N. DENDIAS : Monsieur le Ministre, pour la deuxième fois aujourd'hui, je voudrais vous souhaiter la bienvenue à Athènes. Mesdames et Messieurs, mon homologue américain et moi-même venons de lancer le 4e tour du Dialogue stratégique entre la Grèce et les États-Unis.
Nous avons également eu des discussions constructives sur le cadre général de nos relations bilatérales. Le dialogue stratégique couvre sept domaines importants.
C'est une preuve tangible de la dynamique de nos relations avec les États-Unis. Une relation stratégique qui a atteint son point culminant.
Des relations avec une perspective certaine. La base solide de nos relations bilatérales est constituée par nos principes et valeurs communs. La liberté, la démocratie, les droits de l'homme, notre attachement au droit international et aux principes de la Charte des Nations unies.
Mais aussi la présence dynamique de la diaspora grecque aux États-Unis. L'ambassadeur des États-Unis en Grèce, M. Tsounis, est un exemple brillant des réussites de la diaspora grecque.
Cher Tony, cher ministre, votre visite d'aujourd'hui fait suite à la visite du Premier ministre grec à Washington en mai 2022.
L'élan ascendant de nos relations bilatérales stratégiques a été scellé par les deux Accords de défense entre nos pays. J'ai eu l'honneur de signer ces deux Accords.
Leur signature prouve que dans un environnement géopolitique en constante évolution, la Grèce est reconnue comme un pilier de stabilité et de sécurité.
Les États-Unis et nous-mêmes avons combattu côte à côte pour relever les grands défis historiques du XXe siècle. Pendant la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale, la guerre de Corée.
Lorsque des régimes totalitaires ont tenté d'imposer leur volonté par la menace et l'usage de la violence. Malheureusement, aujourd'hui, au 21e siècle, nous sommes témoins d'un comportement similaire.
L'invasion russe de l'Ukraine en est un exemple triste.
Je répète, à chaque occasion, que la politique étrangère grecque est fondée sur la pleine application des règles du droit international et du droit international de la mer. Elle est fondée sur le respect des principes de la Charte des Nations unies, la protection des droits de l'homme et la condamnation de la menace ou de l'usage de la force.
Dès le premier moment nous avons offert notre aide à l'Ukraine, nous nous sommes immédiatement alignés sur les Résolutions et les sanctions contre la Russie, dans le cadre de notre participation à l'Union européenne et aux Nations unies.
Le Parlement grec a ratifié en peu de temps l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN, deux pays qui sont nos partenaires au sein de l'Union européenne.
Mais aujourd'hui, nous avons également eu l'occasion de discuter des développements dans la région plus élargie. Nous sommes convenus de la nécessité de maintenir le cap euro-atlantique des Balkans occidentaux.
J'ai informé cher Tony de mes visites dans les Balkans occidentaux, des efforts déployés par la Grèce pour éviter une nouvelle crise dans notre région. Je l'ai également informé des développements en mer Égée et dans le sud-est de la Méditerranée.
Notre pays voisin, la Turquie, mais aussi la Syrie, ont été durement touchés par les récents tremblements de terre. J'ai pu constater l'ampleur de cette catastrophe sans précédent lors de ma visite à Antioche il y a une semaine, en compagnie de mon ami, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu.
Il s'agissait de la première visite d'un ministre européen des Affaires étrangères dans les zones touchées et j'ai eu l'occasion d'informer en la matière le Conseil des affaires étrangères à Bruxelles hier, en demandant de l'aide pour les victimes des tremblements de terre.
Après tout, la Grèce a été le premier pays à envoyer des équipes spéciales de sauvetage en Turquie et la société grecque a collecté - et continue de collecter - des tonnes de matériel humanitaire, qui est livré aux populations turque et syrienne.
Nous avons également reconnu avec le ministre turc des Affaires étrangères que nous ne devions pas attendre les catastrophes pour normaliser nos relations.
Aujourd'hui, nous avons eu l'occasion de discuter avec Tony Blinken de notre coopération au sein des organisations internationales, mais aussi dans le cadre des partenariats multilatéraux. Comme le partenariat « 3+1 » et la perspective de le renforcer davantage.
L'énergie est un autre sujet que nous avons abordé aujourd'hui. En particulier, les mesures à prendre pour parvenir à notre indépendance vis-à-vis des combustibles fossiles russes.
J'ai souligné le rôle que la Grèce peut jouer en tant que plaque tournante énergétique du Sud au Nord. Les installations flottantes de stockage de GNL à Alexandroupolis, Revythoussa, le gazoduc Grèce-Bulgarie sont quelques-uns des projets qui renforceront considérablement ce rôle.
Nous nous félicitons également du soutien américain à l'interconnexion électrique Grèce-Égypte. Cette interconnexion permettra le transfert d'énergie propre vers l'Union européenne.
Nous avons également discuté de la coopération dans les domaines des énergies renouvelables et des investissements. Les États-Unis d'Amérique sont notre plus grand partenaire, en dehors de l'Union européenne, en matière de commerce, d'investissement et de tourisme.
