Langue de l’original : arabe.
[Traduction à partir du texte de retranscription de l’interprétation].
Abdelaziz : Je voudrais tout d’abord souhaiter la bienvenue à tous nos visiteurs venus de la Grèce. Au nom du gouvernement libyen je voudrais souhaiter la bienvenue à notre visiteur d’honneur, le ministre des Affaires étrangères de la Grèce. Sa visite s’effectue pendant une période transitoire pour notre pays qui a passé de la révolution à sa reconstruction. Et, elle s’effectue aussi à un moment propice, à savoir, après le scrutin qui s’est déroulé en Libye pour l’élection du Congrès national et du nouveau gouvernement qui sera à la tête du pays pour une période de dix-sept mois au moins. Cette visite s’intègre dans le cadre des relations historiques qu’entretiennent de longue date les deux pays. Les relations entre la Libye et la Grèce datent depuis 3 000 ans et les anciennes villes de la Cyrénaïque attestent de ce cadre historique dans lequel se sont développées les relations entre les deux peuples.
Cette relation solide entre les deux peuples amis constituera le fondement des relations de coopération entre les deux pays. Aujourd’hui, le ministre des Affaires étrangères s’est entretenu avec le Président du Congrès national et le Président du gouvernement transitoire. Avant ces rencontres, j’ai également eu l’occasion de le rencontrer et d’échanger des points de vue avec lui sur les perspectives et la promotion de la coopération dans tous les domaines. Nous avons échangé des vues sur des sujets précis.
Premièrement, la coopération dans le domaine des investissements. Il existe une série d’accords qui ont été signés dans le passé. Ces accords doivent être mis à jour en vue de répondre aux nouveaux besoins et à la nouvelle réalité de la Libye. Puisque la Grèce dispose d’une très grande expérience dans le domaine du tourisme, nous avons échangé des points de vue sur les possibilités de promotion de la coopération dans ce domaine. Plus particulièrement, la Libye est un pays propice au développement du tourisme, tant sur le littoral méditerranéen que dans la région du Sahara. Νous avons également échangé des vues sur la reconstruction de la Libye, afin que les entreprises grecques des secteurs public et privé, y participent. Et, puisque la Libye accorde une importance particulière au domaine de la sécurité, nous avons abordé des questions relevant de ce domaine ainsi que du domaine de la défense, vu le rôle important qu’a joué la Grèce pendant les opérations de l’OTAN. Dans ce contexte, j’aimerais saisir cette occasion en vue d’exprimer mes félicitations chaleureuses et ma reconnaissance, tant au nom de l’Etat qu’au nom du peuple de la Libye à l’égard de la Grèce pour son soutien politique et l’aide humanitaire qu’elle nous a offerte mais aussi pour sa contribution au niveau des opérations de l’OTAN et des facilitations pour l’application des résolutions du Conseil de sécurité relatives à la protection du peuple de la Libye. Bien évidemment, la position de la Grèce s’intègre dans le cadre de l’amitié et de la relation de partenariat qui existe entre les deux peuples.
Nous avons aussi abordé des questions ayant trait à la coopération dans le domaine maritime ce qui nous permettra de profiter de l’expérience de la Grèce en matière d’administration portuaire. Nous avons également discuté de la coopération dans le domaine de la santé puisque la Grèce a accueilli plus de 6 000 personnes blessées pendant les conflits et cela sera le fondement de notre coopération dans le domaine de la santé, y compris le domaine pharmaceutique, qui doit être intégré dans le cadre élargi de notre coopération bilatérale. Nous avons aussi discuté d’autres perspectives de coopération dans le domaine, entre autres, des sources d’énergie renouvelables. Nous avons échangé des points de vue sur la formation de cadres compétents dont notre pays aura besoin pendant cette période de reconstruction et les possibilités que ces derniers soient formés en Grèce.
Enfin, nous sommes convenus d’une feuille de route afin de parvenir à un accord sur notre coopération future visant à la promotion de la coopération entre les deux pays et dans le même temps organiser des rencontres entre les entreprises des deux pays, tant en Grèce qu’en Libye.
