Monsieur le Ministre, cher ami,
C'est avec grand plaisir que je vous accueille aujourd'hui à Athènes. Permettez-moi tout d'abord de vous féliciter chaleureusement suite à la décision du président de la République française, Emmanuel Macron, de vous nommer commissaire européen.
Il est certain que vous assumerez cette fonction en ayant à l'esprit le bien de notre famille européenne.
Et le fait que cette proposition ait été faite aujourd'hui, le jour de notre rencontre, me fait penser à la citation de Jean Baudrillard « la coïncidence de choses heureuses, est heureuse ».
Je suis particulièrement heureux d'accueillir aujourd'hui à Athènes mon ami, le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, en ce jour heureux où il a été proposé par le président français comme nouveau commissaire français à la Commission européenne.
Tout d'abord, Monsieur le Ministre, je voudrais féliciter la France pour l'organisation réussie des Jeux Olympiques et Paralympiques.
Et je tiens à exprimer la gratitude de mon pays pour l'importance accordée - notamment lors de la cérémonie de clôture - à l'esprit de la Grèce antique, qui est, après tout, celui qui a donné naissance à l'idée de l'Olympisme.
La Grèce et la France ont développé au fil du temps une relation stratégique forte, fondée sur des principes et des valeurs communs. Les valeurs des Lumières, de la démocratie et de l'État de droit.
Ce sont d'ailleurs ces principes qui ont donné naissance à la grande Révolution française, source d'inspiration pour la guerre d’indépendance grecque de 1821.
En outre les textes révolutionnaires français correspondants et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 ont également été la source d'inspiration pour les constitutions grecques de la guerre d’indépendance,
Pour nous unir davantage, au XIXe siècle, la vision olympique de Pierre de Coubertin et au XXe siècle la vision européenne de Robert Schumann.
La France, les présidents Charles de Gaulle et Valéry Giscard d'Estaing ont contribué de manière déterminante à l'adhésion de la Grèce à l'Union européenne.
Et, bien sûr, dans les moments difficiles que mon pays a connus, la France s'est tenue à nos côtés pendant la période difficile de la grande crise économique.
Nous travaillons en étroite collaboration à tous les niveaux avec notre amie la France, partenaires au sein de l'UE, alliés au sein de l'OTAN et, en particulier, au niveau bilatéral, dans le cadre d'une coopération étroite et constante. Aux Nations unies, la France a soutenu la candidature de la Grèce à un siège au Conseil de sécurité de l'ONU.
Nous vous en remercions.
Nous nous réjouissons de la coopération entre les deux États, de la coordination des actions et de la promotion de nos positions européennes communes au cours des deux années de notre coexistence au Conseil de sécurité, 2025-2026.
Avec Paris, nous partageons une compréhension commune des questions clés sur la scène politique européenne et mondiale.
Nous croyons profondément au projet européen et nous voulons que « l'Union européenne ne se contente pas de survivre, mais qu'elle prospère ». Comme le disait Schuman, l'Europe se construira par des réalisations tangibles qui créeront d'abord une véritable solidarité.
Le rapport Draghi est une nouvelle occasion de réfléchir à l'avenir de l'Europe et aux défis de plus en plus importants auxquels nous sommes confrontés. Votre contribution personnelle, dans le cadre de vos nouvelles fonctions à la Commission européenne, sera déterminante pour la compétitivité et la prospérité de l'Europe.
Nous partageons également une compréhension commune de l'importance géostratégique et de l'architecture de sécurité de la Méditerranée.
Les initiatives françaises et grecques telles que l'Union pour la Méditerranée et MED9 témoignent de l'importance que les deux pays attachent à la coopération et au dialogue régionaux.
Nous partageons également, comme nous avons eu l'occasion d'en discuter avec le ministre, les défis de la migration, en tant que pays de premier accueil, mais aussi la sécurité, le progrès et le développement économique.
Nous savons que la Méditerranée est au cœur de la crise climatique. La Grèce en subit déjà les conséquences de manière extrêmement douloureuse. Et je dois remercier la France, par l'intermédiaire du ministre, pour l'aide qu'elle a apportée en réponse aux grands incendies qui ont ravagé l'Attique cet été.
