi cette voie, ce chemin et cette porte qui passe par la Grèce sera toujours ouverte pour vous.

Dans cet esprit, mon cher Mohammed, permets-moi de te souhaiter de nouveau la bienvenue dans la ville d'Athènes et en Grèce. Je te prie de transmettre, de retour dans ton pays, les sentiments sincères d'amitié de nous tous ici. Je te remercie et te donne la parole.

M. KAMEL AMR : Je vous remercie beaucoup, mon cher ami. Je suis très heureux de me trouver aujourd'hui à Athènes suite à l'invitation chaleureuse que m'a adressée mon bon ami, le ministre Dimitris Avramopoulos.

J’ai eu l’occasion ce matin de rencontrer le Premier ministre avec lequel j’ai discuté de questions concernant aussi bien la Grèce que l’Egypte et j’attends avec impatience ma rencontre, cet après-midi, avec son Excellence, le Président de la République.

Lors de nos entretiens, mon ami Dimitris et moi-même avons eu l'occasion de passer en revue l'ensemble de nos relations bilatérales ainsi que les évolutions régionales. Nous avons exprimé notre intérêt de promouvoir davantage la coopération bilatérale entre les deux pays, en mettant l'accent sur les domaines de l'économie et du commerce. Dans ce contexte, nous avons signé une série d'accords ainsi qu'un protocole d’accord dans le but de renforcer nos relations bilatérales, notamment un accord portant création du Conseil d’affaires gréco-égyptien et un protocole d’accord sur la coopération entre les ports d’Alexandrie et du Pirée, qui peuvent servir de tremplin pour revaloriser nos relations au niveau du commerce et des investissements. En réalité, cet accord peut influencer d’autres aspects de nos relations, outre le niveau bilatéral. Nous avons discuté de l’éventualité pour la Grèce de devenir une porte d’accès vers l’Europe. Et de la même façon, l’Egypte peut devenir une porte d’accès non seulement vers le Moyen-Orient, mais aussi vers l’Afrique. Tous ces points ont fait l’objet de nos discussions aujourd’hui.

Nous avons par ailleurs eu l’occasion d’aborder la question des retraites dues aux Egyptiens qui avaient travaillé en Grèce avant de retourner dans leur pays. Je suis très satisfait de la réponse que nous avons reçue aujourd'hui. Dans ce contexte, nous avons adressé une invitation à la partie grecque, à savoir qu’une délégation de l’IKA (Organisme national d’assurance sociale) vienne visiter le Caire pour rencontrer les organismes égyptiens respectifs dans le but de normaliser toute difficulté existante et de réactiver l’accord Grèce – Egypte sur le transfert des cotisations sociales et des retraites.

En ce qui concerne les questions régionales, nous avons échangé des vues sur la situation en Syrie, où la situation est certes dramatique et je pense que vous vous êtes référés de manière détaillée à cette question. Nous avons tous deux convenus que le bain de sang doit s’arrêter et apporter une solution politique à la crise actuelle qui permettra d’assurer l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie ainsi qu’un meilleur avenir pour le pays, ce qui n’est possible qu’à travers le dialogue. Et nous formulons toujours notre position, à savoir que tous ceux qui ont du sang sur les mains et assassinent des innocents n’ont aucune place dans l’avenir de la Syrie et dans la Syrie de demain. Nous comptons tous deux sur le succès de la conférence Genève II.

En ce qui concerne la question palestinienne, j’ai remercié le ministre et ami Dimitris pour la position de son pays qui est fondée sur des principes, mais aussi pour le soutien sans faille en faveur de la création d’un Etat palestinien indépendant et viable, sur la base des frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-est comme capitale et notamment le soutien de la Grèce à l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO en 2011, mais aussi pour son vote à l’Assemblée générale en faveur du rehaussement du statut de la Palestine en tant qu’Etat observateur aux Nations Unies en novembre dernier.

Enfin, j’aimerais de nouveau remercier mon cher ami pour son accueil et je compte sur la poursuite de nos contacts et de notre coopération, notamment lors de la préparation et pendant la durée de la présidence hellénique du Conseil de l’UE au début de l’année prochaine. Je vous remercie beaucoup.

June 14, 2013