Nous ne voulons pas axer notre économie seulement sur le pétrole mais nous voulons étendre nos activités à d’autres domaines aussi. C’est pourquoi nous devons mettre l’accent sur la coopération entre le milieu d’affaires des deux pays. S’agissant des dossiers politiques, nous avons parlé de l’entente sur des questions politiques et, nous avons plus particulièrement abordé des dossiers relevant du domaine régional et international, car la Grèce joue un rôle fondamental au sein de l’UE et elle est membre d’autres organisations régionales de l’Europe. Nous nous réjouissons particulièrement du fait que la Grèce assumera la présidence de l’UE en 2014. Nous la félicitions et pensons que cela contribuera au renforcement des relations bilatérales. Enfin, j’aimerais remercier le ministre pour avoir promis d’aider la Libye à récupérer ses avoirs gelés à l’étranger. Je voudrais encore une fois souhaiter la bienvenue à nos visiteurs. J’aimerais également remercier l’ambassadeur grec pour les efforts inlassables qu’il a consentis pendant son court séjour dans le pays, en faveur de la promotion de nos relations bilatérales.
AVRAMOPOULOS : Tout d’abord, j’aimerais remercier M. Abdel Al-aziz pour l’accueil qui m’a réservé et, bien entendu, étendre mes remerciements au gouvernement de la Libye, au Président M. Magarief et au Premier ministre M. Zeidan.
Comme l’a tout à l’heure affirmé mon collègue, les relations entre nos deux peuples datent depuis plus de 3 000 ans. Aujourd’hui, ici en Libye, deux communautés grecques dynamiques contribuent au redressement du pays et créent des liens forts entre nos peuples.
Les possibilités offertes par nos relations sont nombreuses et ces dernières peuvent être développées davantage. Nous sommes des voisins directs. La Méditerranée nous unit. Notre proximité stratégique a bien été confirmée au cours de la révolution contre le régime de Kadhafi.
Nous avons été, pendant cette période aussi, aux côtés du peuple libyen et nous continuerons de l’être. Force est de signaler la contribution importante de la Grèce dans le domaine humanitaire, à travers l’approvisionnement en eau potable et l’hospitalisation des 6 000 personnes blessées lors de la révolution. Le peuple grec est fier de l’aide qu’il a offerte, de sa contribution à la lutte menée par le peuple libyen pour conquérir sa liberté et instaurer la démocratie. Et nous sommes aujourd’hui encore plus fiers car nous suivons les efforts consentis par la Libye en vue de reconstruire un Etat de droit démocratique ce qui a été également confirmé lors des récentes élections. Nous ne négligeons, ni ne sous-estimons les défis de cette nouvelle ère. Nous sommes bien conscients du grand nombre de problèmes difficiles à résoudre. Pour cette raison, au cours de cette visite, j’ai assuré mes interlocuteurs que la Grèce, tant au niveau bilatéral qu’au niveau de l’Union européenne, apportera sa contribution pour surmonter les problèmes.
La Grèce est la Libye sont des partenaires politiques, économiques et commerciaux depuis des décennies. Des centaines de hauts fonctionnaires libyens sont diplômés des écoles militaires de Grèce et aujourd’hui 53 Libyens étudient dans ces écoles. Un grand nombre d’entreprises grecques exercent une activité en Libye pendant ces décennies. Nous entretenons des relations commerciales étroites et il existe de grandes possibilités, puisque la nouvelle Libye reconstruit l’Etat, ses structures et infrastructures.
