Mon cher Nikola, bienvenue à Athènes. Je suis très heureux de t’accueillir ici, quelques mois après ma visite à Belgrade, même s’il me semble que cela fait plus longtemps que cela.
Et pour commencer j’aimerais exprimer publiquement, au nom du gouvernement Mitsotakis, nos sincères remerciements au gouvernement serbe, au président Vucic, au peuple serbe pour l'aide que vous nous avez apportée pour éteindre les grands incendies de l'été.
C'était une nouvelle occasion de renforcer les liens entre nos sociétés, entre nos peuples. Par ailleurs, je ne peux que constater l'augmentation significative du trafic touristique de la Serbie vers la Grèce l'été dernier.
Bien sûr, je dis des choses évidentes. Il y a des liens historiques, des liens religieux qui nous unissent. Des liens datant de plusieurs siècles. Il y a deux siècles, les peuples grec et serbe se sont tous deux rebellés contre l'oppression ottomane et ont combattu avec succès pour leur liberté.
Nous célébrons cette année le 200e anniversaire du nouvel État grec, notre indépendance. Et avec la Serbie, nous avons toujours été du même côté du projet historique.
Nous sommes donc aujourd'hui du côté du peuple serbe, de la société serbe, pour que vous fassiez partie intégrante de la famille européenne, car nous pensons que c'est là qu'est votre place.
Nous pensons que les gouvernements devraient écouter ce sentiment populaire de communauté parmi nos peuples. Nos relations économiques, cher Nikola, sont à un niveau élevé. Les hommes d'affaires grecs ont investi plus de 2,5 milliards d'euros en Serbie.
Nous sommes fiers car les entrepreneurs grecs ont créé au moins 25 000 emplois. Et notre intention est d'aborder les nouvelles opportunités de manière à ce qu'il y ait un bénéfice mutuel pour cela et, bien sûr, de traiter toutes les difficultés qui sont apparues.
Le Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères en charge de la diplomatie économique, comme nous l'avons dit précédemment, viendra à Belgrade dans deux semaines et je suis heureux que vous l'aidiez à élargir le champ de notre coopération.
Il y a aussi de très, très grandes perspectives dans l'énergie, dans les transports. Il existe un grand potentiel pour renforcer l'interconnexion entre nous, au niveau bilatéral, au niveau multilatéral avec la participation d'autres États de notre région.
Nous avons discuté, et j'en suis particulièrement heureux, de la coopération militaire entre nous. Le ministre de la Défense, Nikos Panagiotopoulos, sera informé par mes soins du résultat de notre discussion, et j'espère que les deux ministères de la Défense, les forces armées de la Grèce et de la Serbie, coopéreront très étroitement dans un avenir proche.
Parce que je veux aussi être honnête avec toi, comme nous l'avons été en privé, malgré les mesures qui ont été prises de temps à autre, notre coopération dans le secteur de la défense est à la traîne par rapport à notre coopération dans d'autres domaines. Nous pouvons faire mieux dans ce domaine.
De plus, ne nous leurrons pas, certains pays de notre région ne partagent pas nécessairement l'approche positive de la Serbie en matière de politique étrangère et de défense européenne.
Au cours de notre longue discussion, nous avons eu l'occasion d'analyser longuement les développements dans la région élargie. J'ai réitéré l'engagement ferme de la Grèce en faveur du parcours européen des Balkans occidentaux, sous réserve, bien entendu, de la conditionnalité habituelle.
J'ai dit à mon ami, le ministre serbe, que le gouvernement Mitsotakis était prêt à offrir une assistance technique si la partie serbe le souhaite.
Nous avons discuté de la question du Kosovo, et j'exprime la satisfaction du gouvernement grec quant à la réduction de la tension dans le nord du Kosovo. Nous soutenons le travail de l'envoyé spécial pour le dialogue Belgrade-Pristina.
Nous invitons toutes les parties à venir dans un esprit constructif à la prochaine réunion qui, comme me l'a dit Nikola, aura lieu dans quelques semaines.
J'ai également souligné que nous soutenons le processus d'adhésion de la Macédoine du Nord et de l'Albanie et que nous poursuivrons nos efforts pour convoquer la première conférence intergouvernementale dès que possible.
J'ai ajouté, bien sûr, en ce qui concerne la Macédoine du Nord, ce que le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a souligné : pacta sunt servanda, les accords doivent être respectés, quels que soient les gouvernements. Et nous attendons avec impatience la mise en œuvre complète, cohérente et de bonne foi de l'accord de Prespa.
J'ai fait part au ministre serbe de notre profonde inquiétude quant à l'évolution de la situation en Bosnie-Herzégovine et je dois dire que je lui ai exprimé notre pensée, que je sens qu'il partage, à savoir que la stagnation et les difficultés rencontrées par la Bosnie-Herzégovine menacent non seulement l'équilibre fragile du pays lui-même, mais aussi toute la stabilité de notre région.
J'ai réitéré la ferme opposition de notre pays aux forces centrifuges qui pourraient vouloir redessiner la carte de notre région.
Mais je dois être honnête ici aussi, j'ai aussi abordé directement l'influence des acteurs extérieurs qui, sous couvert d'aide au développement et de traditions culturelles et religieuses prétendument historiques, promeuvent des idéologies extrêmes et un agenda déstabilisateur dans les Balkans.
L'intégration des Balkans occidentaux dans la famille européenne est, selon nous, la seule voie possible pour eux. Et c’est dans cette direction, cher Nikola, que la Grèce, la République hellénique continuera à apporter son aide, continuera à faire des efforts, continuera à travailler.
Je te remercie pour ta visite aujourd'hui, je pense qu'elle a été extrêmement bénéfique. Je voudrais conclure en mentionnant également que nous étendrons notre coopération au niveau des réunions trilatérales également. Après quelques semaines, nous organiserons la réunion trilatérale entre la Serbie, Chypre, la Grèce et aussi les réunions quadripartites que tu as eu la gentillesse de proposer dans notre discussion, et bien sûr je pense que tu devrais le dire au public grec, mais je voudrais dire que nous sommes très positifs dans ce sens aussi.
Merci beaucoup pour ta présence ici aujourd'hui.
November 2, 2021