Déclarations du ministre des Affaires étrangères D. Avramopoulos et de son homologue slovaque M. Lajčák à l’issue de leur rencontre (Bratislava, 21 mars 2013)

Déclarations du ministre des Affaires étrangères D. Avramopoulos et de son homologue slovaque M. Lajčák à l’issue de leur rencontre (Bratislava, 21 mars 2013)M. LAJCAK : C’est avec une grande joie que j’accueille le ministre des Affaires étrangères de la République hellénique, D. Avramopoulos. Je sais qu’il n’est pas très habituel de donner une conférence de presse à cette heure-là, mais nous ne pouvions nous rencontrer à un autre moment.

J’aimerais vous assurer que la République hellénique est une très bonne amie de la Slovaquie et nous avons beaucoup de points communs. J’aimerais me référer à certains de ces points qui remontent à notre parcours historique. Bientôt nous fêterons le 1.150e anniversaire de l’arrivée des Saints Cyrille et Méthode de Thessalonique dans la région de Slovaquie. Par ailleurs, nous célèbrerons bientôt le 20e anniversaire de l’établissement de nos relations diplomatiques avec la République hellénique et le 10e anniversaire de la signature du traité d’adhésion de la Slovaquie à l’UE.

La République hellénique exercera de nouveau la présidence de l’Union européenne à compter du 1er janvier 2014. Ce sera sa cinquième présidence, ce qui veut dire qu’elle a déjà une grande expérience en la matière. C’est la raison pour laquelle nous allons inaugurer une étroite coopération et coordination avec la République hellénique afin que nous tirions profit de son expérience dans le cadre de notre présidence en 2016.

Comme je l’ai dit tout à l’heure, la République de Slovaquie et la République hellénique entretiennent des relations étroites d’amitié. Elles ont des points communs et partagent les mêmes vues dans la plupart des questions qui préoccupent, entre autres, l’UE. Et les domaines dans lesquels nous pouvons coopérer sont nombreux. Par exemple, en ce qui concerne les Balkans occidentaux, le Moyen-Orient et la région de la Méditerranée, nous sommes convaincus que nous pouvons tirer profit de l’expérience de nos amis. Et eux, à leur tour, peuvent sans doute tirer profit de notre expérience en ce qui concerne le Partenariat oriental.

La République hellénique traverse une période particulière ces jours-ci et c’est une grande joie pour moi que de pouvoir apporter notre solidarité à ce pays. Nous sommes à ses côtés au bon moment et pouvons d’ores et déjà parler de l’attachement et de la responsabilité dont a fait preuve le gouvernement hellénique qui a honoré ses engagements. Par conséquent, encore une fois, nous ne pouvons qu’affirmer que les décisions prises au niveau national et européen visaient à la stabilité de l’économie grecque, à la croissance future et le résultat de toutes ces actions contribuera à l’amélioration et au renforcement de la coopération.

Mon homologue et moi-même avons abordé en détail nos points de vue. Nous avons discuté de questions ayant trait à la zone euro et à l’UE. Nous sommes convenus que nos relations et notre coopération doivent être davantage renforcées. Par exemple, à partir de 2008, il y a eu des échanges de visites au niveau des premiers ministres ou présidents et le ministre visite notre pays trois années après la dernière visite de son prédécesseur. Nous devons donc intensifier le dialogue politique afin que celui-ci reflète le haut niveau d’amitié qui nous unit.

D. AVRAMOPOULOS : J’aimerais avant tout remercier mon collègue et ami, Miroslav Lajčák pour son accueil chaleureux et cordial. J’aimerais dire à Miroslav que j’ai pu constater avec joie que tant de choses nous unissent et nous rapprocheront à l’avenir, non seulement au sein de la famille européenne, mais au niveau bilatéral.

J’aimerais également remercier mon collègue pour les discussions aussi utiles que constructives que nous avons eues aujourd’hui dans la ville magnifique de Bratislava.

