«Bonsoir. Aujourd’hui, nous avons eu un Conseil des ministres des Affaires étrangères avec plusieurs rencontres. Comme vous le savez, j’ai eu une rencontre avec le Commissaire en charge de la politique européenne de voisinage et de l’élargissement, Johannes Hahn. Je me suis également entretenu avec le Commissaire grec, Dimitris Avramopoulos. Ce matin, nous avons eu une rencontre concernant l’Ukraine, une rencontre spéciale concernant la Serbie, puis une rencontre concernant les questions de sécurité et d’immigration et, en vue de la préparation du Conseil européen de juin, nous nous sommes également entretenus sur les questions liées aux événements en ARYM.
En ce qui concerne la Serbie, nous avons souligné la nécessité d’ouvrir les chapitres des négociations d’adhésion – notamment les chapitres 23 et 24. Nous avons également discuté des chapitres 32 et 35. Le climat était que d’importants changements ont été faits en Serbie et que les chapitres de la négociation doivent ouvrir. Les vues exprimées par la majorité étaient que la Serbie peut devenir un pôle de stabilité et de sécurité dans les Balkans occidentaux.
En ce qui concerne la discussion sur l’immigration, j’ai souligné qu’il s’agissait d’un problème à l’échelle mondiale. Les yeux du monde entier sont rivés sur l’Europe pour voir dans quelle mesure le modèle européen existe toujours ainsi que la capacité de l’Europe à faire face aux problèmes de l’époque de la mondialisation. Par ailleurs, l’euroscepticisme émergent dans les Etats membres de l’UE attend les mesures que prendra l’Europe concernant l’immigration clandestine et les réfugiés.
Notre point de vue est que des politiques spéciales et des mesures de coopération devront être mises en œuvre, sans toutefois militariser l’UE. Par ailleurs, des politiques devront être promues, non seulement pour le centre de la Méditerranée, mais aussi pour l’axe Lybie – Italie et la région élargie. La pression exercée sur ce centre devrait créer de nouveaux flux migratoires, alors que des flux migratoires existent également en provenance de l’Afghanistan, du Pakistan, de l’Irak et de la Syrie. Des risques de déstabilisation dans d’autres grands Etats comme l’Egypte sont observés.
Par conséquent, des flux migratoires pourraient être créés, des flux allant jusqu’à 20 millions de réfugiés. Il ne s’agit pas d’un chiffre imaginaire, si l’on songe que 11-12 millions de Syriens sont aujourd’hui déplacés de leur pays. Je dirais d’ailleurs que cette estimation pourrait être modérée si l’on ne fait pas attention.
Par conséquent, des mesures spéciales concernant l’immigration sont nécessaires. Par ailleurs, nous avons insisté sur des questions comme la recherche et le sauvetage en mer qui peuvent et doivent rester sous la surveillance des administrations nationales. En ce qui concerne toute autre personne entendant participer aux actions de l’UE concernant le problème migratoire, il devra y avoir des termes, modalités et des définitions clairs sur la participation – sur lesquels tout le monde s’accordera – y compris nous, et dans certains cas, seulement nous.
Il y a également eu une brève discussion sur l’ARYM et les récents incidents – inexplicables selon certains, même si moi-personnellement je saurais les interpréter – qui suscitent une vive préoccupation au sein de l’ensemble de l’Europe concernant la déstabilisation dans les Balkans occidentaux. Dans le passé, on a souvent entendu dire que c’est la faute de la Grèce car elle n’a pas permis en 2007-2008 l’ouverture du processus d’adhésion pour l’ARYM. J’ai souligné à cet égard qu’il ne faut pas confondre la date à laquelle un scandale éclate avec la date qui marque son début. Il est désormais admis par exemple que les écoutes téléphoniques et les mesures anti-démocratiques ont débuté en ARYM en 2007.
S’agissant de cette question, j’ai fait deux observations principales. La première est que de nombreux Etats membres sont responsables en raison de la politique suivie vis-à-vis de l’ARYM, car ils avaient convaincu le gouvernement de Skopje qu’il était facile de convaincre la Grèce de changer de politique et, de fait, le gouvernement de Skopje n’a pas besoin de suivre la culture européenne, qui stipule d’une part que l’on agit en fonction des règles de droit et d’autre part que ces actions sont régies par la culture du compromis.
Lorsque pendant des années, ils disent aux dirigeants du pays voisin qu’ils ne doivent pas parvenir à un compromis car la Grèce sera sous pression, alors [le gouvernement de l’ARYM] apprend que des compromis ne sont pas nécessaires sur le plan de sa politique étrangère. Lorsque par la suite on lui apprend – en dépit des interventions positives de la Grèce il y a 15 ans – qu’ils ne doivent pas parvenir à des compromis en ce qui concerne l’élément albanais, car l’acteur étranger fera pression sur les partis albanais, il est naturel que la direction de Skopje tirera la conclusion qu’il n’est pas nécessaire de faire des compromis, même vis-à-vis de son opposition. Par conséquent, le manque de culture politique et d’engagement aux règles de droit résulte du fait que certaines parties leur donnaient de mauvaises habitudes.
Ma seconde observation est qu’il existe différentes configurations de coopération parmi les Etats membres de l’UE pour ce qui est du soutien de l’ARYM, auxquelles ne participe aucun des trois Etats membres de l’UE appartenant dans le même temps aux Balkans, à savoir la Roumanie, la Bulgarie et la Grèce. Cela, toutefois, n’est pas conforme aux règles de construction de l’UE, aux dispositions des traités et au projet que nous avions dans le passé concernant une Constitution pour l’Union européenne ».
Journaliste : Quand les opérations maritimes débuteront-elles ?
N. Kotzias : Les comités techniques se chargeront de cette question la semaine prochaine. J’aimerais ajouter une remarque que j’ai faite également dans le cadre de la réunion du Conseil : les équipes techniques devront traiter des questions techniques, mais les ministres des Affaires étrangères ne devront pas traiter le problème politique comme un problème technique seulement. Cela a une grande importance politique pour l’avenir de l’Europe et pour son image.
May 19, 2015