Je tiens à remercier le ministre des Affaires étrangères, M. Fidan, de l’accueil et de l'hospitalité qui m’ont été réservés au ministère des Affaires étrangères de la Türkiye.
Je voudrais tout d’abord dire ma satisfaction pour le climat de coopération que nous avons réussi à instaurer à peine quelques mois après la prestation de serment des deux gouvernements. Un climat qui est axé sur la compréhension mutuelle et le respect, qui maintient ouvert un canal de communication direct, qui permet de parvenir à la désescalade des crises et de jeter des bases solides pour engager des discussions bilatérales à tous les niveaux.
Aujourd’hui, je me suis rendu à Ankara dans le but de m’entretenir avec mon homologue turc sur les relations de nos deux pays.
Des relations que nous voulons développer sur la base des principes du droit international et notamment de la Charte des Nations unies, tels que, avant tout, le maintien de la paix et de la sécurité internationales et de la coopération amicale entre Etats. Je pense que nous partageons cette nécessité de promouvoir davantage ces valeurs universelles et de consolider des relations de coexistence harmonieuse et de tolérance, dans le respect mutuel de l’égalité, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des Etats ainsi que de la non-ingérence dans les affaires intérieures.
L’expérience de ces dernières années a montré de la manière la plus évidente que les crises extérieures sont en train de devenir la norme plutôt que l’exception. Cela met encore plus en exergue la valeur de la concertation et de la coopération. La lutte contre la pandémie, les catastrophes naturelles, la crise énergétique et l’insécurité alimentaire ne constituent que quelques exemples seulement, mais très importants, de domaines dans lesquels nous pouvons coopérer pour le bien commun.
Dans cet esprit, nous avons discuté, au cours de notre rencontre, de nos relations bilatérales, ainsi que de questions d'intérêt régional et international.
À Vilnius, en Lituanie, les dirigeants des deux pays sont convenus de relancer les relations gréco-turques et de promouvoir la coopération entre nous.
Ils nous ont confié, à nous les ministres des affaires étrangères, la direction politique de ce processus.
Telle est précisément notre mission :
Premièrement, résoudre les questions cruciales qui se posent entre nos pays et désamorcer les tensions afin d'éviter des situations potentiellement dangereuses.
Deuxièmement, orienter les discussions entre les deux parties à tous les niveaux, à savoir le dialogue politique, l'agenda positif et les mesures de confiance, de manière à assurer un suivi constant, une approche unifiée ainsi qu’une grande responsabilité pour les actions menées afin de produire des résultats bénéfiques et tangibles.
Troisièmement, préparer les contacts entre les dirigeants des deux pays de manière à assurer un mandat politique fort et durable ainsi qu'une légitimité au plus haut niveau.
Avec le ministre des Affaires étrangères, M. Fidan, nous sommes convenus lors de nos entretiens qu'au cours de la période à venir, notre feuille de route comprendra les trois niveaux suivants :
Premièrement, le niveau du dialogue politique, qui sera lancé le 16 octobre sous la responsabilité, du côté grec, de la Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Mme Alexandra Papadopoulou.
Deuxièmement, le niveau de la mise en œuvre et du renforcement des mesures de confiance, qui seront lancées dans un avenir immédiat.
Troisièmement, le niveau des discussions visant à promouvoir l'agenda positif, sous la direction du Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, M. Kostas Fragogiannis, dans le cadre d'une coopération qui couvrira des domaines tels que le tourisme, l'investissement, l'agriculture, le commerce, le transport maritime et la crise climatique.
Bien évidemment, les points clés de ce processus seront les suivants :
Tout d'abord, la rencontre que les deux dirigeants, le président Erdogan et le premier ministre Mitsotakis, auront à New York, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, le 18 septembre.
Et par la suite, l'organisation, après 7 ans, d'ici la fin de l'année, du Conseil de Coopération de haut niveau entre la Grèce et la Türkiye, avec la participation des ministres compétents des deux pays chargés de la coopération bilatérale dans divers secteurs.
La discussion avec le ministre a également porté sur des questions telles que la question chypriote, la perspective européenne de la Türkiye et la question migratoire.
Sur la question chypriote, nos positions sont bien connues. La reprise immédiate des pourparlers constitue une étape cruciale et nécessaire.
En ce qui concerne la perspective européenne de la Türkiye, la Grèce la soutient depuis longtemps et de manière cohérente, à condition bien sûr que les critères préalables soient remplis, conformément aux décisions pertinentes du Conseil européen. Cette voie a été semée d’embûches. Je me réjouis de travailler en étroite collaboration avec vous pour faire avancer les négociations.
En ce qui concerne les minorités, nous avons parlé et souligné les questions qui les concernent. Pour nous, les minorités sont des ponts de coopération. Et tous nos citoyens en Grèce jouissent d’une égalité totale devant les lois et l’État.
Enfin, nous avons également abordé la question migratoire. Il est dans notre intérêt commun de travailler ensemble pour contrôler la migration irrégulière et pour lutter contre les réseaux de trafic illégal qui exploitent la souffrance humaine.
Bien entendu, une condition préalable à la gestion de la question des migrations et de toute autre question connexe est de s'attaquer aux crises régionales qui déstabilisent notre région plus élargie.
Et l’occasion nous a été offerte aujourd'hui de discuter avec le cher ami M. Fidan des développements dans la région plus élargie de la Méditerranée orientale, de la Syrie, de la Libye et de l'agression russe en cours en Ukraine.
C'est justement dans le cadre de cette stabilité régionale qu'il est important pour nos relations bilatérales de maintenir un climat de calme dans notre région, en s'abstenant de toute rhétorique agressive et de toute action unilatérale susceptible de saper le rapprochement que nous poursuivons. Cela contribuera de manière substantielle à nos discussions bilatérales, mais c'est également nécessaire pour notre prospérité.
La responsabilité que nous assumons est à la hauteur de l'opportunité historique qui s'offre aux deux gouvernements d'établir une relation de bon voisinage à long terme, dans l'intérêt mutuel de nos peuples et d'un état de paix durable dans l'ensemble de la région.
Nous sommes bien réalistes. Nous sommes bien conscients des distances créées au fil du temps et les passions transmises de génération en génération ne s'effacent pas en un seul instant.
Mais nous avons la volonté d'investir dans l'honnêteté et la compréhension mutuelle. Pour chercher un terrain d'entente et nous débarrasser de perceptions bien ancrées. Et en cas de désaccord, au moins ne pas provoquer de crise.
Pour y parvenir, il faut adhérer à des valeurs universelles et fondamentales, telles que, avant tout, l'application stricte et universelle du droit international.
Le gouvernement grec sera animé par la sincérité dans ses discussions avec le gouvernement turc et par le respect des deux peuples. Je pense qu'il en sera de même pour le gouvernement turc. Construisons sur ce qui nous unit et comprenons mieux ce qui nous divise, dans la perspective de sécurité et de prospérité pour les deux peuples et les générations futures.
Je vous remercie encore une fois, Monsieur le Ministre, cher ami Hakan, et je me réjouis de notre coopération.
Je vous remercie.
September 5, 2023