D. AVRAMOPOULOS : Je voudrais souhaiter la bienvenue au ministre des Affaires etrangeres des Pays-Bas, M. Frans Timmermans avec lequel nous avons eu un echange de vues particulierement utile sur toute une serie de questions d’interet mutuel. Cette visite vient confirmer le tres bon niveau des relations bilaterales entre nos deux pays et ouvre de nouvelles perspectives pour le renforcement ulterieur de notre cooperation dans tous les domaines.
Nous avons discuté avec mon homologue des Pays-Bas des résultats positifs de l’application des changements structurels en Grèce. J’ai signalé à Frans que ces résultats avaient été possibles grâce à la mise en place des réformes mais aussi grâce aux sacrifices et à la détermination du peuple grec. Pour ce qui est des réformes, j’ai signalé à M. Timmermans que la Grèce accordait une importance particulière à la participation des Pays-Bas à la Task Force Greece.
Nous avons également discuté de la préparation de la Présidence hellénique de l’Union européenne au cours du premier semestre de 2014 et des priorités de la Grèce à cet égard.
Bien évidemment, nous avons évoqué les évolutions à Chypre. Il est important de rétablir le fonctionnement sans heurt de l’économie et de l’activité économique. Il faut également soutenir le tourisme qui constitue pour la République de Chypre aussi un instrument de développement précieux. Comme tout le monde le sait, nous avons des contacts continus avec nos frères chypriotes que nous soutenons dans leurs efforts.
Avec M. Timmermans nous avons egalement discute de la Turquie, de sa perspective europeenne ainsi que des evolutions recentes tant au niveau bilateral qu’a celui concernant Chypre. Vous savez tres bien que la Grece a soutenu avec constance la perspective europeenne de notre pays voisin. Toutefois, la condition a cela est le respect de l’acquis communautaire. Notamment a l’epoque actuelle ou Chypre est confrontee a la plus grande crise qu’elle n’ait jamais connue depuis l’invasion, il est inacceptable de parler de la partition de l’ile. Ceux qui investissent dans la crise, commettent une erreur strategique. Chypre fait partie integrante de la famille europeenne et l’Europe sortira de la crise plus unie et plus puissante.
S’agissant de l’élargissement, nous sommes convenus qu’au cours de cette période cruciale pour notre région, la perspective européenne des pays candidats est toujours un élément catalyseur pour la mise ne place des réformes. Toutefois – et nous avons abordé en détail cette question avec M. Timmermans – le nationalisme constitue une vraie menace à laquelle nous devons faire face, tout en signalant de manière claire aux dirigeants de la région que les menaces n’ont pas leur place au sein de l’Europe moderne.
Nous avons egalement discute de la question de l’immigration illegale. Nos partenaires doivent connaitre que la Grece au cours de la derniere decennie, a subi d’enormes pressions a cause de l’immigration illegale. L’ampleur de ce phenomene, notamment en cette conjoncture economique difficile, impose des reponses collectives au niveau europeen. La Grece ne peut supporter a elle seule tout le poids de ce probleme europeen.
Enfin, nous avons, bien entendu, échangé des points de vue sur les évolutions en Syrie et dans la région élargie du Moyen-Orient. Malheureusement, chaque jour il s’avère de la manière la plus dramatique et tragique à la fois, qu’il ne peut et ne pourra pas y avoir de solution militaire en Syrie. Toutefois, tant que le dialogue et un processus politique concret ne se mettent pas en place, tant les pertes en vies humaines seront plus élevées. Et plus les pertes en vies humaines seront élevées, plus la catastrophe humanitaire prendra une ampleur considérable. C’est pourquoi il est important que la communauté internationale s’aligne sur les positions de l’Organisation des Nations Unies et exerce des pressions pour l’ouverture d’un dialogue avec la participation de toutes les parties, tout en fixant comme première priorité la cessation des conflits et la protection du peuple syrien.
Cher Frans, je voudrais encoure une fois te souhaiter la bienvenue en Grèce. Toi et tes compatriotes sont toujours les bienvenus en Grèce où vous pouvez jouir de l’hospitalité grecque dont nous sommes tous fiers.
A ce stade j’aimerai dire que cette année – et c’est avec une grande satisfaction que j’ai appris cette nouvelle – des milliers de nos amis hollandais visiteront notre pays. Une hausse de l’ordre de 20% est attendue ce qui confirme encore une fois les sentiments du peuple hollandais pour notre pays et notre peuple. Ce sont les mêmes sentiments qu’éprouvent les Grecs à l’égard des Hollandais.
