Déclarations du ministre des Affaires étrangères, M. Droutsas et de son homologue australien, M. Rudd à l’issue de leur rencontre

Déclarations du ministre des Affaires étrangères, M. Droutsas et de son homologue australien, M. Rudd à l’issue de leur rencontrePoint principaux

M. D. Droutsas
· Les Grecs apprecient beaucoup l’Australie et les Australiens. Cela est notamment du aux dizaines de milliers de Grecs qui vivent et prosperent en Australie et qui aiment leurs deux patries egalement.

· Nous pouvons developper davantage nos relations bilaterales en commencant par nos relations economiques. Ce qui nous interesse bien entendu est d’attirer des investisseurs dans des domaines choisis et je peux vous dire que les grands changements que nous avons mis en place, et continuerons de mettre en place, ont cree un environnement favorable aux investissements.

· C’est avec une grande tristesse et inquietude que nous suivons la crise politique qui tourmente ces derniers jours l’Egypte. Il est bien clair que la Grece sera aux cotes de l’Egypte dans ses efforts pour sa renaissance.

· Nous avons des contacts continus avec les divers acteurs de la region, nous suivons de pres les evolutions et sommes prets a entreprendre les initiatives necessaires en vue de contribuer a la stabilite de la region.

· L’objectif de ce changement est de transformer l’Egypte en un pays plus puissant, plus stable, plus democratique, plus uni et pour atteindre cet objectif le pays doit recourir a ses propres forces et compter sur le dialogue et le consensus de toutes les forces politiques et notamment sur le peuple en respect de la souverainete et de l’independance de l’Egypte sans l’ingerence etrangere.

· Le discours du President Moubarak hier peut soit donner lieu a des conflits ou servir de tremplin pour engager un dialogue democratique. Je pense fermement, et a mon sens cela est communement admis, que l’Egypte a besoin d’un dialogue democratique.

M. D. DROUTSAS : Je voudrais souhaiter la bienvenue a un tres cher ami de notre pays, de la Grece, originaire d’un pays tres cher a nous, M. Kevin Rudd, ministre des Affaires etrangeres de l’Australie, M. Kevin Rudd.

Cher Kevin, je te souhaite la bienvenue à Athènes. Vous pourrez constatez lors de votre séjour que les Grecs apprécient beaucoup l’Australie et les Australiens. Cela est notamment dû aux dizaines de milliers de Grecs qui vivent et prospèrent en Australie et qui aiment leurs deux patries également. Cela constitue bien entendu une dimension importante de notre relation que nous aborderons par la suite ensemble. Mais je pense que vous aurez l’occasion de discuter de cette question de manière plus approfondie avec le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, M. Dollis qui, du point de vue institutionnel et sentimental en tant que Grec d’Australie, est le ministre le plus compétent en la matière.

Je voudrais a cette occasion vous remercier et saluer le fait que la langue grecque fera partie des trois premieres langues enseignees dans les etablissements scolaires de l’Australie. Cela atteste de l’importance que revet la communaute grecque en Australie.

Permettez-moi de dire egalement que la sympathie qu’affichent les Grecs pour les Australiens date depuis tres longtemps et fait partie de notre histoire. L’Australie et les Australiens occupent une place tres speciale car ils ont lutte aux cotes de nos ancetres lors de grandes batailles qui ont ete livrees au siecle precedent. Et, nous honorons les heros australiens comme nos heros, dans toutes les regions de la Grece, de l’ile de Crete ou a ete livree il y a 70 ans la grande bataille qui a influence de maniere decisive l’issue de la Seconde guerre mondiale jusqu’a l’ile de Limnos ou la population locale a secouru les blesses de la bataille de Dardanelles. Comme vous le savez tres bien, il y a partout en Grece des monuments consacres a la commemoration de votre contribution a la liberte. Je voudrais vous assurer que la Grece et les Grecs seront toujours aux cotes de l’Australie. Je comprends ton angoisse en raison du cyclone qui s’approche de la region nord-est de l’Australie. J’espere que tout ira bien.

Nous aurons par la suite l’occasion de discuter d’un bon nombre de questions bilaterales ainsi que des developpements regionaux et internationaux. Nous pouvons developper davantage nos relations bilaterales en commencant par nos relations economiques. Ce qui nous interesse bien entendu est d’attirer des investisseurs dans des domaines choisis et je peux vous dire que les grands changements que nous avons mis en place et continuerons de mettre en place ont cree un environnement favorable aux investissements. C’est pourquoi je voudrais vous remercier Kevin pour avoir prevu lors de votre sejour a Athenes un grand nombre de rencontres avec les ministres competents qui gerent surtout des questions relevant de la croissance economique du pays.

