Declarations du ministre des Affaires etrangeres, M. D. Avramopoulos et du ministre des Affaires etrangeres de l’Autorite palestinienne, M. Riyad Al-Malki

D. AVRAMOPOULOS : Je souhaite la bienvenue a Athenes, au ministere des Affaires etrangeres, a mon cher ami et collegue, le ministre palestinien des Affaires etrangeres, M. Malki. Nous avons eu l’occasion tant lors de notre entretien prive que lors des consultations qui viennent de prendre fin, d’aborder ensemble les relations bilaterales, l’etat d’avancement du processus de paix concernant la question du Moyen-Orient, ainsi que les defis regionaux dans notre voisinage direct et dans notre region elargie.

Nous avons de nouveau confirme les liens fermes et etroits qui unissent nos deux peuples et j’ai reitere notre position ferme et immuable en faveur de la creation d’un Etat palestinien independant et viable qui coexistera dans un environnement de securite et de paix aux cotes d’Israel. Nous avons exprime notre profonde preoccupation a l’egard de l’inertie prolongee pour ce qui est du processus de paix.
M. Malki m’a parle de la situation dans les territoires palestiniens et des consequences de l’extension des colonies sur la viabilite de la solution a deux Etats. Nous partageons cette preoccupation. Nous pensons fermement que la situation actuelle n’est dans l’interet ni des Israeliens, ni des Palestiniens et de leur droit inalienable de vivre de maniere pacifique dans leurs Etats. En outre, cette situation est dangereuse pour la securite et la prosperite dans notre region.
Nous avons egalement discute de la perspective de la demande soumise par l’Autorite palestinienne a l’Assemblee generale des Nations Unies en vue d’obtenir le statut d’Etat non membre de l’Organisation.

Notre  position ferme est que le reglement de la question du Moyen-Orient ne sera possible que par le biais des negociations portant sur toutes les questions liees au statut final. Par ailleurs, c’est en fonction de cela que nous avons declare que nous ne reconnaitrions aucune modification des frontieres de 1967 qui ne serait pas le resultat d’un accord mutuel entre les deux parties. Nos actions sont toujours guidees par la legalite internationale.
J’ai assure M. Malki que nous examinerions avec une attention et une sensibilite particulieres le texte de la decision y relative de l’Assemblee generale, lorsque celui-ci serait soumis et nous prendrions, bien entendu, position sur cette question en faisant preuve de responsabilite. Notre objectif est que chaque pas contribue a la consolidation de la paix et au respect du droit international et des resolutions du Conseil de securite des Nations Unies.

Nous avons egalement manifeste notre preoccupation commune a l’egard de la situation en Syrie et de l’impasse prolongee. La Grece est convaincue que la solution doit etre donnee par le peuple syrien et que celle-ci doit respecter ses demandes en matiere de liberte et de democratie sans discriminations. Nous nous opposons de maniere categorique a toute forme  d’intervention etrangere et sous n’importe quel pretexte, ce qui pourrait provoquer la propagation du conflit dans la region elargie.

Enfin, je voudrais encore une fois signaler que la Grece est toujours un bon ami du peuple palestinien et notre ambition est de jouer un role constructif en vue de parvenir a une solution le plus tot possible.

Notre pays demeure un facteur de stabilite et de stabilisation dans la region elargie et notre ambition est de contribuer, a travers des initiatives a promouvoir dans les plus brefs delais les processus mis en route par les Nations Unies, notre objectif etant de regler definitivement la question palestinienne et de voir les deux peuples, Israeliens et Palestiniens vivre harmonieusement dans un environnement de securite, de paix, de cooperation et de stabilite.

Je voudrais remercier le ministre, collegue et ami, pour cette visite. Nous continuerons d’avoir des contacts etroits a l’avenir et je lui demanderais de transmettre a ses compatriotes les sentiments d’amitie et de solidarite du peuple grec.

RIYAD AL-MALKI: Je vous remercie. C’est un grand plaisir pour moi de me trouver dans cet endroit historique, dans cette belle ville qu’est Athenes. Je suis tres content de cette occasion qui m’a ete offerte de m’entretenir avec mon ami, mon cher ami, M. Dimitris Avramopoulos ainsi qu’avec les autres hauts fonctionnaires du ministere et d’engager une discussion constructive dans un climat tres agreable.

Nous avons discute des relations bilaterales entre les deux pays, des relations historiques, dirais-je, qui ont resiste a l’epreuve du temps et qui deviennent progressivement encore plus etroites.
J’ai presente a monsieur le ministre l’etat des choses dans les territoires palestiniens et j’ai evoque la demande soumise par l’Autorite palestinienne en vue d’obtenir le statut d’Etat observateur au sein de l’ONU.  Cette demande ne remplace pas les negociations, ni ne vise a l’isolement d’Israel, mais constitue une position ferme de l’Autorite palestinienne. Nous pensons qu’a travers cette demande, la justice pourra etre rendue apres beaucoup de temps et nous pourrons mettre l’accent sur les negociations avec la partie israelienne, qui en campant sur ses positions, tant dans le passe qu’aujourd’hui, a provoque des retards dans les negociations.