La crise contribue au rapprochement de nos deux peuples. Des liens historiques, des liens puissants de longue date revêtent actuellement, dans ces nouvelles conditions, une nouvelle dimension et offrent une nouvelle perspective. La visite de M. Timmermans à Athènes marque une nouvelle étape dans nos relations bilatérales, à tous les niveaux, sur le plan de l’économie, de la diplomatie, de la civilisation, du tourisme et de la politique. Je tiens à le remercier de nouveau pour cette entente chaleureuse et amicale que nous avons eue. Bien évidemment, je lui ai adressé une invitation de visiter la Grèce et d’emmener sa famille aussi car je suis certain que lui aussi tout comme ses compatriotes, jouiront de l’hospitalité grecque.
Cher Frans, je te souhaite la bienvenue dans notre pays.
F. TIMMERMANS : Ευχαριστώ πολύ, κύριε Αβραμόπουλε. [Merci beaucoup M. Avramopoulos]. Ce sont les seuls mots de grec que vous pourrez entendre de ma bouche. Je vous prie de m'excuser de ne pas parler le grec. Merci beaucoup Dimitris pour l'accueil chaleureux que tu m'a réservé. Je me suis tout de suite senti chez moi ici et je peux vous assurer que je reviendrais dans votre pays dans le cadre d'une visite à titre privé.
Je suis d'accord avec tout ce que vous venez de dire. Nous avons en effet eu une très bonne discussion ce matin et je voudrais redire que le but de ma visite ici est de revaloriser nos relations diplomatiques. Avec nos partenaires en Europe, nous partageons un agenda commun sur la scène internationale, des intérêts communs et nous devrons trouver des moyens supplémentaires pour les renforcer davantage.
Au milieu de la crise actuelle, nous devons nous concentrer sur la connaissance entre nos peuples. Pour cette raison, je suis heureux de constater que les réservations cette années effectuées par les touristes hollandais qui visiteront la Grèce ont enregistré une hausse de 20% par rapport à l'année précédente. Nous devons faire en sorte que ces réservations augmentent chaque année de 20%, car plus les touristes hollandais visiteront la Grèce, plus ils se rendront compte de la réalité grecque en cette période de crise, et plus nous pourrons rompre les stéréotypes qui existent dans mon pays au sujet de la Grèce et vice-versa je l’espère.
Bon nombre d’etudiants grecs poursuivent avec succes des etudes dans les universites hollandaises, nos societes cooperent d'une facon tres constructive et nous devons garantir la hausse future des investissements. En qualite de ministres des Affaires etrangeres, nous avons une grande responsabilite, celle d’instaurer une plus grande stabilite dans notre region, au Moyen-Orient et dans les Balkans, ou la Grece a assume une grande responsabilite et constitue une puissance de stabilite. Nous souhaitons participer a vos efforts afin de creer cet environnement de stabilite.
Mais le plus important, à mon avis, est que nous devons prendre pleinement conscience du fait que cette crise n'appelle ni une solution grecque, ni une solution hollandaise. Elle n'appelle qu'une solution européenne. Les efforts de la Grèce doivent permettre une plus grande compréhension et je salue les pas courageux de votre gouvernement. Des pas qui aideront la Grèce à sortir de la crise et il doit y avoir une meilleure compréhension des difficultés que traverse le peuple grec en raison de la crise. Dans le même temps, je pense qu’il doit y avoir une plus grande compréhension, compte tenu du fait que d’autres pays d’Europe, y compris les Pays-Bas, expriment leur solidarité en cette période de crise.
Encore une fois Dimitris, merci pour cet accueil particulièrement amical. J'aimerais redire que nous demeurons des amis proches. Merci.
JOURNALISTE : Une question pour les deux ministres des Affaires etrangeres : Vous avez parle de la crise a Chypre et de la Turquie, vous avez dit que ceux qui investissaient dans la crise a Chypre, commettaient une erreur strategique. Quel est le message emis vers Nicosie dans le contexte actuel de la crise a laquelle est confronte le pays ?
D. AVRAMOPOULOS : Ce que j’ai tout a l’heure dit et je le repete est un principe general : personne ne doit investir dans la crise. Au contraire, nous devons tous ?uvrer afin de faire face a la crise et d’ouvrir de nouveaux horizons.
J’ai a plusieurs reprises affirme et je le repete que les crises ressemblent aux pandemies. Personne n’est en mesure de savoir a quel moment la crise economique frappera sa porte. Et les crises ne connaissent pas de frontieres.
La société mondiale doit faire face dans un esprit de solidarité à une situation qui prend une ampleur dangereuse pour le monde entier, notamment dans notre région qui revêt ses propres caractéristiques et ses propres sensibilités.
