Mon cher collègue, cher Abdallah,
C'est un grand plaisir de vous accueillir aujourd'hui à Athènes. Je tiens d'emblée à dire que pour nous, nos contacts avec le Liban sont d'une grande importance.
Depuis l'Antiquité, nos peuples se sont rencontrés dans le grand bassin méditerranéen. Les deux peuples ont créé des civilisations importantes - la civilisation phénicienne, la civilisation grecque - et nos relations se sont forgées au fil des siècles, comme en témoigne la présence de longue date de la communauté grecque orthodoxe au Liban. Et, bien sûr, je ne peux pas du tout sous-estimer la présence importante de la communauté libanaise à Athènes.
Je tiens à vous féliciter de la manière la plus chaleureuse possible pour l'accord historique sur la délimitation des zones maritimes entre le Liban et Israël. Un accord qui a été conclu avec la médiation des États-Unis d'Amérique, en particulier de l’envoyé spécial pour les affaires énergétiques internationales que nous connaissons bien, Amos Hochstein. Et je tiens à dire que la Grèce, dans son discours public, a été l'un des premiers pays à saluer cet accord comme un facteur clé de la stabilisation de la situation au Moyen-Orient.
Mais cet accord crée aussi un modèle. Il montre que la délimitation des zones maritimes est possible dans tous les cas, sous réserve d'une condition fondamentale : le respect du droit international et des règles du dialogue.
Et je pense que cette évolution ouvre la voie à une adaptation de l'accord correspondant entre le Liban et Chypre. Des discussions ont été entamées à ce sujet.
Toutefois, nous réaffirmons que l'accord Liban-Israël est un exemple de règlement pacifique des différends dans ce domaine et nous invitons tous les pays à suivre cet exemple.
Pour notre part, nous avons récemment conclu deux accords, avec l'Égypte et avec l'Italie. J'ai eu le grand honneur de les signer tous les deux. Nous sommes également parvenus à un compromis avec l'Albanie sur un recours devant la Cour internationale de justice et nous discutons des termes du compromis.
Nous attendons également avec impatience la délimitation de zones économiques exclusives entre la Grèce et la Libye, une fois qu'un gouvernement élu aura émergé en Libye. Nous pensons que cela créera un autre triangle de stabilité - Grèce, Égypte, Libye - en Méditerranée orientale.
Et nous aimerions ensuite que cet exemple soit étendu à la Turquie voisine. Nous espérons qu'après les élections en Turquie, nous serons en mesure de négocier notre seul différend bilatéral avec la Turquie, toujours sur la base du droit international de la mer.
Je regrette, bien sûr, que la Turquie aille actuellement dans la direction opposée. Elle choisit les provocations, cherche à imposer des positions qui n'ont rien à voir avec le droit international, cherche des solutions qui ignorent la géographie et le simple bon sens, comme le récent « protocole d’accord », nul et non avenu et illégal, sur l'exploitation des hydrocarbures, signé entre le gouvernement turc et le gouvernement de Tripoli.
Nous avons également discuté entre nous, et nous continuerons à le faire pendant le déjeuner, des défis auxquels la communauté internationale est confrontée en Europe, au Moyen-Orient. Nous parlerons aussi de l'Afrique sub-saharienne, nous avons parlé de l'invasion russe en Ukraine.
Je veux réitérer ici la position grecque, la position européenne. Le respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de tous les pays est le « Saint Evangile » de notre politique étrangère. Et je suis sûr que le Liban partage cette position.
Nous avons discuté de la question migratoire et des réfugiés. Vous m'avez informé des énormes difficultés auxquelles le Liban est confronté avec les millions de personnes déplacées syriennes qui séjournent sur son territoire. Nous avons discuté de la nécessité de s'attaquer à ce phénomène avec l'aide de l'Union européenne. La Grèce fera tout son possible pour vous inviter à un petit-déjeuner de travail des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne et pour vous expliquer, de la même manière claire et compréhensible que vous nous avez expliqué aujourd'hui, les défis auxquels le Liban est confronté et les solutions que le Liban propose sur cette question importante.
Quant à la position générale de la Grèce, je voudrais dire que nous croyons au renforcement des relations entre l'Union européenne et le Liban. Nous pensons que le Liban est un pays qui possède tous les éléments permettant une coopération plus étroite avec l'Union européenne et une coopération dans d'autres organisations internationales, telles que les Nations unies.
Nous nous réjouissons également de la tenue prochaine d'une réunion trilatérale avec le ministre chypriote des Affaires étrangères, Ioannis Kassoulidis.
En ce qui concerne maintenant ce que la Grèce fait au Liban, je voudrais exprimer ma satisfaction à l'égard du programme visant à renforcer les compétences en grec et à soutenir les études théologiques à l’Institut de théologie Saint-Jean-Damascène de l'université de Balamand.
La relance de ce programme est une action du ministère des Affaires étrangères, tout comme la relance de l'enseignement de la langue grecque, et constitue une preuve concrète du soutien de notre pays à la partie grecque orthodoxe de la population libanaise.
Maintenant, sur des questions plus larges, la relance de ce programme et les protocoles d'accord que nous venons de signer sont un signe avant-coureur de l'approfondissement de notre coopération. Nous serons toujours aux côtés du Liban. Nous avons aidé le Liban après la récente explosion dans le port de Beyrouth. Nous continuerons à faire preuve de solidarité avec le peuple libanais dans les moments difficiles. Après tout, nous avons été le premier pays à réagir après l'explosion dans le port de Beyrouth.
Nous nous réjouissons donc d'approfondir la coopération avec le Liban. Nous nous réjouissons de la stabilité et du développement du Liban.
Et je tiens à vous remercier chaleureusement et du fond du cœur pour votre présence à Athènes aujourd'hui. Je voudrais dire que votre présence clôt un cycle de dix contacts bilatéraux que j'ai eus au cours des six derniers jours et, par conséquent, je pense que l'importance de ce que vous avez eu la gentillesse de nous dire et de nous informer est une conclusion importante de cette phase de contacts bilatéraux de la part de la République hellénique.
Encore une fois, je vous remercie.
November 11, 2022