M. G. Westerwelle : Mesdames et messieurs, je vous souhaite la bienvenue à cette conférence de presse avec mon homologue grec.
Cher Dimitris, je te souhaite la bienvenue en Allemagne, à Berlin. C’est un grand plaisir pour nous d’accueillir aujourd’hui un fervent défenseur de l’Europe et un ami qui connaît bien l’Allemagne.
Le 9 novembre est une date très importante, une date historique pour les Allemands. Les Allemands célèbrent la chute du mur de Berlin, un souvenir heureux qui fait aussi remonter à notre mémoire un événement dramatique : le début des persécutions des juifs en 1938. C’est pourquoi il est important d’honorer les leçons que l’histoire nous a apprises, d’apprécier ce que l’Europe est pour nous ainsi que notre relation avec l’Europe.
Pour ce qui est de la famille européenne, nous devrons nous référer plus particulièrement aux fondements excellents de l’amitié gréco-allemande dont nous avons parlée, une relation que nous voulons renforcer. Une question importante que nous avons évoquée dans le cadre de nos discussions a bien entendu porté sur notre engagement commun en faveur de la stabilité à long terme de l’euro.
Nous apprécions la détermination et la discipline avec lesquelles le gouvernement grec promeut les réformes structurelles. Ces réformes sont nécessaires comme l’attestent les données financières qui ont été récemment publiées. Quoi qu’il en soit, nous saluons le caractère courageux et essentiel des réformes du gouvernement grec ainsi que la volonté des Grecs en faveur de l’application de ces réformes.
Les élections locales de ce weekend sont venues confirmer que le peuple grec est également convaincu de la nécessité de mettre en place ces réformes. Nous saluons ce fait ce qui est également dans notre propre intérêt.
Nous saluons également les décisions dures mais nécessaires qui ont été prises dans toute l’Europe. Le Conseil européen a jeté les bases du renforcement du Pacte de stabilité. Nous avons également besoin de sanctions efficaces. Pour notre part, nous jugeons nécessaire la mise en place d’un mécanisme en vue de lutter de manière efficace contre la crise. C’est pourquoi nous discutons des modalités qui permettront d’éviter que ces sanctions et ce mécanisme de lutte contre la crise soient marqués par des phénomènes d’opportunisme politique. Nous sommes en faveur d’un Pacte de stabilité qui pourrait être efficace. Et nous pensons que des créditeurs privés pourraient également participer dans ce cadre.
Nous avons également évoqué les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne et avons échangé des vues à cet égard. Nous partageons l’avis que la perspective européenne est la façon la plus réussie de renforcer les réformes en Turquie dans le sens d’un Etat de droit plus puissant et de libertés individuelles plus renforcées. La Turquie se rapproche de l’Europe en fonction du rythme auquel elle met en place les réformes nécessaires.
Dans l’après-midi sera publié le rapport de la Commission européenne sur les progrès réalisés par la Turquie. Pour nous, il est important de voir les réformes se poursuivre en Turquie et nous considérons aussi qu’il devra y avoir une perspective européenne de la part de l’Europe envers la Turquie.
En conclusion, je voudrais évoquer une question d’actualité que nous avons également abordée. J’ai été très content de recevoir les félicitations de mon homologue grec pour la participation de l’Allemagne en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies.
A cette occasion je voudrais souligner que tant les Etats-Unis que l’Allemagne soutiennent les réformes nécessaires qui devront être mises en place au sein des Nations Unies. Nous saluons également la déclaration du Président américain qui a manifesté son intention de soutenir les ambitions de l’Inde et de nos amis japonais. Nous partageons également cet avis. Nous sommes en faveur d’un Conseil de sécurité au sein duquel sera mieux reflété l’état actuel des choses dans le monde. C’est pourquoi, en conjuguant nos efforts avec l’Inde, le Japon et le Brésil, nous œuvrerons en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies. Nous sommes disposés à assumer une telle responsabilité au sein du Conseil de sécurité.
Cher Dimitris, je tiens à te remercier. Comme vous l’avez pu constater vous-mêmes, mon homologue n’a pas besoin d’écouteurs pour suivre la discussion car il maîtrise très bien la langue allemande. C’est un grand plaisir doublé d’un grand honneur de t’écouter parler allemand. Les journalistes allemands s’en réjouiront également. Je te remercie beaucoup en tant qu’ami, j’ai une grande estime pour toi.
M. D. Droutsas : Cher Guido, très honorable ministre des Affaires étrangères, je te remercie pour ces paroles bienveillantes ainsi que pour l’accueil chaleureux que tu m’as réservé. Je voudrais tout d’abord souligner – et je pense que ma visite ici ainsi que nos entretiens excellents en sont la preuve – que le niveau des relations entre la Grèce et l’Allemagne est très élevé et que la coopération entre les deux pays est très étroite.
Je pense que les décisions prises en faveur d’une initiative commune de coopération entre les deux pays dans un bon nombre de domaine d’intérêt mutuel lors de la dernière visite du Premier ministre grec, M. Papandréou et de sa rencontre avec la Chancelière Merkel, a contribué dans ce sens. Cette coopération atteste, comme je l’ai tout à l’heure affirmé, du niveau élevé de nos relations. Cette coopération est pour nous en Grèce très importante et revêt une importance précieuse.
Je voudrais dans ce cadre adresser de nouveau au nom de la Grèce, du gouvernement grec, du peuple grec nos félicitations à l’Allemagne et au peuple allemand pour le soutien et la solidarité dont il a fait preuve à l’égard de la Grèce en cette période de crise.