Chypre n’est pas seule dans cette aventure. La Grece est a ses cotes tout comme la famille europeenne. Je suis tout a fait d’accord avec ce que Frans a tout a l’heure affirme, a savoir qu’il n’existe pas de solution grecque, ni de solution hollandaise ou chypriote a la crise, il existe seulement une solution europeenne. La construction europeenne est unique et nous ne permettrons jamais qu’une partie de cette construction soit mise en danger car cela pourrait conduire a son effondrement total.
Le principe de la solidarité est mis à l’épreuve en Europe. A travers cette aventure, l’Europe sortira plus puissante et nous avons tous le devoir d’y contribuer.
Par ailleurs, c’est de cette manière que nous honorons la vision des fondateurs de l’Europe. Comme je l’ai à plusieurs reprises affirmé dans le passé, les visionnaires de l’Europe ne s’imaginaient pas que l’Europe serait un simple service de comptabilité. Ils voulaient voir les peuples européens coexister de manière harmonieuse, coopérer à tous les niveaux afin d’établir un environnement de stabilité, de perspective, de développement, de progrès et de prospérité au profit de tous les peuples européens, car les expériences acquises dans le passé les ont conduit à cette décision.
Le fait que nos generations n’aient pas connu les situations vecues par les generations europeennes precedentes ne signifie pas que l’histoire ne nous a pas enseigne des lecons.
Aujourd’hui, l’Europe est confrontée à une nouvelle forme de guerre. La différence est que cette guerre ne détruit pas des bâtiments, elle ne tue pas des hommes, mais elle tue les rêves et nos exploits. Et la construction européenne est un exploit commun. Nous sommes tous déterminés à renforcer cette construction vis-à-vis de toute forme de crise et de menace.
Dans notre voisinage – comme vous l’avez évoqué – les portes sont ouvertes pour accueillir les pays voisins dans la famille européenne et ce, aux conditions fixées par l’Europe elle-même que j’ai tout à l’heure décrites.
Pour ce qui est de nos relations avec la Turquie, lors de la dernière réunion au sommet tenue à Istanbul, on a eu des résultats positifs. Notre politique à l’égard du pays voisin est axée sur un principe fondamental, un nouveau principe que nous avons introduit, celui de la diplomatie honnête. Et cela a été encore plus manifeste lors du récent échange de lettres entre le ministre des Affaires étrangères et la Turquie. Les concepts sont clairs. La vérité est là. La réalité est là.
Toutefois, c’est notre volonte commune qui va etre mise a l’epreuve, notre volonte d’ouvrir de nouvelles voies et de nouvelles perspectives au nom de nos relations bilaterales, au nom des relations entre nos deux peuples, tout en contribuant de cette facon a l’etablissement et a la consolidation de la securite et de la stabilite dans cette region fragile de l’Europe.
Tel est le message clair et sincère que nous envoyons par le biais de notre politique étrangère. Nos actions sont régies par les principes européens qui constituent des exploits communs de tous les peuples de notre nouveau grand pays. Et ceux qui adoptent, respectent et acceptent ces principes, trouvent les portes ouvertes.
F. TIMMERMANS : J’aimerais très brièvement ajouter quelque chose. Permettez-moi de dire ma satisfaction et celle de mon gouvernement en raison de la coopération constructive de la Grèce et de la Turquie sur une question qui fait partie de notre histoire depuis de nombreuses générations. Et je pense que cette approche à la fois constructive et rationnelle de ces questions nous rapprochent d’une solution. Et il est assez clair pour moi que ces solutions sont européennes, car cette question fait partie de notre famille européenne et comme vous le savez très bien en Grèce, nous avons, en tant qu’Européens, comme tradition de résoudre nos problèmes familiaux au sein de notre famille.
JOURNALISTE : Monsieur le ministre, j’aimerais savoir si votre gouvernement partage la position présentée par le Président de l’Eurogroupe et ancien ministre des Finances de votre pays, à savoir que la solution pour Chypre constitue un précédent pour la résolution de crises similaires en Europe, dans la zone euro.
F. TIMMERMANS : Je ne pense pas que ce soit la position du Président de la zone euro, mais vous m'avez demandé d'exprimer la position du gouvernement hollandais. Il est très clair qu'il n'existe pas de modèle. Chaque situation appelle une solution selon le cas. Et la solution au problème chypriote était une solution pour le cas de Chypre seulement, car il y a des conditions très particulières à Chypre. Le peuple chypriote parle grec, je le sais, mais la Grèce est un cas totalement différent de Chypre. La position de mon gouvernement à ce sujet ne saurait être plus claire.
April 2, 2013