J’ai eu egalement l’occasion d’informer Kevin de maniere detaillee des questions d’interet particulier pour la Grece, telle que notre initiative pour l’adhesion de nos voisins au nord a l’UE, des efforts consentis en vue de parvenir a une solution a la question du nom de l’Ancienne Republique yougoslave de Macedoine et – a cet egard je voudrais remercier l’Australie pour sa position a ce jour sur cette question – de nos relations avec la Turquie, de la question chypriote et bien entendu, nous aborderons de maniere detaillee les dernieres evolutions en Mediterranee et notamment en Egypte.

Permettez-moi de dire deux mots sur les évolutions en Egypte et la position de la Grèce. Les liens qu’unissent la Grèce et l’Egypte sont profonds, étroits et puissants. C’est avec une grande tristesse et inquiétude que nous suivons la crise politique qui tourmente ces derniers jours l’Egypte. Cette crise trouve ses racines dans les demandes justes formulées par le peuple et notamment par les jeunes égyptiens pour des changements, des réformes, le respect des libertés fondamentales et un meilleur avenir. L’objectif de ce changement est de transformer l’Egypte en un pays plus puissant, plus stable, plus démocratique, plus un. Pour atteindre cet objectif, l’Egypte doit recourir à ses propres forces et compter sur le dialogue et le consensus de toutes les forces politiques et notamment sur le peuple en respect de la souveraineté et de l’indépendance de l’Egypte, sans l’ingérence étrangère. Il va de soi que la violence n’est pas la solution aux problèmes auxquels est confronté le pays et je pense que l’Egypte elle-même et le peuple égyptien lui-même doivent répondre à la violence des premiers jours.

Il est bien clair que la Grèce sera aux côtés de l’Egypte dans ses efforts pour sa renaissance. Nous soutiendrons de toutes nos forces l’Egypte afin que celle-ci puisse créer une nouvelle société, afin qu’une nouvelle relation de confiance soit établie entre l’Etat et le citoyen et ce toujours en respect de son histoire et de son rôle stratégique dans la région élargie du Moyen-Orient.

En periode de crise, je pense que le plus difficile est le debut, le plus difficile est d'engager un dialogue, le dialogue necessaire qui menera au consensus; c'est la raison pour laquelle les chefs de tous les partis politiques doivent mettre en avant les interets de tous et faire preuve de concertation afin d'ouvrir la voie vers l'avenir. Un rythme regulier est necessaire pour que soit retablie la normalite qui permettra de passer a une nouvelle ere. Je pense que le discours tenu hier par M. Moubarak peut soit donner lieu a des conflits ou servir de tremplin pour engager un dialogue democratique. Je pense fermement, et a mon sens cela est communement admis, que l’Egypte a besoin d’un dialogue democratique.

La Grèce, le Premier ministre et moi personnellement sommes en contact étroit avec les différents acteurs de la région, nous suivons de près les développements et sommes prêts à prendre les initiatives nécessaires pour que la Grèce contribue à la stabilité de la région.

Enfin, permettez-moi d'assurer les Grecs d'Egypte de tout mon respect pour leur courage et leur retenue. Ils font partie intégrante de la société égyptienne et sont l'expression vivante du lien indéfectible qui unit nos deux pays. J'aimerais exprimer mon soutien à ceux qui sont retournés au pays sous la pression des événements et l'espoir que la paix soit bientôt rétablie en Egypte afin qu’ils puissent y revenir; ils doivent tous s’assurer du soutien sans faille de la Grèce. Vous me permettrez depuis cette tribune de féliciter et de remercier tous ceux au ministère des Affaires étrangères qui ont participé à l’opération réussie de rapatriement de nos compatriotes d'Alexandrie. J'aimerais féliciter et remercier personnellement le Secrétaire d'Etat, M. Dimitris Dollis, qui, en coopération avec tous les cadres du ministère des Affaires étrangères, a coordonné cette opération difficile, mais nécessaire. Bien entendu, mes remerciements vont également à l'armée de l'air, qui a de nouveau fait preuve de son professionnalisme et de sa capacité de réaction rapide lors de cette mission.

Cher Kevin, je m’excuse d’avoir pris autant de temps, mais les évolutions sont importantes, elles concernent notre voisinage direct et nous les suivons de très près. Encore une fois, bienvenue ici à Athènes. Je compte sur la poursuite de nos discussions et sur notre coopération étroite.

M. RUDD : Merci Dimitris pour l’accueil très chaleureux que vous m’avez réservé ici à Athènes. J’aimerais également remercier le Premier ministre, M. Papandréou pour notre rencontre, où nous avons eu l'occasion d'aborder une série de questions bilatérales et de questions concernant la région élargie.

