G. KATROUGALOS : Notre discussion s’est déroulée dans un bon climat, notre objectif étant de parvenir à un consensus là où il y a d’ores et déjà des bases sur lesquelles pourrait être axée une ligne nationale. Suite à des contacts que j’ai eus avec d’autres forces politiques, j’ai décidé d’inviter à la réunion de ce Conseil national sur la politique étrangère, ainsi qu’aux prochaines réunions, les représentants des partis POTAMI et ANEL car cela est conforme au cadre institutionnel du Conseil national sur la politique étrangère et il a été en général convenu au sein du Conseil que l’objectif commun était de tenir un débat élargi avec la participation de toutes les forces politiques, justement dans le sens de l’atteinte d’un consensus.
Toutefois, un consensus ne donne pas lieu à une cogestion. Il y avait au moins deux partis qui ont avancé l’argument d’après lequel, 2019 étant une année électorale, le gouvernement doit avoir une gestion limitée des questions majeures de politique étrangère.
Nous devrons être clairs à cet égard. Notre gouvernement n’est pas intérimaire, mais c’est un gouvernement majoritaire qui agit en fonction de son programme. Ce n’est pas maintenant que nous avons commencé à aborder nombreuses questions qui font actuellement l’objet des négociations, concernant par exemple l’Albanie et la discussion qui est tenue là-bas sur nos différends. Il s’agit d’une négociation entamée il y a un bon nombre d’années et Nikos Kotzias avait réussi à arriver presque au bout de ce processus.
Par conséquent, nous essayerons de fournir les informations les plus complètes possibles à tous les partis politiques, sur notre initiative ainsi que sur celle d’autres partis, à chaque demande qui nous sera adressée, mais nous n’allons pas renoncer à la responsabilité que nous avons en tant que gouvernement de promouvoir ces questions qui sont des questions de politique étrangère d’importance majeure, sans avoir aucune intention d’employer des tactiques surprise ni de semer la division. Tout à fait le contraire. A ce jour, notre approche à l’égard de toutes les questions a été conforme à la ligne nationale et c’est ainsi que nous allons continuer.
Dans ce cadre, j’ai informé en détail le Conseil national sur la politique étrangère concernant les questions abordées lors de la récente rencontre du Premier ministre avec le Président Erdogan.
J’ai aussi répondu à d’autres questions, par exemple un parti a soulevé la question de savoir ce que nous pensons à l’égard de l’allusion faite par le porte-parole du gouvernement turc à la tenue d’une soi-disant discussion sur des questions relatives aux îles. J’ai par exemple clarifié que la discussion porterait exclusivement sur les flux migratoires vers nos îles justement parce que la question migratoire constitue l’une des questions à l’égard de laquelle nous voulons assurer une application stricte de la Déclaration commune entre l’UE et la Turquie.
J’ai répété que l’objet de la discussion et de la rencontre du Premier ministre et du Président Erdogan n’était pas d’engager une discussion à fond sur les questions en suspens mais de relancer justement le dialogue sur une base systématique et organisée ainsi que d’essayer d’appliquer les mesures de confiance qui avaient été prises par le passé, commençant par le mémorandum Papoulias-Yilmaz et allant jusqu’aux accords les plus récents, en vue de désamorcer les tensions.
J’ai par la suite informé le Conseil national sur la Politique étrangère sur la discussion imminente que j’engagerai avec la Représentante spéciale des Nations Unies, Mme Lute avec laquelle je m’entretiendrai mardi prochain. A cet égard la position nationale sur la question chypriote a été de nouveau confirmée, à savoir qu’un accent particulier devrait être mis de la part de la Grèce sur la dimension nationale de cette question, sa dimension en tant que question d’invasion qui doit être principalement envisagée sur la base du droit international alors que la seule question faisant l’objet des négociations de la part de la République hellénique serait la suppression du régime inacceptable des garanties et le retrait de l’armée d’occupation en fonction d’un calendrier bien précis.
Au-delà du dossier gréco-turc, d’autres questions ont été également soulevées – car j’ai demandé la tenue d’une discussion sur des questions qui ne figurent pas à l’ordre du jour – portant, sur la question du Brexit.
