N. KOTZIAS : Il est communément admis que les relations entre la Grèce et l’Iran sont des plus anciennes dans l’histoire de l’humanité. C’est une relation qui date depuis des milliers d’années. Les pays qui n’ont pas un parcours historique similaire, ne peuvent pas comprendre les relations de ce genre. Nos relations vont au-delà des problèmes actuels et peuvent contribuer au règlement de nombreux problèmes.
Nous tenons à saluer l’Accord de Genève avec le groupe
5+1, un accord qui montre la voie par laquelle les problèmes doivent être réglés. Celui qui n’empruntera pas cette voie, sera perdant. L’Iran est un Etat qui connait très bien l’importance de l’application des accords signés, et les autres parties à l’accord doivent faire de même.
En outre, nous saluons les pourparlers à Vienne avec la participation bien évidemment de l’Iran, un acteur important dans la région, à ces pourparlers. La Syrie présente pour nous un intérêt multiple. Nous entretenons des liens de longue date avec ce pays qui a une grande civilisation. Un pays où vivent des communautés présentant la plus grande diversité en termes de religions et de cultures. Un pays duquel, malheureusement partent des millions de réfugiés et, bien évidemment, ces flux provoquent des problèmes à mon pays. Ce que je veux dire est que les pays tels que la Grèce payent le prix des décisions prises par des tiers dans le cas aussi de la question des réfugiés. Et, je tiens à souligner que nous travaillons de concert avec nos amis et partenaires en faveur de la paix et d’une solution politique en Syrie.
Le rôle de la Grèce est important car notre pays est un pays-pont entre le Moyen-Orient et l’UE. Comme j’ai souvent coutume de le dire, certains de nos partenaires ne peuvent pas comprendre ce qui se passe en réalité dans la région, ils ne peuvent pas comprendre la façon de penser des peuples et des dirigeants de cette région. Mais la Grèce comprend cette manière de penser car, si elle est le berceau de l’Europe et un Etat membre de l’UE, elle fait dans le même temps partie de ce monde qu’elle peut comprendre. C’est pourquoi nous pouvons jouer le rôle de médiateur aux négociations et apporter notre contribution afin que la culture, la civilisation et la pensée politique de tous dans la région soient comprises.
Nous considérons que le développement de nos relations avec l’Iran constitue un facteur primordial pour la stabilisation de la région.
Nos relations vont dans la bonne voie et nous voulons qu’elles soient davantage renforcées. Ce sont des relations qui portent sur des questions bilatérales, telles que le développement des relations dans le domaine économique, culturel, scientifique et dans celui de l'éducation. Ce sont des relations axées sur l'échange des visites politiques à tous les niveaux. Avec le ministre, M. Zarif, nous sommes convenus d'intégrer tout cela dans un "plan d'action" comme on l'appelle en termes diplomatiques, lequel nous espérons sera prêt en vue de la visite qu'effectuera bientôt le Premier ministre de la Grèce M. Alexis Tsipras.
Enfin, nous sommes convenus avec le ministre de nous entretenir plus souvent. Au cours du dernier semestre, nous nous sommes entretenus trois fois. J'ai eu le plaisir de l'accueillir en Grèce, nous nous sommes rencontrés à l'ONU, à New York, et, aujourd'hui, je lui suis reconnaissant pour l'invitation qu'il m'a adressée. Nous sommes convenus de nous entretenir au moins deux fois par an, une fois à Téhéran et une autre à Athènes, en vue de suivre l'état d'avancement de ce plan d'action ainsi que nos relations économiques et notre dialogue politique.
Je tiens encore une fois à remercier le ministre des Affaires étrangères de l'Iran et toute la direction du pays pour l'accueil qu’ils nous ont réservés ainsi que pour l'amitié dont ils font preuve à l'égard de nous, de la Grèce et notamment à l'égard de notre délégation.
Merci.
Question de journaliste concernant la situation à Idomeni.
