D. AVRAMOPOULOS : Bonjour. Nous avons eu aujourd’hui un entretien avec le vice-président, Fatmir Besimi et avons eu l’occasion de passer en revue le large éventail de nos relations bilatérales, les évolutions régionales et la perspective européenne de la région des Balkans occidentaux. J’aimerais également dire qu’il s’agit de notre deuxième rencontre avec M. Besimi, puisque l’année dernière en mars, en nos qualités alors de ministres de la défense de nos deux pays, nous nous étions rencontrés au quartier-général de la Brigade de l’Europe du sud-est qui est situé à Tyrnavos.
L’objectif strategique de la Grece est la creation d’un espace de paix, de stabilite et de croissance en ses frontieres septentrionales. La perspective europeenne de notre pays voisin et de l’ensemble de la region, constitue l’outil le plus efficace pour la satisfaction de cette aspiration. Et ce, toujours dans le respect des criteres et modalites prealables fixes par l’Union europeenne dans ses decisions unanimes.
Avec Monsieur Besimi, qui est en charge des questions européennes, nous avons discuté des moyens visant à poursuivre et à approfondir notre coopération en matière d’intégration européenne et de fourniture de savoir-faire entre les deux pays. Dans ce contexte, il est essentiel de voir des progrès dans la satisfaction de tous les critères définis par le Conseil de l’Union européenne. A savoir, la mise en œuvre et l’application de réformes substantielles dans des domaines fondamentaux, comme le respect des relations de bon voisinage et bien entendu l’atteinte d’un règlement mutuellement acceptable de la question du nom.
A ce stade, j’aimerais rappeler que la Grèce vient à la table des négociations sur la question du nom animée d’un esprit de volonté sincère. Elle est convaincue que la résolution de la question apportera d’importantes perspectives de coopération dans l’intérêt de nos deux peuples et de notre voisinage tout entier, à savoir l’Europe du sud-est. Il est important, dès lors que les négociations menées sous l’égide des Nations Unies se poursuivent, de faire preuve de modération et de retenue. Il faut éviter les déclarations contre-productives qui sapent les efforts visant à établir des relations de bon voisinage et qui nous ramènent à un passé balkanique dont nous devons nous défaire et dont les peuples de la région ont payé chèrement le prix.
Nous avons enfin abordé la question de l’accord conclu récemment entre Pristina et Belgrade que nous saluons. Il s’agit d’un développement montrant que si la volonté politique et la modération existent, nous pourrons aboutir à un règlement des questions complexes qui perdurent.
J’aimerais de nouveau remercier Monsieur Besimi pour les entretiens utiles que nous avons eus et sur ces pensées, je l’invite à prendre la parole.
F. BESIMI : Merci, monsieur le ministre. C’est un grand plaisir pour moi d’être aujourd’hui à Athènes au ministère des Affaires étrangères et j’aimerais dire que cette journée est importante puisqu’il s’agit de la veille de la Journée européenne, le 9 mai. La journée de demain sera consacrée à des discussions avec nos délégations respectives sur la perspective européenne, notre avenir commun et notre meilleur avenir. J’aimerais également dire qu’aujourd’hui j’ai constaté une réelle volonté, un espoir et un esprit d’amitié et de rapprochement honnête vers la perspective européenne. J’aimerais saisir cette opportunité pour vous souhaiter, officiellement et publiquement, une présidence réussie de l’Union européenne que vous exercerez l’année prochaine. Cet événement est également important car votre pays assure la promotion dudit « agenda 2014 » qui est une approche prometteuse de l’élargissement de l’Union européenne aux pays des Balkans.
Nous avons eu l’occasion de discuter de notre coopération bilatérale et de l’agenda de l’Union européenne dans différents domaines. J’aimerais dire que les entretiens étaient tout aussi réussis que constructifs au niveau d’experts entre les ministères des Affaires étrangères des deux pays sur des questions ayant trait à notre agenda européen. En ce qui concerne le dernier point, je pense que la perspective européenne, qui s’intègre dans le cadre de notre stratégie, est un choix pouvant mener à la prospérité économique et au progrès social. Votre soutien à ce processus est indispensable car notre coopération économique est très étroite, toute comme les activités commerciales entre nos deux pays. Par ailleurs, la communication entre nos deux peuples existe. Nous pensons que par le biais d’une approche honnête axée sur la bonne foi et l’amitié, nous pourront instaurer la confiance mutuelle et parler ouvertement des questions qui nous préoccupent. Les défis peuvent par conséquent être affrontés. Dans ce contexte, nous avons également discuté de la perspective européenne de nos pays et de la région. Je pense réellement que nous pourrons au plus vite relever tous ces défis, y compris la question du nom, et j’espère parvenir à une solution commune, acceptable pour les deux parties, afin que nous puissions un jour intégrer la même famille et regarder ensemble le même avenir.
Dans ce contexte, j’aimerais reformuler la position et l’intérêt de notre pays d’adhérer à l’Union européenne. Nous devons envisager les questions en suspens avec un esprit ouvert et résoudre la question du nom au plus vite et de manière acceptable pour les deux parties.
J’aimerais de nouveau, votre Excellence, vous féliciter de l’exercice de la présidence prochaine de l’UE et nous attendons avec le plus grand intérêt la mise en œuvre de votre agenda pour 2014.