J’ai explique a mon ami le ministre notre engagement a l’egard des negociations. Nous voulons que les negociations reprennent et que les resolutions de l’ONU et de l’Union europeenne soient respectees, notamment les dernieres decisions de 2009 et de 2010.

Nous sommes convaincus que la Grece se ralliera a nos cotes, en faveur de notre droit, pour que nous puissions creer un Etat palestinien independant et qu'avec Israel ces deux pays puissent vivre de maniere pacifique et autonome.

Nous esperons que ces contacts se poursuivront a l'avenir aussi, dans un avenir proche puisque nous nous rencontrerons au Caire, ou se tiendra la reunion des ministres des Affaires etrangeres des pays arabes avec leurs confreres de l'Union europeenne et nous esperons qu'une decision y sera prise en faveur de la question palestinienne.

Monsieur le ministre, j'aimerais vous remercier pour votre accueil chaleureux et le climat cordial qui a prevalu lors de la reunion entre les deux parties.

JOURNALISTE : une question pour les deux ministres. nous observons des changements rapides ces derniers temps au Moyen-Orient. Estimez-vous que la question palestinienne est sous-estimee ou surestimee? Quel pourrait etre le role de la Grece dans la demande des Palestiniens a l’Assemblee generale des Nations Unies ?

D. AVRAMOPOULOS : Il convient avant tout de voir que c’est le contraire qui se produit. Non seulement l'importance du probleme palestinien n’a pas ete sous-estimee, mais aussi sa resolution s’avere plus que jamais necessaire.

Les evolutions dans la region elargie, avec les evenements qui ont suivi ledit Printemps Arabe, annoncent une periode difficile, une periode d'instabilite politique et d'incertitude. La resolution de la question palestinienne peut servir de catalyseur permettant d’ouvrir la voie a l’entente et a la cooperation dans la region elargie, contribuant ainsi davantage a la creation des conditions de stabilite et de securite necessaires amenant a des perspectives de progres. Pour cette raison, la question palestinienne est parmi les priorites de premier rang de la politique etrangere grecque et de la politique europeenne. C’est l'une des questions qui nous preoccupera au sein de l'Union europeenne pour les mois a venir, tant lors des rencontres prevues au Caire, que lors des rencontres prevues a Bruxelles dans une quinzaine de jours.

J'espere que toutes les parties apporteront une contribution constructive afin de soutenir l'effort consenti depuis plusieurs decennies de la part des Nations Unies et de garantir, de parvenir a une solution qui sera fondee sur le principe des deux Etats independants, en creant les conditions d'une coexistence harmonieuse dans la region entre un Etat palestinien independant, dans un environnement de securite pour Israel egalement.

En ce qui concerne la deuxieme partie de votre question, la Grece, comme je l’ai dit au debut de mon intervention, est un facteur de stabilite et de stabilisation. Elle entretient des relations independantes avec tous les peuples de la region, elle est l’amie traditionnelle de tous et sa politique a toujours vise a contribuer et a resoudre les problemes. Nous sommes a la disposition de l'effort international, de l’initiative internationale, mais aussi de nos amis dans la region pour contribuer a parvenir le plus rapidement possible a une entente et a une approche concretes. Comme je l’ai dit aujourd’hui a mon ami et collegue M. Malki, nous pourrions offrir nos services dans cet effort, sur la base des principes que je vous ai decrits.

Nous sommes probablement le seul peuple de la region de la Mediterranee orientale a s’entretenir avec des peuples tout aussi historiques, pendant des milliers d'annees, dans un environnement de comprehension mutuelle, de respect culturel mutuel. Maintenant que les nouveaux defis pointent a l’horizon, nous nous sommes rapproches davantage les uns des autres. Cette valeur qui nous a ete transmise par l’histoire, nous pouvons l’utiliser et la mettre au service de l’effort collectif pour parvenir a des solutions a tous les grands problemes qui malheureusement affectent la region depuis de nombreuses decennies.

RIYAD AL-MALKI  :  Concernant la premiere partie de reponse du tres honorable ministre, j’aimerais dire que je suis tout a fait d’accord avec lui pour ce qui est des evolutions et de ce que l'on appelle le Printemps Arabe. J'aimerais toutefois ajouter la chose suivante : ce que les peuples du Printemps Arabe demandent, ce qu'ils s'efforcent d'obtenir, nous n’accepteront rien de moins que cela en Palestine. En d’autres termes, si ces peuples veulent l’autodetermination, s’ils veulent leur independance et leur liberte, aucun Palestinien n'acceptera moins que ces droits. C’est pourquoi nous pensons que tous les peuples du Printemps Arabe contribueront a ce que le peuple palestinien obtienne et jouisse de tous les droits qu'il merite. Tous ces combats des peuples arabes soulignent l’importance du probleme palestinien et la necessite de resoudre cette question et compte tenu de tout cela, je suis tout a fait d’accord avec la reponse du tres honorable ministre. Merci.


November 9, 2012