Déclarations des ministres des Affaires étrangères de la Grèce et de l’Italie, respectivement MM. Avramopoulos et Terzi

Déclarations des ministres des Affaires étrangères de la Grèce et de l’Italie, respectivement MM. Avramopoulos et Terzi

G. TERZI : Je vous remercie de votre visite et d’avoir accepte mon invitation. Je remercie le ministre grec des Affaires etrangeres Dimitris Avramopoulos avec lequel nous avons discute de questions d'interet commun pour nos pays qui engagent tant l'Italie que la Grece dans le cadre du parcours de stabilisation de la zone euro, en vue des perspectives communes de developpement, notamment pour notre economie. J’aimerais souligner que le gouvernement italien apporte son soutien sans faille et sa solidarite a la Grece et au gouvernement grec, dans le cadre des reformes internes engagees qui coincident avec le processus de stabilisation budgetaire tel que discute par la Troika et applique au regard des orientations donnees par le Premier ministre Samaras et suivies par le ministre des Affaires etrangeres Dimitris Avramopoulos.

Nous voulons certainement que la Grèce, tout comme les 16 pays de la zone euro, ne quitte pas l’euro et ce, la stabilité de l’Union européenne. Pour surmonter la crise, il est nécessaire de prendre des mesures au niveau européen pour restaurer la confiance et l’équilibre des marchés. La stabilité revêt une importance essentielle pour la politique économique et monétaire de l’Union européenne. Il est important de poursuivre le processus d’intégration européenne, le projet européen doit continuer et nous devons assurer sa pérennité. Il est important d’activer les mesures approuvées lors du sommet en juin dernier. Telle est la bonne voie à suivre.

Nos entretiens ont été axés sur des questions bilatérales : nous avons constaté l’excellent niveau de nos relations bilatérales, un outil très important pour la mise en œuvre d’une stratégie commune dans le domaine économique et énergétique, en axant notre attention sur le projet de gazoduc Transadriatique (TAP). Nous avons échangé des renseignements à ce sujet et le gazoduc constituera une priorité au niveau bilatéral. Il s’agit d’une priorité absolue des relations bilatérales gréco-italiennes, mais aussi de la coopération avec l’Albanie, le troisième partenaire de cette initiative.

D. AVRAMOPOULOS : Je suis très heureux de me trouver ici, dans la capitale italienne, à savoir Rome. J’aimerais remercier mon cher collègue, le ministre des Affaires étrangères de l’Italie, Giulio Terzi pour son invitation et son accueil chaleureux, mais aussi pour les discussions tout aussi intéressantes que substantielles que nous avons eues aujourd’hui.

Comme vous le savez, la Grèce et l'Italie sont des partenaires stratégiques à l'Union européenne et la zone euro, des alliés à l'OTAN et bien entendu des voisins dans la Mer Egée. Notre histoire, notre culture, nos peuples sont liés depuis plusieurs siècles.

Par conséquent, qualifier ces relations d’amicales seulement serait un euphémisme. Nos valeurs communes sont le fruit d’une expérience commune de plus de deux millénaires. Nous avons appris à vivre ensemble dans un esprit d’amitié et de solidarité.

Aujourd’hui, notre grande famille, l’Union européenne est confrontée à la crise économique la plus grande de son histoire. Les citoyens européens, notamment les Grecs, ont fait les frais de cinq années consécutives de récession. Il est impératif de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour renverser cette tendance destructrice. Aujourd'hui, plus que jamais, nous devons prouver, dans la pratique et non en théorie, que la relation entre les partenaires européens s’articule autour de deux principaux éléments :

Premièrement, nous sommes responsables les uns envers les autres et envers nos citoyens, nous avons la responsabilité de corriger les erreurs du passé et de garantir que l'Union européenne n'en arrivera plus jamais au même point.

Deuxièmement, nous devons faire preuve de solidarité et être unis pour pouvoir aller de l’avant, surmonter cette crise et former une Union plus profonde et plus puissante.

J’aimerais exprimer ma profonde estime et saluer le rôle qu’a joué l'Italie dans la lutte contre la crise et ses efforts pour donner une réponse européenne cohérente aux défis auxquels nous sommes tous confrontés. L’Italie devient un acteur-clé entre l’Europe du sud et du nord, après la récente tournée européenne, les initiatives et les actions du Premier ministre Monti.

La Grèce coopèrera étroitement avec l’Italie au cours de ces prochains mois, puisque notre pays applique le programme ambitieux des réformes et revient, progressivement, sur la voie de la reprise, de la croissance et de l'emploi. Dans ce contexte, nous voulons optimiser les avantages offerts par le cadre budgétaire pluriannuel de l'UE pour la période 2014-2020. Notre position commune est, qu’une politique puissante de cohésion et un budget orienté vers la croissance contribueront essentiellement à nos efforts communs pour faire sortir l’Europe de la crise.

Nous avons par ailleurs abordé en détail l’importance de notre coopération et de notre synergie dans le domaine énergétique. Premièrement, en ce qui concerne le couloir sud, qui transportera le gaz naturel de la mer Caspienne aux côtes italiennes et directement sur les marchés européens, en renforçant la sécurité énergétique de l’Europe au moyen de la différenciation de ses ressources énergétiques et voies de transport.

