Déclarations du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias à l’issue de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères de Lettonie Edgars Rinkevics (01.09.2022)

Déclarations du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias à l’issue de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères de Lettonie Edgars Rinkevics (01.09.2022)N. DENDIAS : Mon cher Edgars,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd'hui à Athènes. Vous êtes l'un de mes deux homologues européens les plus expérimentés et vos avis au sein du Conseil de l'Union ont un poids particulier. C'est donc un grand plaisir de vous accueillir aujourd'hui à Athènes.

En effet, nous célébrons cette année un siècle, cent ans de relations diplomatiques. Votre visite fait suite à celle du Président de la République, Mme Sakellaropoulou, à Riga en juin, et vous n'êtes pas venu à Athènes depuis quatre ans.

J'envisage de visiter à nouveau Riga. Je suis venu en décembre dernier, mais pas à un niveau bilatéral. Cependant je dois dire que dix mois se sont écoulés depuis mon séjour à Riga et le monde n'est plus le même, il a radicalement changé. Et il a radicalement changé à cause de l'invasion russe en Ukraine.

Aujourd'hui, nous avons donc examiné en détail l'évolution de la situation en Europe de l'Est. Nous avons examiné ce qui se passe, nous avons également examiné les conséquences de l'invasion russe, et je tiens à dire que la Grèce et la Lettonie ont adopté une position de principe sur la question de l'invasion russe, fondée sur le plein respect du droit international, le plein respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de tous les pays du monde. La démocratie, l'État de droit et la protection des droits de l'homme sont au cœur de l'Union européenne, la famille dont nous sommes tous deux membres.

Et ici, mon cher Edgars, je voudrais ouvrir une parenthèse : avant-hier, le dernier dirigeant soviétique, Mikhail Gorbatchev, est décédé. Nous nous souvenons de Mikhail Gorbatchev pour sa contribution à la fin pacifique de la guerre froide et ses efforts en faveur du désarmement nucléaire.

Mais je ne veux pas que nous oubliions aussi que la perestroïka a eu ses « points noirs », et nous, ici en Grèce, n'oublions pas la répression des mouvements d'indépendance dans les pays baltes, ainsi qu'en Azerbaïdjan et en Géorgie.

Nous avons également discuté et discuterons au déjeuner de ce que la Grèce a fait en Ukraine. J'ai dit que je vous remettrais un mémorandum à ce sujet, mais je voudrais dire ici publiquement que nous avons également une position claire sur la responsabilité à attribuer pour tout crime de guerre.

Rien ne peut ni ne doit rester impuni. Au-delà de cela, nous avons une grande sensibilité, et cela concerne Marioupol, une ville qui a été détruite et dans laquelle vivaient plus de 100 000 Grecs.

Nous avons discuté des sanctions, nous sommes d'accord, je pense, pour dire que nous faire front, l'unité de l'Union européenne est une question primordiale. Et j'ai également souligné que les pays qui n'appliquent pas de sanctions donnent un répit à l'agression russe.

J'ai évoqué le cas de notre pays voisin, la Turquie, qui n'applique pas de sanctions et qui, dans le même temps, a été pendant l'été un refuge pour les oligarques russes et les méga-yachts russes, que nous avons interdits en Grèce et en Europe en général.

Je voudrais également souligner que le plus grand investissement russe à l'étranger en ce moment est la centrale nucléaire d'Akkuyu en Turquie et que la Russie et la Turquie dans certains domaines semblent avoir adopté des modèles de comportement similaires, avec une promotion du révisionnisme, c'est-à-dire la promotion d'un modèle de changement de frontières qui n'a rien à voir avec la perception de l'ordre juridique international et de l'Union européenne.

Nous avons également parlé de notre coopération dans le cadre de l'Alliance atlantique et, dans ce contexte, j'ai eu l'occasion d'aborder certains points essentiels : l'importance du port d'Alexandroupolis, qui peut être à la fois un centre de transit et une plaque tournante énergétique pour le renforcement et la protection du flanc oriental de l'OTAN.

J'ai également souligné, comme je l'ai fait sur la question de l'Union européenne, la nécessité d'une cohésion au sein de l'OTAN. À ce stade, la cohésion au sein de l'Alliance est plus importante que jamais.
Et je voudrais également souligner que la rhétorique que la Turquie diffuse contre la Grèce à l'occasion du 100e anniversaire de la catastrophe d'Asie Mineure n'est pas digne d’un pays allié.

Pour notre part, nous ne nous laisserons pas entraîner dans une rhétorique visant à faire revivre le passé. Nous regardons vers l'avenir en tant que démocratie européenne. Parce que ce qui compte pour nous, ce sont les droits de l'homme, les droits des femmes, la démocratie et le droit international.

Tels sont les titres de notre rhétorique. Et nous pensons que l'OTAN est une alliance qui a exactement la même approche, une alliance d'États souverains, mais aussi une alliance de principes, les principes que je viens de mentionner.

Ceci est également clairement mentionné dans le nouveau concept stratégique de l’OTAN proposé par le Secrétaire général et adopté au Sommet de Madrid. Et les institutions de notre Alliance, de l'OTAN, à commencer par sa direction, par le Secrétaire général, doivent à la fois respecter et honorer tous les pays membres de l'Alliance et les principes de l'Alliance.

Le message publié hier par le Commandement terrestre allié de l'OTAN s'écarte de ces principes. La Grèce a beaucoup contribué à l'OTAN au cours des dernières décennies et n'accepte pas ce comportement. Et je tiens à dire que je suis satisfait car après notre démarche d'hier, l'OTAN a pris une mesure corrective.

Je veux lire cette action corrective comme une confirmation de l'adhésion aux principes que j'ai mentionnés ci-dessus : Je veux terminer là où j'ai commencé sur nos relations bilatérales qui vont avoir 100 ans.

Au cours de cette période, nous avons réalisé beaucoup de choses dans le dialogue politique, dans les relations éducatives, et d’ailleurs la langue grecque est même enseignée à l'Université de Riga, ce qui est très positif pour nous, mais cela ne signifie pas qu'il ne subsiste pas encore une marge de progression importante pour approfondir et améliorer notre coopération.

Tout d'abord, au niveau de la compréhension mutuelle des défis auxquels nous sommes confrontés, mais aussi dans le commerce bilatéral, l'innovation, l'énergie, l'économie, le tourisme et la culture.

Mon cher Edgars, merci beaucoup d’être parmi nous aujourd’hui, c’était un grand plaisir de vous accueillir.

September 1, 2022