Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Nous avons eu une rencontre avec le représentant du Secrétaire général de l’ONU pour la question chypriote et je voudrais vous rappeler qu’au cœur du dossier chypriote est aussi l’aspect extérieur du problème, c’est-à-dire l’occupation du territoire chypriote par un pays tiers. Par conséquent, son règlement consiste en la façon dont nous pourrons, à travers des mesures et moyens diplomatiques, rétablir le caractère unique de l’île, en conférant le plus grand nombre de droits possibles à chaque citoyen de l’île, indépendamment de la communauté dont il est originaire ou quelle que soit la minorité à laquelle il appartient, et dans le même temps garantir pour tous, notamment pour les Chypriotes grecs, une plus grande sécurité.
C’est pourquoi nous soutenons et avons soutenu à ce jour, la poursuite de ces négociations, la poursuite de la recherche d’une solution constructive, communautaire et bizonale à la question chypriote.
La poursuite de cette solution est devenue possible grâce à l’insistance de la partie grecque. La négociation sur le dossier chypriote est une négociation sans durée limitée (open-ended) et force est de rappeler que l’année dernière de nombreuses parties nous ont reproché cette insistance. Si nous ne l’avions pas fait depuis longtemps, la négociation sur la question chypriote aurait été interrompue.
En outre, je voudrais vous rappeler que la Grèce ne s’occupe que de l’aspect international de la question chypriote, et notamment des questions relatives aux garanties et à la sécurité et que cette question est liée à la nécessité et à l’exigence de faire comprendre à la Turquie qu’elle doit retirer son armée de Chypre et qu’elle ne peut pas avoir des droits de garantie et d’intervention sur l’île.
Malheureusement, la Turquie continue de mettre en avant ses propres besoins et non les besoins de Chypre, des deux communautés et des trois minorités. Malheureusement, la Turquie continue de mettre en avant des demandes intermédiaires, telles que lesdites quatre libertés ce qui est lié à sa relation avec l’Union européenne et non pas avec la question chypriote.
Malheureusement, la Turquie n’a jamais répondu de manière concrète aux propositions que nous avons formulées sur la façon de régler l’aspect international de la question chypriote. Elle refuse tout simplement de discuter avec nous de cette question. J’espère qu’à un certain moment elle fera preuve de la sagesse suffisante et qu’elle discutera avec nous afin que nous puissions préparer une conférence internationale de Genève sur la sécurité de l’île et afin qu’elle renonce aux deux traités de 1960, de Zurich et de Londres, c’est-à-dire les deux traités de garanties et ladite alliance.
En outre, la Turquie doit cesser de considérer la question chypriote comme une question liée à ses propres intérêts géopolitiques ou à ses intérêts à l’égard de l’Union européenne. Elle doit accepter que Chypre se transforme en un Etat normal, un Etat qui est membre de l’Union européenne et de l’ONU.
Je voudrais aussi vous dire que dans le cadre du processus suivi à ce jour, chaque fois que la question de la sécurité et des garanties était mise sur la table, la Turquie quittait la table des négociations.
Je vous rappelle que jeudi (12 janvier 2017) au soir, le ministre turc des Affaires étrangères a quitté la table des négociations en disant qu’il avait d’autres affaires plus importantes que la question chypriote à s’occuper. Et par la suite, depuis Ankara, il nous a à tort accusés d’avoir quitté la négociation, alors que nous nous étions toujours là. Vous vous rappelez de la réponse que j’ai donnée depuis Genève. Nous demeurons ici et nous sommes prêts à discuter.
Je pense que les intérêts étroits et les perceptions bornées de différentes parties doivent être supprimés en raison de la nécessité qu’il y a de respecter le droit international et de conférer les droits appropriés au peuple chypriote et à la démocratie de Chypre. Je vous remercie.
JOURNALISTE : Monsieur le ministre, la position de la Grèce à l’égard des garanties et de la sécurité est celle à laquelle vous vous êtes tout à l’heure référés. S’agit-il d’une position qui est valable indépendamment du contenu des négociations ? A savoir, cette position serait-elle toujours valable dans le cas où les deux parties accepteraient de concert soit une solution transitoire au début, soit la présence d’une force militaire plus limitée de part et d’autre ?
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : La question des garanties et de la sécurité porte sur deux petits traités relevant du Traité de Zurich. Le premier est ledit traité des garanties sur lequel est axé – d’après la Turquie et à tort d’après nous – le droit d’intervention. Je ne vois pas de quelle manière ce traité pourrait avoir un caractère transitoire ou autre. Autrement dit, sur quoi devons-nous nous mettre d’accord? Sur le fait que la Turquie pourra pendant une certaine période de temps exercer son droit d’intervention ?
Le deuxième traité concerne l’armée et notre position à cet égard est très simple et claire. L’armée turque doit se retirer. Et bien évidemment ce retrait doit se faire conformément à un calendrier, comme dans le cas du retrait de l’armée soviétique de l’Allemagne de l’ouest.
JOURNALISTE : Par conséquent, le retrait immédiat de l’armée ne constitue pas pour vous une condition….
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Ce n’est pas ma manière de penser. Condition ou non, pour moi la solution à la question chypriote est la suppression de ces deux traités. Et à leur place il pourra y avoir un pacte d’amitié entre les pays qui s’intéressent au développement de Chypre et à sa protection contre des dangers tiers.
JOURNALISTE : Est-ce que le climat de confiance avec M. Eide a été rétabli ? Comment a été le climat ? Il y avait toute une discussion à cet égard pendant tout ce temps.
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Avec M. Eide nous avons toujours des discussions très intéressantes et rationnelles qui s’intègrent dans la suite des discussions que j’engage avec le Secrétaire général de l’ONU.
Je pense que toutes les parties ont compris que nous devons axer notre attention sur le règlement de la question chypriote et non pas sur la sauvegarde des intérêts géopolitiques ou européens de la Turquie.
JOURNALISTE : L’invitation venait de vous monsieur le ministre?
Ν. ΚΟΤΖΙΑS: Je l’ai appelé vendredi dans l’après-midi et l’ai invité à Athènes samedi dernier ou lundi.
C’était un peu juste pour lui de venir samedi et il est venu lundi. C’était moi qui avait adressé l’invitation et c’était sur ma propre initiative que cette rencontre a eu lieu, dans le cadre toutefois d’une négociation et d’une discussion qui est menée par toutes les parties.
Je vous remercie.
May 30, 2017