Déclarations du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias à l’issue de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères de la Macédoine du Nord, Bujar Osmani (Athènes, 14.01.2021)

Déclarations du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias à l’issue de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères de la Macédoine du Nord, Bujar Osmani (Athènes, 14.01.2021)« Cher ministre, cher Bujar, je me réjouis de notre nouvelle rencontre ici à Athènes, à peine quelques mois après notre brève rencontre en marge du Forum de l’Economist.

Comme nous avons eu l’opportunité de le constater lors de notre discussion approfondie, nos relations bilatérales offrent un fort potentiel, sur la base de nos efforts communs en vue d’une relation de bénéfice mutuel.

Aujourd’hui, nous marquons une avancée dans nos relations en signant trois protocoles d’accord.

Le premier protocole d’accord porte sur la coopération entre les académies diplomatiques de nos deux ministères des Affaires étrangères, le deuxième sur la protection civile et le troisième sur la coopération entre les organismes compétents de nos deux pays dont la mission est d’attirer des investissements étrangers.

Les relations économiques, le secteur énergétique, l’interconnectivité figurent en tête de notre liste de projets visant à une coopération renforcée. Notre Plan d’action bilatéral offre bien d’autres possibilités.

Il est nécessaire d’encourager nos échanges commerciaux. Il est nécessaire d’encourager les investissements. Tout cela, à son tour, peut générer plus d’emplois et apporter de la prospérité à nos deux pays et à notre région dans son ensemble.

Cher Bujar, les amis doivent être francs et ouverts entre eux. Nous pouvons être, la Grèce peut être le meilleur allié de la Macédoine du Nord. Nous pouvons être le meilleur ami de la Macédoine du Nord.

La stabilité de la région et votre prospérité sont dans l’intérêt fondamental de la Grèce.

La Grèce est un voisin proche. Nous avons des frontières communes. Nous avons d’ores et déjà accueilli votre pays en tant qu’allié au sein de l’OTAN.

La Grèce mène des missions de surveillance aérienne dans l’espace aérien de la Macédoine du Nord.

Et nous soutenons et encourageons vos efforts en vue d’adhérer à l’Union européenne. Bien évidemment, sur la base de la conditionnalité existante, sur la base des performances individuelles et bien évidemment sur la base de la nouvelle méthodologie d’élargissement de l’Union européenne.

La Grèce soutient traditionnellement et activement la perspective européenne des pays des Balkans occidentaux. Et, ce depuis déjà deux décennies. Et nous continuerons de le faire puisque nous pensons que telle est non seulement la meilleure mais aussi la seule voie vers la stabilité et la prospérité dans notre région.

Il est du devoir de l’Union européenne que la politique d’élargissement demeure toujours sur la table. Nous devons encourager ceux qui souhaitent faire partie de notre famille européenne, de notre construction européenne commune.

Nous ne pouvons pas permettre la création d’un vide de stabilité dans notre région. Car ce vide pourrait être facilement comblé par d’autres puissances non européennes qui soutiennent l’extrémisme et le révisionnisme ou qui aspirent à la renaissance des empires qui appartiennent au passé.

Par ailleurs, les pays de la région doivent poursuivre les réformes. Et ils doivent respecter les principes fondamentaux, tels que le respect du droit international et les relations de bon voisinage.

J’aimerai cher ministre, cher ami, à ce stade vous remercier de l’alignement de votre pays sur la position commune de l’Union européenne à l’égard de la Turquie. La Grèce a pris note de ce fait et l’a particulièrement apprécié.

La Grèce est prête à apporter de l’aide technique afin de soutenir les efforts entrepris par les pays des Balkans occidentaux en vue de leur adhésion à l’Union européenne.

Toutefois, dans ce cadre, j’aimerais signaler que l’application pleinement, systématiquement et de bonne foi de l’Accord de Prespès est la voie qui peut garantir les progrès auxquels nous aspirons. Nos pays et nos peuples le méritent.

A peine deux ans depuis l’entrée en vigueur de l’Accord, nous reconnaissons que des progrès ont été réalisés dans le sens de la mise en œuvre des dispositions relatives au changement du nom.

Néanmoins, il faut progresser davantage. D’une part, pour ce qui est de la mise en œuvre et l’usage cohérent de l’appellation et des terminologies par toutes les institutions publiques et les entités privées, y compris les sites Internet.

D’autre part, pour ce qui est de la suppression du « programme d’archaïsation », de la suppression du Soleil de Vergina de tous les lieux publics et de tous les usages, du changement de l’appellation des rues et des locaux publics.

Monsieur le ministre, je dois dire que ce qui est bien clair dans l’Accord de Prespès est la clarté avec laquelle il décrit ce qui s’est passé dans l’antiquité. Et une chose est claire. Avec tout le respect que je vous dois, vos compatriotes - et vous l’avez reconnu – n’ont jamais participé à la campagne d’Alexandre le Grand, ils n’ont pas été présents à la Bataille du Granique, ils n’ont pas été présents à Issos, ils n’ont pas été présents à Gaugamèles.

Lors de la discussion, nous avons également abordé d’autres questions d’intérêt commun, y compris la lutte contre la pandémie.  La Grèce est en train de déployer des efforts, dans le cadre de l’Union européenne en vue de soutenir la fourniture de vaccins contre la COVID-19 à la Macédoine du Nord, ainsi qu’à d’autres pays de la région.

C’est une question que j’ai d’ores et déjà soulevée avec la Commission européenne et je poursuivrai mes efforts. Et j’aimerais aussi dire que notre Premier ministre, M. Mitsotakis est très actif dans ce domaine.

Aujourd’hui l’occasion nous a été offerte de discuter également des développements régionaux. Dans ce cadre, j’ai eu l’opportunité de souligner l’importance que revêt notre accord avec l’Albanie sur un recours à la Cour internationale en vue de régler la question de la délimitation de la Zone économique exclusive et du plateau continental. Et ce, toujours sur la base du droit international et plus particulièrement sur la base du droit international de la mer.

J’ai également évoqué la reprise des contacts exploratoires avec la Turquie le 25 janvier en vue d’examiner la question de la délimitation de la Zone économique exclusive et du plateau continental en Egée et en Méditerranée orientale, sur la base des mêmes principes auxquels je me suis tout à l’heure référé.

En outre, force est de signaler combien il est important d’assurer la continuation sans heurts de ces discussions et la nécessité que la Turquie s’abstienne des actions provocatrices.

Cher Bujar, notre discussion d’aujourd’hui ouvre la voie en vue d’aller plus loin et valoriser notre coopération.  Dans ce cadre, nous attendons avec un grand intérêt l’organisation du 2e Conseil de coopération de haut niveau, dès que les conditions le permettront, pour élargir davantage les domaines de coopération entre nos deux pays, dans l’intérêt de nos peuples, de nos pays, de notre région mais aussi de l’Europe.

Je vous remercie beaucoup de votre visite à Athènes aujourd’hui. C’était un grand plaisir pour moi de vous rencontrer.

January 14, 2021