En conclusion, aujourd'hui était un autre jour important pour les relations gréco-américaines. Mon cher Tony, je tiens à vous remercier chaleureusement et à vous souhaiter une bonne journée dans le berceau de la démocratie.
Je vous remercie.
JOURNALISTE : Bonsoir. J'ai une question pour les deux ministres, en relation avec la Libye : La situation dans ce pays reste inchangée, certaines forces agissent militairement et diplomatiquement, essentiellement au détriment de tout effort de stabilisation dans ce pays et au détriment de la tenue d'élections.
La Grèce doit également faire face à un accord illégal turco-libyen, illégal au regard du droit international de la mer, un accord qui divise essentiellement la Méditerranée orientale. Voyez-vous des développements dans la prochaine période et dans quelle direction seront ces développements ?
N. DENDIAS : Ecoutez, notre position - et je pense que c'est la position des Etats-Unis, mais il y a M. Blinken ici pour l'exprimer - est que le mémorandum turco-libyen n'ajoute aucun élément positif. Au contraire, il est absolument illégal et, par conséquent, absolument infondé.
Cela dit, maintenant, en ce qui concerne les efforts qui sont consentis par de nombreuses parties, y compris les États-Unis, pour trouver un mécanisme permettant de conduire le pays à des élections, la Grèce est prête à y contribuer de toutes les manières possibles.
Telle est notre position générale.
JOURNALISTE : Monsieur le Ministre, la Grèce a fourni du matériel militaire à l'Ukraine et reçoit des États-Unis du matériel modernisé en remplacement.
Dans quel domaine comptez-vous continuer à apporter votre soutien, notamment dans les zones où les besoins sont les plus importants ? L'artillerie ? La défense aérienne ? Et comment voyez-vous l'opportunité, à travers votre assistance à la Turquie, de renforcer et d'améliorer les relations entre la Turquie et la Grèce ? Et quelles mesures concrètes chaque pays peut-il prendre pour améliorer les relations ?
N. DENDIAS : Vous avez posé deux questions. La première concerne les systèmes d'armes que la Grèce pourrait mettre à disposition pour aider davantage l'Ukraine. Et la deuxième concerne l'amélioration des relations gréco-turques.
En ce qui concerne l'assistance de la Grèce à l'Ukraine, je dois vous dire que pour la politique étrangère grecque, c'est un choix facile, car notre politique étrangère est un choix de soutien aux règles du droit international.
Et ici, dans le cas de l'invasion russe de l'Ukraine, il y a le noir et le blanc. Il y a un attaquant et un défenseur. Il y a un agresseur et il y a une victime.
La politique étrangère grecque est donc du côté de la victime, du côté de celui qui a été attaqué, en violation de toutes les dispositions du droit international.
Nous ferons tout ce que nous pouvons, dans la mesure de nos moyens, pour aider le pays qui a été attaqué.
Sur la question des relations gréco-turques, permettez-moi de dire que nous ne combinons pas l'aide que nous avons apportée et que nous continuerons à apporter aux victimes du tremblement de terre, au peuple turc, au peuple syrien, avec notre politique étrangère plus élargie.
Il est de notre devoir envers nos semblables qui souffrent de les aider et nous continuerons à le faire.
Si maintenant, grâce au contact entre les deux sociétés, le climat de nos relations s'améliore, cela a bien sûr toujours des conséquences politiques - et vous le savez bien.
Mais je le répète : La Grèce ne cherche aucune contrepartie de la part de la partie turque à travers l'aide qu'elle apporte aux victimes des tremblements de terre.
C'est notre obligation distincte d'aider nos semblables turcs et syriens.
JOURNALISTE : Monsieur le Ministre, merci pour votre hospitalité dans votre belle capitale ensoleillée.
L’ « unité occidentale » en faveur de l'Ukraine est toujours maintenue, mais dans quelle mesure l’Europe et la Grèce sont-elles disposées, si cette guerre continue pendant une autre année, à continuer de la soutenir ? A quel moment la Grèce et d'autres pays du sud de l'Europe vont-ils exercer des pressions et insister sur les négociations ?
N. DENDIAS : Merci pour cette question. Vous savez, lorsque la Russie a attaqué l'Ukraine, je pense que l'une des principales hypothèses de travail du côté russe était que l'Europe ne resterait pas unie, que l'Union européenne serait divisée soit sous l'empire du chantage énergétique, soit sous l'empire d'une approche différente à l’égard de l'Ukraine.
Et je pense que cette hypothèse de travail russe ne s'est en aucun cas avérée exacte. Au contraire, l'Union européenne a acquis un nouveau récit unificateur et le soutien de l'Union européenne à l'Ukraine est constant, continu et croissant.
De même, les trains de sanctions contre la Russie sont également votés à l'unanimité absolue.
Donc, ce que je dois vous dire, c'est que l'Union européenne est un espace fier des droits de l'homme, des principes et des valeurs et qu'elle restera ferme dans sa position de soutien à l'Ukraine.
Et j'ai dit plus tôt que pour nous, en Grèce, la question est simple. C'est une question de droit international. Notre politique étrangère est fondée sur le droit international. Si nous devions adopter une position différente, nous nous opposerions en fait à ce même récit que nous soutenons.
February 21, 2023