Déclarations du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, à l’issue de sa rencontre avec son homologue néerlandais, Stef Blok (Athènes, 28.11. 2019)

Déclarations du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, à l’issue de sa rencontre avec son homologue néerlandais, Stef Blok (Athènes, 28.11. 2019)Ν. DENDIAS :  Bonjour. Je me réjouis particulièrement d’avoir aujourd’hui accueilli le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, M.  Stef Blok, à Athènes.

Comme vous le savez, les relations entre la Grèce et les Pays-Bas sont étroites, ce qui a été par ailleurs constaté lors de la récente visite du Premier ministre, M. Kyriakos Mitsotakis aux Pays-Bas.

Nos relations bilatérales se développent de manière positive, aussi bien au niveau politique qu’économique, mais, bien évidemment, comme c’est toujours le cas, elles peuvent encore être améliorées. Le redressement économique de la Grèce et le nouveau cadre institutionnel qui a été adopté par le parlement hellénique, ont fait du pays une importante destination pour des investissements.

Nous pourrons donc parvenir à des résultats encore plus importants, en valorisant nos avantages comparatifs mais aussi les bonnes pratiques des Pays-Bas dans le domaine de la diplomatie économique, ce qui continuera de faire l’objet de notre coopération. Permettez-moi à ce stade, de me référer tout particulièrement à l’initiative des Pays-Bas et à la plateforme « Orange Grove », laquelle bénéficie largement aux start-up grecques.

Je voudrais également remercier chaleureusement M. Blok de nous avoir apporté le savoir-faire de son pays en matière de diplomatie économique qui est désormais exercée par ce ministère, le ministère des Affaires étrangères et au sein duquel nous suivons l’exemple des bonnes pratiques néerlandaises.

Avec M. Blok, nous avons également discuté aujourd’hui de la perspective européenne des Balkans occidentaux. L’occasion m’a été offerte de le briefer sur mon déplacement en Macédoine du Nord et en Albanie où je me suis rendu dans l’urgence à cause du séisme catastrophique.

Il s’agit de deux pays qui attendent de franchir le seuil de notre famille commune, de l’Union européenne.  Leur perspective européenne, tout comme la perspective européenne d’autres pays de la région, doit être encouragée. C’est la seule voie menant à la consolidation de la sécurité, de la stabilité, de la prospérité dans notre voisinage.

J’ai écouté avec attention les points de vue de mon collègue, concernant l’exploration des moyens visant à créer au sein de l’Union européenne ces conditions qui permettront à ces deux pays de franchir la prochaine étape, à la condition, bien entendu stricte, du respect des critères relatifs à l’état d’avancement des réformes. C’est une vive discussion que nous allons poursuivre.

Nous avons également débattu des évolutions relatives à la question chypriote et aux relations gréco-turques. La réunion tripartite de Berlin, lors de laquelle a été confirmé l’engagement en faveur d’une solution sur la base des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies a été bien évidemment un pas positif. Nous attendons avec intérêt la poursuite des efforts du Secrétaire général des Nations Unies.

Bien évidemment, le rôle de la Turquie est toujours crucial.  Je parle des activités illégales dans les zones maritimes de la République de Chypre qui ont été condamnées par l’Union européenne et de son attitude en général à l’égard des efforts consentis pour parvenir à une solution à la question chypriote.

En outre, j’ai signalé le comportement infractionnel plus général de la Turquie en Egée aussi. Je lui ai également signalé l’instrumentalisation de la part de la Turquie de la question migratoire, c’est-à-dire d’un défi humanitaire et paneuropéen, pour servir ses propres intérêts.

La Grèce et les Pays-Bas reconnaissent la nécessité de soutenir la Turquie afin qu’elle puisse relever le grand défi que constitue la question migratoire. Nous voulons toutefois voir de la part de la Turquie une attitude responsable similaire à l’égard de l’application de ce qui a été convenu, vis-à-vis des réfugiés et des migrants.

Aujourd’hui, l’occasion m’a été offerte de signaler à mon homologue ce que M. Mitsotakis signale à tous nos interlocuteurs, à savoir que la Grèce fait tout ce qui est en son pouvoir pour protéger les frontières extérieures de l’Union européenne et nos partenaires – tous nos partenaires, permettez-moi de le signaler - doivent à leur tour assumer la part de responsabilité qui incombe à chacun.

C’est pourquoi la Grèce soutient la révision du système d’asile européen commun dans le sens de la solidarité et de la répartition équitable des responsabilités.

