Ν. Kotzias : Le développement des relations entre la Grèce et l'Ukraine revêt une importance majeure pour les deux pays. Nos deux peuples entretiennent des liens d'amitié historiques et traditionnels. Les deux pays traversent – chacun à sa façon – une période difficile. Nous compatissons avec l’Ukraine qui traverse des difficultés en raison de la crise humanitaire, une crise bien plus intense que celle que traverse la Grèce. Mais, s'il existe un pays qui peut comprendre la souffrance des hommes en période de guerre et en temps de crise, c’est bien la Grèce.
Dans ce contexte, nous avons soumis une série de propositions à mon collègue concernant la façon dont la Grèce pourrait - en mettant à disposition ses moyens limités - apaiser la douleur des Ukrainiens, des femmes, des hommes et des enfants. Plus particulièrement, nous avons proposé d'hospitaliser et d'aider les citoyens ukrainiens.
Nous sommes un pays dont l’approche est axée sur le droit international. Nous pensons fermement que les problèmes doivent être résolus par la voie des négociations, par la voie diplomatique. Par conséquent, nous soutenons l'accord de Minsk ainsi que les mesures convenues récemment visant à mettre en place cet accord et à assurer que ce dernier soit respecté. Et, comme il est indiqué dans l'accord de Minsk, nous soutenons la souveraineté de l'Ukraine.
En outre, nous pensons qu'il faut faciliter les contacts entre nos peuples et répondre aux demandes formulées par mon collègue Pavlo pour ce qui est de la facilitation de l'entrée des citoyens ukrainiens sur le territoire grec. Votre pays dispose de paysages sublimes arrosés par le beau fleuve Dniepr, vous avez une culture riche et variée et nous avons les belles îles et le beau temps. Ce serait dommage que nous n'encouragions pas les Ukrainiens à visiter notre pays.
Je tiens à remercier M. le ministre pour les informations précieuses qu'il m'a données. Ces informations sont toujours très utiles afin d'évaluer la situation.
Je pense que les bonnes relations personnelles constituent un instrument très important pour les relations diplomatiques. Car notre volonté est de parvenir à des solutions diplomatiques. J'ai dit à M. Klimkin que la Grèce serait toujours à sa disposition en vue de faciliter tout processus diplomatique.
Un dernier point. En Grèce, nous sommes fortement préoccupés pour la paix et la stabilité en Europe. Nous sommes préoccupés par le mouvement djihadiste au Moyen-Orient et pour l’instabilité en Afrique du nord.
C’est pourquoi, outre notre solidarité au peuple, outre notre attachement au droit international, nous estimons – pour nos citoyens et pour tous les citoyens de l’Europe – qu’il est impératif de maintenir la paix et la stabilité en Ukraine. Nous ne disons pas cela pour l’Ukraine, nous ne le disons pas pour rassurer notre ami Pavlo, mais parce que c’est une nécessité impérieuse pour nous tous.
Je vous remercie.
Question de journaliste : Est-ce que la Grèce soutiendra l’affaire de l’intégration européenne de l’Ukraine et le règlement de la crise actuelle ? Est-ce que la Grèce soutiendra les sanctions existantes ?
N. Kotzias : tout d’abord, en ce qui concerne la première question, concernant le soutien à la paix et à la stabilité de l’Ukraine, elle aura notre soutien. Nous soutenons toutes les mesures prévues dans l’accord de Minsk. En ce qui concerne les sanctions, la Grèce jadis avait adopté des sanctions contre l’ARYM. Il s’est avéré que certains gagnaient de l’argent. J’ai toujours dit que les sanctions doivent être efficaces. Les sanctions ont deux possibilités. La première, anéantir celui à qui les sanctions sont imposées. La deuxième, l’obliger à venir à la table de la paix avec une réelle volonté.
Avec nos partenaires européens nous promouvons – de notre commun accord à tous – ces sanctions qui mènent l’autre partie à la table de la négociation pacifique. Les sanctions ne sont pas, en politique internationale, un outil d’expression de la colère ou d’un sentiment. Elles doivent être assorties d’un objectif.
Les sanctions aujourd’hui peuvent avoir le même sort que les sanctions contre Cuba ou l’Iran. Les sanctions doivent être un outil de diplomatie. Elles doivent promouvoir la paix et servir la diplomatie. Les sanctions comme celles que nous avons utilisées pour la question des Balkans – qui n’étaient pas efficaces, nous le disons à chacun de nos amis – nous devrons les éviter. Les sanctions doivent aider le peuple ukrainien, l’Ukraine, la paix et la stabilité, en tant que moyen diplomatique, telle est notre principe.
February 19, 2015