Nous sommes donc convenus de régler toutes les questions demeurées en suspens et d’examiner les possibilités qui s’offrent à nous. Des possibilités de coopération dans tous les domaines, notamment la prestation de services et la transmission de savoir-faire, tout aussi utiles que nécessaires en cette période cruciale pour la Libye. Je suis d’accord avec ce qu’a dit un peu plus tôt mon collègue sur la feuille de route. Nous commencerons par organiser une conférence au début de l’année prochaine et terminerons par un programme de coopération intergouvernementale. C’est à ce moment que seront signés des accords. La volonté mutuelle va de soi, les instructions ont été données dans nos ministères et nous avancerons très rapidement. Nous comprenons l’importance de ne pas en dire beaucoup mais d’agir et de pouvoir prouver dans la pratique cette volonté qui est la nôtre.
Aujourd’hui, ici, à Tripoli, deux anciens amis ont pris un nouveau départ. Un nouveau départ qui se fonde sur notre volonté sincère et notre souhait de rapprocher nos peuples, nos pays, la communauté d’affaires, de la culture. Ce peuple historique est appelé à jouer un rôle nouveau, plus dynamique, au service des principes suprêmes de la démocratie, de l’entente internationale, de la stabilité et de la sécurité. Je souhaite à la direction libyenne plein succès dans son effort. Aussi bien son peuple, que ses dirigeants savent que la Grèce sera à leurs côtés pour partager la perspective optimiste du nouveau départ et notamment les résultats qu’apportera cet effort collectif du peuple libyen.
Je remercie encore le ministre et outre les invitations adressées au Président et au Premier ministre de la Libye, je souhaiterais réitérer mon invitation à M. Abdel Al-aziz de visiter Athènes.
Question concernant les prochaines étapes de la coopération Grèce – Libye.
M. Avramopoulos : Nous avons une grande possibilité d’élargissement de notre coopération. Investissements, tourisme, coopération internationale, savoir-faire et expérience qui peuvent être transmis à la Libye à l’heure actuelle, puisqu’elle commence à bâtir son nouveau système administratif. Programmes de formation de diplomates et policiers, coopération en matière de défense. Tous ces points s’intègrent dans le cadre d’un programme élargi, qui comme je l’ai dit tout à l’heure, constitue une feuille de route qui s’achèvera au cours du prochain semestre. La phrase qui pourrait résumer notre volonté et notre planification est la suivante : « Un projet commun de coopération stratégique ». Un projet qui résistera au temps, qui sera actualisé et renouvelé, dans l’intérêt des deux pays. Force est de souligner que nous avons réitéré notre volonté de prendre des initiatives visant à relier les ports grecs et libyens, puisque l’un des objectifs que nous avons fixés est de développer nos relations commerciales et la coopération touristique.
La première étape de cette feuille de route est le forum d’affaires avec des représentants du secteur de la santé, de la culture et de l’industrie. Nous planifions de l’organiser ici, à Tripoli, vers la fin du mois de février, début mars. Une dernière chose, non moins importante : la Grèce peut, dans le cadre des relations gréco-libyennes, servir de porte d’accès de la Libye en Europe. Et la Libye peut servir de porte d’accès de la Grèce en Afrique. Pendant la présidence grecque de l’UE en 2014 et toujours en coopération avec les autorités libyennes, nous assurerons la promotion de questions d’importance cruciale pour la Libye au niveau européen.
Question concernant la crise économique.
M. Avramopoulos : La Grèce n’est actuellement pas la seule à traverser une période difficile en raison de la crise économique, tous les pays du sud de l’Europe aussi. C’est un problème européen, un problème du monde entier. Même la Libye subit les conséquences de la crise économique.
Toutefois, les premiers messages positifs commencent à parvenir, des messages s’inscrivant dans la lignée de la politique concertée que le gouvernement grec a adopté. Un premier message est la confiance de l’Europe en la Grèce. Deuxième message, la valorisation de l’économie grecque par les agences de notation internationales. Le troisième message nous vient de la société grecque elle-même. Nous sommes un pays démocratique. Les grèves et les mobilisations sont un droit démocratique inaliénable du peuple grec. Ce qui importe, est la volonté commune des citoyens grecs d’aller dynamiquement de l’avant en faisant face à la crise et de remporter cette bataille. C’est le défi de notre époque.
