N. JUDEH : C’est avec un grand plaisir que j’accueille en Jordanie mon bon ami, le ministre des Affaires étrangères de la Grèce. Stavros et moi entretenons une relation professionnelle exceptionnelle et chaque fois que nous nous rencontrons dans les enceintes internationales nous ne manquons de rappeler qu’une fois qu’il visitera la Jordanie, je devrais à mon tour visiter la Grèce. Aujourd’hui, il a traduit ses paroles en actes et j’espère pouvoir en faire de même à un moment donné. La Grèce et la Jordanie entretiennent des relations historiques particulières depuis de nombreuses décennies. Nos vues convergent sur un grand nombre de questions auxquelles nous sommes tous deux confrontés. Ce matin, nous avons eu une discussion exceptionnelle, une discussion élargie et globale sur un grand nombre de sujets, comme les événements tragiques dans notre région, l’importance de parvenir à un accord sur la question palestinienne, les conséquences des évolutions que nous avons vécues tous deux à New York. Très certainement, la Grèce et la Jordanie partagent la même opinion sur la solution de deux Etats, le droit des Palestiniens à un Etat sur leur territoire mais aussi la sécurité pour tous les pays de la région, ce qui garantira la paix et la sécurité pour tous. Sans oublier une coopération, non seulement entre les pays de la région, mais aussi entre la région elle-même et d’autres régions. C’est pourquoi je peux dire que nous sommes très satisfaits. Je n’entrerais pas dans de plus amples détails, mais certes nous avons discuté de nos relations bilatérales et certes nous garantirons que les perspectives d’une coopération ultérieure seront examinées de concert.
S. LAMBRINIDIS : J’aimerais remercier Nasser du fond du cœur et aussi au nom du peuple grec pour son accueil chaleureux et les discussions particulièrement constructives que nous avons eues. En effet, il a raison, lorsque j’ai assumé mes fonctions de ministre des Affaires étrangères il m’a encouragé à effectuer une visite dans la région. Je me souviens très bien de ses paroles, c’était lors de notre première rencontre. Et j’ai écouté ses conseils. Je pense que cela est particulièrement important pour la Grèce, pour la région et notamment pour la relation que l’Europe et l’Union européenne doivent avoir avec la Jordanie plus particulièrement et la région de manière plus générale. Dans un tel contexte, je suis à la fois heureux et fier que la Grèce figure en première ligne des pays européens à soutenir le renforcement des relations déjà étroites avec la Jordanie et nous continuerons d’œuvrer dans ce sens à l’avenir.
La Grèce et le Royaume Hachémite partagent une longue histoire de relations traditionnellement étroites et amicales. Ma visite ici a pour objectif de maintenir notre parcours commun afin de contribuer mutuellement à nos efforts communs en faveur de la paix, de la stabilité, de la prospérité dans notre voisinage commun. En effet, Nasser, la Grèce considère le Royaume Hachémite comme un facteur de paix et de stabilité dans la région. Nous reconnaissons tes efforts en faveur de la promotion du dialogue et de la fourniture de mesures incitatives, tant au niveau interne que régional et t’en remercions. Les avantages qui résulteront du processus de réformes en Jordanie serviront de modèle pour les peuples de la région tout entière et, certes, il est important de souligner que nos deux pays ont assumé de mettre en place des réformes radicales, tant au niveau politique qu’économique ; par conséquent, nous sommes non seulement de très bons amis mais aussi les pays qui aujourd’hui donneront l’exemple dans leur région respective, un exemple de stabilité, de responsabilité, de solidarité et c’est ce que, à mon sens, nous nous efforçons tous deux de faire.
Nous effectuons cette visite ici en Jordanie avec une delegation composee de membres du parlement hellenique d’affiliations politiques differentes ainsi que d’hommes d’affaires. Pour nous, cette visite revet une importance cruciale. La Grece est un pays puissant en depit de toutes ces discussions a son interieur et en Europe portant sur le reglement de la question de la dette qui nous affecte et affecte tout notre continent, nous sommes un pays economiquement puissant qui s’ouvre de plus en plus a l’internationale au lieu de se replier sur lui-meme en raison des problemes auxquels il doit faire face. Nous pensons qu’il est extremement important de promouvoir la cooperation entre des hommes d’affaires serieux. La Jordanie a une economie prometteuse. Force est aussi de souligner le fait que nous avons une cooperation culturelle qui date depuis plusieurs annees. Des milliers de Jordaniens sont venus en Grece, ont connu notre pays, ont fait leurs etudes dans nos etablissements universitaires et par la suite ils sont retournes dans leur pays en tant que scientifiques specialises ou occupant d’autres postes. Je voudrais approfondir et renforcer cette relation et je pense que nous pourrons plus tard parler de tous ces details lorsque nous aborderons cette question.
