N. KOTZIAS: J’aimerais vous dire ma joie de me trouver ici au Kosovo. Nous pensons que ce qui est le plus important dans la région est de créer les conditions de stabilité et de sécurité, de donner l’espoir à tous les peuples des Balkans, mais aussi de cultiver des relations de confiance.
Je suis très heureux de me trouver à Pristina et de l’occasion qui m’est donnée de m’entretenir avec le Vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères. Nous savons tous que la période que nous traversons actuellement est une période très difficile et l’aspect géopolitique est encore plus important par rapport au passé. Comme j’ai coutume de le dire, nous vivons dans les Balkans dans un triangle de déstabilisation. Au sommet de ce triangle, il y a l’Ukraine. A gauche, la Libye et à droite le Moyen-Orient, avec l’Irak et la Syrie. Et la stabilisation de notre région, la région des Balkans, est pour nous une priorité de premier rang, car c’est la seule façon d’apporter la prospérité et la croissance dans les pays des Balkans.
Je pense que le Kosovo et la Grèce peuvent créer et développer toutes les formes de coopération, avec paix, sécurité et stabilité. Nous nous sommes entretenus sur les vagues migratoires, sur l’immigration, l’éducation et la culture ainsi que sur les grands réseaux que nous comptons développer dans la région des Balkans au cours des dix prochaines années à venir.
La politique de la Grèce est une politique encourageant la participation de tous, y compris du Kosovo, à un réseau futur de gazoducs, transports ferroviaires ainsi qu’à tout autre projet mis en œuvre conjointement dans cette région. Pour nous, il est par ailleurs très important de trouver des moyens de renforcer notre coopération dans le domaine culturel et éducatif.
J’ai invité M. Thaci à Athènes. Nous l’attendrons. Nous sommes convenus de poursuivre la mise en place d’un bureau du Kosovo à Athènes. Notre proposition était de l’installer à Thessalonique ou Athènes et je constate que M. Thaci préfère Athènes.
Nous soutenons le Kosovo dans le sens du renforcement de la coopération avec les instances et structures euro-atlantiques. Nous avons été le premier pays de la région à devenir membre de l’OTAN et par la suite de l’Union européenne. De ce fait, nous détenons le savoir-faire, nous avons les capacités et pouvons offrir notre aide si besoin est.
Nous avons discuté du renforcement de nos relations économiques. Dans ce contexte, j’aimerais dire combien je suis satisfait de la bonne coopération entre le Kosovo et l’Union européenne s’agissant de l’Accord de stabilisation et d’association. Cela est très important pour nous. L’avenir des Balkans se trouve au sein du projet européen.
Et un dernier point, mais tout aussi important, est de soutenir le dialogue entre le Kosovo et la Serbie : une discussion qui créée plus de sécurité et qui est un pas vers la paix dans la région tout entière.
De ce fait, j’aimerais dire ma joie d’être le premier ministre des Affaires étrangères à effectuer une visite ici. Et comme je l’ai déclaré à votre Premier ministre, la mission du ministre des Affaires étrangères est de préparer la voie afin que tout le monde puisse suivre.
Je vous attends donc à Athènes et je vous remercie beaucoup pour l’accueil et la discussion que nous avons eue.
JOURNALISTE : […] le problème dans les Balkans, mais à mon avis, dans le monde entier est le nationalisme et les extrémistes qui vivent dans la région environnante, non seulement en Europe. Pourriez-vous nous dire de quelle façon vous pourriez contribuer à éradiquer le nationalisme extrémiste dans votre pays et dans les Balkans ? Je vous remercie.
N. KOTZIAS : Permettez-moi de vous expliquer ma pensée. J’ai dit tout à l’heure à votre Premier ministre que Churchill disait que dans cette partie du monde, les Balkans, nous produisons plus d’histoire que ce que nous pouvons en consommer. Et je lui ai dit que je pense différemment, à savoir que nous devons valoriser l’histoire, nous devons tirer les leçons de l’histoire. Nous devons être un pas en avant par rapport à l’histoire. Mais le risque est latent lorsque nous devenons prisonniers de l’histoire.
Ainsi, le plus important pour moi est de créer dans l’ensemble des Balkans des conditions qui favorisent la coopération, la sécurité et la stabilité. Et dans ce contexte, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour le Kosovo. Nous soutenons l’adhésion du Kosovo à des organisations internationales, comme Interpol et l’Unesco. Et nous sommes près à soutenir cette adhésion. Nous soutenons – et comptons parmi les premiers pays à offrir leur soutien dans ce sens – la création d’institutions entre l’Union européenne et le Kosovo. Et nous sommes prêts à offrir au Kosovo, en cas de besoin et s’il le souhaite, notre savoir-faire et les moyens dont nous disposons en matière de coopération avec l’Union européenne et l’OTAN, car nous sommes le membre le plus ancien de l’Union européenne et de l’OTAN dans toute la région des Balkans.
Par conséquent, nous avons ouvert la voie. Nous avons fait le premier pas avec la première visite du ministre grec des Affaires étrangères ici au Kosovo. S’agissant de la reconnaissance, je pense que nous devrons examiner la question sur la base de deux critères. Le premier concerne les besoins de toute la région et le second est notre intérêt national et européen. Nous devrons voir à l’avenir la façon dont nous mettrons en pratique ces deux critères.
July 14, 2015