Ces premiers messages montrent, enfin, qu’il y a une lumière au bout du tunnel. L’heure où l’économie retrouvera sa cohésion, son dynamique et sa perspective ne saurait tarder.
Tout cela n’a toutefois pas privé la Grèce de son rôle positif dynamique sur la scène internationale. Nous sommes l’un des facteurs les plus importants et les plus stables de la région élargie de la Méditerranée. Et ce rôle, nous le mettons au service de la communauté internationale, lorsqu’on nous le demande. Et cela explique notre présence ici, devant l’effort de la nouvelle Libye visant à construire ses nouvelles structures et à consolider la démocratie. Et un dernier point, c’est quand un pays ne fait pas grève, qu’il faut s’inquiéter de l’avenir de la démocratie.
Question concernant les officiers de l’armée libyenne qui sont formés en Grèce et le progrès des réformes en Libye.
M. Abdel Al-aziz: Pour répondre à votre première question concernant les 53 officiers formés en Grèce, j’aimerais dire que nous avons un besoin impérieux de ces officiers. Qui plus est aujourd’hui où nous réorganisons le ministère de l’Intérieur, nous estimons que la formation dispensée par la Grèce dans le domaine de la défense et de la sécurité est très élevée. Nous avions commencé notre coopération dans ce domaine à partir des années 70. J’aimerais seulement donner un exemple pour ceux qui avaient été formés en Grèce. Les Libyens qui avaient été formés en Grèce sont aujourd’hui des cadres dirigeants dans leur pays. Ils étaient très bien formés en comparaison avec ceux qui avaient été formés aux Etats-Unis et dans d’autres pays européens.
Pour répondre à votre deuxième question, nous commençons avec de nouvelles perspectives dans la nouvelle Libye. Nos efforts sont parallèles aussi bien à la création des services de justice, que de sécurité et nous voulons que les cadres de nos ministères soient adéquatement formés. Nous avons décidé d’inviter toutes les sociétés étrangères qui exercent depuis longtemps une activité en Libye à poursuivre leurs projets, tandis que nous accueillons de nouvelles sociétés qui souhaitent commencer une activité ici. La Libye est un pays d’avenir, en ce qui concerne les investissements et les infrastructures. Notamment dans le cadre de la stratégie de la Libye, qui ne doit pas seulement se baser sur le pétrole, mais différencier ses sources de revenus. Il y aura des opportunités non seulement pour la Grèce, mais pour d’autres pays également, il y aura un dynamisme dans les relations entre la Libye et ces pays et, comme l’a dit M. le ministre, l’Europe rencontrera l’Afrique en passant par des pays amis.
Question concernant la délimitation des zones maritimes.
M. Abdel Al-aziz : Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de décision définitive concernant la question de la délimitation des zones maritimes. Il y a eu des pourparlers et ce matin l’occasion m’a été donnée de m’entretenir avec mon collègue sur cette question. Car cette question ne concerne pas seulement la Grèce et la Libye. Nous devons avancer tout en ayant défini un cadre, notamment avec les pays qui ont des frontières maritimes avec la Grèce et la Libye. Nous aspirons à parvenir à un accord général qui inclura tous les pays concernés. Car nous voulons regarder l’avenir de manière collective et non individuelle.
M. Avramopoulos : Il faut avant tout dire qu’il n’y a aucune question fermée dans nos relations avec la Libye. Lors de nos discussions, nous ne sommes pas entrés dans le détail. Nous sommes au début d’une coopération très prometteuse dans tous les domaines. Toutes les questions qui avaient surgi il y a longtemps feront l’objet d’une évaluation ou encore d’une révision. C’est pourquoi je vous ai dit tout à l’heure que nous suivons une feuille de route. Nous accordons la priorité aux questions urgentes, à savoir la coopération dans le domaine des affaires. Dans ce parcours vers notre coopération stratégique, qui sera définie et annoncée au moment opportun, toutes les questions qui rapprochent nos pays feront l’objet d’une discussion.
December 21, 2012