Déclarations de G. Katrougalos, ministre des Affaires étrangères, à l’issue de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, S. Lavrov (Saint-Pétersbourg, 6 juin 2019)

Déclarations de G. Katrougalos, ministre des Affaires étrangères, à l’issue de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, S. Lavrov (Saint-Pétersbourg, 6 juin 2019)JOURNALISTE : Nous nous trouvons au Palais Constantin, bâtiment historique qui a ouvert ses portes [après sa reconstruction] en 2003. La Grèce, Etat-membre exerçant à l’époque la présidence de l’Union européenne, était le pays d’honneur car il existe en fait toute une histoire attestant des liens qui unissent la Grèce avec ce lieu, mais aussi, en général, avec le Forum économique international de Saint-Pétersbourg auquel vous avez assisté à plusieurs reprises, au moins trois ou quatre fois. Vous avez eu, je pense, une rencontre constructive avec le ministre des Affaires étrangères de la Russie, M. Lavrov. Pourriez-vous nous parler un peu de cette rencontre ?

G. KATROUGALOS : Les liens historiques qui unissent notre pays avec la Russie sont toujours omniprésents, dans ce bâtiment et en général. J’ai eu une discussion très substantielle, dans un climat chaleureux, avec mon homologue, le ministre des Affaires étrangères de la Russie. Vous savez que nos pays entretiennent de longue date de très bonnes relations, relations qui sont axées sur les éléments historiques et culturels que nous avons en commun. Notre maison politique est toujours l’Union européenne, notre volonté étant toutefois de jouer le rôle de passerelle entre cette dernière et la Fédération de Russie. Par ailleurs, tout système de sécurité régionale ne pourra être réussi et contribuer à la stabilité sans la participation à celui-ci de la Russie.

Nous avons donc discuté des questions bilatérales et régionales, de la situation dans notre région et des possibilités de coopération au niveau politique mais aussi économique. Nous avons débattu de la nécessité de promouvoir davantage les initiatives qui contribuent au rapprochement entre les deux peuples, des initiatives portant sur la culture et l’histoire. Nous avons également tenu des discussions au niveau technique. Nous avons discuté des modalités permettant de rendre notre coopération, dans le cadre du Plan d’action commun que nous avons avec la Russie, plus concrète.

JOURNALISTE : S’agissant des affaires économiques et de notre participation au Forum économique international auquel la Grèce assiste ces cinq ou six dernières années, la Grèce veut – elle avoir une participation qui va au-delà d’une simple présence et développer une coopération plus substantielle au niveau économique bilatéral ?

G. KATROUGALOS : Notre Premier ministre y était présent en 2015 avec les autres dirigeants qui ont participé à la discussion avec le Président Poutine.

Et, moi-même, comme vous l’avez bien dit, j’y ai assisté ces trois dernières années, en représentant notre diplomatie économique. Mais ce n’est pas toutefois le seul forum au sein duquel nous promouvons nos relations économiques bilatérales. Il existe aussi le Comité interministériel mixte qui s’est récemment réuni à Thessalonique. Lors de ladite réunion une discussion a été engagée sur les modalités permettant de mettre en place des entreprises - grecques et russes – communes dans des domaines où il est dans notre intérêt de promouvoir nos produits, comme par exemple dans l’agroalimentaire. Il y a d’importants investissements – s’élevant à des centaines de millions - réalisés par des entreprises russes, notamment dans le domaine du tourisme et des établissements hôteliers, et je pense que nous sommes sur la bonne voie. Force est de rappeler aussi que notre pays a été le premier à signer un accord de coopération avec l’Union économique eurasiatique qui est l’entité économique en charge de l’intégration des anciennes républiques soviétiques qui veulent maintenant créer un espace eurasiatique, économique sur leur territoire.

JOURNALISTE : Vous êtes le ministre qui a signé à l’époque ledit protocole en juin 2017, en dépit du fait que l’Union européenne n’avait pas encore entamé… la Grèce par cette initiative est devenue pionnière dans ce domaine. Car, de toute façon, il y aura une coopération entre cet espace européen et asiatique…

G. KATROUGALOS : Notre pays exerce traditionnellement une politique étrangère multidimensionnelle tant au niveau politique qu’économique. Vous avez tout à fait raison d’affirmer que la Grèce était pionnière dans ce domaine, tout comme dans le cas de la signature du premier accord de coopération entre un pays occidental et la Chine, pour ce qui est de la définition commune d’objectifs dans le cadre de la « Route de la Soie », One Belt – One Road. Et un fait révélateur à cet égard est que dans les deux cas, d’autres pays ont suivi l’exemple de la Grèce. Il s’est non seulement avéré que notre initiative ne va pas à l’encontre des intérêts plus généraux de l’Union européenne, mais encore qu’elle contribue à ce rôle de pont que nous voulons jouer, à savoir devenir un acteur positif qui contribuera au rapprochement entre notre maison politique qui est l’Europe et les autres acteurs politiques et économiques majeurs. Je vous remercie.

June 6, 2019