W. HAGUE : C’est avec un grand plaisir que j’ai accueilli aujourd’hui à Londres, mon nouveau collègue grec, le ministre grec des Affaires étrangères, M. Stavros Lambrinidis. Notre entretien a été pour moi une expérience vraiment agréable. Bien évidemment, à notre agenda ont figuré de nombreuses questions urgentes et notamment des questions liées aux difficultés auxquelles est actuellement confrontée la zone euro. Nous avons salué les efforts consentis par le gouvernement grec ainsi que les sacrifices du peuple grec dans cette conjoncture économique difficile. Une zone euro stable et saine est dans l’intérêt du Royaume-Uni et par conséquent, nous saluons la décision adoptée le 21 juillet. Nous avons abordé toute une série de questions économiques et, entre autres, l’importance que revêt la stimulation du commerce, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe, en vue d’aider le redressement des économies européennes dans l’avenir.
Et, bien évidemment, nous avons évoqué une série de questions d’actualité diplomatique et notamment le processus de paix au Moyen-Orient en faveur duquel nous œuvrons avec nos partenaires européens. Nous avons évoqué la situation en Libye à l’égard de laquelle nous avons pris une décision commune, les différentes questions relatives aux Balkans occidentaux, l’importance de maintenir la perspective européenne pour les pays des Balkans occidentaux ainsi que la crise actuelle en Syrie.
Nous sommes saisis d’horreur devant les actions du régime Assad ces derniers jours et moi personnellement, au nom du gouvernement britannique, je lance un appel pour l’intensification des pressions internationales sur le gouvernement syrien afin que ce dernier puisse répondre aux demandes légitimes, libérer les prisonniers politiques et mettre fin à l’extrême violence commise contre son peuple. Nous avons donc discuté de toutes ces questions ainsi que d’autres dossiers. C’était un grand plaisir pour moi de m’entretenir avec Stavros ici et je peux déclarer en toute certitude que nous aurons à l’avenir une bonne coopération.
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S. LAMBRINIDIS : C’était un grand plaisir pour moi de venir à Londres et de m’entretenir avec William Hague. Je lui suis très reconnaissant pour l’accueil qui m’a réservé et pour les excellentes discussions que nous avons eues. Lors de votre intervention, vous vous êtes référés à toute une série de questions qui ont fait l’objet de notre discussion. La Grèce s’est actuellement engagée dans un processus de changement difficile mais aussi porteur d’espoir, afin d’alimenter l’espoir non seulement chez le peuple grec, mais aussi au sein l’UE. En fait, un lien commun nous unisse, nous sommes tous membres de la zone euro.
Et j’ai constaté à ma grande satisfaction que notre façon de penser est aussi la même pour ce qui est de l’importance que nous accordons tous les deux au soutien à la zone euro et aux efforts de l’Etat grec. S’agissant des évolutions en Syrie, nous avons abordé les actes de violence abominables qui sont actuellement commises dans le pays. Il est extrêmement important pour le régime de pouvoir respecter les aspirations du peuple syrien pour un pays différent, un pays démocratique et de procéder dans les plus brefs délais et de manière efficace dans ce sens.
Il est évident que la violence n’est pas une solution et cette situation suscite de vives préoccupations. Les Balkans sont une région qui devra adhérer à l’UE et nous avons discuté à fond de cette question. Nous avons également abordé la question de la perspective européenne de la Turquie. Nous avons exprimé notre volonté commune en faveur de l’adhésion de la Turquie à l’UE en tant que membre à part entière, à condition que la Turquie procède, bien entendu, à tous les changements nécessaires dans ce sens.
Et, en concluant ma brève intervention, je voudrais dire que c’est un grand plaisir pour moi de me trouver à Londres et que je pense que nous avons, entre autres, une chose en commun, l’organisation imminente des Jeux Olympiques et je vous souhaite tout le succès dans votre organisation. Nous avons nous aussi vécu cette agréable expérience en 2004. Personne ne s’y attendait car il s’agissait d’une entreprise très difficile, comme vous le savez vous-mêmes, et le résultat a été, bien entendu, cette organisation remarquable des Jeux Olympiques.
A l’époque tous considéraient la Grèce comme le pays le plus remarquable et le plus fantastique du monde. De la même manière, aujourd’hui certains font un tableau sombre de la Grèce et je pense que tant l’enthousiasme excessif que le manque d’enthousiasme sont deux approches erronées. Je pense que nous prouvons, tant vous que nous, par le biais de cette manifestation mondiale majeure laquelle réunit dans un stade pour une période de 16 jours toutes les religions et tous les pays, indépendamment de leur niveau de développement économique, dans le cadre d’une compétition sportive pacifique, transmettre un message important.
Ce serait pour nous un très grand plaisir de coopérer avec le Royaume Uni dans le cadre de ces Jeux et notamment dans le sens de la promotion de la Trêve Olympique, une initiative à l’égard de laquelle vous avez proposé, il y a deux semaines, l’adoption d’une résolution au sein de l’ONU. Nous souhaitons vivement cela et ce serait formidable de pouvoir ensemble, la Grèce et le Royaume Uni, transmettre par le biais des Jeux Olympiques, un message de paix et de solidarité dans le monde. Par conséquent, ce serait un grand plaisir pour moi de t’accueillir bientôt en Grèce, si votre agenda de déplacements surchargé vous le permet.
W. HAGUE : Je te remercie beaucoup, ce serait un grand plaisir pour moi.
ΝΕΤ : S’agissant de la Syrie, selon la déclaration que vous avez faite ce matin, vous ne pourrez désormais exclure une intervention similaire à celle en Libye…
W. HAGUE : Nous n’avons jamais compté sur une intervention militaire en Syrie. Cela n’est pas nouveau, tout simplement cette action ne réunirait pas le soutien international. Il s’agit d’une situation différente de celle en Libye. En Libye, il y a eu un appel bien clair lancé par la Ligue arabe pour intervenir ainsi qu’une résolution claire du Conseil des sécurité des Nations Unies qui a donné le feu vert pour la prise de toutes les mesures nécessaires en vue de protéger la population civile. Il n’existe pas de perspective similaire dans le cas de la Syrie et par conséquent il est bien évident que nous avons moins de soutien juridique dans le cas de la Syrie. Mais, nous devrons employer tous les moyens disponibles lesquels comprennent aussi l’intensification des pressions internationales. A notre avis, une résolution devrait être adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies par le biais de laquelle un appel serait lancé en faveur du respect des demandes légitimes, de la libération des prisonniers politiques et de la cessation de la violence politique dans la ville de Hama ces dernières 36 heures. Par conséquent, nous continuerons d’œuvrer avec nos partenaires. Mais cela est tout à fait différent d’une intervention militaire.
SKY: (inaudible) Question concernant l’attitude de la Turquie à l’égard de Chypre et de l’Europe.
S. LAMBRINIDIS : Nous avons également abordé cette question, nous sommes préoccupés par toute déclaration ou action susceptible à nous éloigner de notre objectif commun, à savoir les négociations entre les deux communautés qui donneront lieu à un pays uni, une fédération, conformément au mandat des Nations Unies. Nous ferons tous ce qui est en notre pouvoir en vue d’assurer – dans la mesure du possible – le rétablissement du climat favorable pour la poursuite des négociations.
W. HAGUE : Notre position à l’égard de Chypre est bien connue et nous continuerons d’inciter les parties concernées à faire preuve d’une attitude constructive. Y compris la Turquie.
August 1, 2011