Déclarations du ministre des Affaires étrangères Nikos Dendias à l’issue de sa rencontre avec son homologue chypriote Ioannis Kassoulidis (Athènes, 07.11.2022)

Déclarations du ministre des Affaires étrangères Nikos Dendias à l’issue de sa rencontre avec son homologue chypriote Ioannis Kassoulidis (Athènes, 07.11.2022)Mon cher Ioanni

Tout d'abord, je voudrais exprimer, au nom du gouvernement grec, les condoléances les plus sincères et les plus profondes pour le décès de sa Béatitude l’archevêque de la Nouvelle Justinienne et de tout Chypre, Chrysostome II.

Notre réunion d'aujourd'hui est une occasion très importante de coordination entre nous, ce qui est absolument essentiel, surtout en ce moment. Nous avons examiné ensemble les derniers développements en Méditerranée orientale et nous poursuivrons la discussion lors du déjeuner de travail qui suivra.

Nous nous sommes concentrés sur trois questions principales, trois chapitres.

Le premier est la question chypriote. La position grecque est connue depuis longtemps, mais c'est une obligation et une opportunité de la réitérer à chaque fois.

Nous continuons à apporter notre plein soutien à la mise en œuvre d'une solution juste et viable au problème chypriote, fondée sur les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, une solution compatible avec l'acquis européen, c'est-à-dire une solution de fédération bicommunautaire et bizonale.

La résolution du problème chypriote dans ce cadre précis, que je viens de mentionner, est une priorité absolue de la politique étrangère grecque.

Il est d'ailleurs très important de le rappeler à l'occasion du triste anniversaire de la déclaration du pseudo-État.

Je souligne donc que la Grèce continuera à soutenir la République de Chypre dans ses efforts pour éviter un nouveau fait accompli.

Nous suivons de près tous les efforts déployés par la Turquie pour renforcer la présence du pseudo-État sur la scène internationale.

Je voudrais rappeler que les résolutions pertinente 541, 550 et 789 du Conseil de sécurité sur le statut de Varosha sont claires et ne nécessitent aucune interprétation, encore moins une interprétation dilatoire.

La deuxième question que nous avons abordée est la provocation turque, qui se poursuit malheureusement et dont l'absurdité est devenue quotidienne.

Cela ne décourage pas la Grèce, la Grèce continuera à défendre la justice de ses positions, à soulever au niveau international l'absurdité et l'illégalité des revendications et des demandes turques.

C'est précisément la raison pour laquelle j'ai rencontré six de nos homologues ces derniers jours et en rencontrerai trois autres cette semaine. Et avec vous quatre - bien que vous ayez toujours une place spéciale dans nos cœurs, cela fait donc dix réunions ministérielles en moins d'une semaine.

J'explique à tous mes collègues que les conclusions du Conseil européen sur le comportement de la Turquie sont en place et que tout retour en arrière de la part de la Turquie, ou toute tentative de créer un fait accompli, que ce soit en Grèce ou à Chypre, entraînera une réponse européenne.

Je suis obligé de me référer ici à l'événement inacceptable et répréhensible que constituent l'interdiction d'entrée et la détention pendant deux heures - la détention a duré deux heures, l'interdiction d'entrée a été beaucoup plus longue - du gouverneur régional de Macédoine centrale, M. Apostolos Tzitzikostas, à Izmir, par les autorités turques.

Je tiens à dire que cet acte n'est pas conforme à la perspective européenne de la Turquie. M. Tzitzikostas était à Izmir en tant que président d'un organisme européen, et non en tant que gouverneur régional grec.

Mais je suis obligé, par souci de justice, de souligner que ce comportement a également été condamné par des responsables turcs.

La troisième question que nous avons abordée avec M. Kassoulidis concerne les évolutions dans la région élargie, qu'elles soient positives ou négatives.

Du côté positif, nous incluons tous deux le récent accord entre Israël et le Liban sur la délimitation des zones maritimes.

Nous avons salué cet accord. C'est un exemple de la manière dont les différends entre États peuvent être résolus sur la base du droit international et du droit international de la mer.

Et je dois vous rappeler que cet accord est d'un intérêt particulier puisqu'il s'agit d'un accord entre deux Etats qui ne se reconnaissent pas.
Je considère également qu'il est important que nous soyons sur le point de reprendre les discussions entre Chypre et le Liban sur la délimitation de la zone économique exclusive.

Il y a aussi les développements négatifs. Je fais référence au nouveau protocole d’accord turco-libyen illégal signé par les représentants du gouvernement à Tripoli, contraire à la feuille de route des Nations unies, qui a bien sûr été condamné par les Nations unies, les États-Unis et l'Union européenne, et individuellement par de nombreux États, je pense à la France et à l'Allemagne.

Au cours du déjeuner de travail qui suivra, j'aurai également l'occasion d'informer M. Kassoulidis de ma récente visite au Niger, au Sahel, des énormes problèmes qui existent en Afrique subsaharienne, des problèmes liés à la crise alimentaire, mais aussi à la sécurité et au terrorisme.

Nous discuterons également des questions relatives au changement climatique avant la COP27 à Sharm El Sheikh, où le Premier ministre Mitsotakis se rendra. La Grèce soutient de toutes ses forces les mesures visant à sauver la planète du changement climatique et les efforts importants du gouvernement égyptien pour cet événement important.

Nous discuterons également de notre coopération dans les formats multilatéraux. Demain, le ministre des Affaires étrangères de Serbie, un vieil ami de la Grèce et de moi-même, M. Dasic, vient ici pour sa première visite à l'étranger.

Nous avons un grand nombre de formats trilatéraux et multilatéraux avec Chypre, comme il va sans dire, je me réfère aussi à l'Arménie, mais il y en a beaucoup d'autres. Nous en discuterons également pendant le déjeuner.

Encore une fois, mon cher Ioannis, en plus des condoléances chaleureuses du gouvernement grec pour le décès de l'Archevêque, j’aimerais de nouveau vous dire combien je suis heureux que vous, personnellement, le ministre des Affaires étrangères de la République de Chypre, soyez de nouveau à Athènes.

November 7, 2022