N. KOTZIAS : Bonjour. C’est un grand plaisir pour nous d’accueillir mon cher ami et ministre chinois des Affaires étrangères, M. Wang Yi auquel je souhaite la bienvenue.
La Chine est un ami fiable et fidèle de la Grèce. La visite et la rencontre bilatérale sont tenues à l’occasion du Forum des Civilisations anciennes qui commence aujourd’hui et dont l’ouverture sera marquée par une manifestation culturelle et une conférence scientifique et se poursuivra demain avec des consultations menées entre les ministres. En outre, nous nous réjouissons d’avoir avec nous le ministre chinois car 2017 est l’année des échanges culturels entre la Grèce et la Chine.
La civilisation et nos liens sont des relations axées sur la puissance douce, car nous sommes deux pays dont la civilisation a joué un rôle décisif dans nos régions respectives. La Chine a été le centre du monde depuis des milliers d’années dans la région de l’Asie du Sud-est et dans toute l’Asie et a influencé le monde entier. La Grèce a été l’Acropole de la civilisation occidentale et en particulier de la civilisation européenne.
Cette année marque 45 années depuis l’établissement des relations diplomatiques entre la Grèce et la Chine et c’est la onzième année depuis le développement d’un partenariat stratégique entre nos deux pays.
Nous nous rappelons tous de l’œuvre de Nikos Kazantzakis sur la Chine, ses souvenirs et nous savons traditionnellement combien les Grecs appréciaient et admiraient la Chine et sa civilisation, qui a bien résisté à l’épreuve du temps.
Aujourd’hui, nous avons une coopération stratégique qui s’exprime aussi à travers le soutien dont fait preuve la Grèce – malgré sa petite taille certes, mais importante– au projet « Une zone/Une voie » que le Président qualifie de « rêve chinois ».
La Chine aujourd’hui n’est pas seulement un pays en pleine ascension, mais aussi un pays qui, à travers des projets de ce genre, montre qu’il a une vision et une perception stratégique pour un monde de stabilité et de paix, ce à quoi aspire également la Grèce.
Nous avons tout particulièrement abordé nos relations dans le domaine de la culture, de l’éducation et de l’économie, l’importance de la mer et de la voie maritime dans le cadre du projet «One Belt, Οne Road», importance qui est concrétisée à travers la navigation, le commerce et le tourisme.
Nous avons déployé des efforts communs en vue de stabiliser notre région et le monde. Comme l’a affirmé aussi mon ami, le ministre, ce qui caractérise les relations gréco-chinoises est la stabilité dans un monde marqué par l’incertitude.
Nous avons discuté de l’importance que revêt le port du Pirée et les investissements de Cosco, ainsi que des projets de coopération que nous envisageons de mettre en œuvre dans le domaine de la culture, de la recherche et de l’éducation. Nous avons débattu de la nécessité de développer les relations entre l’Union européenne et la Chine. J’ai présenté le point de vue de la Grèce à l’égard des problèmes de sa région et la façon dont cette dernière agit en tant qu’Etat et pays de stabilité.
Je voudrais encore une fois remercier mon cher ami et ministre des Affaires étrangères de la Chine, M. Wang Yi d’avoir accepté mon invitation. Je voudrais aussi le remercier du fait que nous avons ensemble signé l’invitation pour la manifestation qui commencera ce soir. Vous savez tous combien j’apprécie l’histoire de la Chine, car pendant 30 ans j’enseignais la politique étrangère de la Chine et, bien évidemment, c’est un grand plaisir pour moi, en ma qualité de professeur d’université, d’accueillir ici le ministre des Affaires étrangères d’un pays dont j’enseignais la politique étrangère. Et je dois vous dire que nos relations sont bien meilleures que ce que j’enseignais.
Bienvenue et merci cher ami, Wang Yi.
WANG YI : Je suis très heureux de visiter la Grèce en tant qu’invité de mon ami de longue date, le ministre des Affaires étrangères de la Grèce, Nikos Kotzias, afin que nous inaugurions ensemble la 1ère Conférence du Forum des Civilisations anciennes.
Je suis tout à fait d’accord avec le point de vue et la présentation du ministre grec concernant nos relations bilatérales et les conclusions auxquelles nous sommes parvenus à l’issue de notre entretien.
Cette année marque le 45e anniversaire depuis l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la Grèce et grâce au soutien dynamique de tous les secteurs de la communauté des deux pays, nos relations bilatérales ont toujours enregistré et continuent d’enregistrer un développement stable et sans heurts. Nous sommes satisfaits du niveau actuel de nos relations.
