N. DENDIAS : Monsieur le ministre,
Mon cher Sameh,
Tout d'abord, permettez-moi d'exprimer mes vœux, Ramadan Kareem, c'est un grand plaisir pour nous de vous accueillir à nouveau aujourd'hui à Athènes, quelques mois seulement après notre dernière rencontre au Caire, et à un moment où l'équilibre dans la région est fragile.
Mais en cette période d'équilibres fragiles, les relations entre la Grèce et l'Égypte restent stables et se renforcent.
L'Égypte est l'un des principaux facteurs de stabilité et de sécurité pour l'ensemble de notre région, la région de la Méditerranée orientale, mais pas seulement.
C'est le pays, le grand pays, avec lequel nous avons des liens historiques. La coopération étroite et durable entre Athènes et le Caire apporte de nombreux résultats positifs pour éviter les tensions, pour éviter les crises dans notre région. Et les fréquents échanges de visites de hauts fonctionnaires des deux pays témoignent de l'excellent niveau de nos relations bilatérales.
Des relations stratégiques qui, au cours des quatre dernières années, ont atteint leur apogée historique, à partir de 2020, lorsque nous avons eu le grand honneur de signer ensemble, au Caire, l'accord sur la délimitation des zones économiques exclusives. Un accord qui respecte pleinement le droit international, le droit international de la mer.
Un peu plus tôt, dans le cadre de nos consultations régulières, nous avons abordé l'approche d'un certain nombre de questions et nous continuerons bien sûr lors du dîner de travail qui aura lieu plus tard dans la soirée, car il y a tant de choses à dire.
Tout d'abord, permettez-moi de commencer par nos échanges commerciaux, dont l'augmentation reflète l'excellent niveau de nos relations bilatérales. Le volume des échanges a dépassé la barre des 2 milliards d'euros, faisant de l'Égypte l'un de nos principaux partenaires commerciaux. Mais nous avons convenu qu'il y a beaucoup de place pour aller encore plus loin, grâce à de nouveaux investissements, grâce à des synergies.
Nous avons mis l'accent sur la protection de l'environnement, sur la lutte contre le changement climatique, et nous en discuterons dans la soirée. Mais je dois féliciter publiquement l'Égypte pour l'excellente organisation et les résultats substantiels de sa présidence à la COP 27.
Nous travaillerons ensemble pour assurer la continuité pendant la présidence des Émirats arabes unis lors de la COP28 à Dubaï.
Par ailleurs, dans le cadre de nos actions conjointes pour la protection de l'environnement, je voudrais vous informer à nouveau de l'organisation par la Grèce de la « Conférence Notre Océan 2024 » et, bien sûr, je voudrais vous demander et plaider pour la participation active de l'Égypte à cette conférence. Il est absolument certain que le rôle de l'Égypte est particulièrement important pour la protection de la mer Méditerranée.
Nous discutons également de notre coopération dans le secteur de la défense et dans le cadre des organisations internationales, et je voudrais vous remercier publiquement pour votre soutien à la candidature de la Grèce au poste de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour la période 2025-2026. À notre droite et à notre gauche se trouvent les bannières de cette candidature.
Nous avons également convenu de soutenir mutuellement nos candidatures au Conseil des droits de l'homme 2026-2028 pour l'Égypte et 2028-2030 pour la Grèce.
Le secteur de l'énergie est un domaine de coopération étroite, et j'aimerais souligner ici l'importance stratégique que revêt le projet d'interconnexion électrique entre la Grèce et l'Égypte. Le forum gazier de la Méditerranée orientale est un autre secteur, un autre cadre d'excellente coopération entre l'Égypte et la Grèce.
Et la signature des protocoles d'accord au Caire en juin 2022 entre l'Union européenne et l'Égypte et l'Union européenne et Israël prouve l'importance de la Méditerranée orientale en tant que route énergétique alternative.
La Grèce, comme nous l'avons dit à maintes reprises, aspire à jouer le rôle de plaque tournante de l'énergie pour l'ensemble de notre région et nous voulons créer des corridors verts pour relier le Nord au Sud. Pour connecter les systèmes électriques de l'Europe à l'Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Et je tiens à préciser une nouvelle fois que nous sommes favorables à la participation d'autres États au Forum, mais à une condition essentielle, qui me semble évidente : le respect du droit international, le respect du droit international de la mer.
Je voudrais, mon cher Sameh, souhaiter beaucoup de succès à la présidence égyptienne du Forum gazier.
Nous parlons aussi toujours des schémas de coopération Grèce-Égypte-Chypre et Grèce-Égypte-Chypre-France, les "3+1". Nous avons discuté de questions régionales et de l'évolution de la situation en Libye.
Nous souhaitons que la situation en Libye se normalise le plus rapidement possible avec un objectif ultime, la tenue d'élections justes et démocratiques.