Nous avons parle des Balkans et, bien entendu, du Moyen-Orient et du Printemps arabe et, comme Nasser l’a affirme, nous nous sommes referes aussi a la question palestinienne et j’ai eu l’occasion d’exprimer la volonte ferme de la Grece ainsi que son ?uvre et ses efforts visant a la realisation de notre vision pour un Etat palestinien ou seront etablies la democratie et la prosperite, un Etat qui doit finalement etre cree et ce, dans les plus brefs delais, et de notre vision pour la consolidation de la paix et de la securite dans notre region, comme Nasser l’a affirme.
Pour notre part, au sein de l’Union europeenne, nous faisons tout ce qui en notre pouvoir afin que le processus aille dans ce sens. Et le message que je veux transmettre a toi Nasser et au peuple de la Jordanie est le suivant : je me trouve ici tant en ma qualite de ministre des Affaires etrangeres de la Grece qu’en ma qualite de ministre europeen des Affaires etrangeres et je pense que le renforcement de nos relations bilaterales revetent une importance majeure. Nous ne devons pas seulement permettre aux peuples ayant des differends a regler de parler entre eux mais aussi a ceux qui n’en ont pas d’approfondir leur cooperation. Je pense aussi que la presence de l’Union europeenne en Jordanie et dans la region est tres importante, nous avons un voisinage au sud tres prometteur, il y a d’importants projets d’infrastructure auxquels participe la Jordanie et dont nous devons dans les plus brefs delais discuter dans l’interet de nos peuples. Mon engagement envers vous est de continuer non seulement en ma qualite de ministre des Affaires etrangeres mais aussi en ma qualite de ministre europeen des Affaires etrangeres, de promouvoir nos interets mutuels, ainsi que vos points de vue concernant ces dossiers aupres de mes collegues en Europe.
Je vous remercie. Si votre agenda vous le permet, je serais très heureux de vous accueillir à Athènes, et je ferais tout ce qui est en mon pouvoir afin que votre visite soit constructive. Je vous remercie.
JOURNALISTE : Que pense la Jordanie du rôle de la Grèce dans la question palestinienne ?
N. JUDEH : Comme je l’ai tout à l’heure affirmé, le rôle de la diplomatie grecque est actif et proactif au niveau politique. La Jordanie, la Grèce et de nombreux pays arabes – la Grèce est un pays qui entretient de bonnes relations avec tous les pays – partagent une vision commune qui demeure inaltérée, celle de la consolidation de la paix et de la stabilité dans cette région volatile qui a connu tant de violences et du règlement du conflit arabo-israélien d’une manière juste et durable, car je pense que tous, non seulement les pays de la région mais aussi ceux qui se trouvent près de la région, ont subi l’impact de ce conflit tant au niveau psychologique que géographique. Tous s’accordent pour dire que ce conflit s’est beaucoup prolongé et constitue pour tous une source de préoccupation constante, sans oublier, bien entendu, l’énorme coût des massacres, de la violence et des pertes. Il existe une volonté internationale en faveur du règlement de ce différend et la Grèce fait parité de cet effort, comme je l’ai tout à l’heure affirmé. C’est un outil toujours efficace et un outil qui est toujours le bienvenu et comme l’a affirmé le ministre des Affaires étrangères, nous sommes ici avec le ministre grec des Affaires étrangères et avec le ministre européen des Affaires étrangères, et l’Europe a joué un rôle très important en matière de prévention, à travers les initiatives qu’elle a assumées. Nous saluons toute contribution de la Grèce en faveur de l’avancement ou de tout effort visant à faire avancer les négociations qui nous mèneront à ce que nous voulons tous, à savoir un Etat palestinien contigu indépendant et durable sur le territoire national palestinien et la consolidation de la sécurité pour tous dans la région. Je pense qu’en fin de compte, les jeunes de la région ont le droit d’avoir accès aux mêmes opportunités que les autres jeunes dans le monde et je pense qu’ils ont beaucoup souffert. On doit faire régner la justice.
JOURNALISTE : Puisque l’une des principales questions de votre tournée est la question palestinienne, pourquoi n’avez-vous pas visité Israël et la Palestine ?
S. LAMBRINIDIS : Je suis tres content d’avoir pu visiter Israel et la Palestine il y un an et demi ce qui veut dire donc que je m’y suis deja rendu. Et a New York, lors de la session de l’Assemblee generale des Nations Unies l’occasion m’a ete offerte de m’entretenir encore une fois tant avec le President Abbas qu’avec le ministre israelien des Affaires etrangeres, M. Lieberman. Et en general, je voudrais vous assurer que la Grece participe a ce processus tout en essayant de faciliter l’atteinte d’une solution efficace, telle que decrite par le ministre des Affaires etrangeres. Nous le disons serieusement. Ce ne sont pas des paroles vides. Georges Papandreou qui entretient depuis de longue date des liens historiques avec la region, est tres actif a cet egard en cooperation avec son homologue. Aussitot que votre ministre des affaires etrangeres honorera son engagement et visitera la Grece, je vous promets que je visiterai encore une fois la Jordanie.
October 14, 2011