Déclarations de M. S. Lambrinidis à l’issue de sa rencontre avec le S.G. de l’ONU, M. Ban Ki-moon (New York, 18.09.2011)

Déclarations de M.  S. Lambrinidis à l’issue de sa rencontre avec le S.G. de l’ONU, M. Ban Ki-moon (New York, 18.09.2011)

S. LAMBRINIDIS : Nous avons eu un entretien très constructif déroulé dans un climat très amical. Nous avons évoqué toute une série de grands dossiers qui feront l’objet de travaux de l’Assemblée générale. Bien évidemment, la question du Moyen-Orient a figuré tout en haut de l’agenda mais aussi le « Printemps arabe » et les évolutions dans la région, des évolutions porteuses d’espoir qui sont aussi source d’inquiétude, s’il n’y a pas une issue favorable. S’agissant de la question du Moyen-Orient, nous avons notamment discuté de l’importance qu’attache notre pays à l’atteinte d’une solution permettant la création d’un Etat palestinien qui pourra coexister aux côtés d’Israël dans un environnement de paix et de sécurité. Nous devons promouvoir cette perspective au niveau mondial.
Nous avons également abordé des questions plus générales relatives à la région et exprimé nos inquiétudes à l’égard de l’instabilité générée par les évolutions. Et j’ai eu l’opportunité lors de cette rencontre d’informer le S.G. des dernières menaces inquiétantes proférées par la Turquie contre Chypre et ses droits légitimes d’exploiter ses ressources naturelles dans sa zone économique ainsi que du récent communiqué émis par la Turquie concernant le déroulement de recherches dans une région couvrant également le plateau continental grec. Le S.G. a exprimé son inquiétude à l’égard des phénomènes qui génèrent l’instabilité et qui sont susceptibles d’entraver les discussions extrêmement importantes sur la question chypriote dont le  S.G., comme tout le monde, souhaite aussi voir le règlement. L’occasion nous a été donc offerte d’engager une excellente discussion et  j’espère que mes autres entretiens avec les divers ministres des Affaires étrangères et chefs d’Etat se dérouleront dans le même climat.

JOURNALISTE: Monsieur le Ministre, est-ce que vous avez évoqué avec le S.G. des questions relatives à l’économie et à l’Europe en général ?

S. LAMBRINIDIS : Nous avons bien entendu discuté de la question des évolutions en Grèce. Le S.G.  a fait part de sa conviction que la Grèce et l’Europe sortiront de cette crise. Je l’ai informé que la Grèce se trouvait actuellement dans un état d’alerte afin d’assurer que toutes les actions nécessaires soient entreprises, des actions qui nous permettront  de protéger notre pays contre les évolutions européennes – des évolutions que nous ne pouvons toujours contrôler – et pour aider l’Europe et, bien évidemment notre pays, à sortir plus forts de cette crise.
Car la crise économique nous a rendu plus extrovertis, pour ce qui est au moins des questions extérieures, nous sommes un pays de stabilité dans la région et le S.G. a bien salué ce fait.

JOURNALISTE: Monsieur le ministre, M. Davutoglu a aujourd’hui dans ses déclarations insisté sur le déroulement de recherches dans la région maritime entre Castellorizo et Chypre, ce qui va à l’encontre des droits souverains de la République de Chypre, tout en revendiquant une partie de la zone économique exclusive grecque. Si nos appels au niveau international et nos démarches ne réussissent pas à mettre à la raison la Turquie, la Grèce envisage d’empêcher les recherches en ayant prenant des mesures militaires ?

S. LAMBRINIDIS : Je n’ai pas lu les déclarations de M. Davutoglu et celles-ci ne présentent aucun intérêt pour moi. La Grèce a entrepris des actions immédiates et a sauvegardé au niveau international aussi ses droits souverains à cet égard. Toutes les parties impliquées, tous les gouvernements, toutes les entreprises savent très bien dans quelles régions sont autorisés à effectuer des recherches. J’ai à maintes reprises souligné que c’était une grande erreur de « militariser » ce débat pour la seule raison que la Turquie  s’intéresse à le faire. La Turquie n’a pas d’arguments, c’est pourquoi elle cherche à monter les tensions. Nous avons des arguments, des arguments que nous mettons en avant en protégeant les intérêts de notre pays de la meilleure façon et c’est exactement cela que nous continuerons de faire.

JOURNALISTE: Pour ce qui est de la question chypriote, monsieur le Ministre, est-ce que le S.G. a fait part de ses intentions ?

S. LAMBRINIDIS : Le S.G. a réaffirmé qu’en octobre il s’entretiendrait avec le Président, M. Christofias et M. Eroglu et a exprimé son inquiétude à l’égard des dernières évolutions que je vous ai décrites, des évolutions qui, bien évidemment, ne contribuent guère à la création d’un climat favorisant le règlement rapide de la question chypriote, ce que le S.G. et tous les autres souhaitent.

JOURNALISTE: Avez-vous discuté de la question du nom de Skopje ?

S. LAMBRINIDIS : Bien évidemment, j’ai évoqué cette question. J’ai affirmé que la Grèce était prête depuis très longtemps à parvenir à une appellation assortie d’un déterminatif géographique et valable à l’égard de tous.  J’ai également fait part de ma volonté de voir l’autre partie aussi adopter l’attitude sérieuse et prudente nécessaire, si elle veut réellement voir sa perspective euro-atlantique avancer et les deux peuples établir des relations positives comme nous le voulons nous aussi.

JOURNALISTE: Est-ce que vous vous entretiendrez avec M. Davutoglu ?

S. LAMBRINIDIS : En ce moment, je ne peux rien vous dire à cet égard. Selon l’agenda, aucune rencontre n’a été prévue mais nous sommes en train d’étudier une telle éventualité.

September 18, 2011