Déclarations du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias à l’issue de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères de la Serbie, Nikola Selaković (Belgrade, 05.04.2021)

Déclarations du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias à l’issue de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères de la Serbie, Nikola Selaković (Belgrade, 05.04.2021)Cher monsieur le ministre, bonjour et merci pour votre accueil. Cher Nikola, je suis particulièrement heureux de me retrouver à Belgrade.

Une ville qui est déjà liée à l’histoire grecque à travers Rigas Fereos et c’est avec une joie et une gratitude immense que j’ai entendu votre proposition, M. le ministre, mon cher Nikola, de rebaptiser une rue à Belgrade « rue Ioannis Kapodistrias ». C’est pour nous une joie doublée d’un honneur exceptionnels. Et comme vous le savez, d’ailleurs, Ioannis Kapodistrias est né à Corfou, île dont il est originaire comme moi. L’ « île du salut », une île qui est étroitement liée à l’histoire de la Serbie, au siège du gouvernement en exil de la Serbie lors de la première guerre mondiale et d’une grande partie de l’armée serbe.

Ma présence ici, à Belgrade, a pour objectif d’approfondir les relations exceptionnelles entre les deux pays.

L’importance de notre délégation – elle inclut le ministre du développement agricole, M. Livanos qui en ce moment même a des rencontres et le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères en charge de la diplomatie économique, M. Fragogiannis – atteste de l’importance que nous accordons à cette visite.

Pour nous, l’application de la déclaration conjointe signée dans le cadre du 3e Conseil de coopération de haut niveau en décembre 2019 à Athènes, est prioritaire. Malheureusement, la pandémie nous a empêché de la mettre pleinement en application. Mais nous espérons l’appliquer lorsque les conditions le permettront.

Et je pense que je dois à ce stade, puisque nous parlons du COVID, faire une parenthèse et, sur ordre du Premier ministre, M. Kyriakos Mitsotakis, vous féliciter, M. le ministre, vous et le gouvernement serbe, le Président, la Serbie pour la progression exceptionnelle de la vaccination en Serbie. Vous êtes un modèle.

A cette occasion, je souhaitais également vous dire que nous serions très heureux de recevoir nos amis serbes en Grèce, cet été, sur la base de l’accord conclu ces jours précédents, lors de la visite, ici, du ministre du Tourisme, M. Theocharis. Et je vous remercie également pour toutes les précisions que vous m’avez apportées afin de faciliter nos amis serbes désireux de visiter la Grèce. Bien entendu, cela signifie également faciliter les Grecs qui viennent en Serbie.

Par ailleurs, nous avons discuté de la présence économique importante de la Grèce en Serbie. Les investissements grecs en Serbie représentent entre 2,5 et 3 milliards d’euros, mais c’est la base. Après une crise de 10 ans, la Grèce revient dans notre région, les Balkans. Nous voulons que les entreprises grecques viennent investir ici en Serbie. On me dit que les investissements grecs ont permis la création de 25 000 emplois. Nous aimerions atteindre l’objectif des 100 000 emplois en Serbie.

Nous souhaitons grandir, approfondir nos relations économiques et commerciales, tout comme notre coopération dans d’importants domaines, comme l’énergie ou la défense.
Pour ce qui est notamment de l’énergie, nous avons discuté ensemble de la façon dont nous pourrons renforcer l’interconnexion des pays de la région. Et pour ce qui est des transports, je vous ai proposé – et merci d’avoir accepté – l’organisation d’une rencontre trilatérale entre nous et la Macédoine du Nord afin de discuter de l’interconnectivité de notre région.

Enfin, pour ce qui est de l’aspect bilatéral, j’aimerais vous remercier ainsi que le Président, M. Vučić, que je rencontrerai plus tard, pour votre geste d’accepter un nombre d’enfants non accompagnés de Grèce. Nous apprécions énormément.

Dans le cadre de la perspective européenne, j’aimerais réitérer le soutien sans faille de la Grèce à la perspective européenne de la Serbie. Nous sommes absolument prêts à fournir toute aide technique et notre coopération. Il y a un protocole d’accord qui sera signé à Athènes par le ministre délégué aux Affaires étrangères, M. Varvitsiotis, au cours de ces prochains jours. Il est pour nous très important que la Serbie accélère et devienne le plus rapidement possible membre de la famille européenne. Nous estimons que c’est tout naturellement sa place.

Nous avons examiné les évolutions dans la région élargie et j’ai pris note de vos observations, de l’intérêt marqué pour le Kosovo. Je regrette que les discussions avec le nouveau gouvernement n’aient pas commencé. Je vous ai dit que nous sommes à votre disposition pour aider, par tous les moyens possibles, à mener à bien cette question particulièrement difficile. Tout comme j’ai entendu avec la plus grande attention ce que vous avez dit au sujet de la Bosnie et Herzégovine, où je m’étais récemment rendu en visite et qui fait partie de l’architecture balkanique. Et pour laquelle nous aimerions un avenir européen stable et certain. Et là encore nous sommes à votre entière disposition, M. le ministre, pour offrir notre aide et notre coopération, dans la mesure de nos capacités. Nous ne pouvons permettre que la Bosnie Herzégovine devienne un trou noir au milieu de l’Europe.

Par ailleurs, nous, en tant que partie grecque, observons les visées turques dans notre région élargie et l’effort déployé par la Turquie à travers des moyens économiques, religieux et culturels, afin de rallier les pays de la région, notamment la population musulmane, à sa cause. C’est une question qui a toujours attiré notre attention.

Nous pensons que les populations, les hommes et les sociétés sont toujours des ponts de coopération. Des ponts de coopération pour la paix et la sécurité, pour la promotion des droits de l’homme, pour la promotion des valeurs humaines. Et non pas pour la promotion de tout type d’extrémisme, fanatisme ou intolérance.

Je vous ai déjà dit, lors de notre entrevue en tête à tête, que j’ai l’intention de me rendre à Ankara au cours de ces prochains jours, la semaine prochaine, mais à la condition qu’il y ait le climat approprié. Que la Turquie n’entreprenne pas des actions provocatrices qui entraveront ma visite. Nous espérons donc, que la partie turque s’abstiendra cette fois d’entreprendre ces actions.

Je reviens aux questions bilatérales pour ajouter que pour nous et la délégation grecque, c’est un grand honneur et une joie de nous trouver aujourd’hui à Belgrade. Nous sommes très heureux également d’observer le progrès accompli par la Serbie. Comme je l’ai dit, vous ne devez jamais oublier ce que la Grèce ressent vis-à-vis de la Serbie à la lumière des 200 ans de son histoire.

Cher ministre, cher Nikola, je vous remercie.

April 5, 2021