Monsieur le Ministre,
Cher ami Konstantinos,
Permettez-moi tout d'abord d'évoquer le malheureux incident et d'adresser mes sincères condoléances à la famille du cadet qui a perdu la vie il y a quelques jours lors d'un exercice d’entraînement militaire en Grèce.
C'est avec un grand plaisir et une profonde émotion que je me trouve aujourd'hui à Chypre, pour ma première visite depuis que j'ai pris mes fonctions de ministre des Affaires étrangères.
Plus tôt dans la journée, j'ai été reçu par le Président de la République de Chypre, M. Nikos Christodoulidis, avec qui, comme avec vous, Monsieur le Ministre, nous avons eu une discussion approfondie sur toutes les questions concernant la Grèce et Chypre. En premier lieu, bien sûr, sur la question des derniers développements dans le cadre des efforts visant au règlement de la question chypriote. Ainsi que sur un certain nombre de questions d'intérêt commun.
L’occasion m’est offerte de réaffirmer publiquement que la recherche d'une solution juste, viable et mutuellement acceptable à la question chypriote reste une priorité nationale majeure de la politique étrangère de la Grèce. Une solution de fédération bicommunautaire bi-zonale dans le cadre fixé par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.
Un objectif important est que Chypre et le peuple chypriote, chypriotes grecs et chypriotes turcs, soient libérés de l'armée d'occupation turque et du système anachronique de garanties et de droits d'intervention dans les affaires chypriotes. La solution doit être viable et donner à la République de Chypre réunifiée l'avenir qu'elle mérite. Elle doit également garantir l'application sans entrave de l'acquis européen sur l'ensemble du territoire chypriote.
Dans ce contexte, notre coordination totale avec la République de Chypre à tous les niveaux est la boussole de la Grèce et la pierre angulaire de notre politique à l'égard de Chypre. Nous n'accepterons en aucun cas un quelconque fait accompli sur le terrain.
Votre contribution personnelle, Monsieur le Ministre, à cet excellent climat de coopération est indiscutable. Déjà, les trois visites que vous avez effectuées en Grèce au cours des trois derniers mois ont été particulièrement constructives.
C'est dans le même esprit d'amitié et de respect mutuel que je me trouve ici aujourd'hui pour transmettre le message que la Grèce soutient constamment Chypre dans la reprise des efforts pour résoudre la question chypriote.
Comme vous le savez, lors du récent Conseil européen, le Premier ministre grec a expri-mé son soutien total à la demande de Chypre visant à ce que l'UE joue un rôle plus actif, sur la base des propositions du président Christodoulidis. La Grèce continuera à apporter le même soutien ferme dans le cadre des Nations unies.
En se fondant sur le respect total des principes du droit international, la Grèce et Chypre œuvrent ensemble, tant au niveau bilatéral qu'au niveau européen, pour la paix, la prospérité et la stabilité de notre région plus élargie.
La Grèce et Chypre ont approfondi de manière exemplaire leur coopération bilatérale dans le domaine de l'énergie, en mettant l'accent sur la transition écologique, ainsi que sur d'autres questions d'intérêt bilatéral et international, telles que la gestion efficace des migrations et l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Outre les excellentes relations politiques et économiques bilatérales, la Grèce et Chypre ont réussi à devenir une force motrice pour la mise en place de partenariats trilatéraux et multilatéraux, un développement très important pour la politique étrangère de nos pays. Conscients des défis qui se posent dans la région de la Méditerranée orientale et au Moyen-Orient élargi, nous sommes fermement engagés dans la consolidation d'un cadre de sécurité régionale par le dialogue, la coopération et l'adhésion de toutes les parties au droit international. Ces partenariats n'excluent personne, mais toujours à condition que les principes et les valeurs de la Charte des Nations Unies et l’observation fidèle du droit international soient respectés.
Nous soutenons fermement la coopération trilatérale entre la Grèce, Chypre et Israël, avec la participation des États-Unis au mécanisme 3+1. Nous considérons ce mécanisme comme un outil essentiel pour promouvoir la paix et la stabilité.
De même, nous investissons dans l'important partenariat trilatéral avec l'Égypte et, respectivement, avec le Liban, la Jordanie et la Palestine.
En ce qui concerne la Turquie, Monsieur le Ministre, nous sommes prêts à profiter du climat positif actuel qui a été créé et à mettre en place les conditions d'un dialogue, basé sur le droit de la mer, en vue de régler le différend bilatéral sur la délimitation du plateau continental et de la zone économique exclusive. Reste à savoir si la Turquie souhaite aussi sincèrement s'engager sur la voie du rapprochement, sans que cela signifie que la Grèce renonce à ses lignes rouges et ses priorités nationales. Un règlement équitable de la question chypriote est une priorité majeure.
Monsieur le Ministre, cher ami Konstantinos,
Je voudrais souligner qu'aux relations amicales et fraternelles traditionnellement fortes entre nous s'ajoute notre propre relation amicale de longue date, un parcours parallèle dans le milieu universitaire et aujourd'hui dans le milieu politique, qui consolidera et approfondira ces liens historiques.
Une fois encore, je tiens à vous remercier pour les conversations sincères et amicales que nous avons eues, ainsi que pour votre chaleureuse hospitalité, et je me réjouis de vous revoir bientôt à Athènes.
July 4, 2023