La Grèce et la Slovaquie sont partenaires à l’UE, elles font partie de la famille européenne. Et j’aimerais saisir l’occasion de cette visite pour transmettre les sincères sentiments d’amitié et le profond respect qu’inspire le peuple slovaque au peuple grec.

Cette visite vient inaugurer une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays.

Et comme Miroslav l’a dit tout à l’heure, nous fêtons cette années d’importants événements historiques.

Mille cent cinquante années de parcours historique sur le plan religieux. Mais aussi les relations diplomatiques ou encore le dixième anniversaire de l’adhésion de la Slovaquie à la famille européenne.

Nous avons tracé la voie pour davantage de visites au niveau des premiers ministres et présidents de la république. Et nous poursuivrons notre coopération dans le cadre des instances européennes et au niveau bilatéral, en échangeant nos expériences, notre savoir-faire et notre expertise.

Le ministre Lajčák et moi-même nous sommes entretenus sur la crise économique en Europe et avons indiqué que la famille européenne pouvait sortir plus forte de cette crise grâce au principe de solidarité. En outre, grâce à notre coopération, nous rendrons le marché européen plus compétitif, tout en assurant un avenir de prospérité pour nos peuples.

J’ai informé mon collègue des résultats que la Grèce a obtenus suite à l’application des réformes structurelles et du programme économique convenu avec nos partenaires.

Le gouvernement grec et le peuple grec avancent avec détermination dans la mise en œuvre du programme, en ramenant l’économie sur la voie de la croissance et de la compétitivité. J’aimerais également souligner – et cela est un message vers le peuple slovaque – que tout le monde en Grèce reconnaît la contribution du peuple slovaque dans cet effort. Nous ne permettrons pas que la contribution du peuple slovaque, ni les sacrifices et les efforts difficiles du peuple grec soient vains.

Ce qui est en jeu, finalement, dans cette crise européenne, c’est notre monnaie unique, à savoir la position de l’UE dans l’économie mondiale et la prospérité de tous les pays, de tous les peuples de la zone euro.

Avec mon ami Miroslav, nous avons saisi l’occasion de cette rencontre pour aborder toute une série de questions régionales et internationales qui préoccupent nos pays, ainsi que des questions liées aux réformes et à la situation en Europe de l’est.

Comme vous le savez, mon pays, la Grèce n’a jamais cessé de soutenir l’élargissement de l’UE aux pays de notre voisinage. Nous pensons que l’avenir de tous les pays des Balkans occidentaux est au sein de la famille européenne. Et que le progrès de nos voisins vers l’adaptation aux normes européennes instaurera la paix et la sécurité en Europe du sud-est. Il tracera la voie vers notre avenir européen commun.

La perspective de nos voisins dans les Balkans occidentaux revêt, je dirais, une dimension politique plus élargie, en raison de la montée inquiétante du nationalisme, un phénomène qui historiquement a été à l’origine de grandes tragédies.

Par conséquent, nous devons travailler d’arrache pieds pour instaurer la stabilité permanente – la stabilité européenne – dans les Balkans occidentaux. Les premiers pas dans ce sens sont bien entendu le respect des relations de bon voisinage et les efforts francs en vue de la résolution des questions demeurées en suspens dans la région.

Nous avons par ailleurs discuté du dossier chypriote ainsi que de nos relations avec la Turquie et de son processus d’adhésion et j’ai informé M. Lajčák des dernières évolutions en la matière.

Nous avons par ailleurs abordé la situation en Syrie, les perspectives du processus de paix au Moyen-Orient et le rôle que peut jouer l’UE en faveur de l’instauration de la démocratie et de la stabilité dans la région élargie de la Méditerranée orientale.

Enfin, permettez-moi de dire que cette année auront lieu en Slovaquie les manifestations à l’occasion du 1.150e anniversaire de l’arrivée en Grande-Moravie des moines missionnaires byzantins Saints Cyrille et Méthode.

Il est particulièrement important de rendre hommage à l’héritage et à la contribution précieuse des deux frères de Thessalonique.

