Ν. KOTZIAS : Hier et aujourd’hui s’est tenu le Conseil des Affaires étrangères et le Conseil des Affaires générales. Hier, nous avons discuté des questions de défense et de sécurité et aujourd’hui nous avons abordé l’Elargissement de l’Union européenne, où il y a eu deux lignes différentes. La majorité des 25 d’une part qui souhaite et accepte l’ouverture des négociations d’ici l’été 2019 pour la Macédoine du Nord - ARYM et pour l’Albanie et d’autre part le Danemark, la France et les Pays-Bas qui veulent la reporter.
J’ai expliqué de manière très claire que la situation géopolitique et géostratégique de la région implique que nous accordons notre aide à ces deux pays et non que nous la reportions. J’ai expliqué que la situation intérieure dans ces deux pays implique la stabilité et la sécurité et non la création de nouveaux problèmes. A la fin, nous avons atteint un compromis prévoyant l’ouverture des chapitres d’ici l’été 2019, ce qui est très important pour nous et l’actuelle Commission européenne qui connait bien la situation et les problèmes. Je vous remercie.
JOURNALISTE : (Hors micro)
Ν. KOTZIAS : Qui a dit qu’ils n’ont pas le feu vert ? J’estime qu’il y a deux groupes de pays. Le premier, qui représente la grande majorité avec 25 pays et qui soutient l’ouverture des négociations d’ici l’été 2019. Le deuxième, composé de trois pays, le Danemark, la France et les Pays-Bas, soutenant que nous devons remettre à plus tard toute cette procédure. Le report de cette procédure européenne signifie que nous mettons en doute la stabilité et la sécurité de toute la région de l’Europe du sud-est, qui doit être très importante pour l’ensemble de l’Union européenne.
Je suis conscient qu’il y a certains pays qui ont des problèmes avec le populisme, mais nous ne pouvons combattre le populisme, ni le vaincre en faisant des pas en arrière. Il y a certains pays qui préfèrent l’approfondissement de l’intégration européenne plutôt que l’élargissement. Ils ont raison mais je leur ai raconté l’histoire – que je connais très bien – de ce qui s’est passé dans les années 1990, époque à laquelle nous avions mené la négociation avec les dix pays [l’élargissement de 2004], à savoir les huit pays de l’Europe orientale, Malte et Chypre, tandis que dans le même temps nous avions mené les négociations sur les Traités d’Amsterdam, de Nice et de Lisbonne ainsi que la Constitution de l’Union européenne. Cela n’a pas été de notre faute à l’époque si deux pays – les Pays-Bas et la France – avaient organisé un référendum sur la Constitution européenne dont le résultat s’est avéré négatif. Notre expérience nous a montré, par conséquent, que les deux procédures peuvent se faire en même temps et que cela est bien mieux pour l’Europe.
JOURNALISTE : Est-ce que les questions ayant trait à l’ARYM et à l’Albanie peuvent être considérées séparément ?
Ν. KOTZIAS : Vous entendez la Macédoine du Nord car c’est ainsi qu’ils appellent désormais leur pays. Ce n’est pas une bonne idée. Car les affaires devront être jugées par le Conseil européen, comme cela était le cas dans les années 1990, par exemple dix pays en même temps. Il y a de nombreuses zones de conflits dans notre région, par exemple entre l’Albanie et la Serbie. Si l’Albanie est laissée pour compte, alors la distance avec la Serbie grandira. Cela n’est pas positif pour notre région.
JOURNALISTE : Quelle est votre position concernant la présidence bulgare qui a tant lutté pour les pays des Balkans occidentaux ?
M. KOTZIAS : La présidence bulgare de l’UE était une présidence exceptionnelle qui a toujours bénéficié et bénéficiera - jusqu’au dernier jour de son mandat - de notre soutien. Grâce à cette présidence nous avons fait des pas très importants en avant concernant la politique de l’UE dans les Balkans occidentaux.
JOURNALISTE : Êtes-vous optimiste ?
Ν. KOTZIAS : Ma philosophie est celle de l’optimisme historique.
June 26, 2018