N. KOTZIAS : Ce problème avec les migrants iraniens est dû au fait que certains Etats de la région se sont vus obligés de se conformer aux décisions prises par les Etats membres de l'UE de fermer leurs frontières aux personnes non originaires de la Syrie, de l'Irak ou de l'Afghanistan. Comme d'habitude, il s'agit d'un problème dont nous ne sommes pas responsables. Ces derniers jours nous essayons de prendre toutes les mesures nécessaires en vue de répondre aux besoins de ces personnes. Comme vous le savez, il y a eu un conflit entre ces personnes et les mécanismes étatiques de l'ARYM. D'après ce que je sais, hier soir ces questions ont été réglées. Toutefois, je voudrais faire une remarque à cet égard. On ne peut finalement entraver la voie aux personnes qui se déplacent. Il s'agit d'un phénomène historique. A nos amis et partenaires de l'UE, je dis que le pays le plus avancé du point de vue technologique, les Etats-Unis, a érigé un mur énorme au Mexique, avec des fils barbelés et derrière ce mur il y a le désert. En dépit de cela, 38 millions d'Hispaniques ont réussi à passer de l'autre côté du mur. Ceux-ci n'ont pas eu à traverser la mer.
Question de journaliste concernant l'avion de combat russe qui a été abattu.
N. KOTZIAS : L'incident concernant l'avion de combat russe qui a été abattu et qui s'est par la suite écrasé sur le territoire syrien n'aurait pas dû se produire. L'ennemi n'est ni la Turquie, ni la Syrie. L'ennemi est le terrorisme, Daesh, et on doit en finir avec cette situation. C'est un ennemi non seulement de la politique étrangère mais aussi, comme les événements à Paris l'ont démontré, de la politique intérieure de l'UE aussi. Lorsque en février 2015, j'avais dit qu'on devrait faire attention aux évolutions en Libye et en Syrie et à leurs répercussions, la plupart de mes collègues m'ont jeté un regard étrange. A l'époque toute leur attention était axée sur les problèmes auxquels étaient confrontées les régions au nord-est de l'Europe. Mais on est dépassé par les événements si l'on n'y fais pas face en temps utile. Un deuxième point que je voudrais signaler à ceux qui ne l'ont pas vu aux nouvelles internationales, est que chaque année sont enregistrées 1 500 violations de l'espace aérien grec par la Turquie. Imaginez-vous ce qu'il se passerait en Egée si nos réflexes étaient les mêmes que ceux de la Turquie? Ma question est purement hypothétique, je vous demande tout simplement ce qu'il se passerait. C'est pourquoi la Grèce est l'un des Etats qui pressent pour une solution politique à la question syrienne dans les plus brefs délais. En Grèce on voudrait que ce problème ait d'ores et déjà été résolu car ici il y a des personnes qui souffrent. Des milliers de personnes sont privées de nourriture, de toit, d'éducation et d'emploi. Et tout cela se fait au nom d'idéaux réels qui ne sont toutefois pas matérialisés de manière constructive.
Je pense qu'il est du devoir de l'UE de saisir l'ampleur de ces problèmes s'étendant de la Libye jusqu'en Syrie, l'ampleur de ces problèmes dans ce triangle d'instabilité comme j’ai coutume de le dire en parlant théoriquement. La Grèce est un pays qui se trouve dans le triangle Ukraine-Libye-Syrie, et qui joue un rôle de stabilisation dans la région. Nous voudrons exercer une politique de médiation, d'arbitrage, de contribution aux négociations et nous pensons que nous sommes un bon partenaire pour tous ceux qui veulent des solutions.
Question de journaliste sur la visite du Premier ministre en Iran et les perspectives de coopération entre la Grèce et l'Iran.
N. KOTZIAS : Je vous remercie de votre accueil et de vos questions. Monsieur le Premier ministre effectuera un déplacement en Iran au cours du premier semestre de 2016, mais cette question relève de la compétence des cabinets diplomatiques du Président et du Premier ministre. Cela ne relevant pas de ma responsabilité, je ne peux rien vous dire à cet égard.
Pour ce qui est de la deuxième partie de votre question, les accords portant sur la coopération dans le domaine touristique et maritime seront signés et nous espérons qu'ils seront inclus dans le plan d'action commun qui sera élaboré en vue de la visite du Premier ministre. L'Iran est riche en matières premières. Allah a fait don à l'Iran de gaz naturel et de pétrole. Et nos dieux nous ont fait don de notre marine. Nous sommes deux économies, comme le ministre, Zarif, le dit aussi, complémentaires dans de nombreux domaines. Par conséquent je suis optimiste et je tiens à signaler que par le biais d'une coopération avec le ministère des Affaires étrangères de l'Iran, mais aussi avec notre ambassadeur ici à Téhéran, nos transports aériens seront rétablis, une évolution qui aura des conséquences positives sur la promotion du tourisme et de nos échanges commerciaux.
Je vous remercie.
November 30, 2015