Deuxièmement, l’importance des gisements de gaz naturel qui ont été découverts en Méditerranée orientale, et qui ouvrent de nouvelles perspectives de coopération, en offrant ainsi la possibilité à l'Union européenne d'utiliser de nouvelles voies énergétiques alternatives. Nos pays peuvent assurer leur transport sur le marché européen. C’est dans cet esprit que nous avons discuté aujourd’hui, en ouvrant un nouveau chapitre dans nos relations bilatérales. L’Italie et la Grèce, la Grèce et l’Italie peuvent coopérer et avancer ensemble à l’avenir. Nous sommes prêts à relever des défis communs et bien entendu à répondre aux besoins de notre région pour la paix, la coopération et la stabilité.
Encore une fois, j’aimerais remercier mon cher collègue, le ministre italien des Affaires étrangères, M. Terzi pour ces discussions tout aussi utiles que productives, ainsi que pour son accueil aujourd’hui. Je me réjouis à la perspective de notre coopération future sur toutes ces questions.

Permettez-moi de clore mon propos en réaffirmant que l'Italie et la Grèce sont deux pays qui ont un fondement historique et culturel riche. Notre compréhension commune, nos liens de longue date et nos relations étroites facilitent et renforcent notre coopération dans tous les domaines : politique, économique, énergétique, touristique, etc. Je suis fermement convaincu que si nous travaillons ensemble dans cet esprit, nous pourrons sortir de la crise et montrer à nos peuples la voie du progrès et de la prospérité.

JOURNALISTE : Est-ce que la question de la zone économique exclusive entre la Grèce et l'Italie a été abordée lors de votre rencontre ?
G. TERZI : Nous avons essentiellement axé nos discussions sur les questions liées aux infrastructures, au couloir sud, et aux possibilités de fournir du gaz naturel en Europe en provenance de l'Azerbaïdjan et de la Mer Caspienne. Nous n'avons pas discuté de la délimitation de la zone économique exclusive entre les deux pays.

D. AVRAMOPOULOS : Comme vient de le dire le ministre, nos entretiens ont essentiellement porté sur ce sujet. Notre accord aujourd'hui et les prochains pas à entreprendre définiront l’avenir de ce projet dans l’intérêt de nos deux pays. Nous étions accompagnés des secrétaires d’Etat chargés des questions énergétiques et ils peuvent vous donner de plus amples détails si vous le souhaitez. Mais comme je l'ai dit nous n'avons pas abordé des questions techniques. En fait, cela ne fait pas partie de notre travail. Notre travail et notre mission consistent à définir le cadre approprié, à prendre la décision politique et à définir les orientations de ce projet qui, comme je l'ai dit, est dans l'intérêt de nous tous et de l'Europe également.

JOURNALISTE : Une question hors sujet adressée au ministre Terzi. Quelle est votre réaction suite aux assassinats de Chrétiens au Nigeria ?
G. TERZI : Mon homologue grec et moi-même avons discuté de la situation en Syrie et de l'impact de la crise sur les minorités religieuses. Les crimes commis contre les Chrétiens au Nigeria sont des actes atroces qui nous préoccupent vivement. Il faudra prendre des mesures au niveau européen et international pour garantir les libertés des minorités religieuses.

JOURNALISTE : Pensez-vous que le profil politique de l’Europe en vue des réunions au début du mois de septembre peut être renforcé afin de réduire le fossé nord-sud ?

G. TERZI : Le plan européen dans son ensemble doit continuer. Nous sommes certains que les possibilités de parvenir à des résultats positifs existent. Il faut consentir tous les efforts nécessaires pour appliquer les mesures décidées lors du conseil européen de juin. Je pense en tout cas que nous sommes sur la bonne voie et nous devons éviter les écarts.

D. AVRAMOPOULOS : Je partage les propos de Giulio. Nous avons avant tout souligné que nous soutenons pleinement toutes les initiatives européennes dans ce sens. Nous avons pris, et je parle pour la Grèce, toutes les initiatives nécessaires afin de faire face à la crise, tout en respectant, bien entendu, nos engagements. En Grèce *** après les récentes élections, le gouvernement a décidé d’aller de l’avant. Nous connaissons les problèmes épineux que nous devons gérer, nous connaissons les points faibles de notre économie, mais parlant d'optimisme, permettez-moi de dire que si nous, Grecs et Italiens, avons survécu, c’est parce que nous sommes optimistes par nature. Dans le passé, nous avons été confrontés à des situations plus difficiles et nous avons réussi à surmonter les crises et les difficultés et à regarder l'avenir avec plus d'optimisme. Mais aujourd'hui, la réalité est telle qu'elle est. Nous devons procéder à d'importantes réformes structurelles, nous devons changer nos systèmes et bien entendu rendre notre économie plus compétitive. Bien entendu, nous avons besoin du soutien de l'opinion publique, du peuple, et c’est ce que nous nous efforçons de faire en ce moment en Grèce. A savoir, créer un climat de confiance entre la société et la classe politique et avancer main dans la main. Je suis certain que dans quelques années cette crise ne sera plus qu'un mauvais souvenir.

August 8, 2012