Animateur : Je vous remercie d’être venus ici au centre d'information de l'Union européenne. MM. Stavros Lambrinidis et Franco Frattini se trouvent ici dans le cadre de leur mission. Ils nous feront dans un premier temps part de leurs commentaires puis répondront à des questions relatives à cette visite. Je vous remercie.
S. LAMBRINIDIS : Je vous remercie. Chers amis, Franco Frattini, mon voyage en Albanie à lieu à une période cruciale pour le parcours de ce pays vers l'intégration européenne. Il est clair que l'avenir européen de l'Albanie demeure un objectif clair qui unit le gouvernement albanais et le parti de l'opposition, ce qui s'est reflété dans nos rencontres qui se sont déroulées dans un climat exceptionnel. Et le plus important étant, comme tout le monde a pu nous l’affirmer, que cet objectif réunit la plus grande majorité du peuple albanais. Nous sommes ici en tant que représentants de l’UE, mais aussi de l'Italie et de la Grèce, en tant que pays amis qui sont les fervents partisans du cheminement européen de l'Albanie. Le message que nous envoyons est que ce cheminement constitue un tournant en faveur de l’unité nationale de l’Albanie devant la perspective européenne du pays. Maintenant que les élections se sont achevées, que le parlement a recommencé à fonctionner et à s’acquitter de son rôle, nous pensons que l’accent doit être mis sur 12 points prioritaires : intégration européenne, processus de réformes électorales, réforme parlementaire, droits de l’homme et droits des minorités, lutte contre le crime organisé et promotion de la transparence, fonctionnement sans heurt du parlement, pour ne citer que quelques-unes de ces priorités. Nous nous réjouissons du fait que tous nos interlocuteurs ont manifesté leur volonté d’axer leurs efforts sur ces priorités et de promouvoir des solutions qui soient compatibles avec la perspective européenne de l’Albanie. Une législation appropriée et une bonne application des lois sont quelques-unes des exigences mises en avant par la Commission européenne dans ses rapports et auxquelles le Conseil des ministres, dont nous appartenons, a accordé une importance majeure. Chers amis, avant de clore mon propos, j’aimerais dire que nous, en Europe, nous, les ministres des Affaires étrangères, la Commission européenne, sommes fermement convaincus que l’Albanie dispose des capacités requises pour satisfaire aux hautes exigences qui donneront lieu à l’ouverture des négociations d’adhésion. En 2003, lors du Sommet de Thessalonique, le processus a été lancé et l’espoir est né pour notre région tout entière. La libéralisation du régime des visas pour l'Albanie en faveur de laquelle nous avons travaillé sans relâche, Franco et moi-même, l'adhésion à l'OTAN attestent de la coopération qui existe au niveau politique et les résultats atteints sont particulièrement bons pour l'Albanie et notre région. La mission dont vous devrez vous acquitter est sans aucun doute difficile. Elle nécessite une bonne préparation, une coopération étroite parmi les forces politiques et l’atteinte d’un consensus. Mais nous sommes ici pour vous assurer de notre soutien dans ce processus de réformes. Et nous soutiendrons tous les efforts considérables que vous déployez pour pouvoir réaliser votre rêve qui est aussi le nôtre. Je vous remercie.
