Déclarations du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, à l’issue de ses entretiens avec la ministre des Affaires étrangères de l'Albanie, Olta Xhaçka (Tirana, 21.12.2022)

Déclarations du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, à l’issue de ses entretiens avec la ministre des Affaires étrangères de l'Albanie, Olta Xhaçka (Tirana, 21.12.2022)Chère Olta,

C'est un grand plaisir d'être de retour à Tirana aujourd'hui. Je vous retrouve après votre visite à Athènes début décembre et, bien sûr, après la visite du Premier ministre grec à Tirana il y a quelques jours. Mon arrivée ici aujourd'hui à Tirana est la dernière étape après ma rencontre avec notre collègue Bujar Osmani à Athènes et après mon voyage à Belgrade avant-hier et à Pristina hier. Cela montre la haute priorité que le gouvernement grec, le gouvernement Mitsotakis, accorde au voisinage de la Grèce, dans une région d'une énorme importance pour nous. Et je veux être clair, la stabilité, la prospérité, la coexistence pacifique, est notre priorité absolue, ainsi que la perspective européenne des Balkans occidentaux. C'est un grand défi et nous devons le relever avec succès.

Nous avons une étape très concrète devant nous que nous devons franchir ; nous devons parvenir à une désescalade de la tension dans le nord du Kosovo. Nous avons besoin que chacun fasse preuve de pragmatisme, d'une attitude constructive, pour entreprendre les démarches nécessaires. Lors de mes rencontres tant à Pristina qu'à Belgrade, la nécessité de poursuivre le dialogue Belgrade-Pristina dans le but de parvenir à une solution globale a été soulignée.

Notre rencontre d'aujourd'hui s'inscrit, bien entendu, dans le cadre de nos contacts fréquents et constructifs. Aujourd'hui, nous avons également eu l'occasion de discuter de nos relations bilatérales. Nous avons discuté au niveau politique d'une question très importante, l'accélération du dialogue sur la base de l'accord politique de principe existant que nous avons conclu ici à Tirana il y a deux ans, afin de parvenir à un consensus qui nous permettra de soumettre un compromis à la Cour internationale de justice de La Haye sur la question de la délimitation de la ZEE et du plateau continental.

Je pense que le règlement de cette question, le règlement de la question de l’état de guerre, et les deux autres accords, les accords sur la prévention des incidents frontaliers et sur l'entretien des pyramides frontalières, enverront un message à la communauté internationale, à savoir que le droit international et le droit international de la mer sont la base de la résolution de tous les différends interétatiques. Mais aussi, je pense, étant une approche importante, cela ouvrira un nouveau, un grand chapitre dans nos excellentes relations, mutuelles, communes.

Et je voudrais dire que ce message revêt un caractère particulièrement actuel. Parce que, malheureusement, des tendances au révisionnisme et au non-respect du droit international sont apparues dans diverses parties du monde, même si nous sommes au XXIe siècle. Et l’exemple le plus évident à cet égard est l'invasion russe de l'Ukraine.

Au cours de notre rencontre, nous avons également discuté du rôle de  la minorité ethnique grecque ici en Albanie, ainsi que de la communauté albanaise en Grèce. Elles constituent des ponts entre nos deux peuples. Et ma conviction est que ces ponts constituent un lien précieux entre nos deux pays. D'ailleurs, la visite du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis demain contribuera à cette direction.   

Au-delà de cela, nous avons tous deux souligné la nécessité d'approfondir notre coopération en matière de commerce et d'investissement.

Nous avons également discuté de la coopération entre nos pays dans le domaine de la protection de l'environnement, notamment dans le cas du fleuve Vjosë, l’Aóos, comme nous l'appelons. Nous sommes déjà convenus, je pense, en principe, d'un programme de protection. Il sera annoncé plus tard, en 2023, par nos deux Premiers ministres. Je pense que c'est quelque chose de très important et c'est un exemple très typique, qui peut aussi créer une conscience environnementale, surtout parmi les jeunes générations.

Nous avons discuté, comme il est naturel, de l'énergie. Après l'invasion russe de l'Ukraine, le problème est très important. Mais la coopération entre l'Albanie et la Grèce dans le domaine de l'électricité est un excellent exemple de relations de bon voisinage.

Et, bien évidemment, nous sommes convenus qu'il existe un terrain propice à des investissements grecs plus nombreux en Albanie.

Je voudrais profiter de cette occasion pour vous remercier à nouveau pour le très bon niveau de coopération que nous avons dans le domaine des candidatures à l'ONU.

Permettez-moi, chère Olta, d'évoquer à ce stade la perspective européenne de l'Albanie. Je tiens à réaffirmer que la Grèce a toujours été un fervent partisan de cette perspective. Elle soutient également fortement, comme je l'ai dit précédemment, la perspective d'adhésion de tous les Balkans occidentaux. Dans le cadre, bien sûr, d'une conditionnalité équitable, stricte mais juste.

Tel a été le message que j'ai transmis à Belgrade, c'est le message que j'ai transmis à Pristina, c'est le message que j'ai transmis à notre collègue, le ministre des Affaires étrangères de Macédoine du Nord. Et je voudrais réaffirmer, d'ici, de Tirana, l'absolue disponibilité de mon pays à fournir à l'Albanie toute aide à l'adhésion dans tout domaine que vous jugerez utile.

Parce que nous pensons que cette voie est en fait à sens unique et qu'elle revêt une importance énorme dans la conjoncture actuelle, où sont apparues des forces révisionnistes qui souhaitent que nous retournions à d'autres temps, d'autres époques, d'autres concepts. Et ces forces révisionnistes tentent d'approcher les Balkans occidentaux dans le but ultime, je le crains, non pas de coopérer, mais de créer des zones d'influence qui ne sont pas conformes à l'acquis européen, à la perspective européenne ou aux valeurs européennes.

C'est là que nous pensons pouvoir vous aider, c’est-à-dire vous aider à y faire face. Parce que l'édifice européen a assuré le progrès, la stabilité, la prospérité et la coopération dans la majeure partie de l'Europe pendant de nombreuses décennies. Avec des bases solides, de nouveaux principes, le droit international et le respect des droits de l'homme.  

Par conséquent, je répète pour la troisième fois que la perspective européenne de l'Albanie et des Balkans occidentaux est une voie à sens unique.

Chère ministre,

Plus tard, j'aurai l'honneur d'assister à un déjeuner offert en mon honneur par le Premier ministre Edi Rama. Merci pour ce geste aimable. Il témoigne de nos relations étroites.

Plus tard, je visiterai le collège gréco-albanais Arsakeion, ainsi que l'école « Protagonistes » ici à Tirana. Je pense que le fonctionnement de ces écoles est un autre aspect des liens étroits qui unissent nos deux pays dans le domaine de l'éducation également.

Chère Olta,

Merci encore une fois pour votre chaleureuse hospitalité. C'est un plaisir d'être à Tirana, j'attends avec impatience notre prochaine rencontre. J'espère avoir l'occasion de vous accueillir à Athènes.

Merci beaucoup.

December 21, 2022