Je suis heureux de me trouver ici, en Grèce, qui est le berceau de la démocratie. Nous avons toujours entretenu des relations étroites avec votre pays. Votre référence à la bataille de Crète, il y a 70 ans atteste du fait que les Australiens ont participé à cette bataille. Ils sont morts ici, en défendant la démocratie et la liberté et cela est la preuve des liens qui unissent nos deux pays.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que de nombreux Grecs ont choisi de vivre en Australie. Aujourd'hui, la communauté grecque en Australie compte environ un million de personnes, qui contribuent à leur façon à la croissance économique du pays, aux relations sociales, à l'exercice du droit, etc. L'Australie soutient pleinement le plan de croissance grec, elle soutient pleinement le plan de réforme budgétaire décidé par le Premier ministre, M. Papandréou. Je pense que cela est très important pour l'avenir du pays. Nous soutenons le gouvernement grec dans ces efforts, car nous estimons que la Grèce est un membre très important de l'Union européenne et donc de l'avenir européen.

J’aimerais également remercier le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères pour leur soutien sans faille à l’Australie lors des récentes catastrophes naturelles qui ont ravagé ma région aussi, le Queensland. J’aimerais également remercier les Grecs d'Australie, dans mon Etat, ma ville, ma circonscription électorale et mon église, l’Eglise de la Saint-Jean, où les Grecs font partie intégrante de ceux qui apportent leur aide dans cette crise.

Avec le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères, nous avons discuté des développements en Egypte et en Turquie, où je me trouvais il y a deux jours; j'ai discuté de ce sujet avec le Président de la Turquie et le ministre des Affaires étrangères. Comme vous le comprenez, l'Australie compte non seulement de nombreux Grecs, mais aussi de nombreux Egyptiens. Nous avons également abordé la question de l’aide apportée afin d'aider ceux qui souhaitent quitter le Caire et Alexandrie. J'aimerais également féliciter le Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, M. Dollis pour son travail remarquable au cours de ces 48 dernières heures.

Je partage l’avis du ministre grec des Affaires étrangères concernant les défis politiques que nous devons actuellement relever en Egypte. Par ailleurs, nous avons dit clairement quelle était notre position, concernant l'Egypte, à savoir que des réformes devront absolument être accomplies, des réformes politiques, mais elles devront l’être de manière pacifique et nous invitons les forces armées et de police à ne pas recourir à la violence vis-à-vis des manifestants.

De manière générale, dans le monde arabe et au Moyen-Orient, la force de la démocratie est désormais visible et il faut y accorder l'importance nécessaire. Nous, en Australie, nous pensons que la démocratie doit être appliquée partout, non seulement dans un pays, une culture ou une civilisation. Nous ne pensons pas que dans le monde arabe il doit seulement y avoir l’islam ou seulement un pouvoir quelconque qui ne soit pas démocratique. Nous pensons qu’une troisième voie est possible. Cette troisième voie doit être ouverte et disponible aux gouvernements et aux peuples de la région élargie. Ces développements en Egypte et dans d'autres pays du monde arabe pourraient avoir une conséquence sur le processus de paix entre Israël et la Palestine. J’aimerais inviter nos amis à Tel Aviv et à Ramallah à saisir cette occasion pour parvenir à un règlement. Par ailleurs, en ce qui concerne les développements au Sinaï, je dois vous rappeler que l’Australie a des effectifs dans la force de paix qui y est déployée.

Enfin, j’aimerais remercier la Grèce pour ses initiatives diplomatiques, concernant différentes questions, ainsi que les initiatives concernant la Turquie et Chypre et l'Ancienne République yougoslave de Macédoine. Hier, j'ai eu des entretiens avec le ministre turc des Affaires étrangères, M. Davutoglu. Nous pensons, en tant qu'amis de cette région et de tous les pays de la région, qu'une occasion est donnée pour parvenir à un accord entre la Grèce et la Turquie en ce qui concerne le dossier chypriote également. Nous voulons encourager les Chypriotes turcs et grecs à voir en la situation actuelle une occasion de règlement.

J’ai visité votre pays en ma qualité de ministre des Affaires étrangères de l’Australie. La dernière fois que je suis venu, c’était avec mon épouse et mes enfants, où nous avons parcouru dans toute la Grèce à bord d'une FIAT 500. A ma grande surprise je constate que la situation en ce qui concerne le trafic n’a pas du tout changé ! Heureusement cette fois-ci ce n’est pas moi qui conduis. La Grèce est un très beau pays, les Australiens aiment ce pays et je suis très heureux de me trouver ici. Merci.

February 2, 2011