Je vous remercie.
D. CATSIMENTE (APE) : Monsieur le ministre, j’aimerais vous poser une question sur le voyage imminent du Premier ministre en Chine. J’aimerais que vous nous disiez ce que signifie ce voyage pour la partie grecque ?
D. AVRAMOPOULOS : Effectivement la visite du Premier ministre Monsieur Samaras en Chine revêt une importance particulière. Elle vient avant tout confirmer l’estime mutuelle et la volonté de construire une coopération stratégique entre les deux pays et bien entendu elle servira de tremplin pour promouvoir nos relations bilatérales déjà exceptionnelles et ouvrira un nouveau chapitre dans le domaine de l’économie et des investissements. Cette visite, qui a lieu à un moment particulièrement important, marque la reconnaissance et la confiance en la politique exercée en Grèce en vue de la reprise de l’économie grecque.
S. JAKUPI (ALSAT TV) : Comment évaluez-vous cette rencontre ? Pensez-vous qu’elle apportera un certain équilibre et améliorera les relations entre Skopje et Athènes ? Je vous remercie.
F. BESIMI : Je vous remercie beaucoup pour votre question. Comme je l’ai dit tout à l’heure, ces rencontres contribuent à notre rapprochement. Nous pouvons parler ouvertement de questions sur lesquelles nous souhaitons œuvrer de concert, dans le but de parvenir à notre objectif. Et notre objectif est commun, à savoir l’intégration de la région à l’Union européenne. Nous partageons la même vision pour la consolidation de la stabilité et de la prospérité dans la région. Par ailleurs, nous savons pertinemment qu’il y a des défis à relever et nous ne pourrons avancer qu’en nous respectant mutuellement et en instaurant une confiance réciproque. Et de ce point de vue, j’estime que ces rencontres constituent un pas en avant vers la réalisation de notre objectif.
J’aimerais de nouveau remercier le ministre, M. Avramopoulos et dire que parmi nos devoirs il y a la promesse que nous avons faite a nos peuples, la promesse d’un avenir meilleur. Saisissons ces occasions afin de pouvoir construire notre avenir commun au sein de l’Union europeenne. C’est l’impression que j’ai eue de notre rencontre d’aujourd’hui et nous devrons nous acquitter de notre mission et nous aurons de nombreuses occasions de le faire. C’est donc mon point de vue et comme je l’ai dit tout a l’heure, nous aspirons a un reglement rapide de la question du nom afin d’avancer avec l’agenda de la perspective europeenne du Conseil et cela attestera de la volonte politique et renforcera l’optimisme qu’affiche l’UE a l’egard des Balkans.
D. Avramopoulos : Le fait qu’il y a des problemes ne nous empeche pas de discuter. Bien au contraire, les rencontres de ce type sont particulierement utiles et constructives car elles contribuent au faconnement, a la creation, a l’instauration d’un climat de confiance au niveau de nos relations. Je vous ai deja dit qu’il ne s’agissait pas de notre premiere rencontre avec M. Besimi. Nous nous sommes rencontres dans le passe et avons developpe une relation axee sur la bonne foi et les bonnes intentions dans le cadre de notre cooperation.
Par ailleurs, nous ne devons pas oublier qu’en ce moment – comme l’a affirme M. Besimi – dans le pays voisin sont actives de nombreuses entreprises grecques et les relations entre les hommes d’affaires ont connu un developpement spectaculaire. Bien evidemment, les choses auraient ete meilleures si nous etions parvenus a une entente et a un accord mutuels sur la question du nom. S’agissant de cette question, nous avons presente a nos voisins de maniere claire nos positions et l’envoye special de l’Organisation des Nations Unies en est bien informe, et nous osons penser que la prudence, la moderation et la raison domineront et une solution mutuellement acceptable, axee sur le respect historique et culturel mutuels sera atteinte.
Toutefois, nous encourageons le dialogue. Déjà, la rencontre d’aujourd’hui s’effectue parallèlement à un dialogue engagé entre nos peuples. Comme je l’ai tout à l’heure affirmé, les activités entrepreneuriales et même les visites et le tourisme, nous permettent d’engager un dialogue. Nous sommes des peuples voisins. La Grèce notamment – et je le souligne encore une fois – constitue l’un des facteurs les plus stables dans la région élargie de l’Europe du Sud-est. A travers sa politique, elle assure la paix, la coopération et la sécurité.
Un résultat important de cette rencontre d’aujourd’hui est le fait que nous avons pu confirmer que dans les conditions fixées par l’Union européenne, la voie est ouverte afin que le pays voisin devienne membre de la famille européenne. La Grèce a toujours été un pont entre les pays voisin et l’Europe et elle a prouvé ce rôle en faisant preuve de constance et en jouant un rôle important, un rôle stabilisateur.
En guise de conclusion, j’aimerais encore une fois souligner la nécessité d’avancer à un rythme accéléré en vue de parvenir à une solution à ce problème qui met une distance entre nos pays. A cet égard nos positions sont bien claires et nous les réaffirmons. Nous accepterons une appellation assortie d’un déterminatif géographique bien clair qui ne saurait donner lieu à des politiques irrédentistes et à des lacunes au niveau des questions hautement sensibles ayant trait au respect culturel et historique.
May 8, 2013