J’aimerais également dire que ce matin j’ai eu une discussion très constructive avec le premier ministre de Slovaquie. Et j’attends très bientôt mon très bon ami Miroslav à Athènes afin de donner suite à nos discussions et décisions. Je le considère, comme je l’ai dit tout à l’heure, comme un vrai ami. Ce qui nous a rapprochés sera dans l’intérêt de notre parcours européen commun et dans l’intérêt de nos deux peuples.

J’aimerais encore une fois remercier mon collègue.

En réponse à des questions de la presse concernant la situation à Chypre, le ministre des Affaires étrangères, D. Avramopoulos a indiqué :

D. AVRAMOPOULOS : Premièrement, il n’y a pas de recette commune à tous les pays. Vous savez que presque tous les pays d’Europe du sud traversent une période très difficile en raison de la crise économique. Il y a de grandes différences entre la crise en Irlande, en Espagne, au Portugal, en Italie et en Grèce. Par ailleurs, la crise est différente à Chypre.

Il y a cependant un trait commun : Nous traversons tous des moments aussi difficiles que décisifs en Europe. Nous devons non seulement avoir en tête les chiffres budgétaires et les détails techniques fiscaux, mais aussi nos principes communs qui nous ont unis et ont inspiré la vision des fondateurs de l’Union européenne.

Le noyau de ce principe réside dans la notion de solidarité entre les Etats membres, la solidarité envers ceux qui en ont besoin et qui sont en danger, comme Chypre. L’UE doit tendre la main. En aidant le peuple chypriote, nous aidons les peuples d’Europe.

Cela n’est pas un luxe. C’est une obligation envers notre histoire européenne commune, notre avenir commun que nous avons décidé de bâtir ensemble. La crise sape les fondations de l’Europe comme l’a dit Miroslav, la crise ne connaît pas de frontières et personne ne sait quand elle frappera à sa porte.

L’économie de Chypre était considérée comme l’une des plus puissantes de la zone euro il y a quelques années.

Par conséquent, nous devons restés unis et toutes les décisions de l’UE doivent tenir compte de cette dimension, de ce paramètre de la crise et nous devons œuvrer de concert afin de trouver la meilleure solution qui nous permettra de sortir de la crise.

Il ne faut pas oublier que nous avons avancé vers l’unification économique avant même d’approfondir, de renforcer et d’achever l’unification politique de l’Europe. La crise nous fait mûrir, nous rend plus déterminés pour notre avenir. C’est la solution : solidarité et unité politique pour sortir de la crise et aller de l’avant.

Il ne faut jamais oublier l’essence même du projet européen. Il ne s’agit pas seulement de chiffres. Il s’agit de la civilisation de l’Europe, de son histoire et de son avenir. Cette union signifie que nous mettons fin aux conflits et que nous demeurons unis. Et dans cet esprit d’unité, nous avançons et nous bâtissons le projet européen, de sorte que toutes nos nations sortent de la crise et je pense que ce jour ne saurait tarder. Et nous sortirons de cette crise plus déterminés encore à unir nos pays et nos nations sous l’égide de l’UE.

La zone euro instaurera l’UE qui constitue un projet pacifique et stabilisateur. La génération actuelle d’hommes politiques est responsable de l’héritage que nous lèguerons. Notre destin était de faire face à cette crise, mais il est de notre devoir de trouver le moyen d’en sortir et de considérer l’avenir de notre grande patrie commune qu’est l’Europe avec optimisme.

Je me suis déjà référé à la nécessité d’instaurer l’Union européenne afin de garantir un meilleur avenir pour tous les peuples d’Europe. Faisant face à la crise, nous pouvons faire plus pour eux. La crise fait naître de nombreuses idées et propositions, mais cela ne changera pas notre détermination à aller de l’avant. Ainsi, la perspective européenne est la seule voie pour tous. En tant que partenaires européens, nous devons faire preuve d’un esprit de solidarité. Nous ne pouvons nous abandonner mutuellement.

March 22, 2013