Pour ce qui est du Brexit, j’ai informé mon homologue que dans les jours à venir nous allons soumettre une loi laquelle régira les droits des citoyens britanniques qui sont établis dans notre pays avec la même façon et sur la base de la même réciprocité en fonction de laquelle sont régis les droits des citoyens grecs établis au Royaume-Uni. Parce que justement notre première priorité est de sauvegarder les droits de nos compatriotes qui font leurs études et travaillent au Royaume-Uni et bien évidemment nous voulons de la même façon sauvegarder les droits des Britanniques en ayant notre regard axé sur le jour d’après le Brexit.
Tout cela est valable dans le cas où il n’y aurait pas – nous avons toujours l’espoir bien qu’il ne reste plus beaucoup de temps - d’accord de retrait et que ces questions devraient être réglées sur une base bilatérale. A cet égard aussi nous suivons l’approche adoptée par les autres pays européens.
Enfin, la Nouvelle Démocratie a soulevé aussi la question de notre attitude envers le Venezuela. J’ai souligné comme je l’ai fait à plusieurs reprises que non seulement notre position ne s’écartait pas de la position de l’Union européenne mais que nous avions de concert avec d’autres pays européens élaboré la position de notre maison politique commune, à savoir la nécessité de parvenir à une solution démocratique et pacifique à la crise avec la participation du peuple du Venezuela, le rôle de l’Union européenne étant de procéder à la mise en place d’un groupe d’Etats qui créerait les conditions appropriées pour la tenue des élections honnêtes afin que le peuple vénézuélien puisse s’y exprimer.
Dans le même sens vont également les déclarations y relatives de la Haute représentante / vice-Présidente de la Commission européenne, Mme Mogherini et nous nous alignons toujours sur ces principes généraux de l’Union européenne, à savoir les principes de la démocratie et du règlement pacifique des différends à travers le dialogue politique. Je vous remercie.
JOURNALISTE : Si nous avons bien compris monsieur le ministre, la Nouvelle Démocratie vous a-t-elle demandé de ne pas procéder à la prise des décrets concernant l’extension du plateau continental en Mer ionienne ?
G. KATROUGALOS : Vous devez poser cette question à la Nouvelle Démocratie car sa prise de position n’était pas très claire à cet égard. Sa position était que dès lors 2019 est une année électorale, on ne devrait pas, à son avis, procéder à des décisions contraignantes pour le prochain gouvernement.
Pour notre part, nous avons expliqué ce que je vous ai tout à l’heure dit, à savoir que nous n’allons pas renoncer au travail systématique que nous avons accompli car cela serait justement aux dépens des intérêts nationaux, mais nous nous emploierons à ce que toutes les actions entreprises soient le fruit d’une entente politique et d’un dialogue politique, en se réservant toutefois notre droit et notre responsabilité en tant que gouvernement de prendre les décisions y relatives. Car c’est justement cette mission qui nous a été confiée.
JOURNALISTE : Quand est-ce que se tiendra le prochain tour des contacts exploratoires ?
G. KATROUGALOS : Les contacts exploratoires auront lieu lors de la dernière étape de ce dialogue organisé que nous avons entamé avec la Turquie. Une rencontre aura bientôt lieu entre le Secrétaire général grec et le Secrétaire d’Etat turc aux Affaires étrangères et des entretiens auront parallèlement lieu au niveau des groupes techniques avec la participation des ministères de la Défense nationale et des Affaires étrangères, concernant l’application des mesures de confiance. Par la suite une rencontre aura lieu entre moi-même et M. Çavuşoğlu l’objectif immédiat étant non pas de relancer les contacts exploratoires, ce qui sera le point d’orgue de ces efforts, mais de préparer le Conseil de coopération de haut niveau et éventuellement un forum économique.
En fonction des progrès réalisés dans le cadre des consultations politiques, nous pouvons envisager à moyen terme la réouverture des contacts exploratoires.
JOURNALISTE : Votre commentaire à l’égard des déclarations de M. Erdogan concernant la ZEE, l’Egée et la Méditerranée.
G. KATROUGALOS : Nous avons pris position à l’égard de toutes les déclarations faites par Erdogan qui ont été évoquées par les membres du Conseil national sur la Politique étrangère. Cette question spécifique n’a pas été soulevée. Apparemment notre position en faveur du droit international est immuable. Ce n’est pas nous qui sommes la puissance révisionniste. Ce que nous voulons est l’application du droit international et le règlement de tous les problèmes que nous avons à travers le dialogue démocratique et politique.
Je vous remercie.
February 22, 2019