V. JEREMIC : Nous avons le plaisir d’accueillir aujourd’hui le ministre des Affaires étrangères de la Grèce, Monsieur Stavros Lambrinidis. Nous avons passé en revue les questions afférentes à notre région, les Balkans mais aussi les questions internationales, notamment à la lumière de la grande crise économique.
Nous sommes parvenus à un large consensus pour ce qui est des questions abordées aujourd’hui. Dans notre région, nous sommes confrontés à de multiples problèmes économiques et politiques. Toutefois, nous sommes animés d’une vision et connaissons avec certitude la voie à suivre pour résoudre ces problèmes. Nous poursuivrons nos contacts dans le cadre des organisations internationales et pour toutes les questions qui constituent un défi commun aujourd'hui.
Cet après-midi, M. le ministre aura l’occasion de s’entretenir avec le Président de la République. Nous poursuivrons nos discussions pendant le dîner de travail, où nous examinerons la stratégie à suivre par la suite.
La visite de M. le ministre à Belgrade est la première depuis qu'il a assumé ses fonctions de ministre des Affaires étrangères et je suis sûr qu'elle ne sera pas la dernière. J’espère qu’il y en aura beaucoup d’autres et que nous aborderons toute une série de questions qui intéressent les deux pays. Encore une fois, je vous souhaite la bienvenue à Belgrade.
S. LAMBRINIDIS : Cher Vuk, je suis très heureux d’être ici et je te remercie pour ce chaleureux accueil.
La Serbie a réalisé un progrès impressionnant, j'insiste, dans son cheminement vers l'Union européenne. Elle mérite de se voir octroyer le statut de pays candidat à l'adhésion en décembre prochain et nous, de notre côté, feront tout ce qui est en notre pouvoir pour promouvoir votre vision qui est aussi la nôtre. C’est le principal message que j’aimerais transmettre aujourd’hui ici à Belgrade.
Il y a la question du Kosovo que nous connaissons tous. Je sais combien cette question revêt une importance pour vous et vous savez aussi quelle est la position de la Grèce à ce sujet. Cette position est immuable. Dans le même temps, j'aimerais souligner que le Kosovo est une question européenne qui nécessite une solution européenne. Nous saluons le dialogue engagé sous l’égide de l’Union européenne. C’est la bonne voie à suivre et nous plaçons de grands espoirs dans ce processus et je vous félicite pour votre réussite de la semaine passée pendant ce dialogue. L’Europe doit reconnaître la contribution particulièrement constructive de la Serbie dans cette discussion. Le dernier point que j’aimerais soulever concerne l’économie. La Grèce, comme vous le savez, fait un énorme effort de changements dans le pays. Non seulement cet effort n’a pas influencé notre présence internationale et notre présence en Serbie et dans la région élargie, mais elle l’a étendue. L’extraversion de l’économie grecque qui a donné lieu à la conclusion de nombreux contrats et à la mise en place d’une coopération étroite entre nos deux pays ces dernières années s’intensifiera concrètement.
Vuk, la Foire de Thessalonique est inaugurée cette semaine et la Serbie est un pays à l’honneur. En octobre dans le cadre du programme « Go international » lancé sous l’égide du ministère des Affaires étrangères de la Grèce, nous organisons ici, à Belgrade, un important Forum d'affaires avec des centaines d’hommes d’affaires en coopération avec des chambres de commerce et une grande banque grecque. J’espère que ce forum donnera lieu à des discussions très productives et des coopérations étroites. Les possibilités qu’offrent la Grèce et la Serbie sont énormes, nos liens sont solides et immuables. Nous ne sommes pas seulement amis parce que l'Histoire le veut, mais parce que nous nous connaissons bien et parce que nous l'avons choisi.
Merci Vuk pour cet accueil exceptionnel.
JOURNALISTE: A votre avis, la Serbie deviendra-t-elle en décembre pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne ? Que pense M. Jeremic pour ce qui est du fait que vous effectuez également un déplacement au Kosovo, à Pristina après cette visite ?
S. LAMBRINIDIS : Je peux vous donner quelques informations à cet égard. Lors du Conseil « Affaires extérieures » de l’Union européenne, il y a presque un mois, la majorité écrasante des ministres des Affaires étrangères a félicité la Serbie pour les actions qu’elle a entreprises et les arrestations des coupables par la Cour pénale internationale, en soulignant qu’il était de son devoir de le faire : l’Europe l’a demandé et la Serbie a répondu à cette demande. Bien évidemment, le chemin que nous devons encore parcourir est long et semé d’embûches. Pour ce qui est de ce qui arrivera au mois de décembre, je pense que la Grèce au moins œuvrera à cette fin et que la Serbie doit obtenir le statut de pays candidat et j’espère que telle sera l’issue finale. Je vous assure que telle est notre volonté, au moins en ce qui nous concerne, et c’est à cette fin que nous œuvrons de manière intensive. Par ailleurs, cela est important non seulement pour la Serbie mais aussi pour la stabilité de la région et je pense que tous les dirigeants européens en sont conscients.
V. JEREMIC: Je ne peux pas calculer les probabilités. Au cours de la période antérieure, nous avons procédé à toutes les actions nécessaires en vue de remplir toutes les conditions prévues pour devenir pays candidat à l’adhésion à l’UE. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour devenir pays candidat en décembre. Je n’aime pas parler des probabilités, mais il existe toutefois le risque que nous ne le devenions pas. Cela pourrait arriver. Et, si tel est le cas, nous poursuivrons notre vie en toute normalité. Il n’y aura pas d’éclipse du soleil et ce ne sera pas la fin du monde. Nous continuerons de nous comporter conformément à nos valeurs. Je pense qu’au cours de la dernière période tout le monde a compris nos objectifs et les décisions que nous avons prises, notre attitude et nos valeurs et par conséquent rien ne changera, ni nous-mêmes, ni nos valeurs. J’espère que nous deviendrons pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne, mais si tel n’est pas le cas, nous poursuivrons notre parcours. Pour ce qui est de la visite à Pristina du ministre des Affaires étrangères de la Grèce, le ministre est un ami très cher à moi et à notre pays aussi, la Serbie, et il peut visiter n’importe quelle région de notre pays, y compris le Kosovo.
JOURNALISTE : Si Skopje accepte l’appellation « Macédoine du nord », accepteriez-vous leur langue en tant que « langue macédonienne » au sein des Nations Unies ?
S. LAMBRINIDIS : Je pense que les discussions de ce genre ne se sont pas déroulées en public. Mon pays accepterait une appellation assortie d’un déterminatif géographique du terme « Macédoine », en vue de parvenir à un compromis. Et cette appellation doit également être utilisée à l’égard de tous, c'est-à-dire tout le monde appellera le pays du même nom, ce sera un nom pour tous les usages. C’est un compromis raisonnable et j’espère que l’Ancienne République yougoslave de Macédoine aura la volonté de consentir à un tel compromis. Tel est par ailleurs l’objet des discussions menées sous l’égide des Nations Unies. Les autres questions auxquelles vous vous êtes référées ne s’intègrent pas dans le même contexte. Pour ma part, j’aimerais que nous prenions conscience du fait que nous nous trouvons devant un carrefour, un carrefour qui alimente un espoir pour des relations de bon voisinage et le développement dans notre région. Nous pouvons choisir d’écrire l’histoire si nous renonçons à notre volonté de réécrire l’histoire des autres. Dès lors que le gouvernement à Skopje partage cet avis, nous avons toutes les raisons d’espérer que nous parviendrons à une solution.
September 8, 2011