Cher Peter,
C'est un grand plaisir de vous accueillir à nouveau à Athènes aujourd'hui, quelques mois après votre dernière visite ici en octobre dernier.
Mais malheureusement, nous vivons dans un monde différent aujourd'hui. Nous vivons des situations sans précédent en Europe. L'invasion de l'Ukraine, la guerre en cours qui dure depuis presque quatre mois, ont complètement changé le paysage géopolitique.
Dans ce contexte, bien sûr, nous avons discuté de plusieurs questions au cours de notre rencontre et nous continuerons pendant le déjeuner de travail qui suivra.
Tout d'abord, nous avons beaucoup parlé de la question de la sécurité énergétique de l'Europe. Tant la société grecque que la société hongroise ont été touchées par la hausse des prix de l'énergie.
Cela a un impact sur la qualité de vie des citoyens de nos pays et, bien sûr, en ce qui nous concerne, le gouvernement Mitsotakis a pris un certain nombre de mesures pour tenter d’alléger la charge pesant sur les consommateurs grecs.
Nous avons également discuté de l'effort de la Grèce, qui est en train de devenir une plaque tournante énergétique à partir de laquelle le gaz naturel peut être transporté vers notre région plus élargie des Balkans, de l'Europe du Sud-Est, de l'Europe centrale, et je vous ai assuré de notre objectif de connecter ce réseau à l'Europe centrale et orientale. Les usines de GNL, tant celle de Revithoussa que celle en construction à Alexandroupolis, contribueront de manière significative à cet objectif, de même que les interconnecteurs, TAP et IGB, qui deviendront opérationnels très prochainement.
Nous parlerons aussi ensuite de la crise alimentaire qui a été déclenchée par le conflit. Permettez-moi de faire le point sur la situation des pays de notre voisinage immédiat, comme l'Égypte.
Nous avons reçu notre collègue Sameh Shoukry au Conseil des affaires étrangères il y a quelques jours et, bien sûr, nous avons discuté au cours de notre tête-à-tête, et nous continuerons au déjeuner, d'un sujet qui présente un intérêt particulier pour la Hongrie, et pour nous, la perspective européenne des Balkans occidentaux.
C'est une question sur laquelle nos positions sont particulièrement convergentes. Nous sommes convaincus, tant la Hongrie que la Grèce, qu'un message clair de soutien doit être donné à notre région.
En particulier dans le contexte actuel, où l'intérêt s'est tourné vers d'autres régions et d'autres pays, qui souhaitent devenir des candidats officiels à l'adhésion à l'Union européenne.
Nous ne devons pas oublier les Balkans occidentaux. Les Balkans occidentaux sont constitués de pays qui ont fait et continuent de faire des efforts pour devenir membres de notre famille européenne.
Et nous ne devons pas créer un vide dans cette perspective des Balkans occidentaux, dans leurs efforts pour faire partie de notre famille européenne.
Si nous laissons ce vide, il sera exploité par d'autres forces, des forces centrifuges, qui envisagent un avenir différent pour notre région, pour l'Europe, pour les Balkans occidentaux.
Enfin, j'ai eu l'occasion de vous informer de la situation des relations gréco-turques et de l'escalade du comportement provocateur de la Turquie en Méditerranée orientale.
Tout d'abord, au niveau de la rhétorique, nous assistons à une tentative de remise en cause de la souveraineté grecque. Une tentative de ternir l'image de la Grèce, mais aussi une tentative de contestation, malheureusement aussi sur le terrain, à travers des survols du territoire grec et des violations de l'espace aérien et des eaux territoriales grecques.
Je vous ai également assuré que, bien que nous réagissions à toutes les prétentions illégales et unilatérales de la Turquie, nous continuerons à faire preuve de sang froid à tout moment, en agissant uniquement en fonction du respect du droit international et du droit de la mer, et nous ne nous laisserons pas entraîner dans une rhétorique de confrontation.
Mais, bien sûr, nous ne pouvons permettre à aucun pays de proférer des insultes fondées sur de fausses théories et de fausses nouvelles. Et dans ce contexte, nous attendons la solidarité de nos partenaires.
Nous demandons à nos partenaires, à nos amis, l'évidence, ce que nous avons proclamé immédiatement après l'invasion de l'Ukraine, à savoir le respect de l'inviolabilité des frontières et de la souveraineté de tous les États, ainsi que le respect des traités internationaux.
J'aimerais également, si vous me le permettez, discuter de la question migratoire au cours du déjeuner. Je voudrais vous remercier ici, publiquement, à nouveau, pour la contribution de la Hongrie à FRONTEX, déployée à la frontière grecque, qui est aussi la frontière européenne.
Malheureusement, les informations que je vais vous faire parvenir ne sont pas très agréables. Nous assistons à une augmentation de l'effort d'instrumentalisation de la question migratoire et à une escalade de la rhétorique dans ce sens.
Mais, mon cher Peter, je voudrais terminer en disant que, même si chaque fois il y a beaucoup de problèmes à discuter, c'est un grand plaisir de vous accueillir à Athènes et je vous remercie tout particulièrement pour le plaisir que vous m'avez donné d'être avec nous aujourd'hui.
June 22, 2022