Au niveau bilatéral, nous avons discuté, comme nous le faisons tout le temps, de la question migratoire.
Pour notre part, nous soulignons la nécessité d'un partage équitable des charges dans le cadre du Pacte sur l'immigration et l'asile. En même temps, nous devons aborder la dimension externe de la question migratoire et coordonner nos actions pour lutter contre les réseaux de passeurs qui exploitent le besoin et la souffrance des personnes.
Nous avons discuté avec le ministre de la coordination de nos actions, afin que nous puissions donner la priorité à nos actions concernant la mise en œuvre du pacte. Et d'avoir une voie commune vers l'incorporation de cet acquis.
Au milieu des bouleversements géopolitiques, nous avons, pour la première fois, autant de fronts ouverts dans notre grande région, comme l'invasion russe non provoquée de l'Ukraine, la guerre à Gaza, l'instabilité dans le Caucase du Sud et, bien sûr, une situation extrêmement préoccupante en Afrique sub-saharienne, en particulier dans la région du Sahel.
Nous avons discuté de la situation au Moyen-Orient et de la nécessité d'un cessez-le-feu immédiat pour éviter une nouvelle catastrophe humanitaire et empêcher la crise de s'étendre davantage.
En mer Rouge, la Grèce et la France collaborent dans le cadre de l'opération ASPIDES afin de préserver la liberté de navigation et de prévenir les dommages environnementaux suite à l'attaque du pétrolier SOUNION battant pavillon grec.
En Ukraine aussi, comme au Moyen-Orient, la Grèce adopte une position de principe vis-à-vis du droit international. Nous avons condamné l'invasion russe dès le début comme un acte de révisionnisme et une violation du droit international.
Le ministre des affaires étrangères revient d’Arménie, un pays ami. La Grèce soutient l'orientation européenne de l'Arménie.
Nous sommes favorables à un règlement pacifique du différend avec l'Azerbaïdjan et à la signature d'un accord de paix entre les parties dès que possible. À cette fin, nous faisons tout notre possible pour que l'accord soit conclu le plus rapidement possible.
Bien entendu, les principales questions que nous avons abordées avec le ministre - compte tenu de sa nouvelle fonction - sont l'architecture du processus décisionnel de l'UE et l'avenir de l'Europe, qui est directement lié à son élargissement.
Plus de 20 ans après l'adoption de l'Agenda de Thessalonique, la Grèce et la France restent de fervents défenseurs de la perspective européenne des Balkans occidentaux.
Toutefois, le succès de cet élargissement passe par le respect de l'État de droit et des droits des minorités, ainsi que par le respect universel - et non sélectif - du droit international. En ce qui concerne plus particulièrement l'accord de Prespès, je rappelle qu'en tant que traité international, il est contraignant pour les parties et génère des obligations qui doivent être pleinement respectées.
Je suis convaincu, Monsieur le Ministre, que notre coopération peut encore être améliorée dans le domaine économique.
Dans le domaine du tourisme, en 2023, nous avons eu le grand plaisir d'accueillir en Grèce quelque 2 millions de Français qui représentent un véritable pont pour nos peuples.
Et bien sûr, je ne peux pas ne pas mentionner notre coopération renforcée dans le domaine de la culture, ainsi que dans le cadre de l'Organisation internationale de la francophonie.
Permettez-moi, Monsieur le Ministre, de faire une remarque personnelle.
J'ai des liens avec la France depuis des décennies. J'ai vécu dans ce pays, ma thèse portait sur le droit français et j'ai acquis une expérience considérable lors de mon stage au Conseil d'État français, une juridiction administrative suprême qui a servi de modèle à la Grèce. La profonde amitié historique entre nos peuples, ainsi que mes expériences personnelles, me conduisent à la relation de coopération et de fraternité que nous cultivons et développons.
C'est dans cet esprit que je souhaite la bienvenue à mon cher ami M. Stéphane Séjourné, ministre des Affaires étrangères de la France, que je le remercie de l'honneur qu'il nous fait.
September 16, 2024