La Grèce constitue l’un des premiers pays au sein de l’Union européenne à avoir conclu avec la Chine un partenariat stratégique global, ainsi que l’un des partenaires les plus stratégiques de la Chine au sein de l’Union européenne. Les deux parties se soutenaient toujours mutuellement concernant des questions ayant trait à leurs intérêts fondamentaux et à leurs priorités. Cela constitue une base très solide pour le développement ultérieur de leurs relations bilatérales tout en étant aussi une très bonne tradition pour ce qui est des liens qui unissent les deux pays.
Aujourd’hui, lors de notre rencontre, nous avons confirmé notre intention de poursuivre cette tradition.
En tant que qu’anciennes civilisations, la Chine et la Grèce s’apprécient, se soutiennent et s’entre-aident et je peux vous dire que l’amitié entre les deux pays est axée depuis de nombreuses années sur une base solide et sur les liens entre leurs peuples.
En outre, en tant que partenaires commerciaux, nous prenons toujours en considération le principe de la coopération mutuellement profitable et nous promouvons davantage le développement de partenariats entre les deux pays dans tous les domaines.
En outre, le projet de Cosco, au port du Pirée, comme l’a affirmé tout à l’heure le ministre grec, constitue véritablement un modèle réussi de notre coopération mutuellement profitable.
Nous pensons que cette coopération ainsi que le succès de ce projet, contribueront à la reprise de l’économie grecque afin que cette dernière surmonte les problèmes et dans le même temps elle transmettra des messages dynamiques et positives dans le monde puisqu’elle atteste de la puissance des entreprises chinoises et de la volonté des amis chinois de la Grèce de renforcer les liens d’amitié et notre coopération avec ce pays.
Nos relations bilatérales s’étendent à tous les domaines ; elles sont des relations à plusieurs facettes et nous sommes parvenus à un accord pour leur développement ultérieur.
Nous voulons approfondir notre coopération dans les domaines des infrastructures, de l’énergie, y compris dans celui des formes alternatives d’énergie, de la science et de la technologie, de l’agriculture, des transports maritimes, de la construction navale ainsi que dans de nombreux autres domaines.
Je voudrais me référer à la coopération dans le domaine du tourisme. La Grèce, représente, ce que tout le monde reconnaît, une civilisation très ancienne et riche et je pense que vous avez toutes les raisons d’en être fier.
En dépit du fait que chaque année un nombre de plus en plus grand de touristes chinois visitent d’ores et déjà la Grèce, l’année dernière nous avons constaté que seulement 150 000 touristes chinois ont visité la Grèce. C’est pourquoi nous pensons qu’il reste encore beaucoup à faire pour augmenter ce nombre.
J’ai appris que l’année dernière 3 millions de touristes chinois environ ont visité l’Italie, alors que c’est la Grèce qui est à l’origine de la civilisation romaine. C’est pourquoi je pense que, si la moitié environ de ces touristes viennent en Grèce, à savoir 1,5 millions, le nombre de touristes chinois visitant la Grèce sera dix fois plus grand que celui des touristes chinois venus en Grèce l’année dernière. Je pense que ce jour est proche.
En d’autres termes, nous continuerons de déployer des efforts en vue de développer nos relations bilatérales. Nous espérons que le développement des relations entre la Chine et la Grèce pourra contribuer à faire face à l’incertitude qui règne aujourd’hui dans le monde et que la sagesse des civilisations de nos deux pays nous donnera la force de faire face aux problèmes actuels. Nous pensons que l’approfondissement ultérieur de nos relations bilatérales mettra en valeur l’amitié réelle qui existe entre les deux pays malgré leurs différences de taille, de population et de systèmes sociaux.
Nonobstant ces différences, nos relations bilatérales peuvent être un modèle de coopération mutuellement bénéfique et d’amitié sincère.
Je vous remercie.
JOURNALISTE : Je suis journaliste à l’agence de presse chinoise Xinhua et j’ai une question pour le ministre grec, M. Kotzias.
Je sais que demain nous avons le Forum des Civilisations anciennes et du 13 au 15 mai se tiendra le Forum « One Belt – One Road ». J’aimerais savoir comment la Grèce contribuera à ces deux forums présentement et à l’avenir ?
N. KOTZIAS : Ces deux projets, à savoir le Forum des Civilisations anciennes et l’initiative « One Belt – One Road » nous viennent de loin comme on dit en Grèce. Ils prouvent que les grandes civilisations anciennes sont vivantes aujourd’hui encore, que les cultures unissent les peuples et sont productives du point de vue économique.