F. FRATTINI : Je vous remercie beaucoup. Chers amis, Mesdames et Messieurs. Je n’ai pas grand-chose à ajouter à ce qu’a dit M. Lambrinidis. Stavros et moi-même nous sommes rencontrés ainsi qu’avec des chefs politiques, le Président de la République et nous avons l’intention de continuer à soutenir le pays que nous aimons. La dernière fois que j’étais dans cette salle, c’était en ma qualité de Vice-président de la Commission européenne dans le cadre de l'ouverture des procédures visant à faciliter l'octroi de visas et à libéraliser le régime des visas. Et grâce aux efforts communs, aux efforts européens, mais aussi aux efforts de l’Albanie, les citoyens albanais ont pu réaliser un exploit particulièrement difficile, la liberté de circulation. Nous voulons que l’Albanie devienne un Etat membre de l’Europe, non pour faire plaisir à Bruxelles, mais dans l’intérêt des Albanais. Et malheureusement, l'année précédente n’a pas été fructueuse et nous devons regagner le terrain perdu. Pour l'Albanie, son intérêt national est que celle-ci devienne rapidement membre de la famille européenne. Le fonctionnement sans heurt du Parlement, le juste équilibre entre les forces de la majorité et de l’opposition, les nominations aux plus hautes fonctions sont les éléments qui s’avèreront particulièrement utiles, voire nécessaires dans un tel contexte. Si les engagements politiques – et nous avons pu entendre Stavros et tous les chefs politiques confirmer leur engagement – ne se traduisent pas par des actes, des actions, aucun élément positif ne pourra être consigné dans le prochain rapport. Et c’est exactement cette éventualité que nous voulons éviter avec notre visite d’aujourd’hui. Il y a d’ores et déjà de nombreux points très clairs : 52 recommandations relatives au mode de réforme de la loi législative présentée par l’OSCE et le Conseil de l’Europe. Est-il possible d’appliquer ces 52 recommandations et de parvenir à une proposition convenue sur la réforme législative ? Je pense que oui. Est-il possible de convoquer à nouveau, dans les plus brefs délais, le comité interparlementaire pour l'intégration européenne? Je pense que oui. Est-il possible que les deux parties, la majorité et l’opposition, parviennent par exemple à un accord relatif à la nomination d’un médiateur, ce qui nécessité une majorité qualifiée ? Je pense que oui. Je n’ai cité que deux exemples qui montrent bien que l’Albanie a besoin d’un accord politique pour ce qui est de l’Europe, similaire à celui conclu lors du processus d’adhésion à l’OTAN. Nous ne dicterons pas cet accord, mais ce sont les Albanais eux-mêmes qui le feront. Et si cela se produit, il est certain que l’Albanie aura de grandes chances de devenir, très rapidement, comme Stavros et moi le pensons, un Etat membre de l'Union européenne.
Animateur : Je vous remercie beaucoup. Nous avons encore quelques minutes à notre disposition pour deux brèves questions.
JOURNALISTE : Ma question s’adresse aux deux ministres. Est-ce que l'Albanie a des chances d’obtenir dans le prochain rapport de suivi une réponse positive concernant la question d’octroi de statut de pays candidat à l’adhésion et M. Frattini a déjà indiqué qu'elle avait reçu la confirmation de la coopération des forces politiques. Toutefois, la question est de savoir quels types de garanties ou d’assurances avez-vous reçues de la part du chef de l’opposition ?
F. FRATTINI : C’est bien là la substance de la décision politique. Ce qui est important c'est que la majorité et l’opposition coopère sur le fonctionnement sans heurt du parlement. Nous ne pouvons naturellement pas vous garantir un rapport positif en septembre, octobre ou décembre, en vue du Conseil européen. Tout dépend du progrès accompli et des résultats. J’ai mentionné trois choses : désignation d’un médiateur, réouverture des travaux du parlement et convocation du comité interparlementaire pour l’intégration européenne. Si la volonté politique existe, ces trois objectifs pourront être réalisés en temps utile afin que ce progrès soit consigné dans le rapport d'octobre ou, au moins, lors du Conseil européen de décembre. Nous avons rencontré M. Rama qui nous a informés du fait qu’il coopèrera en vue de garantir le bon fonctionnement du parlement. Nous suivrons les développements.
S. LAMBRINIDIS : J’aimerais redire ce qu'a dit Franco Frattini concernant les garanties. Il n'y a aucune garantie concernant quoi que ce soit ou un pays en particulier. La procédure est une procédure unique, les critères sont les mêmes. Il n'y a pas si vous voulez de critères spécifiques, les critères de Copenhague sont les mêmes pour tous. Il n'y a pas de critères différents ou plus stricts pour l’Albanie. Maintenant, la Commission européenne suivra de très près l’application des 12 critères et nous en informera dans le cadre du Conseil des ministres. Il ne fait aucun doute, et c’est ce qu’ont constaté les ministres en juin, qu’un retard a été enregistré les mois précédents concernant l’application de ces critères. Par conséquent, comme l’a dit M. Frattini, l'heure est venue d'avancer sans plus tarder, sans choisir les critères à appliquer car tous les critères ont leur importance. Il faut avancer et appliquer ce qui est important et qui nécessitera un consensus. Dans une démocratie, il y a toujours des vues divergentes, c’est d’ailleurs tout le sens d’une démocratie. Mais dans la conjoncture actuelle, il est très important de cesser de s’accuser mutuellement et d’agir car il n’y a pas de temps à perdre. Tous les partis politiques et le peuple albanais sont unis devant la perspective européenne. Le soutien de ce parcours est ce qui nous unit. Les réformes réalisées dans chaque domaine seront jugées de façon équitable et nous espérons pouvoir dans quelques mois être plus optimistes quant à ce processus.
September 12, 2011