J'ai également informé mon homologue des derniers développements dans les relations gréco-turques. Du climat qui prévaut après les tremblements de terre dévastateurs et après ma visite à Antioche et j’aimerais dire que notre choix est une attitude solidaire envers un pays voisin, une société qui a souffert d'une catastrophe inimaginable, et je voudrais dire clairement une fois de plus que la Grèce continuera à soutenir la société turque et ne fera en aucun cas dépendre cette position d'une quelconque contrepartie géopolitique.
Nous sommes toujours conscients des difficultés de nos relations bilatérales avec la Turquie. Nous espérons maintenir un climat serein. Nous espérons que ce climat serein, qui a suivi ma visite, servira de point de départ à un dialogue sincère pour discuter de notre différend avec la Turquie, à savoir la délimitation du plateau continental et de la zone économique exclusive sur la base de la charte des Nations unies, des relations de bon voisinage, du respect des règles du droit international, du respect des règles du droit de la mer.
Après tout, c'est sur cette base que nous avons discuté et conclu des accords avec l'Égypte, l'Italie et l'Albanie. La Grèce est toujours à la recherche de moyens de coopération honnêtes et sincères avec la Turquie.
Dans le même temps, nous défendons nos intérêts de manière méthodique et efficace. Nous défendons notre souveraineté, nos droits souverains.
Ceux-ci sont garantis par les accords internationaux, les traités internationaux et le droit international. Et bien sûr, ils ne sont pas négociables.
Toutefois, en vue de la visite du ministre à Ankara dans deux jours, je voudrais dire qu'il est compréhensible qu'en période électorale, sous la pression des besoins électoraux, des tentatives soient faites pour inclure des questions critiques de politique étrangère dans le débat public.
Mais j'ai dit à maintes reprises que, des deux côtés, nous devons protéger le climat qui a été créé. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons, après les élections, tirer parti de toute possibilité de compréhension, et je ne pense pas qu'il soit utile d'inclure le sujet des relations gréco-turques dans la période électorale qui se déroule en même temps dans les deux pays.
J'ai également eu l'occasion de remercier le ministre, mon ami Sameh, pour le soutien ferme de l'Égypte à la République de Chypre.
Nous soutenons fermement les efforts du président de la République de Chypre, notre ami commun, Nikos Christodoulidis, pour reprendre les négociations afin d'aboutir à une solution juste et viable au problème chypriote, une solution de fédération bicommunautaire et bizonale compatible avec l'acquis européen, une solution basée sur les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.
De manière générale, ces dernières années, la Grèce a participé activement aux efforts visant à résoudre les problèmes qui menacent la paix et la stabilité dans notre région, des Balkans occidentaux au continent africain et au Moyen-Orient.
Nous avons parlé de la situation au Moyen-Orient, de la nécessité d'une désescalade et d'une grande attention, en particulier en cette période de fêtes religieuses, et le rôle de la Grèce et de l'Égypte est très important à cet égard.
Nous restons en contact avec toutes les parties et je voudrais vous féliciter personnellement, Monsieur le Ministre, pour les initiatives que vous avez prises dans ce sens. Je voudrais en particulier mentionner celle qui a eu lieu le mois dernier à Sharm El Sheikh, dont nous avons également parlé en privé.
Et je voudrais dire ici que le vendredi 21 avril, pour la première fois en Grèce, se tiendra une réunion sur la Syrie, avec la participation de l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, M. Pedersen, avec lequel vous vous êtes entretenu hier, et en présence de tous les envoyés des États membres de l'Union européenne pour la Syrie.
Ces dernières années, Mesdames et Messieurs, la politique étrangère grecque a pris des initiatives et notre rôle international s'est lentement transformé, passant du statut d'observateur à celui d'honnête médiateur.
Les relations entre l'Union européenne et l'Égypte sont également un sujet que nous aborderons lors du dîner de travail. Mais nous nous félicitons de l'adoption, dès à présent, des nouvelles priorités du partenariat Union européenne-Égypte 2021-27.
La Grèce, en tant qu'État membre de l'Union européenne, a participé et contribué en soutenant la valeur de la mise en évidence du rôle stratégique de l'Égypte dans la région élargie.
Et je voudrais ici, à la fois en tant que Grec et en tant qu'Européen, remercier l'Égypte pour sa contribution substantielle à la lutte contre la migration irrégulière.
Mon cher ami Sameh, je vous remercie de votre présence à Athènes aujourd'hui. J'aurais bien sûr souhaité qu'elle soit plus longue, mais j'espère que vous reviendrez bientôt, accompagné de votre épouse Suzy, qui est aussi une amie. Je suis sûr que la Grèce et l'Égypte continueront à travailler en étroite collaboration dans le cadre de nos excellentes relations stratégiques bilatérales afin de promouvoir la paix, la sécurité et la prospérité de nos peuples et de toute la région.
Je vous remercie encore une fois de votre présence.
April 11, 2023