Je voudrais vous assurer que le gouvernement grec poursuivra les réformes, des réformes nécessaires, tout en étant conséquent dans son attitude sérieuse dont il fait preuve à ce jour. Comme vous avez évoqué les élections locales, je tiens à signaler que pour nous le résultat des élections atteste du soutien élargi du peuple grec au programme des réformes. Cela vient également confirmer que le programme des réformes qui est en cours se poursuivra au même rythme et avec le même sérieux. Je tiens à vous assurer de cela.
Nous avons parlé de la mise en place d’un mécanisme de soutien permanent. Il s’agit d’une question que la Grèce a dès le début soulevée dans le cadre des discussions. Nous soutenons pleinement cette action et œuvrerons de manière intensive avec nos partenaires en vue de fixer les derniers détails y relatifs. Ce mécanisme sera à la fois efficace et préventif. Je pense que le gouvernement allemand partage également cette approche.
Nous avons également abordé, comme l’a affirmé Guido Westerwelle, des évolutions relatives à la Turquie et des relations entre l’UE et la Turquie. Il s’agit d’une question importante pour la Grèce aussi. La position grecque sur cette question est bien connue : nous soutenons l’idée de la pleine adhésion de la Turquie à l’UE et pensons que c’est la voie la plus efficace pour mener à bien les réformes nécessaires en Turquie. Nous espérons que la Turquie, après le référendum positif tenu il y a quelques semaines, poursuivra sans heurt les réformes.
Nous avons bien entendu parlé des autres évolutions internationales et notamment d’une question très importante pour nous, à savoir que l’Allemagne est devenue membre non permanent du Conseil de sécurité. Je voudrais de nouveau adresser toutes nos félicitations et souhaiter à l’Allemagne une bonne continuation dans cette mission. Et je tiens également à souligner que l’Allemagne peut toujours compter sur la solidarité et la coopération de la Grèce.
Je vous remercie beaucoup pour vos paroles chaleureuses, pour l’accueil ainsi que pour notre rencontre constrictive et utile.
M. G. Westerwelle : Merci beaucoup. Les journalistes allemands devraient être très satisfaits, ce qui n’est sans doute pas le cas de leurs collègues grecs. Nous nous réjouissons que tu nous aies fasses l’honneur de parler en allemand. Encore une fois merci beaucoup.
Journaliste: [question hors micro]
M. D. Droutsas : Avec Guido Westerwelle nous avons l’habitude de parler ouvertement. Je pense que cette attitude constitue désormais la base appropriée pour faire face à tous les problèmes et nous avons fait preuve de notre capacité à lutter ensemble contre des situations difficiles.
S’agissant des propositions initiales concernant le mécanisme de soutien, des sanctions, notre position est connue et claire, à savoir, il ne peut y avoir des sanctions absolues qui pourraient entraîner la perte du droit de vote. Toutefois, je pense que toutes ces questions peuvent être envisagées par le biais du dialogue au sein de l’UE et que nous pouvons parvenir à des solutions fondées sur un rapprochement des points de vue de tous. Je suis convaincu que nous parviendrons aux solutions appropriées dans l’intérêt de l’Union européenne.
M. G. Westerwelle : Je voudrais ajouter deux mots. Il est essentiel lors de ces entretiens mais aussi lors des négociations menées au niveau européen, de prendre en considération les intérêts et les sensibilités de nos partenaires. Car ce n’est seulement qu’en comprenant la façon dont un débat est engagé dans un pays que nous pourrons avoir de bons résultats au niveau européen aussi. Actuellement, nous sommes en train d’échanger des points de vue. Nous échangeons des vues et des réflexions et je suis convaincu que la Grèce et l’Allemagne contribueront de manière particulièrement constructive en vue de parvenir à un résultat. Notre objectif est d’assurer la stabilité de notre monnaie commune, dans l’intérêt de nos citoyens et de nos deux pays.
Nous ne sommes pas obligés de prendre aujourd’hui une décision (sur l’adhésion de la Turquie). Il est dans notre intérêt de doter la Turquie d’une orientation européenne. Le rythme des réformes en Turquie détermine également le rythme de son rapprochement de l’Europe.
Notre intérêt à l’égard d’un pays aussi réussi que la Turquie n’est pas seulement de caractère économique. Cela n’est pas seulement dans l’intérêt économique de l’Europe mais il aussi dans son intérêt politique et stratégique. La Turquie joue le rôle d’un pont pouvant contribuer à l’atteinte de solutions et à la lutte contre les tensions. Par exemple, dans des régions du monde où des risques pourraient surgir pour notre pays. C’est pourquoi nous mettons l’accent sur le rôle de la Turquie qui peut servir de pont. Et je répète qu’aujourd’hui nous nous attendons à ce que la Turquie poursuive les réformes et nous, pour notre part, demeurerons des interlocuteurs justes. La Turquie n’attend pas de nous de lui dire que le moment est venu. Elle attend un traitement respectueux à son égard et une attitude d’égal à égal sans arrogance.
Journaliste : Vous avez dit M. le ministre que le Président, M. Obama dans son discours hier avait déclaré son soutien à la participation de l’Inde en tant que membre permanent du Conseil de sécurité. Le Président américain n’a pas traité la demande similaire de l’Allemagne de la même façon. Cela constitue-t-il une entrave aux visées de l’Allemagne ?
M. G. Westerwelle : Au contraire. J’aurais été surpris si le Président américain n’avait pas saisi cette occasion pour parler ouvertement. Le Président américain se trouve actuellement en Inde. Il effectue un déplacement en Asie et non pas en Allemagne. Par ailleurs, il est à mon sens essentiel que le Président américain ait reconnu la nécessité de la réforme des Nations Unies et que le gouvernement américain ait fait des déclarations positives pour ce qui est de l’Inde et du Japon. Je sais également que le gouvernement américain apprécie l’œuvre de l’Allemagne au sein des Nations Unies.
November 9, 2010