En concluant, je voudrais remercier chaleureusement M. Blok de sa visite d’aujourd’hui à Athènes et des entretiens constructifs ainsi que de son attitude.


Merci beaucoup.

[…]

PORTE-PAROLE DU MAE : Il y aura un nombre limité de questions. Vous êtes priés de citer votre nom et le média que vous représentez.

JOUNRALISTE :  Radiotélévision hellénique. Je m’appelle Katerina Fryssa. Ma question est adressée aux deux ministres. Etes-vous convenus d’établir une coopération plus étroite à l’égard de la question des réfugiés et des migrants ?

Ν. DENDIAS : Merci de votre question. Comme vous le comprenez, et je pense que l’intervention de M. Stef Blok a mis en exergue ce point, ce dossier a dominé une large partie de nos discussions, c’est-à-dire comment nous pouvons parvenir à une répartition plus équitable des charges, mais aussi comment nous pouvons de manière directe mettre la Turquie devant ses responsabilités.

Tout en reconnaissant, bien entendu, que la Turquie porte un fardeau que l’Union européenne à travers sa contribution, a soulagé et elle continuera de le faire mais en tenant toutefois à préciser que la Turquie ne peut manquer aux obligations découlant de ce qui a été convenu, ni instrumentaliser la question migratoire. Autrement dit, elle ne peut pas utiliser les flux migratoires en tant que moyen pour exercer des pressions sur l’Union européenne et la Grèce.

Je pense que ce point de vue est partagé par la Grèce, les Pays-Bas et l’Union européenne. Bien évidemment, pour ce qui est de la position des Pays-Bas, le ministre exprimera ses points de vue à cet égard.


[….]

JOURNALISTE : Giorgos Vlavianos, STAR. Ma question est adressée à M. Dendias.  Monsieur le ministre, je voudrais vous demander si vous êtes préoccupé par la lettre adressée par la Turquie à l’ONU.  Comment envisage-t-on d’y répondre et si on est en train d’accélérer le processus relatif à la nomination, vu le contenu de ladite lettre, d’un ambassadeur de notre pays à Tripoli, en Libye. Merci.

Ν. DENDIAS : Tout d’abord, dans cette lettre adressée par la Turquie à l’ONU il n’y a rien de nouveau pour nous, ces allégations de la Turquie sont bien connues de par le passé. Bien évidemment, si votre question est de savoir si cela nous a plu, je vous dirai en toute franchise que non, cela ne nous a pas plu du tout. Nous pensons que la Turquie a commis une erreur.

Le ministère des Affaires étrangères a déjà émis un communiqué y relatif. Je pense que dans ce communiqué le ministère des Affaires étrangères a pleinement rejeté de la manière la plus ferme et claire les allégations de la Turquie qui sont complètement infondées. Si l’on peut utiliser l’adjectif « infondé » pour parler de quelque chose qui concerne la mer. Mais, quoi qu’il en soit, cela est tout à fait inacceptable. La Grèce répondra à ces allégations de la manière la plus appropriée, en envoyant une réponse détaillée aux Nations-Unies, à tous les Etats de l’Assemblée générale et à tous les membres du Conseil de sécurité.  

On pense, je le répète, que la Turquie doit comprendre qu’il est dans son intérêt d’avoir des relations de bon voisinage avec la Grèce et d’encourager le règlement de la question chypriote. Toute autre action ne fait, à mon sens, que nuire à ses propres intérêts et à ceux de la société turque.

Pour ce qui est de la question de la Libye, j’imagine que derrière celle-ci se cache la question relative à la tentative – totalement inappropriée pour ne pas dire irraisonnable – d’engager une discussion – cela est une hypothèse et il n’y a aucune certitude à cet égard, malgré le fait que le ministre des Affaires étrangères de la Libye lors de notre entretien à New York n’a pas nié l’existence de propositions turques allant dans ce sens -  sur la délimitation d’une zone économique exclusive entre la Turquie et la Libye. Force est de signaler que cette tentative est dénuée de tout fondement géographique, car elle néglige le fait – ce que chacun peut constater lui-même je pense – qu’entre les deux pays se trouve la grande masse géographique de la Crète.

Par conséquent, je pense que cette tentative est à la limite de l’absurde et je voudrais signaler que pour ce qui est de la Libye, la Grèce est prête à envoyer un ambassadeur auprès de la Libye, dès lors que les conditions permettant son établissement là-bas seront réunies.


PORTE-PAROLE DU MAE : Merci beaucoup.

November 28, 2019