Déclarations des ministres des Affaires étrangères de Grèce et de Norvège, S. Lambrinidis et J.G. Store (Oslo, 08.08.11)

Δηλώσεις των ΥΠΕΞ Ελλάδος και Νορβηγίας, Σ. Λαμπρινίδη και J.G.Store (Όσλο, 08.08.11)

JONAS GAHR STØRE : Je souhaite la bienvenue à Oslo à mon collègue, Stavros Lambrinidis. Aujourd’hui, la Grèce m'a exprimé ses condoléances, un geste qui atteste de notre amitié. Nous avons discuté de la réunion du 22 juillet, de ce qui s'est passé en Norvège. Nous avons par ailleurs eu un échange de vues constructif, une discussion intéressante sur les développements économiques en Europe et le ministre m'a expliqué l'importance de la décision du 21 juillet en Europe, des nouvelles mesures qui faciliteront la réalisation des efforts de la Grèce. Comme vous le savez, j’ai noté avec un grand intérêt les efforts considérables consentis par la Grèce pour pouvoir réaliser les réformes nécessaires dans la structure et les systèmes de l’économie grecque afin qu’elle puisse revenir sur la voie de la croissance et de l'emploi. J'ai également déclaré aux ministres que, malheureusement, en mai nous avons suspendu le mécanisme financier EEE avec la Grèce en raison des structures qui existaient de l’autre côté et qui ne correspondaient pas aux normes définies par la Norvège, l’Islande et le Lichtenstein. D’un autre côté, j’ai le plaisir de vous annoncer que le 5 août, nous avons de nouveau installé le mécanisme suite aux mesures appliquées par la partie grecque, qui, je pense, sont compatibles avec les efforts déployés par le gouvernement grec pour avoir des structures qui seront pleinement conformes aux normes de la communauté internationale et d’un pays ami, tel que la Norvège. Ainsi, je peux affirmer avec plaisir, concernant le caractère définitif du mécanisme financier EEE, que nous sommes de nouveau sur la bonne voie et nous attendons de signer bientôt un programme de coopération important pour les prochaines années, jusqu'en 2014. En outre, nous avons échangé des vues sur le Moyen-Orient, la situation en Libye et d'autres questions que nous aborderons de nouveau à New York à la fin du mois de septembre, aux Nations Unies. Ce sont des questions sur lesquelles la Grèce et la Norvège s'accordent pleinement et coopèrent étroitement. En d'autres termes, nos discussions étaient aussi constructives qu'utiles et nous apprécions avant tout la solidarité exprimée par le ministre qui a visité la Norvège en ce moment particulièrement difficile. Stavros, je te laisse la parole.

S. Lambrinidis : Merci Jonas. Tout d’abord, j’aimerais exprimer les sincères condoléances du peuple grec suite à cette tragédie sans nom, motivée par la haine et l'intolérance. J’aimerais également dire l’admiration profonde et l’estime du peuple grec pour la façon dont le grand peuple norvégien a géré cette tragédie. Un peuple qui s'est uni en envoyant un message calme mais plein de détermination - et non de colère, un message visant à réaffirmer les valeurs de l’unité, de la solidarité, de l’ouverture d’esprit et de la démocratie. Dans ces circonstances atroces, vous avez été pour nous tous une source d'inspiration, aussi bien en Grèce qu'en Europe. J’aimerais dire ma profonde tristesse aux familles de ces petits enfants et je suis très fier de la façon dont la Norvège a communiqué ces réactions au reste du monde.

Comme vous le comprenez, nous avons eu une discussion très intéressante sur un large éventail de questions. J'aimerais exprimer ma gratitude au ministre qui a annoncé aujourd'hui la poursuite du programme et la contribution de la Norvège au programme EEE. Pour moi, cela atteste concrètement du fait que la Norvège reconnait les changements survenus en Grèce et que les efforts du gouvernement grec et les sacrifices du peuple grec au cours de ces 18 derniers mois ne sont pas que des paroles en l’air.

Nous changeons le pays. Nous avons encore beaucoup de travail devant nous, beaucoup de sacrifices, mais nous sommes déterminés à changer le pays et nous nous sommes engagés à le faire. Nous sommes également déterminés à apporter notre aide dans cette procédure visant à maintenir l’Europe sur la voie de la solidarité dont elle a fait preuve le 21 juillet dernier. Le plus gros danger en Europe, ces derniers dix-huit mois, était qu’au lieu de nous donner la main, nous avons échangé des accusations. Et cette rhétorique consistant à déclamer des punitions est désormais reléguée au passé et nous avançons d’une façon qui est, à notre sens, est porteuse d’espoir pour l’Europe et l’Euro. Je vous assure que nous sortirons de ce processus beaucoup plus grands et plus forts.

Enfin, permettez-moi de dire que nous avons discuté, comme l’a dit Jonas, d’une série de questions qui concernent notre région. Le Moyen-Orient est un dossier brûlant. Nous sommes tous les deux animés par la volonté de garantir l’ouverture des négociations de paix. Les négociations sont le seul moyen permettant la coexistence pacifique de deux Etats, Israël et la Palestine. Nous consentons tous les efforts possibles pour que cela puisse avoir lieu jusqu'en septembre. Nous coopérons étroitement sur la question de la Libye et exerçons des pressions pour parvenir à une solution politique. Nous devons discuter d’une solution politique sans plus tarder. La Norvège et la Grèce ont été depuis longtemps les principaux défenseurs de cette position. Nous avons par ailleurs évoqué brièvement notre voisinage, les Balkans et l'importance que sont pour l’Europe les questions d’intégration européenne, comme l’adhésion de la Turquie et le fait que les deux parties attachent une importance particulière à ce que la Turquie devienne membre à part entière de l’UE, une fois qu'elle aura rempli ses obligations vis-à-vis de l’Europe. Elle doit notamment respecter Chypre et le fait qu’elle est membre à part entière de l’UE. Nous nous sommes engagés à poursuivre cette discussion.

La Norvège et la Grèce sont en apparence éloignées l’une de l’autre, mais pendant la dictature grecque, Andreas Papandréou avait un passeport norvégien qui lui avait été octroyé par le gouvernement norvégien pour pouvoir organiser la résistance tant qu'il se trouvait en exil. Ces souvenirs sont encore vivants. Et j’espère que nous réussirons à renforcer cette amitié et à ne décevoir ni la Grèce, ni la Norvège. Je vous remercie beaucoup pour votre hospitalité.

August 10, 2011