Je dirais que le Forum de demain est une partie de cette route. Demain, nous avons le ministre des Affaires étrangères de la Chine et d’autres pays. Le Premier ministre Alexis Tsipras se trouvera à Pékin les 14 et 15 mai et bien entendu je l’accompagnerai.
La discussion demain montrera – je l’espère et le pense – que les civilisations anciennes sont toujours vivantes aujourd’hui et nous aident beaucoup grâce à leur sagesse. Elles sont des formes de puissance douce et font partie de cette industrie spéciale que l’on prénomme « industrie culturelle »
D’un autre côté, le projet « One Belt – One Road » est une route qui existait depuis des siècles, pour ne pas dire des millénaires. J’imagine que demain notre ami le ministre des Affaires étrangères de l’Italie nous parlera des commerçants vénitiens qui utilisaient la route de la soie. Aujourd’hui, cette route est aussi bien terrestre que maritime. Et s’agissant de cette route maritime, nous avons l’honneur d’être la porte d’accès à l’Europe.
Ce grand projet chinois revêt pour moi un aspect visionnaire. Ce n’est pas seulement un projet qui se traduit en termes d’investissements, de trains, de routes. C’est dans le même temps le reflet de la volonté d’unir encore plus étroitement nos mondes et nos cultures.
Par conséquent, mon collègue le ministre des Affaires étrangères de la Chine, M. Wang Yi et moi-même, avons beaucoup de chance car nous tiendrons demain le fil du Forum des civilisations et nous nous reverrons à Pékin dans le cadre de l’autre grande manifestation organisée par le gouvernement chinois.
JOURNALISTE : Une question pour le ministre M. Wang Yi. J’aimerais vous demander si la question de la Corée du Nord constitue une réelle menace pour la stabilité de la région ou si cela est l’occasion d’une coopération plus étroite avec les Etats-Unis, dans l’intérêt de la paix et de la croissance économique de l’Asie du Sud-est.
Et dans le deuxième cas, voyez-vous des puissances qui voudraient saper cette coopération. Je vous remercie.
WANG YI : J’aimerais avant tout dire quelques mots sur la question à laquelle vient tout juste de répondre le ministre grec.
J’aimerais remercier chaleureusement le gouvernement grec, le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, ainsi que le ministre grec des Affaires étrangères, M. Kotzias pour leur soutien dynamique et leur participation active à l’initiative « One Belt – One Road ».
L’initiative « One Belt – One Road » continue de s’inscrire dans l’esprit de la route de la soie, qui est la paix et la coopération, et elle contribuera au développement ultérieur des relations entre les deux pays, par le biais de la mise en œuvre conjointe du projet « One Belt – One Road » afin que nous parvenions à la croissance et à la prospérité communes de tous les pays.
Nous pensons que la Grèce deviendra très certainement un partenaire important dans le processus de mise en œuvre du projet « One Belt – One Road » et j’estime que le Forum des Civilisations anciennes qui sera inauguré ici aujourd’hui a le même sens. Nous pensons que nos discussions et les résultats de nos travaux procureront également une nouvelle dynamique à l’initiative « One Belt – One Road ».
S’agissant de la Corée du Nord, j’aimerais réitérer la position ferme et immuable de la Chine, à savoir que nous insistons sur la dénucléarisation de la péninsule et souhaitons préserver la paix et la stabilité de la région, car la paix et les moyens pacifiques sont la seule solution possible.
Si la Chine n’est pas le centre des contrastes et des contradictions actuelles – car la clé de la solution du problème nucléaire de la péninsule n’est pas entre les mains de la partie chinoise – il n’en demeure pas moins qu’elle a, grâce à une position responsable vis-à-vis de la paix et de la stabilité de la région de la péninsule, déployé et continuera de déployer des efforts visant à la réouverture des négociations de paix entre les parties impliquées.
Ces derniers temps, nous avons fait des propositions tout aussi justes que constructives, qui ont trouvé un écho positif et recueilli le soutien d’un nombre croissant de pays. Si certains pays ont d’autres propositions, nous sommes prêts à les entendre.
Ces derniers temps, il y a un grand nombre de protestations, contestations et différents « propos » qui sont dits sur cette question et nous avons grand besoin des voix de la paix et de la raison. La Chine ne se laissera pas facilement influencer par différentes « voix » et nous n’abandonneront pas notre mission. La partie chinoise continuera de garder le contact et le dialogue avec toutes les parties, jouant un rôle constructif dans la résolution du dossier nucléaire de la péninsule.
Cette question intéresse également beaucoup les journalistes chinois et je saisis cette occasion aussi pour leur répondre. Je vous remercie.
April 23, 2017