Cher Ararat,
Merci beaucoup pour vos mots chaleureux. Nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises. À New York, il y a quelques jours, lors de notre réunion trilatérale avec notre collègue chypriote Ioannis Kassoulidis.
Et je vous remercie d'avoir apprécié le fait que ma présence ici, à Erevan aujourd'hui, revêt un statut symbolique, et que j'étais de nouveau à Erevan il y a deux ans.
Permettez-moi d'être clair et franc, nous avons à plusieurs reprises, nous la Grèce, souligné que nous soutenons la souveraineté et l'intégrité territoriale de tous les États. Cela vaut donc aussi pour nos chers amis, les Arméniens, l'Arménie. Nous croyons en l'inviolabilité des frontières, et je fais référence aux incidents qui se sont produits il y a quelques jours suite au bombardement du territoire arménien, y compris des zones habitées, par les forces militaires azéries. Et je voudrais citer le président Macron qui a dit hier, je cite exactement : « Je condamne fermement ce qui s'est passé ces derniers jours et j'appelle à la paix et à la reprise des négociations » Je suis donc ici pour exprimer notre solidarité avec le gouvernement arménien et le peuple arménien. Les relations historiques entre nos deux pays remontent à des siècles. L'importante communauté arménienne en Grèce, qui compte des milliers de citoyens grecs, dont plusieurs sont mes amis personnels, constitue un lien fort.
Je voudrais également envoyer un message clair, aujourd'hui, aux pays qui cherchent à redessiner les frontières. Et mon message est que les politiques révisionnistes sont vouées à l'échec. Pour ne citer qu'une puissance révisionniste, la Turquie tente de profiter des récents bouleversements pour saper la paix et la stabilité. Que ce soit dans le Caucase ou dans la mer Égée.
Nous, les Grecs, sommes témoins d'une escalade de la rhétorique turque. Hier encore, permettez-moi de le dire, la Turquie a protesté contre le fait que la Grèce envoie quelques armes défensives sur l'île grecque de Lesbos. Cela a été fait alors que la Grèce agissait conformément à nos obligations, puisque ces obligations émanent du traité de Lausanne. La Turquie, pour faire court, proteste parce que la Grèce ne laisse pas ses territoires sans défense. Qui ? La Turquie qui a émis un casus belli, une menace de guerre contre la Grèce et qui possède la plus grande flotte de débarquement à quelques kilomètres des îles de la mer Égée.
Nous avons déclaré à plusieurs reprises que nous étions prêts et désireux de nous engager dans un dialogue constructif avec la Turquie. Sur la base du droit international. Mais, nous sommes également prêts à défendre notre pays et à défendre nos droits. Et je demande à mes amis turcs de ne pas se tromper. Nous ferons tout ce qu'il faut pour défendre notre pays. Nous ferons tout ce qu'il faut pour défendre nos droits.
Aujourd'hui, nous avons également discuté des défis de sécurité dans le Caucase. Je tiens à vous remercier, cher Ararat, pour votre briefing. Je suis également impatient de rencontrer le Premier ministre Pashinyan et le ministre de la Défense Papikyan.
En ce qui nous concerne, notre position sur le Haut-Karabagh reste inchangée. Nous sommes favorables à une solution pacifique et mutuellement acceptable dans le cadre du droit international. Le droit international est le « Saint Evangile » de notre politique étrangère. Et à cet égard, nous saluons également le courage du Premier ministre Pashinyan qui a proposé une nouvelle approche pour un nouvel avenir dans cette région. Tout comme le Président Macron l'a dit hier.
Mais les solutions et la paix ne peuvent être construites quand il y a la menace de la force. Cela vaut pour la région du Caucase, cela vaut pour le monde. Et bien sûr, j'inclus la Méditerranée orientale.
La Grèce continuera à soutenir la reprise des négociations bilatérales, ainsi que les contributions de l'Union européenne et des États-Unis à cet effort ; également facilitées par le Groupe de Minsk de l'OSCE. Nous sommes également prêts, avec d'autres partenaires de l'UE, à contribuer à la médiation en vue d'une éventuelle solution.
Car, en fin de compte, nous ne pouvons pas changer la géographie. Mais les gens ont la possibilité de vivre pacifiquement côte à côte. Nous pensons également que les problèmes humanitaires doivent être résolus immédiatement. Et le droit international humanitaire doit être respecté.
Mon cher Ararat,
Aujourd’hui, nous avons également eu l'occasion de passer en revue nos excellentes relations bilatérales. Des tragédies historiques nous lient. Le Parlement hellénique a reconnu le génocide arménien en 1996. Le Parlement arménien a reconnu le génocide des Grecs et des Assyriens en 2015.
Nous avons une coopération exemplaire dans les organisations internationales. Et permettez-moi d'exprimer ma gratitude pour votre soutien concernant l'occupation illégale d'une partie du territoire de la République de Chypre. De même, nous sommes très heureux de soutenir mutuellement nos candidatures au Conseil de sécurité de l'ONU. Et nous sommes impatients de porter notre partenariat trilatéral avec Chypre à un nouveau niveau. Comme nous l'avons évoqué à New York, nous devons œuvrer au renforcement des relations entre l'UE et l'Arménie. Je veillerai à ce que vous soyez invité le plus tôt possible à vous adresser au Conseil des affaires étrangères de l'UE et à l'informer de ce qui se passe.
Moi, cher Ararat,
Je n'ai qu'un seul souhait. Que la prochaine fois, je sois ici à Erevan pour passer plus de temps sur la façon dont nous pourrions faire avancer notre coopération, tant au niveau bilatéral que multilatéral. Sans avoir à discuter des questions que nous avons abordées cette fois-ci. Et que nous n'aurons pas, je l'espère, ce temps pour aborder les défis de sécurité.
Je vous remercie à nouveau pour votre accueil très chaleureux et votre hospitalité.
September 27, 2022